Les bibliothèques d'orientalisme à l'occasion du 27e Congrès international des orientalistes
Les responsables des grandes bibliothèques d'orientalisme de tous les continents se sont rencontrés lors du 27e Congrès international des orientalistes. L'essentiel des communications et des exposés qui constituent l'objet du présent article offre une vue d'ensemble sur les principaux points de ce secteur particulier de la bibliothéconomie : dépôt légal, catalogage, catalogues collectifs, etc.
Le 27e Congrès international des orientalistes s'est tenu à Ann Arbor du 13 au 19 août dans les différents locaux de l'Université de Michigan qui fêtait cette année même le 150e anniversaire de sa fondation.
Le Congrès, fondé en 1873, ne s'était jamais encore tenu aux États-Unis, aussi les Américains ont-ils enregistré non sans fierté le nombre de 2 463 spécialistes représentant plus de 50 nations, venus pour y participer : Outre les 900 spécialistes des États-Unis, on comptait en effet 150 représentants pour le Japon, 100 pour l'Allemagne de l'Ouest, 86 pour la Grande-Bretagne, 72 pour l'Argentine. La France venait au 6e rang avec 60 membres, puis le Canada avec 57 membres, Israël avec 21 membres, etc. Les républiques soviétiques, la République populaire de Chine, les pays de l'Europe de l'Est et la République arabe unie n'étaient pas officiellement représentés.
Les orientalistes étaient répartis en 10 grands groupes linguistiques : I. Proche Orient ancien ; 2. Proche Orient et monde islamique ; 3. Asie du Sud : période ancienne et classique ; 4. Asie du Sud : période moderne; 5. Asie du Sud-Est ; 6. Chine ancienne;
7. Chine moderne ; 8. Japon ; 9. Corée ; 10. Asie centrale et études altaïques. Il n'y fut pas question des études africaines.
L'originalité de ce Congrès fut l'importance donnée aux journées d'études consacrées aux ressources des bibliothèques pour l'orientalisme et aux rencontres entre bibliothécaires venus de tous les continents et qui travaillèrent ensemble une semaine durant. Le « Council on library resources » avait en effet octroyé une généreuse subvention pour en assurer le succès.
Quand on sait avec quel enthousiasme et quelle richesse de moyens les Américains ont organisé et organisent leurs bibliothèques, on n'est pas surpris de ce qu'ils aient les premiers dans l'histoire de ce congrès bientôt centenaire, pris cette heureuse initiative.
Les bibliothécaires orientaux présents au Congrès avaient presque tous reçu leur formation professionnelle dans les écoles de bibliothécaires si nombreuses aux États-Unis ; et les bibliothécaires occidentaux d'Allemagne ou de Grande-Bretagne étant en relations constantes avec leurs collègues américains, tous avaient été appelés à participer au « Library panel ». Ce terme de « panel » reviendra souvent. Les Américains désignent ainsi une discussion sur un thème concerté, un colloque dirions-nous. C'est le « Committee on East Asian Libraries » de « l'Association for Asian studies » qui avait conçu et patronné le « Library panel » et délégué ses pouvoirs à nos collègues Suzuki Yukihisa, bibliothécaire en chef de « l'Asia Library » de l'Université de Michigan et à Eugène Wu, bibliothécaire en chef de la Bibliothèque Harvard-Yenching de l'Université Harvard, pour l'organisation du travail et des réceptions. En fait, une mission de plusieurs mois en Extrême-Orient ayant éloigné M. Wu, M. Suzuki fit face à tout avec dévouement, efficacité et bonne humeur.
Toutes les communications, dont plusieurs ont donné lieu à des échanges de vues et commentaires animés, seront publiées en un volume séparé, au contraire de l'ensemble des communications du Congrès qui ne le seront que sous forme de résumés. La séance inaugurale fut présidée par Frederick H. Wagman, directeur de la Bibliothèque de l'Université de Michigan, un temps président de « l'American Library Association » qui accueillit les congressistes.
Les problèmes généraux relatifs à l'organisation des bibliothèques ou centres de recherche de différents pays furent abordés par les responsables de grandes collections d'ouvrages en langues orientales.
