Aperçu sur la lecture publique urbaine à Toulouse
Deux nouvelles annexes de quartier
La Bibliothèque municipale de Toulouse, depuis le début de l'année 1966, est présente dans deux secteurs bien différents de la vie de la cité : dans le quartier des Mazades, au premier étage du centre commercial où il s'agissait de donner satisfaction aussi bien aux enfants qu'aux emprunteurs et aux lecteurs désireux de se documenter sur place, dans le Centre culturel, d'autre part, installé au coeur de la ville, où elle est associée à toutes les activités du centre (expositions, conférences, concerts, etc.)
Il n'est pas d'usage de publier dans le Bulletin des Bibliothèques des articles sur l'ouverture d'annexes des bibliothèques municipales de l'importance de celui que M. Jacques Pons vient de consacrer à deux bibliothèques de ce genre récemment créées à Toulouse.
Nous avons cru devoir faire aujourd'hui une exception en raison de l'originalité de conception qui a présidé à la naissance et à la réalisation de la vaste annexe de la cité des Mazades dans le cadre d'un « complexe » commercial et culturel particulièrement vivant; en raison aussi du caractère très nouveau de la bibliothèque du Centre culturel de Toulouse, dont l'organisation a été confiée à la Bibliothèque municipale, qui en assure entièrement la gestion, et qui paraît être un excellent exemple de la collaboration frzsctueuse que l'on peut souhaiter voir s'instaurer partout entre les bibliothèques et les autres organismes qui, avec elles, concourent en France à la promotion culturelle et sociale.
Dans le courant du premier trimestre de 1966, deux nouvelles bibliothèques annexes de la Bibliothèque municipale ont été inaugurées à Toulouse : celle de la cité des Mazades et celle du centre culturel.
I. La Bibliothèque de la Cité des Mazades
A) Origine.
La cité des Mazades est située dans la banlieue nord de la ville, dans un quartier en pleine extension et où, excepté un arrêt du bibliobus urbain, aucun point d'accès aux livres n'existait jusqu'à présent 1.
Cette vaste cité a été construite par la Société coopérative d'H.L.M. de la Haute-Garonne dans les années 1955-1960, et elle groupe actuellement environ 2 500 habitants qui ont tous la possibilité de devenir propriétaires de l'appartement qu'ils occupent. Elle constitue un ensemble résidentiel modèle, car les réalisateurs n'ont pas eu seulement en vue le désir de donner un toit aux locataires, ils ont voulu également pourvoir à leurs besoins dans tous les domaines et notamment dans les domaines sociaux et culturels.
C'est ainsi que l'on y trouve deux centres commerciaux, un centre socio-médical complet, des terrains de jeux et de sports, des annexes des bureaux sociaux (allocations familiales, sécurité sociale), un bureau de poste, une piscine, un foyer de jeunes aux multiples activités, un centre ménager... mais aussi un centre culturel comprenant lui-même un théâtre de 300 places, des salles de conférences et d'exposition, un gymnase et enfin, couronnant un ensemble aussi cohérent, une bibliothèque pour la réalisation de laquelle les promoteurs, comme ils l'avaient déjà fait pour les autres activités en s'adressant toujours à des organismes compétents, ont fait appel à la Bibliothèque municipale.
En 196I, donc, le président de la Société coopérative et les architectes prenaient contact avec le conservateur en chef de la bibliothèque et lui demandaient de les aider à réaliser leur projet; dans ce but, ils mettaient à sa disposition une vaste salle du centre culturel alors en construction.
Si l'accord de principe de la municipalité fut vite obtenu, le côté juridique de l'affaire fut plus long à résoudre; le cas ne s'était en effet jamais produit à Toulouse d'une société privée offrant à la ville un local dans le but d'en faire une bibliothèque.
