Chronique des bibliothèques

Bibliothèques universitaires.

Bordeaux (Gironde).

Ouverture de salles provisoires pour le Droit dans le nouveau complexe universitaire de Bordeaux-Talence. - Au début de 1966, la Faculté de droit et des sciences économiques de Bordeaux devait être en partie transférée dans le nouvel ensemble universitaire de Talence-Pessac. Ce transfert, encore partiel à la rentrée scolaire de 1966, où il affectait les trois premières années de licence, est achevé depuis la rentrée d'octobre. Or la nouvelle bibliothèque juridique et économique du complexe universitaire ne sera achevée qu'en 1968. Deux années scolaires, s'écouleront avant que les étudiants ne puissent l'utiliser. En attendant, les deux tiers, et bientôt la totalité des étudiants avaient à leur disposition, à 6 km de là, la bibliothèque de l'ancienne Faculté de droit au centre de la ville. La solution a pu être apportée grâce à la collaboration du corps professoral.

La Faculté disposait, dans les nouveaux bâtiments, de salles de travail consacrées aux disciplines d'agrégation, complétées chacune par une pièce formant dépôt d'ouvrages et équipées de rayonnages en épis. C'est là que devaient être installés les fonds d'ouvrages appartenant à chaque salle, fonds d'importance très variable et au classement parfois incomplet. Trois sur quatre de ces salles (comportant chacune cent places environ) ont été mises à la disposition de la Bibliothèque universitaire, qui, en échange, a accepté de gérer et, le cas échéant, de collaborer au reclassement des ouvrages appartenant aux salles. Une autre condition posée par la Faculté était le maintien de la spécialisation de ces salles (respectivement droit privé, droit public et économie politique); la Faculté désirait en effet que la personnalité de chacune de ces salles et leur rôle respectif fussent établis dès l'entrée dans les nouveaux locaux.

On s'est alors efforcé d'utiliser au maximum ces données très favorables. A l'aide des crédits d'équipement accordés par la Direction des bibliothèques et de la lecture publique dans le cadre de la construction de la nouvelle bibliothèque, un fonds important de manuels et d'ouvrages de base, de recueils de jurisprudence et de grandes revues a été constitué pendant les six mois qui ont précédé le transfert de la Faculté. Pour établir ce fonds, des enquêtes et sondages répétés ont été effectués d'après les bulletins de communications d'ouvrages, de façon à s'assurer qu'aucun titre essentiel ne ferait défaut, et de façon à, d'autre part, déterminer le nombre d'exemplaires nécessaires. Ces ouvrages et revues ont été enregistrés sous des séries numériques distinctes de celles de l'ancien fonds : ils doivent former l'essentiel des collections qui seront déposées au premier niveau de la future bibliothèque, niveau correspondant aux années de la licence.

Pour le moment, ils ont été répartis dans les trois salles de travail suivant le sujet traité (l'Histoire du droit ayant été regroupée avec le Droit privé). Ils sont venus rejoindre, sur les rayons des dépôts, les fonds de chaque salle. Pour la commodité des étudiants, et en accord avec les directeurs de salle, les ouvrages de la bibliothèque et ceux de la Faculté ont été confondus sur les rayons. Ils ont été classés en trois catégories : manuels, revues et ouvrages proprement dits. L'avantage de cette collaboration est, dès l'entrée dans les dépôts, évidente. L'étudiant dispose, pour chaque matière enseignée, de l'essentiel de la documentation, la Bibliothèque universitaire ayant d'un côté compensé la faiblesse d'une salle en manuels, la salle ayant, de l'autre, fourni des ouvrages de base épuisés en librairie. Un système de « libre service » (contrôle à l'entrée et à la sortie du dépôt) permet de compenser le nombre de salles à desservir.

Les résultats sont d'ores et déjà très encourageants. La fréquentation des salles, malgré l'éloignement de la ville, est égale à celle de l'ancienne bibliothèque, et le chiffre des prêts a très vite atteint celui de la section de Droit. Le contact direct avec les ouvrages, dû au libre-accès, a certainement beaucoup contribué à ce résultat, et les étudiants se montrent satisfaits. Il n'y a pas eu, d'autre part, d'« absence » de la bibliothèque universitaire à un moment très important pour l'évolution future de la Faculté tout entière.

