La bibliothèque universitaire centrale des étudiants malades

Marie-Claire Deschamps

La Bibliothèque universitaire centrale des étudiants malades, qui vient d'être installée dans de nouveaux locaux, fournit en livres d'étude les établissements de cure pour étudiants, relevant de la Fondation santé des étudiants de France.

La Bibliothèque universitaire centrale des étudiants malades a emménagé le Ier septembre 1969 dans de nouveaux locaux et à cette occasion, il nous paraît intéressant de faire le point et de rappeler l'activité de cet établissement qui, depuis bientôt quinze ans, fonctionne 12, rue Boileau dans un quartier calme et verdoyant de Paris.

La B. U. C. E. M. a été créée, à l'origine 1, pour fournir en livres d'études les établissements de cure pour étudiants, principalement les sanatoriums relevant de la Fondation santé des étudiants de France2 2. Rattachée au groupe des bibliothèques de l'Université de Paris par arrêté rectoral du 12 janvier 1956, elle fonctionne depuis lors grâce à des crédits annuels alloués par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique. Elle est, avant tout, une bibliothèque d'études dont le fonds est composé de manuels, traités de toutes les disciplines de l'enseignement supérieur, et elle est réservée en premier lieu aux étudiants malades que leur condition physique empêche d'accéder aux services de prêt des autres bibliothèques universitaires.

Au nombre de ces malades, figurent d'abord ceux qui sont soignés dans les maisons de cure de la Fondation santé des étudiants de France et à qui un encadrement professoral et des cours sur place permettent de « travailler quand même », selon la formule. Ces maisons de cure, actuellement une quinzaine, sont réparties dans toute la France. Elles ne comptaient à l'origine que des maisons pour tuberculeux ; le recrutement s'est étendu à présent aux asthmatiques (Vence), aux malades mentaux (Sceaux, la Tronche près de Grenoble), rue du Conventionnel Chiappe à Paris (13e) et à certains paralysés moteurs. A tous ces étudiants malades, le prêt se fait exclusivement par correspondance, pour deux mois renouvelables. Les livres sont envoyés par colis de 3 kilos maximum, en franchise postale sous couvert du Recteur de l'académie. Le bibliothécaire qui réside dans chaque maison est intermédiaire entre l'emprunteur et la B. U. C. E. M.

C'est en consultant les catalogues auteurs et systématiques, dont chaque section possède un exemplaire que les demandes de prêt sont rédigées. Ces fichiers sont mis à jour régulièrement. Depuis 1964, la B. U. C. E. M. a étendu le prêt de ses ouvrages aux étudiants qui sont soignés soit dans les maisons de cure publiques (Sanatorium du plateau d'Assy par exemple), soit isolément chez eux et qui peuvent justifier d'une inscription dans une faculté. Font également appel à ces collections, le Centre des paralysés étudiants et le Groupement des intellectuels aveugles, ce dernier empruntant les ouvrages pour les enregistrer sur bandes magnétiques.

Comment estimer le nombre des emprunteurs, le nombre des pensionnaires qui se succèdent dans les établissements de cure durant l'année universitaire étant très fluctuant ? Il est plus facile d'évaluer le nombre des livres prêtés. Les statistiques mensuelles du prêt font ressortir l'accroissement régulier des demandes. En 1969, le nombre des volumes prêtés a été de 17 971 dont 475I hors de la Fondation. L'analyse des prêts par discipline fait apparaître une prédominance des sciences sociales et juridiques. Les ouvrages des sciences et de langues vivantes (avec disques) sont également très demandés.

Les acquisitions sont effectuées, pour une partie, en fonction des besoins réels des usagers qui font des propositions d'achat. Il est souvent nécessaire d'acheter plusieurs exemplaires d'un même manuel. En 1969, la B. U. C. E. M. s'est enrichie de 1 597 volumes et le total de son fonds s'élevait à 28 462 fin décembre 1969. Le classement des livres sur les rayons se fait par ordre d'entrée. Presque tous les livres sont reliés. Les fiches des ouvrages récemment achetés sont multigraphiées, afin d'être réparties dans les 19 fichiers auteurs et matières déposés dans chaque établissement de cure. Classement, catalogue, travaux de manutention et de confection des paquets sont exécutés par une équipe de II personnes : 1 bibliothécaire, 2 sous-bibliothécaires, 2 agents de bureau, un magasinier et une vacataire, auxquels s'ajoutent 4 institutrices, anciennes malades que l'Enseignement primaire affecte pendant quelques années à un poste de réadaptation à la B. U. C. E. M. où leur sont confiés des travaux de bureau.

Chaque année, un comité consultatif paritaire réunit d'une part des membres de la Fondation, d'autre part des usagers dont un représentant des médecinsdirecteurs, un représentant des responsables des bibliothèques d'établissements, un représentant des associations d'étudiants. Font également partie de ce comité, le Conservateur en chef du Service technique de la Direction des bibliothèques et de la lecture publique et le Conservateur en chef chargé de l'administration des bibliothèques de l'université de Paris.

Les locaux récemment construits sont tout à fait adaptés à la fonction même de la B. U. C. E. M. qui remplit comme nous venons de le voir, le rôle d'une Centrale de prêt. Il faut donc, sur place, un dépôt de livres et des bureaux de manutention. Pas de salle de lecture ni de services publics.

La bibliothèque occupe le Ier niveau d'un immeuble bâti pour abriter également aux étages supérieurs des chambres d'étudiants malades et des services médicaux du Centre Édouart Rist. Elle dispose de 400 m2 auxquels s'ajoutent une petite cave située au sous-sol et une salle de repos pour le personnel. Une entrée indépendante avec ascenseur permet l'accès direct rue Boileau. Les possibilités d'extension en superficie étant réduites et d'autre part l'absence de public sur place n'obligeant pas à l'accès direct aux rayons, il a été possible de prévoir un emmagasinement par rayonnages denses du type « compactus ». Le système choisi est semi-automatique et donne toute satisfaction. La contenance est de 35 000 volumes ; cela laisse une assez large marge à l'accroissement futur. Les rayonnages fixes normalisés déjà utilisés dans l'ancien local ont été implantés dans la partie ouest du magasin et abritent les collections existantes. Quand à l'aménagement intérieur, il répond aux besoins de clarté, grâce à de très grandes baies vitrées dans les bureaux, et de calme, grâce à l'insonorisation des plafonds. Le chauffage est assuré par le système classique des radiateurs à eau chaude. Le sol est recouvert de dalles plastiques bleues.

Il reste à souhaiter que la B. U. C. E. M., grâce à sa nouvelle installation développe son action au bénéfice des étudiants malades et que, mieux connue, elle serve encore davantage ceux pour lesquels elle a été créée.

Illustration
Annexe

  1. (retour)↑  Pour les débuts de la B.U.C.E.M., voir l'article de Mme Huri, in : Bulletin des bibliothèques de France, n° 1, janvier 1957, pp. 15-31.
  2. (retour)↑  La Fondation santé des étudiants de France comptait en 1960 1 600 lits pour accueillir 1 ooo étudiants et 600 lycéens. Il faut y ajouter en tant qu'emprunteurs les 100 professeurs du corps enseignant propre à la Fondation.