Chronique des bibliothèques
Bibliothèque Nationale. Cabinet des Estampes.
Exposition Arielli. - Le cabinet des estampes est comme un grand album d'images où gravures et photographies voisinent fraternellement. Par elles, nous revoyons tout ce qui a été vécu et senti.
Pour être fidèle à lui-même, le cabinet des estampes se doit de continuer à s'enrichir des témoignages de notre temps. Il se doit de les faire connaître au public. L'œuvre d'Arielli est un excellent exemple d'un tel témoignage qui, à la fois nous fait voir et nous apprend à voir. Sa diversité, composée de paysages, de portraits, d'œuvres d'art, de scènes humaines, fait écho à la diversité de nos collections. Avec Arielli, nous voyageons à travers l'Europe, autour de la Méditerranée, depuis la Norvège jusqu'en Israël, à la découverte de leurs beautés illustres ou, bien plus souvent, cachées.
Sur tout ce qu'il crée, Arielli imprime l'unité de son tempérament d'artiste. Dans tout ce qu'il voit, il voit d'abord l'harmonie de l'ombre et de la lumière. Il saisit jusqu'au moindre reflet de lumière qui va mourir au plus profond de l'ombre. Il suit la courbe d'ombre qui donne forme et plénitude au volume. Souvent, on dirait qu'il s'appuie sur cette ombre pour en faire sortir la forme comme le sculpteur modèle un bas-relief. Il compose chaque image avec rigueur, il la construit. Avec de grands pans de clarté et de nuit, Arielli rebâtit ce que notre œil paresseux distingue à peine; il nous contraint à poser sur les choses un regard émerveillé.
Publications. - Deux catalogues 1 des collections historiques du Cabinet des Estampes ont été composés récemment, celui de la collection d'images concernant la Révolution française et celui de la collection concernant le Premier Empire.
Ils appartiennent à un type très particulier qui vaut la peine d'être signalé. Au lieu de comprendre la liste des gravures relatives à chaque événement, ils se présentent comme des éphémérides, un calendrier ne comportant que des dates et des faits. Ce sont les dates et les faits qui sont représentées par les gravures. Cette forme nouvelle qui a été imaginée rend de grands services dans sa simplicité; en effet, des catalogues des séries historiques sont destinés aux documentalistes. Or, ceux-ci, pour leurs recherches, ne peuvent se contenter d'avoir des listes de gravures avec le nom du graveur, ces listes ne leur disent absolument rien; il leur faut obtenir la communication des volumes (des volumes eux-mêmes ou des photographies des volumes, ce qui serait le mieux). Mais déjà, dans leurs bureaux, il leur est commode, de loin, de savoir si tel ou tel événement a été représenté, un tel catalogue est très utile pour eux. Cette utilité est si visible que les deux catalogues sont épuisés, et qu'on a dû en refaire un tirage.
Ces catalogues, ni par leur rédaction, ni pour leur tirage, n'ont rien coûté à la bibliothèque. Ils ont été faits sous la direction de M. Jean Adhénar, conservateur en chef du Cabinet des Estampes, par une personne bénévole, Mme Voillery, et multigraphiés comme numéros des Nouvelles de l'Estampe, revue publiée par le Comité de la Gravure et le Cabinet des Estampes. Sur le même type, le catalogue de la Restauration et de Louis-Philippe paraîtra dans le courant de l'année 1969.
Bibliothèque centrale de prêt.
Eure
La commune de Guiseniers, visitée depuis longtemps par la bibliothèque centrale de prêt de l'Eure, a innové d'une manière originale dans le domaine de la lecture publique. Le bibliobus déposait en effet chaque année un contingent de livres dont la majeure partie restait sur les rayons, en quête de trop rares lecteurs. C'est des élèves de l'école qu'est venue l'initiative. Mieux que le bibliobus de quartier, ils ont un mini-bibliobus. Une charrette, aménagée, tirée par deux élèves, va de porte en porte, chaque samedi soir, proposer ses ouvrages. Et ce système s'est avéré si fructueux que le village a dû être divisé en trois secteurs qui sont chacun visités toutes les trois semaines. Une centaine de volumes sont ainsi échangés chaque samedi. Certains particuliers ont prêté des livres, et après une démarche auprès de l'ambassade polonaise, 80 volumes en langue polonaise ont été offerts par M. le Consul de Pologne à Paris à la bibliothèque centrale de prêt de l'Eure, à l'intention des nombreux résidents polonais domiciliés à Guiseniers.
Bibliothèques municipales.
Agen (Lot-et-Garonne).
