L'Évolution des publications scientifiques primaires

Études statistiques

G.-A. Boutry

Avec le progrès scientifique du dernier demi-siècle, la masse de la documentation scientifique s'est accrue dans des proportions telles que la physionomie des périodiques scientifiques primaires et par là celle des périodiques secondaires qui diffusent cette documentation se sont profondément modifiées. Une étude statistique de périodiques primaires de physique et de périodiques secondaires scientifiques favorise une approche de l'évolution de la littérature scientifique. La généralisation des résultats permet d'établir des courbes de croissance et de définir les constantes de cette évolution. On aboutit à formuler quelques règles générales en matière d'information scientifique qui devraient faciliter la transformation des périodiques scientifiques par une collaboration internationale

I. - Introduction.

Le présent travail est extrait du rapport préparé par l'auteur et présenté à l'Unesco par un Comité ad-hoc institué par ce grand organisme international pour étudier les méthodes de publication dans le domaine scientifique. Son but essentiel est de fournir à tous ceux qui s'intéressent aux problèmes posés par la communication et la dissémination des informations scientifiques originales, des renseignements quantitatifs là où il n'existe guère, dans les nombreux mémoires et rapports consacrés à ce sujet, que des propositions qualitatives ou des évaluations vagues. Il est bien clair qu'ainsi défini, ce but est, dans l'état actuel de nos moyens, à peu près inaccessible : les dimensions d'un travail statistique portant sur l'ensemble des publications scientifiques primaires interdisent à peu près de l'entreprendre, dans l'état actuel de notre organisation. Cela ne veut pas dire que les ordinateurs d'aujourd'hui ont une puissance insuffisante pour traiter un tel ensemble, mais bien que nous ne savons pas définir cet ensemble, en situer les limites ni nous assurer qu'il est complet et qu'il ne contient pas d'éléments étrangers.

Une telle situation n'est pas nouvelle et les statisticiens la connaissent bien. Quand ils y sont confrontés, il leur reste la possibilité d'utiliser des méthodes d'échantillonnage, quitte à restreindre la généralité des conclusions qu'ils peuvent formuler ou à établir, par des sondages, une probabilité élevée que les conclusions sont valables. C'est ce qu'on a tenté de faire ici.

Les « problèmes de l'information scientifique », comme on les appelle d'habitude, ne sont pas, par essence, nouveaux. La tradition scientifique rapporte qu'au cours des vingt dernières années du XIXe siècle, un célèbre savant anglais a pu dire qu'il lui paraissait souvent plus facile et plus rapide de retrouver un résultat en l'établissant directement au laboratoire plutôt qu'en fouillant la bibliothèque pour retrouver un obscur mémoire publié on ne sait quand par on ne sait qui. Depuis le milieu du XVIIIe siècle qui marque d'une façon un peu floue le moment où la science a cessé d'être le beau souci de quelques gentilshommes isolés, le volume des informations scientifiques écrites, le nombre de ceux qui participent à la production de ces informations, le nombre de ceux qui doivent les connaître ont constamment augmenté dans le temps. Ce qui est nouveau, c'est que la vitesse de cette croissance s'est trouvée grandement accélérée au cours du dernier demi-siècle et que cet accroissement s'est fait, comme nous le verrons, par étapes assez bien définies. C'est cet accroissement qui, avec un décalage considérable, a amené peu à peu le monde savant et le monde de la documentation à penser qu'il faudrait perfectionner son organisation et ses moyens de travail et qu'une telle action n'était possible, ou tout au moins réellement fructueuse, que si elle se développait au niveau international.

L'Unesco et la Royal Society partagent le mérite d'avoir lancé ces études et la première conférence mondiale sur l'Information Scientifique, réunie à l'initiative de l'Unesco, date de 1948 1. Depuis cette date, les efforts et les études ont continué sur le plan national comme sur le plan international sans qu'on puisse dire que leur coordination ait été entièrement satisfaisante. Les propositions concrètes destinées à améliorer la situation n'ont pas été très nombreuses; les perfectionnements réellement intervenus l'ont été moins encore. Cependant, l'arrivée des ordinateurs, la prise de conscience dans le monde savant et dans le monde des bibliothèques de ces auxiliaires nouveaux qui pouvaient multiplier nos possibilités de stockage, de classement et de tri des informations, ont agi pendant quelque temps comme un tonique dont l'efficacité a cependant été gênée par la situation encore rudimentaire de la coopération internationale dans ce domaine. Au moment où nous écrivons, les normalisations universelles qui permettraient seules de développer harmonieusement l'utilisation dans le domaine documentaire des moyens automatiques modernes, ces normalisations restent encore difficilement concevables. Pour le montrer, nous ne voudrons qu'un seul exemple, extrême il est vrai : il y a aujourd'hui 17 années que l'on discute sur le plan international des normes pour l'abréviation des titres des périodiques scientifiques dans les références bibliographiques sans qu'on ait encore pu se mettre complètement d'accord.

Dans certains de leurs aspects, il existe une curieuse ressemblance entre ce que nous appelons ici les « problèmes de l'information scientifique » et les problèmes posés par la circulation des automobiles sur les routes du monde civilisé : dans les deux cas, la quantité qui doit être maniée est en augmentation rapide pendant que les idées et les structures de base restent fixes dans leurs grandes lignes; dans les deux cas, l'accroissement de la quantité à traiter est encouragé par les instances responsables du développement économique ou scientifique pendant que l'amélioration des structures de base qui permettent le transport et la distribution est négligée ou entreprise avec d'énormes retards. Dans les deux cas, les « utilisateurs » font preuve d'attitudes étrangement irrationnelles et souvent contradictoires en face de la situation présente : l'un vous dira que l'on fait bien trop de bruit au sujet d'un problème secondaire (« je n'ai, personnellement, aucune difficulté à obtenir toutes les informations scientifiques dont j'ai besoin... »), l'autre, au contraire, qu'il est nécessaire et urgent qu'une révolution radicale et complète soit déclenchée, qui établisse un nouveau et parfait système mondial de production et de distribution d'informations scientifiques. C'est à de tels signes que l'on reconnaît que les « problèmes de l'information scientifique » sont essentiellement des problèmes humains. Malgré son aspect statistique, le présent travail est, on l'espère, une tentative sans prétention mais sincère d'examiner ces problèmes du point de vue des sciences humaines, en évitant l'extrapolation ou les généralisations abusives.

Dans l'analyse d'un problème humain, l'étude de la terminologie employée s'avère souvent révélatrice. C'est le cas ici et c'est pourquoi nous consacrerons quelques lignes à l'étude des trois termes : « communication », « information » et « documentation ».

Chacun sait que le mot « communication » dérive d'une racine appartenant au latin tardif et dont le sens propre est « mettre quelque chose en commun », sens qui s'applique parfaitement à la communication intellectuelle. Il faut rappeler ici que la communication complète et parfaite entre deux intelligences doit être considérée comme une limite asymptotique : toute langue humaine introduit dans la pensée communiquée des distorsions et des impuretés exactement comme, en électronique, la propagation des signaux informatifs dans les canaux de fréquence qui leur sont alloués introduit dans ces signaux du bruit thermique et de la distorsion. Si l'on accepte cette façon de voir, on peut comprendre sans peine que la communication écrite souffre de difficultés et d'imprécisions qui lui sont propres. Le message contenu dans une communication écrite a été disjoint du spectacle de l'homme qui devrait porter ce message : son attitude, l'expression de son visage, les inflexions de sa voix, tout cet ensemble, qui ajouterait beaucoup au message apporté, a disparu. Il faut se souvenir aussi que l'acuité de l'attention, l'absence de fluctuations dans cette attention sont fragiles; l'homme qui parle et qui parle bien les obtient mieux qu'un texte imprimé. On ne le dit guère; on le sait pourtant. Au cours de presque trois millénaires, les écoles, les universités, les académies ont maintenu les traditions de l'enseignement oral. Il est vrai que de temps en temps, un esprit brillant s'est trouvé pour proposer de supprimer les cours et de tout faire par écrit; il est vrai que Carlyle a écrit un jour que la seule vraie Université était une bibliothèque. Malgré cela, les cours continuent, à travers les contestations. Tout homme qui fréquente le monde de la politique ou celui du commerce sait profondément que l'action orale est plus puissante à court terme que l'action écrite.

