Association des bibliothécaires français. Réunion des bibliothécaires du Nord de la France et création d'un groupe Nord-Picardie

Les bibliothécaires du Nord de la France (régions Nord et Picardie) ont tenu leur réunion annuelle le lundi 29 septembre à la Bibliothèque municipale d'Abbeville. Trente et un bibliothécaires y représentaient vingt-deux établissements, dont les bibliothèques les plus importantes de la région. On notait avec plaisir la présence des responsables de bibliothèques privées et du directeur de la nouvelle Maison des jeunes d'Abbeville.

Avant la séance de travail du matin, les participants devaient visiter l'hôtel d'Émonville, ancien musée d'Abbeville et du Ponthieu, où la bibliothèque est installée depuis 1965. Mme Agache, bibliothécaire, tint à ne leur dissimuler ni les inconvénients qui résultent de l'utilisation d'un bâtiment conçu pour être une habitation privée, ni les insuffisances de la bibliothèque qui, sinistrée et complètement désorganisée pendant la seconde guerre mondiale, n'a encore pu ni reclasser la totalité de son fonds, ni organiser la véritable section de lecture publique et la salle pour enfants prévues lors de l'aménagement du bâtiment.

La séance de travail s'est ouverte par un exposé de M. Guérin de la Bibliothèque centrale de prêt d'Arras, consacré à la formation professionnelle et à la préparation aux concours de recrutement. Les résultats obtenus en 1969 (92 % de succès au concours de sous-bibliothécaires, 100 % au C.A.F.B.) encouragent à persévérer, d'autant plus qu'en dehors de toute autre considération, il s'agit d'un moyen efficace de recruter sur place un personnel qui sera moins tenté par les mutations. Mais c'est une tâche assez lourde. En 1968-69, 90 heures de cours et de travaux pratiques ont été données par 7 bibliothécaires ou conservateurs de la région, qui assureront le même enseignement en 1969-70. Les frais qu'entraînent l'organisation et la rétribution de ces cours ont pu être assurés en 1968-69 grâce à la participation de l'École nationale supérieure des bibliothécaires; des subventions couvrant en particulier les frais de déplacements pourraient être demandées à des organismes régionaux. Pour donner une existence légale à un groupe qui n'existe jusqu'à présent qu'en fait, et permettre, entre autres, d'obtenir l'ouverture d'un compte-courant postal et le versement éventuel de subventions, les participants se formant en assemblée constitutive décident la création d'un groupe Nord-Picardie de l'Association des bibliothécaires français. Un bureau, comprenant MM. Bouvy (Bibliothèque municipale de Cambrai); Degenne (Bibliothèque universitaire de Lille); Guérin (Bibliothèque centrale de prêt d'Arras); Logié (Bibliothèque municipale d'Amiens) et Mme Bougard (Bibliothèque municipale d'Arras) est élu à l'unanimité.

Quelques-uns des participants font ensuite part des réalisations intéressantes qui ont pu être mises sur pied pendant l'année écoulée. Mme Duhamel, notamment, fait remarquer que la gratuité totale du prêt instituée à la Bibliothèque municipale de Douai a entraîné non seulement un accroissement sensible du nombre de lecteurs et de prêts, mais aussi, paradoxalement, un accroissement des recettes (les amendes dues aux retards sont fixées à un taux élevé destiné à décourager les lecteurs négligents).

A midi, les congressistes ont été reçus, en l'absence de M. Max Lejeune, député-maire, empêché, par MM. Huré et Lallement, adjoints au maire. A M. Bouvy (Bibliothèque municipale de Cambrai) qui lui avait, dans une brève allocution, exposé les buts de la réunion et les efforts faits par les bibliothécaires pour permettre à tous l'accès au Livre, M. Huré répondit en assurant que la municipalité d'Abbeville, parfaitement consciente de leur nécessité, poursuivrait les siens en faveur de sa bibliothèque.

Après un déjeuner pris en commun, les participants ont visité, sous la conduite de Roger Agache, directeur des antiquités préhistoriques pour les régions Nord et Picardie, l'exposition « Préhistoire de la vallée de la Somme » au musée Boucher de Perthes. La bibliothèque municipale avait d'ailleurs participé, en prêtant ou en faisant reproduire de nombreux manuscrits et documents originaux et imprimés, à la préparation de cette exposition organisée à l'occasion du récent Congrès de l'Association internationale pour l'étude du quaternaire.

Le travail devait reprendre peu après, dans la salle de travail de la bibliothèque par un exposé de M. Guérin sur les propositions qu'a faites le groupe de travail pour la préparation du VIe plan. Ces propositions prévoient un développement considérable des bibliothèques qui entraînerait, entre autres conséquences, un accroissement très sensible du personnel. Il faudrait donc créer un grand nombre d'emplois et pour les pourvoir, agrandir l'École nationale supérieure des bibliothécaires. -Tout cela implique une augmentation considérable des crédits. Une discussion s'engage toutefois sur les risques qu'il y a de voir naître deux systèmes parallèles, les bibliothèques centrales de prêt - la Bibliothèque centrale de prêt du Pas-deCalais ne prévoit-elle pas la création de 12 annexes et l'installation de petites bibliothèques dans toutes les communes de plus de 3 ooo habitants ? - pouvant concurrencer les bibliothèques municipales déjà existantes.

En ce qui concerne les bibliothèques d'établissements d'enseignement que certains jugent préférables aux bibliobus scolaires, quelques participants font remarquer que ces bibliothèques ont une existence souvent précaire, qu'elles ne sont pas ouvertes en dehors des heures de classe et qu'il faut bien que ce soit les bibliothèques municipales qui accueillent les enfants le jeudi, le samedi après-midi, ou pendant les périodes de congés.

Enfin, M. Bouvy fait un exposé sur le catalogage centralisé en posant nettement le problème. Jusqu'à présent, on a catalogué en fonction du livre et en fonction du bibliothécaire, sans trop se soucier de l'utilisateur. Les règles actuelles sont trop compliquées et trop simples à la fois, pour la lecture publique par exemple. Or, le catalogage centralisé s'adresserait à des bibliothèques très différentes et a fortiori à des utilisateurs qui le sont aussi. A quel niveau normaliserat-on ? Il faudra opter. Il en est de même pour les catalogues matières rédigés suivant différents systèmes, pour la classification de Dewey ou la C.D.U. Par contre, la question des délais n'est pas aussi grave qu'on pourrait le croire. L'automatisation de la Bibliographie de la France est acquise, elle permettrait d'aller vite.

Après discussion, l'accord se fait, en dépit de quelques objections, sur l'intérêt que présenterait une fiche moyenne, lisible pour tous, avec des propositions de vedettes C.D.U. et Dewey. Il est malheureusement à craindre qu'en raison du peu de développement du réseau des bibliothèques françaises, le prix n'en soit élevé ce qui diminuera d'autant le nombre des acheteurs éventuels. Avant de se séparer, les participants ont rapidement évoqué les améliorations que le fichier centralisé sur ordinateur, les catalogues imprimés automatiquement, ou les systèmes de telex pourraient apporter dans un avenir qui semble malheureusement encore assez lointain.