Colloque « Quelles bibliothèques pour l'Université? » Paris, 1er et 2 février 1969
A l'initiative de l'Association de l'École nationale supérieure de bibliothécaires s'est tenu à Paris, les Ier et 2 février 1969, dans les locaux de l'École nationale supérieure de bibliothécaires, un colloque sur le thème « Quelles bibliothèques pour l'Université » ?
Cette manifestation avait été conçue essentiellement comme une rencontre des bibliothécaires et des utilisateurs des bibliothèques d'étude et de recherche -parmi lesquels les bibliothèques universitaires - et comme l'amorce d'un dialogue et d'une coopération suivie entre ces deux catégories de personnes.
Parmi les universitaires présents, on relève les noms de M. Buridant, assistant à la Faculté des lettres de Lille, Mme Charles, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier, M. Estivals, maître-assistant à l'I.U.T. de Bordeaux, M. Laufer, chargé de maîtrise de conférence à la Faculté des lettres d'Aix, M. Lelièvre, professeur à la Faculté des lettres de Tours, M. Mesnard, assistant à la Faculté de droit de Paris, M. Proust, professeur à la Faculté des lettres de Montpellier, M. Verron, directeur du Collège scientifique universitaire de Tours.
M. l'Inspecteur général Caillet a assisté à la séance de dimanche matin 2 février.
Au total, plus de 150 personnes ont suivi tout ou une partie des débats, qui ont porté sur l'adaptation des bibliothèques aux structures et besoins nouveaux de l'Université.
Constatant que le texte de la loi d'orientation de l'enseignement supérieur reste muet sur les bibliothèques proprement dites, et prévoyant donc que des textes d'application particulière devront être pris en la matière, le colloque demande qu'une attention toute particulière soit portée en cette occasion aux problèmes suivants :
I° Aucune réforme n'a de chances d'aboutir sans que des crédits très importants et un personnel qualifié en nombre considérablement accru ne soient mis à la disposition des bibliothèques (notamment de celles qui doivent être créées, entre autres dans les Universités nouvelles et les Instituts universitaires de technologie) sous peine de les voir s'installer définitivement dans une situation de pénurie.
2° La formation du lecteur apparaît indispensable. Elle doit commencer dès l'enseignement primaire et se poursuivre dans l'enseignement secondaire qui doivent recevoir à cette fin les crédits et le personnel qualifié nécessaires. Elle doit être développée à tous les niveaux dans l'Université elle-même et avec la collaboration active des enseignants. Elle peut aboutir, dans certains cas, à la participation d'étudiants au travail de la bibliothèque.
3° Chaque Université doit prendre conscience de la nécessité d'avoir pour l'ensemble de ses bibliothèques (bibliothèque universitaire, bibliothèques d'unités d'enseignement et de recherche, d'instituts, de laboratoires...) une politique définie et concertée. Elle devrait notamment s'attacher à définir un programme commun d'acquisitions et d'exploitation des fonds. Dans une Académie à plusieurs universités, une collaboration apparaît tout aussi indispensable.
Il serait souhaitable que les nouveaux statuts des Unités d'enseignement et de recherche et des Universités prévoient la place du personnel scientifique des bibliothèques universitaires dans toutes les instances de gestion.
4° Le colloque demande la création, dans le cadre de grandes régions (sept ou huit pour l'ensemble de la France), d'un Établissement public doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Ces établissements comprendraient des services techniques communs à toutes les bibliothèques de la Région et une Bibliothèque centrale régionale de conservation, d'information, d'étude et de recherche. Les représentants des diverses catégories de bibliothèques (B.U., B.M., B.C.P., bibliothèques d'U.E.R.) et centres de documentation siègeraient au Conseil d'administration.
Les Services techniques auront notamment pour mission d'instaurer une politique concertée d'achat, de traitement et de diffusion. Ils s'attacheront à promouvoir la formation professionnelle des personnels des bibliothèques et centres de documentation. Ils donneront d'autre part les moyens d'une éducation permanente favorisant la mobilité sociale et professionnelle et assurant l'ouverture des Universités sur le monde extérieur.
La Bibliothèque centrale régionale, en vertu de nouvelles dispositions législatives élargissant le régime du dépôt légal, bénéficiera de l'ensemble de la production nationale documentaire (livres, périodiques, disques, films, etc.) qui sera ainsi mise à la disposition de chaque région.
Pour la production étrangère, un plan de coordination nationale dressé par les Établissements régionaux répartira les achats des différents secteurs de la documentation en tenant compte des fonds existants et des vocations régionales.
5° Les participants au colloque demandent que soient accélérées et largement étendues les entreprises collectives destinées à coordonner et faciliter la recherche sur le plan national : catalogues collectifs, catalogage centralisé, bibliographies spécialisées, dépouillement de périodiques, traitement automatique de l'information.
Le colloque prévoit également de donner une suite aux débats parisiens et demande que des réunions de travail soient organisées, par grandes régions, pour que la réflexion commencée sur le thème « Quelles bibliothèques pour l'Université ? » soit poursuivie et approfondie, en fonction des conditions et des besoins propres à ces régions.
A cette réflexion devraient être associés, non seulement les personnels des bibliothèques universitaires et les enseignants, mais aussi les personnels des bibliothèques municipales, centrales de prêt, et autres, ainsi que des représentants des diverses catégories d'usagers.
Le colloque souhaite que l'Association de l'École nationale supérieure de bibliothécaires prenne toutes initiatives pour susciter de telles réunions, aider à leur préparation et coordonner leurs résultats.