Des complications administratives et financières surgirent de divers côtés et la marche du dossier en fut longtemps retardée. Finalement, fut signé entre le maire de Toulouse et le président de la Société coopérative des H.L.M. de la Haute-Garonne, un contrat par lequel cette dernière abandonnait à la ville la jouissance de la salle en question, à charge pour elle d'y installer et d'y entretenir une annexe de la Bibliothèque municipale, cette même salle devant revenir à la société le jour où elle ne serait plus utilisée comme bibliothèque.
Le Conseil municipal dans sa séance du 28 avril 1964 approuva le projet qui lui était soumis et vota un crédit de 100 000 F (10 millions d'anciens francs) pour sa réalisation, aussitôt inscrit au budget supplémentaire de la même année.
Dès lors, les plans établis, les travaux d'aménagement commencèrent et parallèlement fut entreprise la constitution du fonds d'ouvrages nécessaire pour garnir les rayons de la nouvelle annexe. Il fallut près de deux ans encore pour mener à leur terme les deux opérations, et finalement, le samedi 5 mars 1966, M. l'inspecteur général Caillet pouvait procéder à l'inauguration de la troisième filiale de la Bibliothèque municipale de Toulouse 2.
B. Plan de la bibliothèque. - Ses diverses parties.
Cette bibliothèque présente, au premier abord, une particularité, celle de ne pas être située à un rez-de-chaussée. En effet, elle se trouve au-dessus du centre commercial, occupant exactement, mais au premier étage, la même superficie que l'ensemble des cinq magasins qui le composent, et elle sert en quelque sorte de trait d'union, topographiquement parlant, entre le centre commercial et le centre culturel.
Mais, comme les boutiques, elle a porte et pignon sur rue et l'entrée, avenue des Mazades, est absolument indépendante, aussi bien du côté négoce que du côté culture. Du reste, deux enseignes lumineuses précisent aux lecteurs l'emplacement de la bibliothèque et la porte d'entrée.
Cette situation dans le centre commercial et au-dessus de lui, offre, il est vrai, des inconvénients (obligation pour les lecteurs de gravir un escalier assez raide, ce qui est parfois pénible, surtout pour les personnes âgées, impossibilité de présenter des expositions ou de la publicité directement sur la rue) mais elle présente aussi beaucoup d'avantages :
I° la bibliothèque est vraiment intégrée dans la cité, et les ménagères en allant faire leurs achats ont pris l'habitude de « monter » pour échanger leurs livres;
2° elle présente, de par sa position, une façade longue de 36 mètres entièrement vitrée, sur l'avenue des Mazades et reçoit ainsi un maximum de luminosité et d'ensoleillement, ce qui, même à Toulouse, est parfois appréciable;
3° enfin et surtout, la situation de la bibliothèque au premier étage lui permet de bénéficier, en toute quiétude, d'une vaste terrasse, agrémentée d'un jardinet, où pourront être organisées des séances de lecture en plein air, d'autant plus que, de cette terrasse, la vue sur l'ensemble de la cité est remarquable 3.
La salle ainsi mise à la disposition de la Bibliothèque municipale était très grande (36 mètres de long sur 15 mètres de large-tout au moins dans sa partie la plus large) avec une partie arrondie « en dos d'éléphant » faisant suite à un rectangle très allongé. De plus, 9 colonnes et 4 volumineuses gaines de chauffage en forme de piliers carrés, réparties sur l'ensemble de la pièce, venaient encore augmenter les difficultés d'installation. Mais, par contre, la présence de deux blocs sanitaires (un à chaque extrémité), d'une vaste réserve, obscure il est vrai, et d'un spacieux hall d'entrée offrait de prime abord des perspectives pour une utilisation rationnelle. L'ensemble mesurait environ 364 m2 et c'était, de loin, la plus grande et la plus belle salle qui ait été mise à la disposition de la Bibliothèque municipale pour en faire une annexe de quartier.