Il faut voir là la justification de la pratique des congrès et des réunions internationales de groupes scientifiques, si fréquents aujourd'hui. Si l'on accepte ce qui vient d'être dit au sujet des communications orales, on comprendra que le but essentiel d'un congrès scientifique n'est pas d'aboutir à l'impression de volumes de comptes rendus mais bien de permettre le contact personnel direct entre hommes intéressés par le même sujet.

Que faut-il comprendre par l'expression « information scientifique » ? Plus précisément, qu'est-ce qu'une information scientifique? Un peu de réflexion montrera que ce n'est pas l'expression d'un fait scientifique. Celui qui fournit cette information le pense pourtant, - mais l'information ne sera transformée en fait que lorsqu'elle aura été confirmée par d'autres chercheurs travaillant dans le même domaine et qui seront parvenus à la même formulation, indépendamment du premier auteur et, si possible, en utilisant d'autres méthodes que les siennes. Il faut remarquer enfin que, pendant que la plupart des hommes de science et des chercheurs parlent d'information scientifique, la plupart des bibliothécaires et des documentalistes utilisent seulement les mots « documents » et « documentation ». Il faut voir là la révélation de deux attitudes profondément différentes : le document, pour le bibliothécaire et même pour l'humaniste, le document est quelque chose de tangible ; il a une valeur permanente, il occupe un certain volume. On peut le stocker, le classer, le retrouver et l'organisation de ces diverses activités est une fin en soi. L'homme de laboratoire, de son côté, considérera le document comme un de ses outils de travail tel un galvanomètre ou un tournevis. Il voudrait l'obtenir sans avoir besoin de le chercher. Surtout la valeur informative du document pour le chercheur n'a pas de caractère permanent : en règle générale, c'est une fonction décroissante du temps qui s'écoule depuis le jour où le document a été imprimé et distribué. C'est pourquoi on peut parler d'une vie moyenne de l'information contenue dans un document scientifique; cette vie moyenne varie dans des limites très larges tout comme la vie moyenne des éléments radio-actifs. De nos jours, aucun chercheur n'ouvre un ouvrage du XVIIIe siècle ou même du XIXe siècle; il connaît le contenu de quelques mémoires du XIXe siècle grâce à l'enseignement élémentaire qu'il a reçu à l'Université mais il n'a jamais vu leur texte original. Quant à la vie moyenne des informations publiées au cours du xxe siècle, sauf quelques exceptions spectaculaires, elle varie entre quelques décades et quelques mois - dans des cas extrêmes, quelques semaines.

Au fur et à mesure que le temps passe, le point de vue de l'homme de bibliothèque et du documentaliste prend peu à peu le pas sur celui de l'homme de science. L'énorme masse imprimée de la littérature scientifique originale abandonnée par l'homme de laboratoire et par le professeur ne devient pas pour autant inutile; elle doit toujours être stockée et classée; elle s'adresse désormais à un public différent et moins nombreux qui tend vers un groupe d'historiens et de philosophes : nous comprenons pourquoi l'attitude du monde documentaire et celle du monde scientifique au regard des problèmes dont nous nous occupons ici, ne pourront jamais coïncider.

Il y a plus. L'information scientifique est le plus souvent formulée dans un langage dont l'intelligibilité n'est que temporaire et parfois locale : au fur et à mesure qu'elle progresse, la science change son langage; pire, le sens donné à un mot par l'homme de science peut subir de surprenantes transformations lorsqu'on procède à une revision de concepts fondamentaux. Il peut arriver que deux hommes de science contemporains emploient le même terme dans deux sens complètement différents, sens qui ne sont définis nulle part et qu'on ne peut appréhender qu'à partir de leurs mémoires. Les scientifiques eux-mêmes sont peu sensibles aux conséquences de ces difficultés sémantiques; il n'en est pas même de pour l'historien des sciences ou pour le philosophe.

Entre le moment où elle est conçue et celui où sa diffusion la plus complète possible est assurée, l'information scientifique aura été soumise à des processus de présentation, d'extraction et de conditionnement qui forment, de nos jours, un ensemble assez complexe. Ce processus commencera d'ordinaire par la rédaction d'un rapport, document d'usage interne, communiqué à un nombre restreint d'individus, membres d'un groupe industriel ou d'une institution de recherche. Dans un second stade, les personnes responsables de la direction des travaux décident de rendre public tout ou partie du rapport primitif : un mémoire ou une note préliminaire sont alors rédigés et proposés pour publication à un journal scientifique dont c'est là la fonction essentielle. Depuis quelque temps, et parce que les progrès dans certains domaines scientifiques ont aujourd'hui une valeur publicitaire ou politique importante, il arrive qu'un communiqué à la presse accompagne la décision de publier.

Le journal scientifique soumettra le mémoire à son Comité de Rédaction; l'intervention de celui-ci peut amener des modifications ou des révisions du texte original; quelquefois, il y a refus de publier. Le mémoire accepté, un usage de plus en plus général exige (on verra plus loin pourquoi) que son auteur le munisse d'un résumé, dont la rédaction pose de difficiles problèmes puisqu'il s'agit, dans un texte aussi bref que possible, de spécifier clairement et sans ambiguité le ou les faits nouveaux dont le mémoire rend compte. Plusieurs mois se seront écoulés depuis la rédaction du rapport privé; au regard du monde scientifique, la date de création de l'information communiquée est celle qui a vu le journal qui la contient sortir des presses pour la distribution postale aux abonnés.

Depuis la fin du XIXe siècle (c'est vers 1896 qu'apparaissent les premiers journaux de résumés), les manipulations subies par l'information scientifique ne s'arrêtent pas avec la publication du mémoire : il faut guider le lecteur et l'aider à trouver les informations qui concernent directement son propre travail dans une masse trop grande et trop dispersée pour qu'il puisse l'examiner lui-même complètement et en détail : on procédera donc à l'analyse des mémoires et l'on en extraira, si l'auteur ne l'a déjà fait, un résumé qui soit au moins indicatif du contenu. Rangés suivant une classification déterminée (et malheureusement variable d'un journal à un autre, d'un pays à un autre), ces résumés seront publiés dans un périodique (périodique secondaire ou périodique de résumés) qui n'a pas d'autre fonction. On comprend que la consultation de ce périodique secondaire puisse guider son lecteur et lui permette sans trop d'erreurs ni d'incertitudes de sélectionner ses lectures. Il existe aussi des périodiques secondaires qui se bornent à publier le titre des mémoires, le nom de leur auteur et la référence qui permettra de les retrouver.

