Association des Bibliothécaires français
Réunion des bibliothécaires du Nord de la France
Les Bibliothécaires du Nord de la France (région du Nord et région de Picardie) se sont réunis le 4 novembre à la Bibliothèque municipale d'Amiens pour étudier, sous la présidence de M. l'Inspecteur général Caillet, les rapports des bibliothèques avec le public.
Au début de la séance du matin qui eut lieu dans la salle de lecture où avaient été exposées des éditions anciennes d'ouvrages imprimés dans les diverses villes du Nord de la France, M. Guérin, directeur de la Bibliothèque centrale de prêt du Pas-de-Calais, examina quels devaient être les rapports des Bibliothèques avec le « non-public », c'est-à-dire avec ceux qui ne fréquentent pas leurs salles. Il faut d'abord être en mesure de leur donner satisfaction et, s'il en est ainsi, susciter chez eux le besoin de lire par l' « action promotionnelle », sans oublier que l'action du bibliothécaire et de son personnel est déterminante; il faut également préparer l'avenir, non seulement en créant des bibliothèques pour enfants mais surtout en faisant comprendre au corps enseignant que l'utilisation du livre est le meilleur moyen d'une pédagogie active.
Chacun des bibliothécaires présents fit ensuite part à l'assemblée de la façon dont se présente chez lui cette question des rapports de la bibliothèque avec le public. A midi, la municipalité reçut les congressistes dans la Salle du Congrès, à l'Hôtel de Ville, où M. l'Inspecteur général Caillet prononça une allocution et où M. Logié, conservateur en chef de la Bibliothèque municipale d'Amiens, présenta ses collègues aux Maires-Adjoints : l'un de ceux-ci, M. Alavoine, souhaita la bienvenue aux bibliothécaires.
Après le déjeuner pris en commun, les bibliothécaires se rendirent à la Maison de la Culture que M. Lhote, assistant du Directeur, leur fit visiter. De retour à la Bibliothèque municipale ils entendirent un exposé de Mlle Demarcy et de Mme Dumez sur les rapports de la Bibliothèque universitaire de Lille avec son public : contacts difficiles avec les étudiants de première année, contacts plus aisés avec les étudiants confirmés, contacts personnels avec les professeurs, peu de liaison avec les bibliothèques d'Instituts. Mlle Levent fit connaître la situation, un peu différente, de la Bibliothèque universitaire d'Amiens, où l'implantation de l'Université est toute récente.
M. Bouvy, conservateur de la Bibliothèque municipale de Cambrai, donna ensuite connaissance du rapport de la commission des bibliothèques publiques qui a été présenté aux Assises nationales des bibliothèques. Il y est question notamment de la création de bibliothèques de secteurs, comprenant une bibliothèque centrale, des annexes et des bibliobus, ainsi que de l'institution d'une bibliothèque régionale de prêt; on y insiste aussi sur la nécessité d'un personnel qualifié dans les bibliothèques des établissements d'enseignement et des établissements hospitaliers, ainsi que dans les bibliothèques privées.
Après un débat sur ces différentes questions, les bibliothécaires décident de se réunir à bref délai pour étudier la formation professionnelle et la préparation au concours de recrutement de sous-bibliothécaires et au Certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaires. Ces réunions ont eu lieu effectivement à Arras le 18 novembre et à Lille le 28.
A cet effet, les bibliothécaires du Nord de la France se sont réunis à Arras le lundi 18 novembre 1968, sur l'initiative de M. Guérin, directeur de la Bibliothèque centrale de prêt duPas-de-Calais. L'ordre du jour de cette réunion comportait un seul point : la formation professionnelle du personnel des bibliothèques du Nord de la France.
Dès l'ouverture de la séance, M. Guérin présente les résultats d'une enquête qu'il a effectuée à travers tout le pays, enquête relative à l'état actuel de la formation professionnelle. Il ressort de cette rapide étude que la formation professionnelle est à la fois, embryonnaire, très diverse et organisée selon des méthodes artisanales.
Une très large discussion suit qui permet de dégager les points suivants :
I° Les conditions de préparation aux divers examens et concours organisés par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique sont éminemment injustes, puisque les candidats bénéficient de préparations très différentes selon leur origine géographique, alors que les épreuves sont les mêmes pour tous. Cependant, la solution adoptée par les bibliothécaires de la région de Nancy - préparation au sein de l'I.U.T. « carrières de l'information » - paraît satisfaisante.
2° En raison de sa position géographique, le Nord de la France est nettement défavorisé par rapport au reste du pays, puisque beaucoup des postes qu'il offre sont pourvus par des jeunes fonctionnaires habitant au sud de la Loire et dont la principale préoccupation est de regagner au plus vite leur département d'origine. Il en résulte une mobilité de l'emploi préjudiciable à la bonne marche des bibliothèques.
3° Il est donc absolument indispensable de favoriser le recrutement sur place. En particulier, il paraît souhaitable d'envisager, dans un proche avenir, le recrutement des sous-bibliothécaires sur le plan académique ou régional. Cependant, en l'état actuel de la législation, il ne reste qu'une solution, celle de provoquer le plus grand nombre possible de candidatures, de préparer efficacement ces candidats aux concours et examens, de telle façon que, parmi ceux qui seront reçus, une proportion importante envisage de faire carrière dans les bibliothèques du Nord de la France.
Afin de traduire ces intentions dans les faits, les bibliothécaires du Nord de la France prennent les décisions suivantes :
I° Les bibliothécaires du Nord de la France entreprendront les démarches auprès de MM. les Recteurs des universités de Lille et d'Amiens en vue d'obtenir la création d'un I.U.T. « Carrières de l'Information », du même type que celui de Nancy.
2° Ils rédigeront une lettre à l'intention de M. le Directeur des bibliothèques et de la lecture publique, lettre dans laquelle ils exposeront en particulier leurs idées et leurs doléances concernant ce problème de la formation professionnelle.
3° Pour l'immédiat, les bibliothécaires du Nord de la France décident de se constituer en groupe Nord-Picardie de l'A.B.F., dont l'aire géographique s'étend aux cinq départements suivants : Nord, Pas-de-Calais, Somme, Oise et Aisne. Ce groupe, qui jouira de l'autonomie financière dans la limite des statuts et règlements en vigueur, est plus particulièrement chargé de la formation professionnelle. Il a vocation pour recevoir toutes les subventions qui pourraient lui être éventuellement accordées par les collectivités locales dans ce but précis.
4° Pour la présente année universitaire, les cours de formation professionnelle organisés par le groupe Nord-Picardie de l'A.B.F. se limiteront aux préparations au C.A.F.B. et au concours de recrutement des sous-bibliothécaires dans les disciplines suivantes : catalographie, bibliographie, histoire et technique du livre, administration et fonctionnement des bibliothèques.
5° Le nombre des candidats qui sont susceptibles de suivre ces cours étant largement supérieur à 10, il sera demandé à l'École nationale supérieure de bibliothécaires de participer financièrement à leur organisation.
6° Une première ébauche de cette organisation (horaires et programmes) est rédigée. M. Guérin est chargé de la mettre au point en liaison avec les chefs d'établissement et les bibliothécaires responsables de l'enseignement.