L'aménagement présentait, comme on l'a déjà vu, plusieurs difficultés : tout d'abord, ces colonnes et ces gaines, ensuite la partie arrondie contre laquelle il était difficile d'adosser des rayonnages et surtout le fait que la plus grande dimension de la salle - les 36 mètres de façade - ne permettait que la pose de rayonnages en allège. En effet, le vitrage était très important; il arrivait à mi-hauteur de la salle et ne laissait, tout le long, qu'une hauteur utilisable de I,45 m, si bien que, dans une salle aussi vaste, le problème du rangement des livres se posait déjà, si on ne voulait pas multiplier outre mesure les épis au centre de la pièce 4.
Après étude de diverses solutions, le plan suivant a été finalement adopté, compte tenu du fait que la disposition des gaines et des colonnes divisait déjà la future bibliothèque en quatre zones :
I° près de la porte d'entrée et communicant directement avec un bloc sanitaire, une partie triangulaire était toute désignée, malgré sa faible dimension, pour recevoir le coin des enfants.
2° à l'autre bout, dessinant un angle largement ouvert comme pour accueillir les lecteurs en quête d'un hâvre de tranquillité, une deuxième partie, très agréable, était promue au rang de coin de détente et des périodiques;
3° entre les deux, entre l'agitation des enfants et le calme du coin des périodiques, le centre de la pièce formait la salle de lecture et de prêt proprement dite;
4° enfin, les deux plus grosses gaines de chauffage et la partie la plus arrondie de la salle délimitaient une zone, moins lumineuse que le reste, un peu à l'écart aussi, bien que proche de la porte d'entrée, mais d'où la vue sur toute l'étendue de la salle était parfaite et qui une fois entourée d'une longue banque devenait le bureau de prêt, sa grande dimension permettant en outre d'y inclure un coin de travail pour les employés.
1. Le coin des enfants :
Il occupe un des angles de la salle, à gauche de l'entrée, ce qui fait que les enfants pénètrent directement dans leur domaine sans avoir à mettre les pieds dans celui des adultes. De l'autre côté, la séparation avec la salle de lecture est faite par un long épi suspendu entre deux colonnes; cet épi étant à double face, un côté est utilisé pour les livres d'enfants, l'autre fait partie de la section adultes.
En allège, sous les fenêtres, court un rayonnage bas (I,45 m de haut) à quatre hauteurs de rangement.
Le coin des enfants étant déjà divisé en deux par une colonne et une gaine de chauffage, cette division a été maintenue, et même accentuée, pour séparer le domaine des « grands » et celui des « petits », avec un mobilier approprié à chaque âge.
Pour les plus jeunes on a prévu un mobilier en rotin (quatre fauteuils bas et un guéridon), un tapis de lecture (moquette, de couleur rouge, placée directement sur le sol) sur lequel les enfants sont heureux de venir lire assis « par terre » et un meuble pour les albums, très bas, à cause de la taille des enfants et aussi parce qu'il est placé sous une baie vitrée destinée à éclairer le hall d'entrée.
Les plus grands ont à leur disposition 4 tables circulaires, 12 chaises Stella en skai rouge (le tout à la hauteur des enfants) et un ensemble de près de 50 mètres de rayonnages pouvant recevoir plus d'un millier d'ouvrages de tous formats.
Enfin, selon un procédé déjà mis en service à la bibliothèque d'enfants de la rue de Périgord, la colonne se trouvant presque au milieu de cette section a été transformée en présentoir pour les revues et les nouveautés au moyen de 4 disques de bois, de diamètre croissant de bas en haut, séparés sur les 4 faces par des ais inclinés; ces disques encerclent entièrement la colonne et reçoivent les livres ou les périodiques.
L'employée qui s'occupe plus particulièrement de cette section dispose d'un bureau, placé face à l'entrée, où les enfants viennent effectuer les formalités d'abonnement et de prêt.
2. Le coin des périodiques :
A l'opposé de la partie réservée aux moins de quinze ans se trouve le coin de détente et des périodiques. Il n'est pas très grand, mais tout a été mis en œuvre pour qu'il soit un pôle d'attraction pour les lecteurs, l'endroit où l'on puisse venir se reposer un moment tout en lisant les journaux ou en feuilletant les nouveautés. C'est la partie la plus agréable de la bibliothèque, la plus claire, car elle est à l'intersection des deux façades vitrées, et celle aussi d'où la vue est la plus étendue.