Mohammed Ibrehim el-Kettani, directeur des Archives et du Département des manuscrits de la Bibliothèque générale de Rabat, parla en arabe du rôle des bibliothèques et archives du Maroc dans la recherche historique. Il fit état du regroupement de certaines collections importantes; de l'augmentation considérable du nombre des manuscrits passé de 2 ooo à 10 ooo à la Bibliothèque générale de Rabat. Certains textes rares retrouvés ont été mentionnés à ce Congrès pour la première fois.
« Les problèmes de codification des vedettes auteurs et matières pour les livres iraniens » furent présentés en français par Iraj Afshar, directeur du Département des publications et des relations entre bibliothèques de l'Université de Téhéran. Cet exposé complète la communication remarquable présentée par lui au premier Congrès mondial des savants iranologues, l'année précédente, sous le titre : « Problèmes bibliographiques propres aux études iraniennes », communication publiée dans le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques, vol. XXI, n° 3, mai-juin 1967. Le choix de l'élément du nom d'auteur à mettre en vedette a été recherché par des sondages sur plus de 3 ooo livres, mais les difficultés sont loin d'être résolues. Faute de dépôt légal, les difficultés sont grandes pour les bibliothèques iraniennes qui parviennent à grand peine à recueillir 20 à 30 % de la production courante et une faible quantité des livres persans imprimés aux Indes, ceux-ci représentant environ 20 % de la production des livres en persan. La Bibliothèque de la Faculté des lettres de l'Université de Téhéran possède actuellement 20 ooo livres imprimés en persan et 40 000 livres imprimés en arabe.
Des problèmes de catalogage furent abordés également par M. Kesavan, directeur du Centre de documentation national indien de New-Delhi, qui devait insister particulièrement sur le choix fort délicat de la vedette auteur des ouvrages indiens lors de sa communication « Les Ressources des bibliothèques indiennes pour les études orientales ». Son centre a fait établir des tables de noms dont il m'a promis de faire tirer des photocopies pour la Bibliothèque nationale. Il sera facile de multiplier ces tables selon les besoins de nos collègues.
M. Abdul Moid, directeur des Archives et des Bibliothèques du Pakistan à Karachi fit lui aussi un exposé sur les ressources des bibliothèques de son pays pour les études orientales. Une bibliographie publiée d'abord pour la période 1942-1950, puis régulièrement chaque année depuis cette date, est devenue mensuelle depuis 1962.
Les bibliothèques thaïlandaises semblent souffrir de l'impossibilité d'établir une bibliographie nationale, faute de pouvoir appliquer strictement la loi sur le dépôt légal. Le meilleur moyen pour se procurer des livres thaïlandais est de souscrire pour US $ 20 aux listes de livres proposés par la « Thai Library Association ». On peut pointer les listes et obtenir les livres choisis moyennant un prix fixe de US$4 pour chaque livre. Mlle Suthilak Ambhanwong, chef de la Bibliothèque de l'Université Chulalongkorn à Bangkok, devait encore insister sur l'intérêt d'un type de publication qui n'est pas dans le commerce et qu'il est important de recueillir : les biographies à lire aux cérémonies de crémation.
Quant aux bibliothèques des Philippines, leurs ressources furent détruites à 95 % pendant la guerre comme en témoigna l'exposé de Mlle Marina G. Dayrit, bibliothécaire de l'Université des Philippines à Quezon City. Dans les Archives nationales ont cependant été préservés des documents des XVIIe et XVIIIe siècles, du temps de l'administration espagnole. Les 27 universités ont chacune leur bibliothèque.
Mme Chen Hsiu Chin Wang, bibliothécaire en chef de l'Université de Singapore, détailla les richesses des bibliothèques de Malaisie et de Singapore en livres chinois, malais, anglais, tamouls, les 4 langues officielles de Singapore. Elle annonça la compilation en cours d'une bibliographie sur les Chinois en Indonésie, et le projet d'index des périodiques de Singapore et de Malaisie en anglais et en malais.