Enfin, à cet ensemble à trois étages (diffusion restreinte, diffusion publique, analyse et diffusion des résumés) est venu s'ajouter de nos jours un quatrième conditionnement de l'information scientifique dans lequel il s'agit de mettre références, titre, auteurs et résumés sous une forme qui permettra le stockage et la sélection par des moyens automatiques.

Les méthodes de travail utilisées dans le présent rapport seront maintenant, nous l'espérons, claires pour ses lecteurs : dans un premier chapitre, on définit un groupe de périodiques scientifiques primaires qui formera l'échantillon dont on étudiera l'évolution dans le temps. Telles qu'elles auront été obtenues, les conclusions de cette étude ne sauraient être généralisées. C'est pourquoi un second chapitre est consacré à l'examen statistique du contenu de quelques périodiques secondaires : dans la mesure où les conclusions de cette seconde étude coïncident avec les conclusions de la première, on pourra considérer que ces conclusions sont valables pour tout le domaine scientifique couvert par les journaux secondaires utilisés. Même en procédant de cette façon, les moyens mis à notre disposition et le temps que nous pouvions consacrer à cette étude ne permettaient pas de l'étendre à l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler les sciences exactes et naturelles. L'échantillon sur lequel nous avons travaillé ne contenait que des périodiques primaires consacrés à la physique proprement dite; les périodiques de résumés consultés ensuite couvraient le domaine des sciences physiques pures et appliquées et le domaine des sciences chimiques.

II - Croissance et évolution des périodiques scientifiques primaires ::

Étude de l'évolution d'un échantillon de perturbations minimales.

Dans l'absolu, il est impossible d'énoncer une proposition quantitative correcte qui s'applique à la littérature scientifique primaire, parce que les limites de validité de la proposition ne sont jamais clairement définies : nous avons déjà parlé des incertitudes de notre vocabulaire.

Qu'est-ce qu'un périodique scientifique primaire? Pour répondre, nous nous adressons à un ouvrage universellement connu, la « World List of Scientific Periodicals »; une analyse rapide du contenu de son édition de 1952 permet d'évaluer à 55 000 ± 5 % le nombre de périodiques dont les titres s'y trouvent répertoriés. Cela dit, ouvrons ce gros livre au hasard. Page 457, nous trouvons, mentionnés parmi bien d'autres, les périodiques suivants :

Journal of the National Society of Operative Printers and Assistants

Journal de la Navigation Fluviale et Maritime

Journal of the New England Waterwork Association

Journal of the Newcastle Farmers' Club

Journal des Nourrices

Voilà qui suffit à convaincre le lecteur, nous l'espérons, qu'il n'existe pas de définition universellement valable du terme « périodique scientifique primaire » ; il est même permis de soupçonner qu'une telle définition n'existe sans doute pas et que, souvent, suivant l'appréciation de l'équipe chargée d'établir une liste de journaux, le nombre des périodiques qui y trouveront place sera sujet à de grandes variations.

Il nous faudra donc, dans notre étude sur échantillon, choisir et composer ce dernier de façon à le définir dans son extension scientifique et dans son évolution avec aussi peu d'ambiguité que possible. Le chapitre de la science dans lequel nous avons choisi notre échantillon est la physique dont le domaine est ici restreint à la physique pure et appliquée, non compris ce qui concerne l'art de l'ingénieur ni les applications de la physique à d'autres chapitres de la Science, par exemple à l'astronomie. En direction de la chimie, les limites d'échantillonnage restent par nature assez floues car nous savons qu'il n'existe pas de frontière nette entre les deux. Nous verrons plus loin que cette ambiguité ne sera pas gênante. Les raisons de notre choix sont trop nombreuses pour être commentées; nous nous contenterons d'énumérer brièvement les principales :
- même de nos jours, le volume des publications originales dans le domaine de la Physique reste modéré;
- le nombre des périodiques primaires de Physique n'est, lui non plus, pas très grand 2;
- les règles de publication, quoique assez loin d'être normalisées, ne varient pas de façon trop considérable;
- la quasi-totalité des mémoires sont publiés avec des résumés établis sous la responsabilité de l'auteur et du rédacteur en chef;
- enfin, le domaine de la Physique a déjà fait l'objet de plusieurs études statistiques importantes et l'auteur du présent travail était lui-même physicien.

La composition de l'échantillon lui-même a été déterminée par la mise en balance de plusieurs considérations distinctes :

a) Il paraissait d'abord hautement désirable de travailler sur un échantillon international, pourvu qu'à l'intérieur de cet échantillon il soit possible de maintenir un équilibre correct entre les productions des divers pays qui le composent. C'est là une condition plus facile à formuler qu'à respecter. D'autre part, un échantillon international comprendra forcément une part américaine et une part européenne prépondérantes et nous verrons dans la suite que l'évolution de la littérature scientifique primaire en Europe a été soumise à des soubresauts d'origine économique et politique d'ampleur suffisante pour perturber la signification de notre échantillon;

b) Il faut donc se résigner, pour établir l'échantillon, à s'adresser à la production d'un pays suffisamment actif dans le domaine de la Physique pendant toute la durée considérée par l'étude;

c) A ces conditions, s'ajoutera celle que le pays considéré devrait avoir une histoire économique et politique comprenant aussi peu que possible de discontinuités et d'accidents brutaux susceptibles de perturber nos conclusions. Ceci ne veut pas dire que l'étude de ces perturbations ne devrait pas être faite : c'est justement pour y parvenir que nous comparerons systématiquement l'évolution de l'échantillon non perturbé avec celle de journaux primaires émanant de pays moins fortunés.

On voit que, si ces conditions ne peuvent être parfaitement remplies, on peut s'en approcher en s'adressant, pour la constitution de l'échantillon, aux publications américaines de Physique. Nous verrons que de 1895 à 1966, le développement de la littérature scientifique américaine ne comporte qu'une perturbation un peu importante. D'autre part, aux U.S.A., les journaux primaires du domaine de la Physique sont presque tous organisés au sein d'une institution unique, circonstance qui n'existe nulle part ailleurs au monde, sauf l'organisation d'état de l'U.R.S.S. L'échantillon dont on va étudier l'évolution est donc défini comme la réunion des treize journaux cités dans la Table I. Ces journaux sont tous édités par l'American Institute of Physics.

Il faut souligner que notre échantillon ne contient pas tous les journaux publiés par l'American Institute of Physics; certains ont été exclus parce qu'ils ne publient que des résumés, d'autres à cause de leur orientation pédagogique, historique ou philosophique, d'autres encore parce qu'ils se trouvent hors du domaine auquel nous avions décidé de limiter l'échantillonnage; dans ce 3e groupe, par exemple, se trouvent l' « Astronomical Journal » et « Applied Spectroscopy ».

Homogénéité de l'échantillon

Considéré en 1967, notre échantillon apparaît très homogène : II journaux sur 13 ont adopté le même format; tous se conforment en ce qui concerne la présentation, le choix du papier, la mise en page, les caractères d'imprimerie utilisés, à des normes relativement étroites. Cela dit, chacun des journaux de l'échantillon a son propre Rédacteur en Chef, seul et entièrement responsable de son contenu. L'homogénéité n'apparaît guère moins grande quand on la formule en termes financiers. Le Bureau des résumés analytiques du Conseil international des Unions scientifiques, dans un travail publié en juin 1966 3, a déterminé le prix de revient, pour un abonné du tarif normal, de 10 ooo mots de texte original pour chacun des 13 journaux de l'échantillon. Le calcul avait pour point de départ les renseignements comptables fournis par les journaux eux-mêmes. La Table II donne les résultats de cette évaluation : elle nous apprend, ce qui est une constante de l'édition, que la publication coûte proportionnellement d'autant plus cher à son utilisateur que le volume publié par an est plus petit et le tirage plus faible. Si l'on représente les résultats de la Table II par un graphique (en abscisse, le nombre de pages publiées, en ordonnée, le prix des 10 000 mots), on s'aperçoit (fig. I) qu'à l'exception de deux, tous les points figuratifs se placent sur une hyperbole classique d'équation : P = Ax + B / Cx + D où P est le prix pour 10 ooo mots, x le nombre de pages publiées, A, B, C, D étant des constantes : c'est justement ce que l'on devrait trouver si tous les journaux étaient produits d'une façon complètement uniforme, et dans l'hypothèse où le tirage de chaque journal est proportionnel au nombre de pages publiées annuellement.