Comme dans la section enfants, ce coin est séparé de la salle de travail, sur laquelle cependant il s'ouvre largement, par un épi à double face, suspendu entre deux colonnes, ce qui contribue à l'isoler quelque peu et à lui donner un air d'intimité et de tranquillité.
Le mobilier est très simple : il comprend d'abord la prolongation, sous le vitrage, du rayonnage qui va d'un bout à l'autre de la bibliothèque, ensuite le présentoir des périodiques (panneau de chêne perforé et verni s'appuyant contre le mur et reposant sur un meuble bas à portes coulissantes) qui vient se terminer contre une grille, peinte en blanc, délimitant l'escalier donnant accès à la terrasse.
Sous cette grille, contre laquelle est plaqué un motif en fer forgé soutenant des pots de fleurs, est disposée une banquette de bois à usages multiples (présentation, exposition...).
Enfin, au centre, 9 fauteuils en skai noir entourant 3 guéridons et réunis autour d'un lampadaire offrent l'agrément de leur confort aux lecteurs désireux de se reposer quelques instants, tout en se tenant au courant de l'actualité par la lecture des revues.
3. La salle de lecture et de prêt :
Entre le coin des périodiques et le coin des enfants, la salle de lecture occupe la partie centrale de la bibliothèque. C'est sur elle, mais à une extrémité, que s'ouvre la porte d'entrée. Il a donc fallu aménager un système de circulation pour canaliser les lecteurs et les obliger à passer devant la banque de prêt avant de les laisser s'installer autour d'une table. Un long meuble de rangement a donc été mis en place à partir de l'entrée; il guide les usagers jusqu'au centre de la salle, évitant ainsi qu'ils ne s'égaillent aussitôt la porte franchie. Du reste, un tapis de cisal rouge matérialise aux yeux de tous l'existence de ce couloir de circulation et invite les lecteurs à pénétrer à l'intérieur de la pièce. Dans ce meuble (long de 8,50 m) ont pris place des usuels pour adultes dans la partie correspondant à la salle de travail, des usuels et des documentaires pour les enfants dans l'autre moitié qui est située dans leur domaine.
En face et perpendiculairement, deux autres épis, plus petits mais du même genre et à double face, contiennent d'autres usuels.
Tous les usuels sont ainsi groupés au débouché du couloir d'entrée de la salle de lecture ce qui évite aux lecteurs, venus spécialement pour les consulter, de pénétrer plus avant dans la bibliothèque et de disperser leurs recherches. Du reste, deux petites tables et quelques chaises les invitent à s'asseoir afin qu'ils puissent tranquillement effectuer leurs travaux.
Le rayonnage mural en allège sous le vitrage est long ici de 17 mètres et contient en totalité le fonds de romans.
Au milieu, 5 tables rectangulaires (3 grandes et 2 petites) et une table ronde, un peu en retrait, face à la terrasse, permettent à 41 personnes de travailler en même temps dans d'excellentes conditions.
De plus, au centre, deux épis contiennent une partie du fonds des documentaires, en particulier les ouvrages de grand format.
Enfin, contre le mur du fond, dans la partie arrondie, ont pris place deux rayonnages hauts, du même esprit que ceux existant déjà dans les autres bibliothèques de lecture publique de Toulouse, c'est-à-dire un meuble à deux corps: une partie haute comprenant cinq tablettes, reposant sur un bahut de rangement relativement bas, de telle sorte qu'aucun lecteur n'ait à se baisser ou à se hausser de façon exagérée.
4. La banque de prêt :
Elle se caractérise par sa très grande dimension mais il a été dit plus haut que ce « gigantisme » a été imposé par la présence des deux gaines de chauffage, incorporées dans son pourtour et qu'il était difficile d'utiliser autrement.