Bien plus, des habitudes de collaboration ont été prises. La Bibliothèque a été amenée, à travers la réorganisation des salles, à se rapprocher des Instituts et à fournir des cadres de classification qui permettront à l'avenir une identité au moins partielle des catalogues, pour le plus grand profit des utilisateurs.

L'essentiel des fonds du premier niveau de la future bibliothèque est d'ores et déjà constitué, et son catalogue existe. Il s'augmente peu à peu d'ouvrages ramenés de la section bordelaise, travail qui peut être ainsi effectué sans précipitation. Dès que l'état des lieux le permettra, il sera possible d'effectuer dans un délai très bref l'installation de ce niveau, en privant ainsi au minimum étudiants et professeurs de leurs instruments essentiels de travail.

Bibliothèques municipales.

Bourges (Cher).

Bourges à travers les âges : vues et plans. - Le Congrès national pour la sauvegarde des villes d'art se tenant à Bourges du 7 au 9 octobre, une présentation de vues et plans de Bourges du XVIe au xxe siècle a été faite dans la galerie d'exposition de la Bibliothèque municipale.

I° Vues de Bourges, de la tradition de Hœfnagel (1561), de celle de Jean Arnoullet (dans l'histoire du Berry, de Chaumeau, 1566), de celle de Merian, la plus défectueuse. Des copies, réductions ou imitations, plus ou moins maladroites de ces prototypes ont été effectuées jusqu'au XVIIIe siècle (cf. l'étude de Paul Chenu, Les Vues anciennes de Bourges, étude iconographique, in : Mémoires de la société des antiquaires du Centre, vol. 36, 1913, Bourges, 1914, pp. 13I-174, fig., pl.). L'inventaire des vues du XIXe siècle reste à faire; les plus connues sont celles de Hazé (1845). Le xxe siècle a recours à la photographie et à la carte postale, les dessins ou gravures d'artistes (Lemagny, Jacquemin, etc.) ne concernant que des vues de détail.

2° Plans de Bourges, depuis Nicolaÿ (1567 : reproduction de 1883) et de Fer (1705) jusqu'aux plans de la fin du XIXe siècle en passant par celui de Panette (1813-1815), fait d'après le cadastre. Ils ont la particularité, pour la plupart, d'être orientés le Nord à l'Ouest (encore maintenant); leur confrontation montre qu'à part quelques détails (aménagement de promenades sur les anciens remparts médiévaux, fin XVIIIe et début XIXe siècle, extension des faubourgs, disparition de plusieurs églises et surtout creusement du canal du Berry sous Louis XVIII), la physionomie générale de la ville n'a guère changé avant 1870 et les débuts de la IIIe République, avec la percée du boulevard de Strasbourg dans le prolongement de l'abside de la cathédrale, et du boulevard de la République à travers les marais des Prés Fichaux. Les transformations actuelles sont évidemment d'une tout autre ampleur.

Louviers (Eure).

La Figure humaine dans la gravure contemporaine. - Du 18 mars au 15 mai 1967, la Bibliothèque et le Musée de Louviers ont présenté, dans les locaux de ce dernier, une exposition qui avait pour thème La Figure humaine dans la gravure contemporaine. Préparée en collaboration avec le Comité national de la gravure française, cette exposition, dont le catalogue 1 comporte 48 numéros, permit à un public nombreux de nouer ou renouer connaissance avec les plus belles œuvres d'artistes aussi différents dans leur conception de la représentation du visage humain que le sont, par exemple, Dunoyer de Segonzac et Picasso, de Waroquier et Brauner, Giacometti et Jacquemin, chacune des deux grandes tendances, expressionnisme et déformation, formant une partie de cette présentation dont les œuvres avaient été prêtées par les artistes eux-mêmes, par M. Henri Petiet et par la galerie Alexandre Iolas.

Un programme imposant de manifestations avait été prévu autour de l'exposition proprement dite : projection de films sur la gravure, conférences, démonstrations des différentes techniques par des graveurs chevronnés.