Deux journaux font exception et concernent tous deux l'Optique : l'un coûte plus cher à l'usager que le graphique de la fig. 1 ne le prévoit (Journal of the Optical Society of America); l'autre (Applied Optics) est, au contraire, meilleur marché que la règle ne l'indique. Cette seconde exception est immédiatement expliquée par le fait qu'Applied Optics est le seul journal de l'échantillon qui possède des pages publicitaires.

Analyse de l'échantillon : mode opératoire.

Nous avons suivi l'évolution de l'échantillon de 1893 à 1966. Au cours de cette longue période, la population de l'échantillon a naturellement varié et la quasi-homogénéité que nous venons de mentionner n'est apparue, peu à peu, qu'au cours des deux dernières décades. La Table III donne des variations de la population de l'échantillon avec le temps.

L'évaluation du volume publié chaque année par chaque journal a été rendue délicate par les nombreuses variations de mise en page avec le temps : beaucoup de journaux ont changé de format; en des temps plus récents, on relève de nombreux changements dans les espacements de lignes, dans la typographie, ces changements ayant évidemment pour but de condenser le plus possible.

Le volume total de l'échantillon à analyser représentait plus de 500 000 pages de formats divers. La collection de chaque journal a d'abord fait l'objet d'un examen préliminaire au cours duquel on a déduit du nombre total de pages publiées chaque année, les index, les tables, les pages de critiques, de nouvelles, d'informations, de résumés isolés et, plus généralement, tout ce qui n'était pas mémoires originaux accompagnés ou non de leur résumé. Au cours de cet examen préliminaire, tous les changements de formats et de mise en page ont été repérés et notés.

Un second examen de la collection a ensuite été fait volume par volume, le but étant de déterminer le nombre moyen de mots imprimés par page, par comptage direct d'un certain nombre de pages échantillons. Le lecteur comprendra les difficultés de cet examen en apprenant, par exemple, que de 1933 à 1948, la Review of Scientific Instruments publiait 810 mots (moyenne) à la page, tandis qu'à partir de 1949, sans changement de format ou de typographie, ce nombre s'est élevé aux environs de 1 050. Pour que des changments de ce genre ne passent pas inaperçus, ce 2e examen a été répété à trois reprises.

Résultats et commentaires

A partir des données ainsi réunies, on a déterminé le nombre de mots par page publiés chaque année par l'ensemble de l'échantillon. Ce nombre, bien entendu, n'est connu qu'avec une erreur qui n'est pas négligeable et que des sondages complémentaires permettent de situer aux environs de 7 %. La Table IV et la figure 2 résument les résultats du travail et montrent les variations du volume publié avec le temps au cours d'à peu près 3/4 de siècle.

Ces résultats sont assez remarquables pour susciter quelques commentaires : I° Rappelons d'abord que la période étudiée a une signification historique majeure non seulement en ce qui concerne le développement scientifique aux U.S.A. mais encore pour le développement mondial des recherches physiques;

2° De 1894 à 1966, le volume publié a été multiplié par 256,50. C'est la grandeur de ce nombre qui nous a forcés à utiliser deux échelles distinctes pour représenter graphiquement la Table IV;

3° Le graphique de la figure 2 montre qu'on peut discerner, dans l'évaluation de l'échantillon, quatre périodes distinctes séparées par des accidents qui restent bien visibles sur la courbe, en dépit des « fluctuations » importantes de celle-ci :

- Ire période, 1894-1914

La courbe 2b montre que, malgré les irrégularités très importantes de la croissance, la meilleure courbe moyenne qui rende compte de ces résultats reste une droite inclinée dont la pente peut être calculée à partir de la Table IV et située entre 12 ooo et 14 ooo mots par an.

Ier accident : 1914-1918. Il s'agit des quatre années de la Première Guerre Mondiale; les variations du volume publié au cours de ces quatre années ne présentent rien de bien significatif. Par contre, on voit bien qu'à la fin de cette période, à partir de 1919, quelque chose change et que nous entrons dans la

- 2e période, 1919-1940, au cours de laquelle, bien que les variations aléatoires dans le volume publié augmentent d'amplitude, il est clair que la croissance moyenne est encore représentable par une droite, si l'on veut bien négliger le freinage produit par la dépression économique de 1924-1930. Cette croissance linéaire est représentée sur le graphique par la droite tracée en trait interrompu et dont la pente est grosso modo 14 fois plus grande qu'au cours de la première période (elle est comprise entre 168 ooo et 200 000 mots par an).

2e accident : 1940-1945. Il s'agit de la 2e Guerre Mondiale et de ses conséquences à court terme. L'année 1940 se place encore correctement sur la droite moyenne caractérisant la 2e période. A partir de là, on assiste à une chute brutale dans le volume publié dont le minimum, atteint en 1943, a la même valeur que le volume publié en 1932, onze années auparavant. La courbe ne recommence à croître d'une façon nette qu'à partir de 1945. Si l'interprétation de tout cela est évidente, la suite l'est moins. En 1945, nous entrons dans la

- 3e période, 1945-1957, qui montre encore une croissance linéaire bien caractérisée et sans fluctuations aléatoires importantes. La pente de cette 3e ligne droite, facile à déterminer d'une façon précise, est comprise entre 950 ooo et 955 000 mots par an.

Le 3e accident, 1957-1958, se discerne assez mal sur la graphique de la figure 2 : cela provient du choix de notre échelle. Si l'on consulte directement la Table IV, on s'aperçoit qu'immédiatement après 1957, la vitesse de croissance du volume publié augmente brutalement si bien qu'en entrant dans la

- 4e période, 1958-1966, on peut calculer une vitesse moyenne de croissance pendant cette période 3 520 000 mots par an. En réalité et pour la première fois dans l'histoire de l'échantillon, la vitesse de croissance montre une tendance bien définie à augmenter avec le temps : en d'autres termes, la courbe régulière qui représente le mieux cette période n'est plus une droite mais une courbe parabolique. Nous n'avons pas tenté de déterminer cette courbe, la durée de sept années sur laquelle pouvait s'étendre le calcul n'étant pas suffisante pour donner une bonne précision.

Nous donnerons un peu plus tard une preuve supplémentaire de l'existence et l'influence importante de ce que nous avons appelé ici le 3e accident. A quel événement correspond-il ? Le lecteur sera sans doute en mesure de se souvenir qu'à la fin de 1957 se produisit un événement d'importance politique et technique certaine, événement qui a infléchi de façon importante les tendances et les opinions du monde de la science, de l'industrie et de la politique : c'est du lancement du premier spoutnik que nous voulons parler ici.