D'autre part, comme il était indispensable d'avoir un coin où le personnel de la bibliothèque puisse vaquer en toute tranquillité à ses diverses occupations (sans toutefois être coupé du « client »), un bureau a été aménagé à l'intérieur même de la banque, dans le fond. Il est séparé de la banque elle-même et du public par une cloison translucide, de couleur blanche, en plexiglas, haute de I,90 m. Dans les mêmes conditions a été fermée la partie entre la gaine et le mur, en prolongement du couloir de circulation venant de l'entrée.
A l'intérieur de la banque proprement dite, une table ronde possédant un seul pied fixé au sol, mais deux plateaux de diamètre différent (I,20 m et I,10 m) sert au rangement des ouvrages rendus par les lecteurs.
La banque elle-même est longue de 13 mètres et elle a grossièrement la forme d'un trapèze, aux angles très arrondis. Elle comprend quatre postes de travail, tous aménagés en fonction du prêt. Un petit chariot de bois pour transporter les livres à remettre en rayon, indispensable dans une bibliothèque aussi vaste, trouve son logement dans un de ses angles.
C. Description générale de la bibliothèque.
Cette vaste salle, dans son ensemble, ne présente que des teintes claires avec, çà et là, des taches de couleurs. En effet, les murs sont peints en gris clair, les colonnes et le plafond sont blancs, les quatre gaines jaune paille. Le sol est gris pâle veiné de noir; il est constitué par des carreaux de Dallaflex de grandes dimensions : 30 X 30 cm.
Tout le mobilier (tables, épis, rayonnages) a été exécuté en chêne clair verni, à l'exception du dessus de la banque de prêt et des plateaux de la table circulaire se trouvant en son centre, qui sont en « formica » gris. De plus les piétements de tous les épis et du long rayonnage mural sont en métal, tubes carrés peints en noir et laqués au four, identiques aux pieds des tables.
Les taches de couleur sont constituées, outre les dos des volumes, d'abord par les chaises dont le siège et le dossier sont en skai rouge (les pieds sont toujours en tube noir) ensuite par les deux tapis rouges (tapis de lecture du coin des enfants et cheminement d'entrée), enfin par de nombreuses plantes en pot dont la verdure fait un heureux contraste avec la teinte chêne des meubles.
Il en est de même pour les vingt-quatre stores vénitiens Luxaflex dont les lames de couleur réséda et les galons de montage rouges tranchent très nettement sur le gris de l'ensemble. Ces stores qui garnissent toute la façade et tombent juste au dessus du long rayonnage mural, permettent de maintenir en été, en plus d'une lumière tamisée, une certaine fraîcheur, la bibliothèque étant longuement exposée au soleil du fait de son orientation est-ouest. Dernières notes de couleur : des reproductions de tableaux modernes ornent les murs et leurs coloris éclatants sont autant de taches lumineuses.
Par contre, les lecteurs fatigués peuvent un instant interrompre leurs travaux et rêver du passé en détaillant les deux grandes photographies qui ornent le mur entre la porte d'entrée et la banque de prêt : l'une est un remarquable agrandissement du plan de Toulouse dressé par Tavernier en 163I, l'autre représente les bords du canal du Midi, dans la campagne languedocienne.
Le chauffage est commun à tout le bâtiment, car la bibliothèque dépend du centre culturel. Il est à air pulsé, avec plusieurs bouches de chaleur réparties dans toute la salle; mais il est réglable à volonté, depuis le bureau, par un ensemble de manettes et de boutons placés à l'intérieur de la banque de prêt ou dans le dépôt.
L'éclairage, enfin, est assuré par des appliques, plaquées contre le mur du fond (il s'agit de longs tubes de néon dissimulés derrière des écrans de plastique) et par 15 blocs lumineux fixés au plafond et qui s'allument trois par trois.
D. Livres et lecteurs.
Il n'a pas été aisé, compte tenu de la forme de la salle, de répartir les ouvrages selon les diverses sections à l'intérieur des deux grandes divisions traditionnelles : enfants, adultes. Si, pour le coin des enfants, le problème a été assez vite résolu, en revanche, l'implantation des collections de romans et de documentaires dans la section adultes n'a pas été facile.