Exposition sur les jeux olympiques. - Une ancienne salle de lecture pour adultes, encore tapissée de livres solennels, mais inutilisée, la pression de jeunes lecteurs qui veulent un local à eux, la bonne volonté joyeuse du personnel et l'intérêt du Caméra-photo-club agenais et de l'UFOLEA, tous ces concours ont donné en une semaine : une salle de lecture et de prêt pour les moins de quinze ans, - encadrée de panneaux de bois légers amovibles, dissimulant, en les laissant accessibles, les anciens rayonnages, et prenant appui sur des rayonnages métalliques, heureusement sans emploi, - et pour orner ces panneaux : une exposition de photos, d'affiches, de coupures de presse, de livres, sur les jeux Olympiques et le sport.
Si l'UFOLEA patronnait l'exposition, ce sont des jeunes du Club-photo du Lycée Technique et du Caméra-photo-club qui ont recherché les documents.
On y voyait l'historique des jeux Olympiques et les grands jeux modernes, relancés par Coubertin, les problèmes que posent ces jeux pour la jeunesse, pour le sport, enfin les rapports du sport et de la beauté.
Les habitués de la bibliothèque des jeunes, évidemment, mais aussi des adultes ont visité cette exposition qui a servi également de base de documentation pour de nombreux élèves auxquels professeurs et instituteurs avaient donné des devoirs sur le sport, ou sur les jeux Olympiques.
Des panneaux en forme de paravent vont être fabriqués par les Services municipaux, afin de libérer la totalité des rayonnages métalliques, pour les livres, et de permettre aux lecteurs de monter eux-mêmes des petites expositions sur des sujets de leur choix.
Avranches (Manche).
Accroissement du fonds régional. - Grâce à un don de Mme Jean Seguin, la bibliothèque municipale d'Avranches s'est enrichie d'un certain nombre de documents anciens d'intérêt local : œuvres de M. Jean Seguin, historien local impressions avranchinaises des XVIIe et XVIIIe siècles, gravures, affiches, ouvrages, plaquettes et pièces d'archives se rapportant au passé de la cité.
Colmar (Haut-Rhin).
Exposition : Découverte de la terre. - Un choix de livres illustrés et de cartes consacrés à l'histoire des explorations, tirés des fonds anciens de la bibliothèque. L'exposition insiste sur la cicumnavigation et la découverte des îles, puis sur quelques régions particulièrement visitées : la Palestine, le Levant, l'Égypte, enfin les quatre continents hors l'Europe.
Voici tout d'abord Bernard von Breydenbach, « Reise nach Jerusalem » (Mayence, 1486) (GKW N° 5077) dont le plan de Jérusalem, correspondant à sept grandes pages, est bien impressionnant. Le siècle suivant est représenté par L. Rauwolff, « Reise in die Morgenländer » (Francfort, 1582) qui nous montre le « camp des Arabes sur le Mont Carmel ». Du temps du Roi Soleil, c'est le « Voyage fait par ordre du roi... » par de la Roque (Paris, 1717).
La région du Levant est illustrée par Corneille Le Bruyn (les villes de Palmyre et la légendaire Ispahan). D'Orient on voit un passeport de grande dimension (40 X 50 cm) reproduit dans « Les six voyages de J.-B. Tavernier, écuyer baron d'Aubonne... » (Paris, 1675), texte français et version allemande.
De P. Sonnerat c'est l'édition in-8° des « Voyages aux Indes orientales et à la Chine... » (Paris, 1782). Et pour ces régions encore, les récits de Mandelslo (Schleswig, 1658), J. J. Saors (Nuremberg, 1662), Montanes (Amsterdam, 1669), les « Voyages des Jésuites au Siam » (1686), récits du « gentilhomme angevin », F. de La Boullaye-Legouz (Paris, 1657), ceux de Fr. Bernier, (Amsterdam, 1724), de J. Pitton de Tournefort, (Paris, 1717), de Leguat (Londres, 1710).
L'Égypte est représentée pour une période plus récente : les cartes de Mauborgne (Paris, An VII), de R. Vangondy (Augsbourg, 1789), les livres de Trémaux (1847). L'Afrique du Nord et du centre figure avec les noms de Cormelin et La Motte (Paris, 1721), Mollien (Paris, 1720) et le plus récent livre de voyage de cette exposition : H. Barth (s. 1., 1860) dont nous voyons l'entrée à Tombouctou; pour l'Afrique du Sud : Le Vaillant (Paris, 1790).
Les voyages ayant permis la découverte des îles sont relatés par le hollandais G. de Schouten (Amsterdam, 1618), Dampier (Rouen, 1717), le capitaine Cook (Paris, 1785), Bougainville (Neuchâtel, 1772), L. I. Duperrey (Paris, 1826) et enfin Dumont d'Urville (Paris, 1835).