Influence des grandes découvertes et des bouleversements scientifiques

Jusqu'ici, nous avons vu qu'il existait une influence très importante des grands événements politiques, économiques et industriels sur la courbe de croissance de l'échantillon. Il faut rappeler que la composition de notre échantillon contient beaucoup plus de « physique pure » que de « physique appliquée » : on devrait donc s'attendre à une influence bien visible des bouleversements de la physique fondamentale et théorique. Nous avons cherché cette influence avec beaucoup de soin et nous avons été amenés à conclure que si une telle influence existe, elle est indiscernable au milieu des fluctuations aléatoires de la courbe. Le lecteur pourra vérifier lui-même sur les courbes 2a et 2b que l'avènement de la Relativité, 1905, celui de la Mécanique Ondulatoire, 1924, celui de la théorie électronique des métaux et des semiconducteurs, 1928, ne sont signalés par rien de particulier sur les courbes. Tout se passe, dans la croissance des publications, comme si le volume publié chaque année était indépendant des bouleversements qui suivent la naissance d'une théorie physique majeure. Il semble donc que la conséquence d'un tel bouleversement se réduise à un changement d'orientation des mémoires publiés sans changement de leur volume.

Y-a-t-il croissance exponentielle?

Nous avons jusqu'ici examiné la courbe période par période et d'un point de vue rapproché, ce qui nous permettait de bien distinguer la croisssance linéaire des trois premières périodes. Si nous examinons maintenant le graphique dans son ensemble, il est clair qu'on peut trouver une courbe régulière qui, sans tenir compte des fluctuations aléatoires du volume publié, représente aussi bien que possible la vitesse de croissance. C'est cette courbe « de meilleure forme » que nous avons tracée sur la figure 3. Il est assez facile de vérifier, en passant aux logarithmes, que la courbe en question n'est pas une exponentielle contrairement à une allégation qui a été formulée bien des fois. Il n'y a rien de surprenant à cela. La croissance exponentielle dans le domaine biologique et humain est un phénomène qui ne peut se produire que dans un milieu illimité qui n'oppose aucune résistance à la croissance elle-même.

Variations à l'intérieur de l'échantillon

Le graphique que nous venons de commenter représente la courbe de croissance moyenne pour l'ensemble des 13 journaux qui composent notre échantillon. Il va de soi que chacun de ces journaux a sa propre courbe de croissance qui s'écarte plus ou moins de la courbe moyenne en question. Nous ne donnerons pas ici l'ensemble des résultats. Nous nous contenterons de dire qu'on peut distinguer deux formes extrêmes de courbes de croissance :

a) Journaux consacrés aux domaines de grande actualité en Physique : Le meilleur exemple est fourni par « Physical Review » dont la figure 4 donne la courbe de croissance de 1945 à 1966 : la ressemblance avec la courbe moyenne est considérable ; on voit, d'autre part, que le départ en flèche que nous avons signalé à partir de 1958 est précédé, pendant 3 ou 4 ans, d'une influence de freinage bien visible : c'est ce que nous avons appelé tout à l'heure l'accident de 1957.

b) Journaux consacrés à des chapitres plus classiques de la Physique : La figure 5 est un exemple du comportement de ce type de journaux; elle représente la courbe de croissance du « Journal of the Acoustical Society of America » depuis sa fondation : on voit que le développement du journal suit, si l'on néglige des variations aléatoires, une loi de croissance parabolique qu'aucun événement extérieur de quelque nature qu'il soit ne paraît avoir influencée.

Nous terminerons cette analyse très incomplète de la croissance de notre échantillon par une remarque : la spécialisation de chacun des journaux de l'échantillon a une influence marquée sur sa vitesse de croissance absolue tandis que la vitesse relative de croissance apparaît beaucoup moins variable, au moins au cours des années récentes. C'est ce que la Table V, où nous n'avons conservé que 6 journaux, montre assez clairement.

L'échantillon avec lequel nous avons travaillé était aussi peu perturbé que possible par les événements extérieurs. L'étude de la croissance et du développement des journaux de physique publiés en Europe nous aurait conduits à des résultats bien différents et malheureusement beaucoup moins significatifs. Nous le montrerons par deux exemples :

a) Le premier est celui d'un périodique publié en Angleterre : « Proceedings of the Physical Society » qui a été étudié par nous pour un intervalle de 33 ans, de 1934 à 1966 compris. La figure 6 résume les résultats. On peut y voir que la 2e Guerre Mondiale a eu sur ce journal britannique exactement le même effet que sur notre échantillon américain et que le redressement s'est produit, dans les deux cas, à partir de 1945. Par contre, de 1950 à 1964, il est clair qu'une influence de freinage puissante et permanente a dû s'exercer sur le périodique britannique puisque le volume qu'il publie pendant cette période tend en moyenne à diminuer lentement avec le temps. Cette influence paraît disparaître à partir de 1964; on doit toutefois noter que la vitesse de croissance du périodique en 1966 reste petite devant la vitesse de croissance moyenne de l'échantillon américain.

b) Le second exemple concerne le périodique français le plus ancien et le plus lu dans le domaine de la Physique : « Le Journal de Physique et Le Radium ». Nous avons étudié ce périodique pendant l'intervalle de temps compris entre 1928 et 1966. Au cours de ce temps, des changements importants de format, de la mise en page et de la typographie ont été introduits et nous en avons naturellement tenu compte. On a également évalué et disjoint le volume consacré par le journal aux nouvelles, aux comptes rendus de réunions, aux résumés analytiques, etc...

La courbe de la figure 7 représente les résultats de l'étude et montre qu'après 1934 et surtout de 1939 à 194I une chute très importante se produit : le rapport des volumes publiés en 1939 et en 194I est d'environ 3,7. La situation se rétablit dès 1942. A partir de cette année-là et en dépit d'une hésitation marquée dans l'intervalle 1946-1948, la courbe de croissance devient rapide. Malheureusement, de 1953 à 1965, les oscillations que nous avons appelées aléatoires du volume publié deviennent ici tellement importantes qu'il est vain d'essayer de dresser une courbe moyenne. Nous nous contenterons de remarquer que le rapport entre le maximum qui s'est produit ici en 1963 et le minimum de 194I est de 14,7.

III - Généralisation : l'évolution de la littérature primaire vue à travers les journaux de résumés

Dans le domaine de la Physique et de ses applications, il existe plusieurs grands journaux consacrés aux résumés analytiques. Nous citerons « Physikalische Berichte » pour la langue allemande, « Physics Abstracts » publié à Londres pour la langue anglaise, « Le Bulletin signalétique » du C.N.R.S. et le « Referativnyj Zurnal » respectivement pour les langues française et russe 4.

Ces quatre périodiques ont, au cours des dernières années, été l'objet de plusieurs études analytiques importantes dont les résultats ont été publiés au moins pour deux d'entre elles et ont été utilisés pour la rédaction du présent chapitre 5.