Finalement, les ouvrages de fiction ont trouvé place dans le grand rayonnage sous les fenêtres, et les documentaires, à l'exception des livres de poche de cette catégorie qui, reliés et plastifiés par l'atelier de reliure de la Bibliothèque municipale sont tous groupés par collections dans le coin des périodiques où ils constituent une ébauche de « pochothèque » ont pu occuper tout le reste (épis hauts et bas, éléments suspendus), Les usuels, on l'a vu, sont logés dans des épis spéciaux, à l'entrée.
Ainsi arrive-t-on à un total de 72 mètres pour les livres d'enfants, 72 mètres également pour les romans, 96 mètres pour les documentaires, y compris les « poches », et 33 mètres pour les usuels, soit en tout 273 mètres et une contenance générale et approximative de II 500 volumes se décomposant ainsi : 3 500 pour les enfants et 8 ooo pour les adultes (3 000 romans et 5 000 documentaires et usuels), dont un peu plus de la moitié actuellement en rayon.
Il faut souligner l'importance du fonds des usuels (600 volumes sont prévus), car les ouvrages de cette catégorie sont de plus en plus demandés et consultés par les lecteurs.
Il faut aussi mentionner l'importance des périodiques. En effet, cette bibliothèque est abonnée à 40 revues, d'intérêt général évidemment, (Paris-Match, Historia, Sciences et Voyages, etc..) et toutes sont très appréciées des habitués.
Cette bibliothèque ouverte au public le 8 mars 1966, compte déjà plus de 1 200 inscrits, moitié enfants, moitié adultes et jeunes. Elle est divisée en trois sections, comme les autres bibliothèques de lecture publique de Toulouse :
- Enfants, pour les moins de quinze ans (de six à quinze ans) qui bénéficient, on l'a vu, d'une installation particulière formant un petit monde à part.
- Jeunes, de quinze à dix-huit ans qui ne constituent pas, faute de locaux et de moyens, une section à part entière, mais qui vivent en symbiose étroite avec la section adultes. En effet, ils sont inscrits avec les adultes, viennent à la même banque de prêt qu'eux, consultent les mêmes périodiques et ont accès à tous les rayons.
En ce qui concerne le prêt, ils peuvent emprunter tous les documentaires, mais par contre, les seuls romans munis d'une pastille verte. La durée du prêt est de 15 jours, renouvelable tant que l'ouvrage n'est pas réclamé par un autre lecteur. Comme pour les enfants, le prêt est gratuit pour cette catégorie.
Livres de poche et usuels leur sont d'un accès facile et connaissent un grand succès, surtout les usuels, car parmi les 180 jeunes que compte cette section, près de 90 % sont des lycéens ou collégiens, qui usent très largement de ce fonds pour préparer leurs dissertations, revoir leur programme ou simplement passer un moment dans un endroit agréable.
Ils sont d'autant plus nombreux et intéressés par cette bibliothèque que, sous le même toit et au même étage, fonctionne le foyer des jeunes des Mazades, et si quelquefois le bruit qu'on y fait parvient jusqu'à la salle de lecture, cette cohabitation est bonne et même bénéfique aux deux activités.
- Après dix-huit ans, le jeune entre dans la catégorie des adultes et il a donc la possibilité d'emprunter n'importe quel volume. Il acquitte alors un droit d'abonnement annuel de 2,50 F et les conditions de prêt sont les mêmes que précédemment.
Que sont ces lecteurs ? Que font-ils ?
Mis à part une importante clientèle de ménagères, de retraités et d'étudiants, que l'on retrouve dans toutes les bibliothèques, la majorité des abonnés appartient aux catégories socio-professionnelles que l'I.N.S.E.E. appelle « Employés » et « Cadres moyens », sans omettre toutefois un nombre relativement élevé d' « Ouvriers » et de « Cadres supérieurs »; cette répartition traduit, assez bien du reste, l'allure générale de ce quartier 5.