En ce qui concerne l'Extrême-Orient, les ressources de l'Ile de Taïwan, - ressources devenues si précieuses et si importantes depuis l'évacuation de grandes collections de la Chine continentale en 1948 - furent présentées par M. Lai Yunghsiang, l'actif président du Département de science des bibliothèques à l'Université nationale de Taïwan. En 1965 sont venus s'y ajouter les livres rares de la Bibliothèque nationale de Peking, évacués aux États-Unis en 194I et conservés à la « Library of Congress » pendant 24 ans. Les grandes institutions sont la Bibliothèque centrale nationale, dont la collection de livres chinois précieux est la meilleure qui soit actuellement au monde, l'Academia Sinica, dont l'Institut d'histoire et de philologie fut évacué à Taïwan avec toute sa documentation : 25 000 os d'oracles, 170 000 spécimens archéologiques, plus de 300 000 documents d'archives des dynasties Ming et Ts'ing, 25 000 estampages d'inscriptions, des collections de chansons et de théâtre populaires et de monographies locales. Les célèbres collections de livres sur fiches de bois (plus de 10 000 fiches) de la dynastie Han ont été rapatriées des États-Unis en 1965 et confiées à sa garde. Le Musée Tchong-Chan est né de la réunion du Musée du Palais à Péking et du Musée central national de Nanking. Bronzes, jades, laques, émaux, porcelaines, peintures, calligraphies, livres et documents d'archives recueillis depuis le XIIe siècle sont tous des trésors nationaux. La célèbre bibliothèque impériale du XVIIIe siècle, le « Sseu k'ou ts'iuan chou », y figure au complet.
La documentation consacrée à l'ile de Formose est conservée dans les bibliothèques et musées provinciaux, riches d'ouvrages en japonais assemblés pendant l'occupation de l'ile par ce pays (1895-1945). Les universités de Formose ont toutes d'excellentes bibliothèques, mais celle de l'Université nationale de Taiwan est la plus importante. Elle totalise en ce moment près de 850 000 volumes, dont 300 000 chinois et 230 000 japonais d'un intérêt exceptionnel. La collection Clément Huart qui compte 2 275 volumes semble arrivée à Formose avant 1929, y apportant une riche documentation sur le proche et le moyen Orient. C'est en 1929 que fut publié le Catalogue de la Bibliothèque de feu Clément Huart dans la Bibliothèque de l'Université de Taihoku ». Les catalogues collectifs prévus à l'échelle nationale ont été réalisés jusqu'à présent seulement pour certaines époques ou certaines disciplines. Sont publiés déjà : le catalogue collectif des livres imprimés sous les dynasties Song et Yuan (1955), celui des monographies locales (1957), celui des Ts'ong chou (1964), celui des livres coréens (1955). Un plan de grande envergure financé par le Conseil de la Coopération sino-américaine pour les Humanités et les Sciences sociales a été adopté en 1966, et on travaille activement depuis janvier 1967 à la rédaction des fiches par titres et noms d'auteurs des livres précieux parus avant la dynastie mandchoue. Le travail est pratiquement fini pour la collection du Musée du Palais. Y sont également inclus les manuscrits, autographes, ouvrages annotés ou portant des cachets de personnages illustres, et les ouvrages chinois imprimés anciennement en Corée, en Annam et au Japon. Le classement sera systématique suivant l'ancienne tradition des « Sseu k'ou » (4 trésors) et des index auteurs et titres achèveront l'œuvre. M. Lai relate aussi l'installation à Taipei du « Chinese materials and research aids service center » par l'« Association of Asian studies ». Le Dr Robert L. Irick qui le dirige se charge d'acheter, vendre, faire reproduire des ouvrages rares ou importants.
M. Yasuma Oda, de la « National Diet Library » de Tokyo, s'attacha dans un exposé très dense avec listes à l'appui, aux publications de la période Meiji (1868-1912). Considérée comme préparatoire à la démocratisation du Japon, cette période est étudiée sous ce jour nouveau.