Courbe de croissance de « Physics Abstracts »

En 1898, une grande société scientifique et technique anglaise a fondé le périodique « Science Abstracts » consacré à la confection et à la publication des résumés des mémoires originaux paraissant dans les périodiques primaires. A partir de 1903, l'abondance des matières et des raisons de clientèle ont amené « Science Abstracts » à se diviser en deux, « Physics Abstracts » couvrant le domaine de la Physique pure et appliquée pendant que « Electrical Engineering Abstracts » couvrait celui de la Physique et de l'Électricité industrielle. La Table VI représente les variations du volume publié par ces deux périodiques en fonction du temps. Les graphiques des figures 8 et 9 sont construits à partir de la Table VI. Les ressemblances avec la courbe de croissance de l'échantillon américain sont si visibles que nous réduirons nos commentaires à un strict minimum. On retrouve une première période qui s'étend de 1903 à 1914, et au cours de laquelle le nombre de résumés publiés par an reste pratiquement constant (« Physics Abstracts ») ou marque même une légère tendance à diminuer (« Electrical Engineering Abstracts »). La Première Guerre Mondiale (1914- 1918) consolide cette tendance à une lente décroissance dans les deux courbes. Après cette date, en s'engage dans une seconde période qui se caractérise de 1918 à 1936 par une lente mais très régulière croissance linéaire. De 1937 à 1940, une perturbation se fait sentir, sans doute due à l'état troublé de l'Europe pendant cet intervalle de temps. Après la seconde Guerre Mondiale, une troisième période, bien visible, commence en 1945 et se termine en 1958 pour « Physics Abstracts », en 196I pour « Electrical Engineering Abstracts ». Dans les deux cas, on retrouve une augmentation brusque de la vitesse de croissance caractérisant l'entrée dans la quatrième période.

Les ressemblances que nous notons et qui nous amèrenont un peu plus loin à nous demander si nous pouvons mesurer l'influence de la littérature scientifique américaine sur le contenu des journaux de résumés, ne doivent pas nous faire oublier qu'il existe aussi entre les deux courbes au moins une différence considérable : la vitesse de croissance de « Physics Abstracts » est beaucoup plus faible que la vitesse de croissance de notre échantillon américain. On se souvient que le rapport entre le volume publié dans l'échantillon américain en 1966 et en 1874 dépassait 256. Le rapport des volumes publiés en 1966 et en 1905 est de 16,5 pour « Physics Abstracts » et de 12,5 pour « Electrical Engineering Abstracts ». Il nous faut essayer de comprendre aussi complètement que possible la signification de cette divergence. Pour y parvenir, au moins de façon grossière, nous allons imaginer que tous les mémoires originaux publiés dans le monde de 1904 à 1966 étaient des textes de même volume, 6 pages de 960 mots chacune. Avec cette simplification brutale, on trouverait que le volume informatif analysé par « Physics Abstracts » en 1904 est voisin de 13,5 millions de mots pendant que la même année notre échantillon américain aurait publié 360 000 mots : le rapport entre ces deux nombres est de 2,7/100. En 1966, toujours avec les mêmes simplifications, « Physics Abstracts » aurait analysé un volume de 219 millions de mots. Dans la même année, l'échantillon américain aurait publié 47 millions de mots : le rapport entre ces deux nombres est 2I,4/100, dix fois plus grand qu'en 1904. Il est évident que cette conclusion est fragile puisqu'elle repose sur des hypothèses simplificatrices très brutales; cependant, elle suggère que l'importance relative de la littérature scientifique américaine consacrée aux sciences physiques par rapport à la littérature mondiale a décuplé au cours de ces 42 années, proposition qui ne surprendra personne. Nous préciserons d'ailleurs ces considérations un peu plus loin.

Couverture fournie par les périodiques de résumés.

Le lecteur comprendra maintenant que le nombre de résumés publiés annuellement par un journal tel que « Physics Abstracts » a toujours été assez petit, comparé avec le nombre total de mémoires et d'articles publiés par les périodiques scientifiques primaires dans le même temps. Les tables de croissance suggèrent même que la « couverture » (rapport du volume analysé au volume paru total) aurait tendance à décroître au cours du temps. Pour essayer de préciser cela, nous avons établi la Table VII qui compare, pour l'année 1964, l'activité de «Physics Abstracts » et celle du « Bulletin Signalétique »

Résumés de mémoires publiés dans les périodiques primaires. Nombre de périodiques analysés.

Les chiffres donnés dans la Table VII ci-dessus pour le « Bulletin Signalétique » ne peuvent être qu'approximatifs, puisque nous avons dû dresser nous-mêmes la frontière délimitant le domaine des sciences physiques : on sait que le « Bulletin Signalétique » s'efforce de couvrir l'ensemble des sciences exactes et naturelles. Malgré cette cause d'erreurs, il est certain que le comportement des deux périodiques de résumés n'est pas le même : le rapport du nombre de résumés publiés par eux dans la même année, 2,65 en faveur du « Bulletin Signalétique », est trop grand pour être faussé d'une manière significative par notre délimitation conventionnelle. D'ailleurs, nous voyons que pour publier 28 000 résumés, la rédaction de « Physics Abstracts » s'est contentée d'étudier quelque 400 périodiques tandis que celle du « Bulletin Signalétique » déclare en avoir examiné 3 ooo pour en abstraire 76 ooo résumés. Il est clair que ni l'un ni l'autre périodique ne peuvent couvrir l'ensemble des sciences physiques, qu'il y a toujours un choix et que les principes directeurs de ce choix ne sont pas les mêmes pour « Physics Abstracts » et pour le « Bulletin Signalétique ».

Périodiques de base

Aucun homme de laboratoire et sans doute aucun chercheur ne pourrait citer de mémoire les titres des 420 périodiques primaires analysés par « Physics Abstracts », pour ne rien dire des 2 800 périodiques consultés par les rédacteurs du « Bulletin Signalétique ». Comment se répartissent entre tous ces journaux les résumés finalement imprimés dans les deux périodiques que nous étudions ?

Voici d'abord la réponse pour le « Bulletin Signalétique ». La Table VIII ci-dessous concerne l'année 1964.

Voilà qui nous démontre que 1419 périodiques primaires, soit 50,7 % du total étudié, n'ont fourni en un an chacun que 1 à 5 articles que la rédaction du « Bulletin Signalétique » ait jugé dignes d'être résumés dans ses colonnes. On trouve encore, en poursuivant l'étude, que ces 1419 périodiques ont fourni à eux tous 2 966 mémoires résumés, soit 3,6 % du total publié par le « Bulletin Signalétique ». S'il s'agissait ici d'expériences de laboratoire, nous considérerions une erreur de 3,6 % comme le plus souvent tolérable. Voici une table de fréquence dressée pour la même année 1964.

Tout se passe, en somme, comme s'il existait un noyau compact formé d'un petit nombre de périodiques que la Rédaction du « Bulletin Signalétique » estime indispensable « d'abstraire » de la page de titre à la page finale. Ce groupe de « périodiques de Base » est comme entouré, enveloppé de couches de moins en moins denses formées de journaux d'importance et d'influence décroissantes. Il n'y a, bien entendu, aucune discontinuité dans cet étagement; le lecteur comprend toutefois que le prix de revient de chaque résumé publié par le périodique d'analyse sera d'autant plus élevé que le périodique en question tentera de réaliser une couverture plus complète.

Établies pour le « Bulletin Signalétique », ces conclusions restent valables pour « Physics Abstracts », comme le montre d'une manière un peu différente la Table ci-après, établie par S. Keenan et P. Atherton, en étudiant l'année 196I de « Physics Abstracts ».

L'existence de fait d'un groupe de « périodiques de base » peut revêtir une grande importance dans un avenir proche : c'est une chose que d'organiser un système mondial d'informations scientifiques capable de garantir à ses clients 80 % des informations « complètes » possibles. C'en est une autre que d'établir un système mondial qui garantirait 90 ou 95 % de couverture : il n'y aurait pas de commune mesure entre les dépenses. Au demeurant, même si un système d'informations parfait pouvait exister, il resterait bien difficile - et bien dispendieux - de prouver que la « couverture » est vraiment complète.