Parmi les autres régions et continents explorés, il faut noter des ouvrages anciens : pour les régions polaires G. Arthus Dantzig (Frankfort, 1613); l'Amérique du Nord Hon Philoponus (s.l. 1621); l'Amérique du Sud M. Frezier (Paris, 1842). Mais ce n'est là qu'un échantillonnage d'un ensemble riche et varié.
Une édition de Ptolémée permet d'évoquer quelques souvenirs colmariens. Les deux volumes présentés sortent des officines strasbourgeoises de Grüninger (1520) et de Schott (1523). Les cartes sont l'œuvre de Waldseemuller, alors installé à Saint-Dié, où l'humaniste colmarien Philesius (Ringmann) a donné, pour la première fois, le nom d'Amérique au continent découvert par Christophe Colomb.
Nantes (Loire-Atlantique).
Catalogue des nouvelles acquisitions. - La Bibliothèque municipale de Nantes a publié un second catalogue 2 des nouvelles acquisitions pour les deuxième et troisième trimestres 1968. Ce catalogue groupe tous les ouvrages acquis dans les quatre annexes de la bibliothèque municipale de Nantes entre le mois d'avril et le mois de septembre 1968. Un index des auteurs précède le catalogue des romans. Les grandes divisions de la classification décimale de Dewey recensent les ouvrages documentaires.
Rouen (Seine-Maritime).
Exposition Alain. - A l'occasion du centenaire de la naissance d'Alain, la Bibliothèque municipale a organisé une exposition sur le thème « Alain, un normand », qui a été inaugurée le 23 novembre par M. le Maire de Rouen sous la présidence d'honneur de M. Julien Cain et en présence de M. Samuel S. de Sacy, président de l'association des amis d'Alain.
Si Alain n'a enseigné que trois années à Rouen, de 1900 à 1903, son séjour a été un moment capital dans l'histoire de sa vie et de ses pensées. Nommé à Paris, c'est encore pour la Dépêche de Rouen qu'Alain écrivit les Propos d'un Normand qui devaient marquer, selon la formule d'André Maurois, la naissance d'Alain prosateur. Après une évocation des origines et de l'enfance mortagnaise, c'est surtout l'activité rouennaise d'Alain, activité de professeur et de citoyen, qui a été mise en valeur. On savait qu'Alain avait participé à la vie de l'Université populaire, et les documents exposés permettent de préciser l'étendue et la nature de cetteparticipation. Le registre des procès-verbaux, les programmes des séances, montrent qu'en trois ans, Alain fit six conférences et présida plus de quarante discussions contradictoires dont on peut voir les titres et les dates.
En même temps Alain prenait une part active à la campagne électorale du printemps 1902. « Ce que je fis de mieux, ce fut un petit journal éphémère dont j'ai oublié le titre, et qui était assez amusant » raconte-t-il dans Histoire de mes pensées. Conservés à la bibliothèque, plusieurs numéros de ce journal, la Démocratie Rouennaise, sont présentés pour la première fois au public. On peut voir retracée également toute l'histoire des Propos dans la Dépêche de Rouen.
Enfin, parmi les œuvres d'Alain sont exposés de nombreux exemplaires, donnés par l'auteur à la bibliothèque, avec dédicace autographe, qui montrent la fidélité qu'il garda tout sa vie au souvenir de Rouen.
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Nouveaux aménagements de la bibliothèque municipale. - La ville de Saint-Denis, après avoir rénové l'annexe de la Plaine, a remis en état la grande salle de prêt de la Bibliothèque centrale.
Cette première tranche de travaux comportait le remplacement des parquets et l'insonorisation du sol, la peinture, ainsi que l'installation d'un nouveau bureau pour l'accueil des lecteurs, celle d'un coin pour enfants et une disposition nouvelle des rayonnages.
L'ensemble très lumineux a reçu l'accueil le plus favorable de tous les lecteurs.
M. Gillot, maire de Saint-Denis, les membres du Conseil municipal et de nombreuses personnalités ont inauguré ces nouveaux aménagements le samedi 23 novembre à II heures.
En même temps, la vocation nouvelle de la Bibliothèque étant d'être le trait d'union entre toutes les activités culturelles dionysiennes, fut présenté, dans trois vitrines, un ensemble de timbres destiné à donner aux jeunes lecteurs une idée de ce que représente la philatélie considérée comme un art et une source d'inspiration.
Cette présentation comportera trois séries montées par M. Graftieaux, président de la Société philatélique dionysienne : les vitraux - la tapisserie - le timbre. Elle se terminera le 4 janvier avec une conférence de M. Stucker, ancien président de la même Société, sur « le timbre, document d'histoire », avec projections.
Saint-Dié (Vosges).
Exposition François Villon et son temps, la vie au XVe siècle. - A l'occasion de la semaine culturelle patronée par le Centre culturel communal et animée par le foyer de jeunes et d'éducation populaire du centre ville, la Bibliothèque municipale de Saint-Dié a organisé du 5 au 3I octobre 1968 une exposition 3 sur Francis Villon et son temps, la vie au xve siècle.