Les travaux européens furent notamment illustrés par l'exposé de M. Wolfgang Seuberlich, chef du Département extrême oriental de la « Staatsbibliothek », présentement à Marburg, mais qui doit déménager à Berlin-ouest dans les années à venir. Il précisa l'état d'avancement du Catalogue collectif des manuscrits orientaux des collections publiques et privées d'Allemagne (ouest et est). Commencé en 1958 sous la direction du Dr Wolfgang Voigt, le travail avance rapidement et prend une ampleur qui n'avait pas été prévue au départ, grâce à l'appui financier de la « Deutsche Forschungsgemeinschaft » et au patronage scientifique de la « Deutsche Morgenlaendische Gesellschaft ». 50 savants allemands et étrangers collaborent au projet. Le premier volume, paru en 196I, catalogue 671 manuscrits et xylographes mongols, buryat et kalmuck, et 182 cartes manuscrites mongoles, masse énorme de documents intéressants pour l'histoire littéraire, religieuse, et la géographie politique de ce pays du XVIIe au xxe siècle. Les volumes de format in-4° sont accompagnés de superbes reproductions en noir et en couleurs. Le plan initial prévoyait 20 volumes, il a maintenant quadruplé. 22 volumes sont parus avec déjà 9 volumes de suppléments. Sont traités : le Mongol, les langues de l'Inde, l'Arménien, le Géorgien, le Syriaque, l'Hébreu, le Thai, le Na-Khi, les manuscrits sanscrits de Turfan, le Tibétain, le Chinois, le Mandchou, le Turc, le Persan et les albums de peintures du Sérail de la Collection Diez de Berlin. Les volumes de suppléments, magnifiquement illustrés, sont consacrés à certains manuscrits particulièrement importants pour l'intérêt du texte ou de l'illustration, parfois aussi à des index, à des bibliographies, à des problèmes iconographiques.
Les journées qui suivirent furent consacrées aux possibilités de coordination et de coopération entre les différents centres et à l'étude de problèmes techniques de la profession.
On peut retenir comme particulièrement importantes les propositions de Mr Morita, bibliothécaire à la « Far Eastern Library » de l'Université de Chicago, de fondre et d'éditer en une seule série les fiches vedettes des auteurs japonais établies par la bibliothèque du « Harvard-Yenching Institute », par la « Library of Congress » et la « National Diet Library » de Tokyo, et de demander à l'Association des bibliothèques japonaises de faire pression sur les éditeurs afin qu'à l'avenir la transcription du nom de l'auteur ou des auteurs soit portée sur chaque volume, dans l'achevé d'imprimer par exemple. L'échange des publications officielles devrait être facilité par leur reproduction et distribution sur microfiches. Un colloque des bibliothécaires japonais et américains est prévu à l'occasion des fêtes de célébration du centenaire de l'ère Meiji au printemps de 1968. Mr Morita a suggéré que les bibliothécaires d'autres nations puissent aussi y participer.
Sous la présidence du Pr. T. H. Tsien, lui aussi bibliothécaire de la « Far Eastern Library » de Chicago, une réunion sur les travaux intéressant la sinologie fut riche d'informations. Lan Chien-chang, bibliothécaire de l'Institut d'histoire et de philologie de l'Academia Sinica à Tai-pei, annonça que le microfilm des documents concernant la littérature populaire chinoise, établi en coopération avec le « Harvard-Yenching Institute », était disponible et comptait 203 rouleaux reproduisant 3 ooo volumes reliés contenant 8 ooo titres. Un catalogue des 30 000 estampages de sa bibliothèque est en cours et sera imprimé. Un catalogue collectif des livres chinois précieux est entrepris avec la collaboration du « Harvard-Yenching Institute ». Le travail s'étend au Japon. Un expert de T'ai-wan pourrait être envoyé en Europe pour cataloguer ces matériaux. Le catalogue collectif des monographies locales est achevé pour T'ai-wan et le Japon, et en cours d'exécution pour les États-Unis. Un index des périodiques chinois d'archéologie depuis 1949 est en cours de rédaction.