Nations dominantes; Langues dominantes

Comment se répartissent, par pays d'origine, les informations reproduites par les périodiques de Résumés ? La Table XI, établie pour l'année 196I de « Physics Abstracts » et pour l'année 1964 du « Bulletin Signalétique », nous donne des éléments de réponse à cette question.

On voit que les deux journaux, divergeant sur des points de détail, sont bien d'accord sur l'importance relative de la masse publiée par les États-Unis d'une part, par l'U.R.S.S. d'autre part. Ils sont d'accord aussi - malgré que l'analyse porte sur deux années différentes - que ces deux pays ensemble leur fournissent environ 50 % du nombre total des mémoires qu'ils résument (48,5 % pour « Physics Abstracts » 196I, 52,6 % pour le « Bulletin Signalétique » 1964). Enfin, les deux périodiques sont encore d'accord pour constater que sept nations en tout leur fournissent plus de 85 % de la littérature primaire qu'ils résument (« Physics Abstracts » 86,3 % ; « Bulletin Signalétique » 86,4 %). L'importance de ces faits n'est peut-être pas encore suffisamment appréciée ni comprise.

On pourrait penser que l'étude de l'importance relative des diverses langues utilisées par les périodiques primaires pris en considération par nos deux périodiques analytiques fera double emploi avec celle dont nous venons d'examiner les résultats. La Table ci-dessous, qui ne concerne malheureusement que « Physics Abstracts », va nous permettre d'en juger (Table XII).

On voit de suite que le pourcentage rédigé en Russe est à très peu près le même que le pourcentage de littérature d'origine russe dans la Table XII : en d'autres termes, la langue russe n'est utilisée à peu près exclusivement que pour la rédaction des mémoires dont les auteurs sont russes. La position de la langue anglaise est tout autre : elle est utilisée par des physiciens de nombreux pays dont la langue nationale est différente. La place nous manque pour reproduire l'analyse faite sur le « Bulletin Signalétique » (1964) en se plaçant du point de vue linguistique; nous nous contenterons de signaler qu'elle permet d'établir que 94 % des mémoires en provenance des Pays-Bas et analysés en 1964 étaient rédigés en anglais, que 71 % des mémoires d'origine italienne, 75 % des mémoires d'origine polonaise et 43 % des mémoires d'origine tchécoslovaque étaient dans ce cas. Le même pourcentage tombe à 37 % pour le Japon, à 17 % pour l'Allemagne, à 4 % pour la France.

IV - Conclusion

On peut se demander dans quelle mesure les résultats énoncés ci-dessus sont généralisables. Un commencement de réponse à cette question nous est fourni par divers documents récemment publiés par la Direction du périodique de résumés, « Chemical Abstracts » 6 qui, comme son nom l'indique, s'efforce de couvrir le domaine entier des sciences chimiques. La Table XIII et la figure 10 résument la croissance de ce périodique depuis sa fondation en 1907. Les ressemblances avec la croissance de notre échantillon de périodiques primaires, d'une part, avec la croissance des périodiques de résumés couvrant le domaine de la Physique, d'autre part, sont évidentes et frappantes : en dépit des actions particulières à chaque ensemble et qui ont sûrement existé, on retrouve partout les quatre périodes de croissance que nous avons distinguées au chapitre II. Les trois premières s'étendent ici respectivement aux domaines temporels 1907-1914/, 1918-1938/, 1945-196I : alors que la quatrième période commence en 1958 pour l'échantillon de journaux primaires, en 1959, pour «Physics Abstracts », son départ est ici retardé jusqu'en 196I mais l'allure générale de la croissance est très profondément la même pour tous les ensembles considérés.

Il y a plus. Le rapport du nombre de mémoires résumés en 1967 au même nombre pour l'année de fondation (ici 1907) est donné par :
R 1967 1907 = 181.175 / 10.835 ≈ 18

alors que ce même rapport pour « Physics Abstracts » s'écrivait, on s'en souvient :
R 1967 1905 ≈ 16,5

S'appliquant à des publications couvrant des domaines différents de la Science, établies et imprimées dans deux pays différents, avec des normes et des états d'esprit différents, l'accord apparaît vraiment frappant. Il faut noter toutefois que la courbe de croissance de « Chemical Abstracts » admet, dans sa seconde et sa troisième période, des dérivées premières nettement plus grandes que ce n'est le cas pour « Physics Abstracts ». Dans les soixante années comprises entre 1907 et 1966. « Physics Abstracts » et « Chemical Abstracts » ont publié respectivement des résumés de 436 093 et 3 619 152 mémoires; le rapport de ces deux nombres est voisin de 8,30. Dans la seule année 1966, ces deux périodiques publièrent respectivement 38 ooo et 181 175 résumés - d'où un second rapport qui descend à environ 4,77 et qui tend, depuis cette date, à remonter un peu. Cela suggère que, si l'on pouvait faire une étude complète, on trouverait qu'il paraît aujourd'hui 5 à 6 mémoires du domaine chimique pour un du domaine de la Physique. Nous n'avons malheureusement pas les moyens de transformer cette suggestion en une proposition fermement établie. Nous noterons cependant que dans la brochure citée plus haut, la Rédaction de « Chemical Abstracts », qui ne connaissait pas la présente étude, formule une hypothèse identique. Elle formule aussi une hypothèse suivant laquelle 30 % des journaux primaires paraissant dans le monde contiennent des informations de caractère chimique. Bien que nous n'ayions pas une classification univoque et précise, acceptons cette affirmation. Comme l'équipe de « Chemical Abstracts » a extrait en 1966 des résumés de mémoires publiés dans 12 000 périodiques primaires distincts, nous sommes amenés à conclure que le nombre des périodiques primaires « valables » dans le domaine entier des Sciences Exactes et Naturelles doit être de l'ordre de
12.000 / 0,3 = 40.000

Il est intéressant de comparer ce résultat avec le nombre de périodiques inventoriés par la « World List of Scientific Periodicals dans sa dernière édition (1960) et qui est 59 961 : nous nous souviendrons, pour apprécier, que la « World List » est largement ouverte aux domaines technologique, professionnel, voire syndical et réglementaire. Bien d'autres estimations du « nombre total » des journaux primaires ont été tentées; il serait trop long de les résumer ici; nous nous contenterons de dire que toutes suggèrent le même ordre de grandeur, compris pour l'époque 1966 entre 40 000 et 50 000 périodiques.

Les généralisations permises par cette étude de « Chemical Abstracts » ne s'arrêtent pas là; la Table XIV classe, d'après leur productivité, les 12 ooo périodiques examinés par « Chemical Abstracts ».

On voit que la notion de « périodiques de base » s'impose aussi bien dans le domaine chimique que dans celui des sciences physiques. Cette conclusion pourra prendre un jour une importance pratique et économique très grande, comme nous le verrons un peu plus loin.