Cette exposition était placée sous la présidence de M. Jean Adhémar, président du comité national de la gravure française et conservateur en chef du Département des estampes de la Bibliothèque nationale.

Malakoff (Hauts-de-Seine).

Mise en service d'un bibliobus urbain. - Le 9 octobre était inauguré le bibliobus urbain de Malakoff, annexe de la bibliothèque municipale.

Le véhicule est un ancien car Renault (du type R 4192), entièrement remis à neuf : réfection du moteur, des peintures, couverture du sol par un épais tapis de vinyl gris. Un chauffage à air pulsé permet également d'assurer la ventilation en été. Le car est très grand et il n'était pas nécessaire de le garnir entièrement de rayonnages : aussi a-t-on pu conserver les fenêtres du côté trottoir, ce qui permet aux passants de voir l'intérieur du bibliobus et les incite à entrer. Sous ces fenêtres et sur toute la hauteur du côté chaussée ont été disposés des rayonnages dont les tablettes sont munies d'un dosseret incliné assurant une bonne position aux livres. Les vitres des fenêtres du côté rue ont été transformées en vitrines pour de petites expositions.

On accède au bibliobus par devant. De chaque côté de l'entrée, sur les caissons des roues ont été placées deux tables : l'une fait fonction de bureau de prêt avec cases pour les fiches, l'autre permet aux lecteurs de déposer leurs livres en entrant. La capacité totale du bibliobus est de 1 800 à 2 ooo livres. Le bibliobus circule certains jours de 18 h à 19 h 30 et toute la journée du jeudi et du samedi dans différents points de la localité : cités H.L.M., marchés, sorties des écoles. Il est doté d'un micro, d'un magnétophone et de haut-parleurs qui lui permettent d'annoncer son arrivée, de diffuser de la musique, et des informations sur les activités culturelles de Malakoff.

Les premiers résultats ont été très encourageants : la première sortie a eu lieu en avril 1967. En deux mois, avec un premier fonds de 800 livres, 1030 prêts ont été enregistrés. Après les vacances, les tournées ayant repris avec des améliorations d'horaire et des collections plus riches, le nombre des lecteurs augmente très rapidement.

Saint-Calais (Sarthe).

Exposition des Peintres amateurs régionaux. - Depuis le 26 novembre, les salles de la Bibliothèque de Saint-Calais accueillent comme chaque année l'Exposition des Peintres amateurs régionaux.

Cette exposition, qui a vu plus de 3 ooo entrées l'an dernier avec 67 peintres amateurs de la Sarthe et du Loir-et-Cher y participant, semble devoir être encore plus suivie cette année. Il est prévu qu'elle demeurera ouverte jusqu'au 10 décembre

Troyes (Aube).

Publications. - La revue La Vie en Champagne vient de consacrer un numéro spécial à la Bibliothèque de Troyes 2. Ouverte depuis 1651, la Bibliothèque municipale de Troyes est l'une des plus anciennes bibliothèques publiques de France. Elle n'a cessé de s'enrichir au cours des siècles, notamment lors de la Révolution, et possède de remarquables collections de manuscrits, d'imprimés, d'estampes, de monnaies et de médailles qui lui confèrent une vocation d'étude et de recherche. Elle est installée depuis le XVIIIe siècle dans l'ancienne abbaye de Saint-Loup, mais elle a subi maints aménagements qui lui ont toujours permis de rester en contact avec la vie active. Les derniers travaux entrepris en 1964 viennent de la doter d'une section de prêt qui offre 8 ooo volumes en libre accès aux adultes et d'une « Heure Joyeuse » qui met une salle de prêt et de lecture ainsi qu'une salle de l'Heure du conte à la disposition des jeunes.

  1. (retour)↑  Musée de Louviers. - La Figure humaine dans la gravure contemporaine, exposition organisée sous le patronage du Comité national de la gravure française. 18 mars-15 mai 1967. Présent. par Jean Adhémar... - [Louviers, Musée municipal, 1967]. - 27 cm, 8 p., multigr.
  2. (retour)↑  La Bibliothèque de Troyes. (N° spécial de La Vie en Champagne, n° 159, septembre 1967). - Troyes, La Vie en Champagne, 1967. - 27 cm, pp. 3-38, ill.