Le Pr Tsien annonça que 500 périodiques chinois, japonais, coréens allaient être incessamment reproduits sur microfiches par la firme I.D.C. (« International Documentation Center »). Le microfilm des périodiques et journaux de Chine communiste depuis 1949 est en cours à l'Université Stanford et une liste des journaux, pamphlets et affiches des gardes rouges est préparée par Richard Sorich de « Columbia University ».
K. B. Gardner, conservateur du Département des imprimés et manuscrits orientaux du « British Museum » fit part de l'état d'avancement du microfilm des archives et correspondances relatives à la Chine pour les années 1795-1922, conservées au « Public Record office » de Londres, et de l'organisation du Catalogue collectif des publications asiatiques de Grande-Bretagne localisé à Londres (« School of oriental and African studies »). Né en janvier 1965, il groupe les fiches des livres acquis en pays asiatiques et en Afrique du nord par 48 bibliothèques. Un bibliothécaire spécialiste consacre son temps à répondre aux demandes d'information et de prêt, et à unifier les fiches selon les normes de la nouvelle édition du code anglo-américain. On peut se procurer cette nouvelle édition au prix de 2 £ environ à la « Library Association, 7 Ridgmount Street, Londres, W. C. 1 ». Ce bibliothécaire a le titre d'Éditeur du Catalogue collectif. Toutes les fiches translitterées sont rangées par ordre alphabétique des auteurs sans tenir compte de la langue ou du pays d'origine. Seuls les livres de sciences pures et de technologie en sont exclus. A la fin du premier trimestre de 1967 la répartition des titres s'établissait ainsi :
- Proche et Moyen-Orient ..................... 6 151
- Asie du Sud ............................... 12 134
- Asie du Sud-Est ..... 1 748
- Extrême-Orient ............................ 7 159
soit un total de : ......................... 27 192 entrées.
Chaque bibliothèque ayant été amenée à définir sa politique d'acquisition, on peut espérer une meilleure utilisation des crédits.
On étudie maintenant la possibilité de publier le Catalogue à l'intention des usagers soit à l'aide des moyens traditionnels de multiplication des fiches, soit au moyen d'ordinateurs, afin d'envoyer chaque trimestre un supplément aux souscripteurs.
Sous la présidence de Stephen Hay de l'Université de Californie, Santa-Barbara, et de Robert Frykenberg, de l'Université de Wisconsin, un colloque fut consacré aux manuscrits de l'Inde et du Pakistan, et aux moyens de les protéger d'une destruction menaçante.
Mr Kesavan annonça qu'une campagne de microfilmage des manuscrits précieux allait être entreprise aux Indes avec l'aide de l'Unesco. Chaque manuscrit sera microfilmé en trois exemplaires, dont un sera mis à la disposition de l'Unesco qui décidera de l'endroit où la collection devra être conservée et communiquée. La « Library of Congress » a entrepris pour son propre usage le microfilm des journaux et périodiques indiens courants.
Ces réunions, préparées par Mr Suzuki Yukihisa, eurent un tel succès qu'au banquet offert aux bibliothécaires par la Bibliothèque de l'Université de Michigan, James D. Pearson, bibliothécaire en chef de la « School of Oriental and African studies » de Londres, fit part du désir largement exprimé que de tels groupes de travail soient dorénavant constitués à chaque congrès international d'orientalisme, et qu'une Association internationale de bibliothécaires orientalistes soit constituée, ce qui fut fait lors de la dernière réunion des bibliothécaires le 19 août. J. D. Pearson fut élu président et Suzuki Yukihisa trésorier.
Le conseil compte tenu de l'acceptation des membres nommés pourrait être ainsi composé :
- Iraj Afshar, de Téhéran, représenterait le proche et le moyen-Orient.
- B. S. Kesavan, de New-Delhi, représenterait le sud asiatique.
- Mme Chen Hsiu Chin Wang, de Singapore, représenterait le sud-est asiatique.
- Mr Lai Yung-hsiang, de Formose, représenterait l'Extrême-Orient.
- Mlle J. Waller, de Canberra, représenterait l'Australie.
- Mr Frederick H. Wagman, de Ann Arbor, et Mr T. H. Tsien, de Chicago, représenteraient l'Amérique du Nord.
- Mr Ario Garza Mercado, de Mexico, représenterait l'Amérique latine.