Essayons de pénétrer un peu plus avant dans le monde (assez clos) des Publications Scientifiques Primaires. Pour pouvoir poursuivre notre discussion, admettons que le nombre de ces périodiques (valables) est de 40 ooo; admettons que le prix d'abonnement moyen est de $ 15 (c'est trop bas) et le tirage moyen de 800 exemplaires vendus par abonnement. Avec ces ordres de grandeur, qui semblent bien présenter un caractère minimal, le chiffre d'affaire global brut de la presse scientifique primaire du monde entier s'élèverait à environ $ 480 000 000. Un demi milliard de dollars de chiffre d'affaire est déjà celui d'un consortium industriel moyen, mais que cette conclusion est trompeuse! Au moins la moitié du nombre total des périodiques considérés ici est produite par des équipes sans liens les unes avec les autres; une fraction impossible à chiffrer, mais probablement plus importante encore, a une exploitation en permanence déficitaire et ne subsiste que grâce à des subventions consenties par l'État ou par des Institutions bénévoles. Dans certains domaines scientifiques, il existe des périodiques primaires qui sont entièrement gérés par une personne seule, quelquefois très âgée. L'organisation des journaux primaires, leur gestion, sont extraordinairement variables. Certains sont la propriété d'une Société savante qui ne se propose aucun but lucratif; d'autres sont créés et entretenus par des Institutions de recherches ou par des groupes industriels; d'autres encore sont la propriété d'une Maison d'édition. Nous compléterons le tableau de cette variété et de cette dispersion en ajoutant qu'il ne semble guère exister de groupements professionnels ou corporatifs de rédacteurs en chef de périodiques scientifiques primaires, si bien que toute action tentée sur cette Presse doit l'être au niveau des personnes si l'on veut qu'elle ait la moindre portée.

A l'époque où l'encombrement causé par la masse documentaire qui s'accumule dans nos bibliothèques grossit assez vite pour que l'ensemble du monde de la Science et de la Documentation se persuade peu à peu de la nécessité d'une réforme, on conçoit qu'il soit important de définir tous les ordres de grandeur qui caractériseront cette activité technique : c'est pourquoi nous espérons que la présente étude ne sera pas inutile. En particulier, l'existence d'un groupe de « Journaux de base » relativement restreint et formé de périodiques hautement considérés dans le domaine qu'ils exploitent est de nature à faciliter beaucoup l'implantation et la diffusion de règles internationales susceptibles d'amorcer une utile réforme.

De fait, une action internationale dont l'Unesco apparaît comme l'animateur futur est en cours de préparation. Son développement harmonieux et son succès final seront de la plus haute importance pour la Science de demain. Il semble que la réforme probable ne touchera pas à la notion de publication originale mise dans le domaine public par l'intermédiaire d'un périodique primaire : bien que ce mode d'informer ait été bien des fois contesté (surtout parce qu'il apporte à chaque spécialiste, dans des délais trop longs, une grande quantité d'informations dont il ne se soucie pas toujours), il semble qu'il subsistera, parce que seul économiquement concevable aujourd'hui et à courte échéance, à l'échelle internationale. Même les tentatives faites ici et là pour établir dans un secteur très restreint un système d'informations de personne à personne, n'ont pu subsister dès que le nombre des participants a commencé de grandir. Nous citerons comme exemple particulièrement instructif l'expérience qui a eu lieu aux États-Unis et qui s'est développée sous le nom d' « Information Exchange Groups » sur une durée de cinq années.

En 1960, au cours d'un symposium, un petit groupe de spécialistes de la Biologie Moléculaire décida de créer un bulletin d'informations préliminaires composé de très courtes notes écrites par les membres du groupe et décrivant « sans délai » les résultats et les progrès nouveaux obtenus par chacun. Bientôt subventionnée par le « National Institute of Health », l'expérience commença le 2 mars 196I avec un groupe de quelques dizaines de personnes. En 1964, cinq autres groupes avaient été créés; en mai 1965, le nombre des participants était de plusieurs centaines. En décembre 1966, il avait atteint 3 588 et la dépense, cette année-là, dépassa $ 400 ooo. En février 1967, l'expérience fut arrêtée : on avait pu prédire que si cette expérience avait continué deux ans de plus, il aurait fallu renseigner de cette manière 14 000 personnes divisées en 200 groupes et échangeant entre elles 30 000 000 lettres pour une dépense qui tendrait alors vers $ 100 000 000 7. Rappelons que le système du Journal implique des dépenses qui, calculées pour chaque personne touchée, décroissent peu à peu quand le nombre des lecteurs augmente, tandis que tous les systèmes de communications de personne à personne ont un coût unitaire qui croît au fur à et à mesure que le nombre des abonnés qu'il faut toucher augmente...

Verrons-nous naître un Système mondial d'Information scientifique de structure vraisemblablement fédérale ? On le souhaite, sans pouvoir se dissimuler les difficultés que rencontrera son établissement et sans pouvoir oublier que la proposition d'établir un tel système fut faite pour la première fois voici 71 ans, à une époque où le problème à résoudre était à la fois moins complexe et moins vaste : nous étions en 1896, aucune organisation de résumés ou de bibliographie périodique n'existait encore. La « Royal Society » avait réuni à Londres, dans la seconde semaine de juillet de cette année-là une Conférence Internationale où l'on vit rassemblés quelques-uns des plus grands noms de chaque discipline appartenant à l'ordre des Sciences Exactes et Naturelles. En sept jours de débats soigneusement préparés, la conférence « avait posé les bases de la plus grande œuvre bibliographique jamais évoquée par quiconque ». Le texte des 35 résolutions votées a été publié in extenso 8 et sa lecture, fort instructive, garde de nos jours une valeur qu'on mesurera mieux lorsqu'on saura que ces résolutions, votées à l'unanimité, ne furent suivies d'aucun commencement d'exécution. Il avait été convenu que le Système Mondial d'Information Scientifique serait mis en place le Ier janvier 1900. On chercherait en vain dans la littérature publiée de 1896 à 1900 la moindre trace de la suite donnée à cès résolutions 9.

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Table I

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Table II

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Table III

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Table IV

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Table V

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Table VI

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Table VII

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Table VIII

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Table IX

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Table X

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Table XI

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Table XII

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Table XIII

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Table XIV

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Figure 1

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Figure 2

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Figure 3

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Figure 4

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Figure 5

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Figure 6

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Figure 7

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Figure 8

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Figure 9

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Figure 10

  1. (retour)↑  Voir cependant p. 453.
  2. (retour)↑  Pour des précisions et des commentaires sur ce point, voir chapitre III, p. 44I.
  3. (retour)↑  « Some Characteristics of Primary Periodicals in the Domain of the Physical Sciences », ICSU A.B., Paris, 1966.
  4. (retour)↑  Ces deux derniers journaux ne se bornent pas à couvrir le domaine des sciences physiques.
  5. (retour)↑  « The Journal Literature of Physics » (étude synthétique fondée sur l'analyse de « Physics Abstracts » (196I) par Stella Keenan et Pauline Atherton, New York, American Institute of Physics, N. Y., 1964.
    « Worid Literature in Physics as Seen Through the Bulletin Signalétique», 1964, J.Poyen, ICSU A. B., Paris, 1965.
  6. (retour)↑  En particulier, « Chemical Abstracts To-day », a pamphlet published in 1967 by the Chemical Abstracts Service, American Chemical Society, Columbus, Ohio, U.S.A.
  7. (retour)↑  M. Allan Regnault, « Le Monde », 15 juin 1967, page 13.
  8. (retour)↑  « Nature », vol. 54, p. 248 et 272, 1896. - Je dois cette référence à l'aimable obligeance de M. le Prof. H. Ebert et de M. le Dr Weidemann.
  9. (retour)↑  Mme Gauguin a exécuté la plus grande partie de l'important travail de dépouillement et d'analyse nécessité par cette étude avec un dévouement et une attention auxquels l'auteur se plaît à rendre hommage. M. Pugliesi a dessiné les graphiques avec son habileté coutumière. Mlle Bérault a apporté tous ses soins à la revision et à la mise en forme du manuscrit. L'auteur remercie la Direction de l'Unesco qui a bien voulu autoriser la présente publication.