Limitée à l'origine, à l'art du livre au XVe siècle, cette exposition a présenté finalement un véritable panarama de la civilisation française de l'époque.
Une fois le cadre historique posé - la j ustice (bois gravés des officiers de justice et de la prévôté, extraits des registres du Parlement, etc.) et l'université (chroniques du temps, plans, cartes, lithographies), auxquelles se heurta Villon -, les œuvres de Maître François (incunables ou fac-similés d'éditions anciennes) voisinent avec celles de ses contemporains, tant littérateurs (P. de Blarru, Chatellain, Charles d'Orléans, etc.) que savants (L. de Vinci, Brunschwig, médecins et alchimistes).
La vie du peuple, pendant la guerre de cent ans ou en temps de paix, l'art au xve siècle, le livre (à la fois traité en objet précieux et en instrument de travail), l'imprimerie, la bibliophilie, rien, jusqu'aux idées du temps sur l'amour, la religion ou la mort n'est oublié, évoqué à la fois par les livres, par un montage audiovisuel et des concerts.
VICHY (Allier).
Ouverture d'une section pour les jeunes. - La bibliothèque municipale de Vichy a aménagé depuis le 15 octobre 1968, une 'section de jeunes ouverte les mardis, mercredis, vendredis et samedis de 16 heures à 19 heures, les jeudis de 14h 15 à 19 heures. Deux tables de lecture de quatre places chacune ont été mises à la disposition des jeunes lecteurs. La surveillance et le prêt sont assurés par une sous-bibliothécaire.
Commémoration de l'armistice de 1918.
Bordeaux (Gironde).
Afin de s'associer aux cérémonies organisées pour commémorer le 50e anniversaire de l'armistice de 1918, la bibliothèque municipale a organisé, sous le titre « Une génération dans l'orage » une exposition consacrée aux écrivains de Bordeaux et de l'Aquitaine du début du siècle, en collaboration avec le Docteur Michel Suffran, auteur d'ouvrages sur ces écrivains 4.
Parmi les écrivains de cette génération nés à Bordeaux autour des années 1880 figurent Jean de La Ville de Mirmont, André Lafon, Jacques Rivière, André Lamandé, Louis et Martial Piéchaud et le plus illustre survivant de ce groupe bordelais, François Mauriac.
En dehors des collections de la Bibliothèque municipale, la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet a prêté des manuscrits de F. Mauriac et des descendants de ces écrivains des ouvrages et des manuscrits.
Cette exposition qui restera ouverte jusqu'au 30 novembre, a été inaugurée le 8 novembre par M. Jacques Chaban-Delmas, président de l'Assemblée nationale et maire de Bordeaux, en présen e de nombreuses personnalités.
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
A l'occasion du 50e anniversaire de l'armistice de 1918, la Bibliothèque municipale a organisé une exposition qui fut inaugurée par M. Diebolt, préfet de la région Auvergne.
Cette exposition illustrait les différents événements qui marquèrent le conflit Plus de 500 documents furent rassemblés, regroupés en thèmes (les combats, le matériel, les conséquences humaines, les problèmes de la guerre, l'armistice), l'exposition fut ouverte jusqu'au 24 novembre et fut visitée par de nombreuses personnes.
Haguenau (Bas-Rhin).
Dans le cadre des manifestations organisées par la municipalité de Haguenau à l'occasion du 50e anniversaire de l'entrée des troupes françaises à Haguenau, une exposition de souvenirs concernant les événements locaux de la guerre 1914-1918 fut organisée à la bibliothèque municipale de Haguenau du 10 novembre au Ier décembre 1968.
Dans les vitrines, les visiteurs pouvaient examiner des documents, photos, journaux, décorations françaises et allemandes, en particulier un tract du « soviet » local (9 novembre 1918).
Furent également exposés des fusils allemands, français, russes et autrichiens, des casques allemands et français, ainsi qu'un drapeau français confectionné en Russie, en 1917 par des prisonniers alsaciens qui s'engagèrent dans l'armée française.
L'intérêt du public pour cette exposition s'est manifesté par la visite d'un nombre élevé de la population adulte et scolaire.
Milhouse (Haut-Rhin).
L'Université populaire de Mulhouse a organisé avec le concours de la bibliothèque municipale une exposition consacrée aux batailles de l'Hartmannswillerkopf 5. Un ensemble de documents (photographies, portraits, cartes, armes, débris trouvés sur le terrain) ont rappelé les phases d'un affrontement qui dura quatre années sans succès décisif de part et d'autre.
L'exposition a connu un grand succès auprès du public. De nombreuses classes l'ont visitée sous la direction de leurs maîtres.