- Mr Wolfgang Seuberlich, de Marburg, représenterait l'Europe de l'ouest.
- Mr A. I. Bendik de Moscou représenterait l'Europe de l'est.
Une circulaire sera envoyée sous peu par les représentants régionaux aux institutions et aux individus susceptibles d'adhérer à l'Association.
Les Institutions et les bibliothèques riches de collections orientales pourront souscrire, pour la somme de US $ 10 par an; pour les particuliers la cotisation sera de US $ 3. Un bulletin d'information paraîtra deux fois par an afin de tenir les intéressés au courant des travaux en cours, des enrichissements, des sujets d'intérêt commun. Des entreprises simultanées pourront ainsi être évitées, d'où économies de force et d'argent. Pour chaque pays un représentant local fournira les informations au membre du Conseil chargé de le représenter. J'ai accepté d'envoyer à Mr Seuberlich les nouvelles des bibliothèques d'orientalisme en France. Des rencontres internationales auront lieu à chaque Congrès, et entre temps, si des subsides peuvent être trouvés.
Pour revenir au Congrès, des visites d'expositions spécialement préparées pour les congressistes leur étaient proposées : 2 expositions d'art oriental au Musée, une exposition de manuscrits grecs, coptes, arabes, persans et turcs tirés des collections de la bibliothèque de l'Université de Michigan; enfin, une exposition des récentes publications d'orientalisme. A cette exposition, les institutions et les éditeurs américains figuraient à la place d'honneur avec 28 stands. L'apport étranger était particulièrement important pour l'Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse. Le « British Museum » avait un stand de ses publications d'orientalisme et on y distribuait un élégant catalogue.
Une visite réservée aux bibliothécaires fut celle de l' « University Microfilms ». C'est la branche éducation de la Compagnie Xerox. Elle fut fondée en 1938 dans la banlieue de Ann Arbor, pour reproduire, par le moyen du microfilm, des ouvrages épuisés, des périodiques, des thèses, et tous autres documents. 500 000 titres sont disponibles. L' « University Microfilms » fabrique maintenant des éditions en offset, reliées, à partir de ses microfilms, lorsque la vente de plusieurs exemplaires est assurée.
La visite à l'« Asia Library » de Ann Arbor, dirigée par notre collègue Suzuki, s'imposait. C'est un département de la bibliothèque générale de l'Université, dont elle occupe un étage. Elle groupe les livres chinois, coréens et japonais de l'Université, respectivement 89 000, 75 000, 1 ooo volumes, plus un millier d'ouvrages en langues occidentales. Les autres langues orientales sont traitées dans la bibliothèque générale.
Treize bibliothécaires cataloguent les ouvrages qui sont des ouvrages de travail. On n'achète pas de livres précieux. Les principaux sujets d'intérêt sont la modernisation de la Chine et du Japon, le développement économique et social de la Chine communiste, les sciences sociales et les humanités, le théâtre chinois, les ouvrages japonais sur la Chine moderne, la littérature, les religions, l'histoire locale du Japon.
Cette bibliothèque, tenue de façon exemplaire, est une parmi beaucoup d'autres. Pour le seul Extrême-Orient, on compte aux États-Unis 54 bibliothèques spécialisées, et 242 bibliothécaires. 132 sont d'origine chinoise, 67 d'origine japonaise, II d'origine coréenne, et les 33 autres américains. La « Library of Congress » compte à elle seule 46 bibliothécaires et assistants consacrant leur temps au travail scientifique des différentes sections d'Extrême-Orient. 22 sont d'origine chinoise, 13 d'origine japonaise, 5 d'origine coréenne, et 5 sont américains. Enfin le « Directory of Asian Studies Centers and Library resources in North America » établi par Suzuki Yukihisa à l'intention des bibliothécaires participant au « Library Panel » du 27e Congrès international des orientalistes, donne les noms et adresses de 238 centres et bibliothèques.
Il n'indique pas le nombre des bibliothécaires orientalistes; nul doute qu'il ne soit stupéfiant pour nous, bibliothécaires orientalistes occidentaux!