Les lecteurs - jeunes et adultes - ont emprunté au cours du mois de juin 1966, 2 03I volumes (I 505 romans et 526 documentaires); de leur côté, les enfants ont lu 1 993 ouvrages ce qui fait au total pour l'ensemble de la bibliothèque 4 024 volumes et cela au bout d'un trimestre de fonctionnement seulement.
De plus, il faut encore noter deux éléments importants :
- d'abord le recrutement des abonnés de cette annexe, comme nous l'espérions, a rapidement dépassé le cadre initial de la cité des Mazades pour atteindre l'ensemble de la banlieue nord de la ville. Elle a même étendu sa zone d'influence au détriment à la fois du bibliobus urbain et de la section de prêt centrale, en enlevant à ces deux bibliothèques plusieurs dizaines de lecteurs, leur permettant ainsi de « souffler » un peu 6. Elle remplit donc là son vrai rôle de succursale de quartier;
- ensuite, le nombre des étudiants devient de plus en plus important. Ils apprécient beaucoup le calme et l'ambiance générale de la salle de travail, tout en regrettant, évidemment, que le fonds ne soit pas toujours à leur niveau, mais beaucoup y viennent pour travailler avec leurs cours ou leurs manuels, ce qui leur évite d'aller au centre de Toulouse.
Comme personnel, cette bibliothèque dispose de trois personnes à temps complet : un sous-bibliothécaire qui a la responsabilité effective de l'ensemble et deux employés dont l'un s'occupe plus particulièrement des adultes et des jeunes, et l'autre des enfants. Les heures d'ouverture, qui ont été établies en fonction des lecteurs, petits et grands, sont les suivantes : tous les jours, sauf le lundi matin, les dimanches et jours de fête, de 9 h 30 à II h 30 et de 14 h à 19 h, les heures de pointe se situant bien entendu entre 17 h et 19 h.
Les habitants de la cité apprécient l'effort qui a été fait par la ville et la Bibliothèque municipale en leur faveur; ils sont fiers de leur bibliothèque, d'autant plus que cette dernière a su s'intégrer dans la vie du centre culturel dont elle constitue sinon le cerveau, du moins le centre de documentation.
II. La bibliothèque du centre culturel
Dans le Centre culturel de la ville de Toulouse, installé dans les anciens locaux de l'École hôtelière, 24, rue Croix-Baragnon, la bibliothèque occupe une place à part, car elle fait partie intégrante de la Bibliothèque municipale. En fait, elle constitue une filiale de cette dernière, et n'est en rapport avec la direction du Centre que pour des questions d'ordre pratique 7.
Dans les plans initiaux, elle devait servir en même temps de bibliothèque de quartier mais, par suite d'un changement intervenu dans l'affectation des diverses salles, ce double rôle est devenu impossible. Actuellement elle est donc ouverte uniquement aux adhérents du Centre culurel 8.
Elle est installée au second étage du vaste immeuble du XIXe siècle occupé par le Centre et comporte essentiellement une salle de travail de moyennes dimensions (30 m X II m) avec, en appendice, un coin plus calme, pour la lecture des périodiques 9. Dans un angle de la salle, près de la porte, est installée une banque de prêt, la plupart des ouvrages pouvant être empruntés à domicile.
Tous les rayonnages de bois (chêne clair) sont plaqués contre les murs; seuls, au centre de la salle, se trouvent deux épis bas pour recevoir, l'un les usuels, l'autre les documentaires de grand format. Le dessus des tables est en « formica » chêne, les piétements en tube gris identiques à ceux des épis bas et de la banque de prêt.
Le coin des périodiques comprend uniquement un meuble bas, surmonté, le long des murs, d'un vaste panneau de contreplaqué perforé et vernis sur lequel viennent s'accrocher de petits chevalets de plastique qui supportent les revues en cours ; la partie basse de ce meuble reçoit les numéros antérieurs.
Au centre, quatre chauffeuses, un guéridon et un lampadaire permettent de lire revues et magazines, dans une ambiance confortable et paisible. Trois panneaux, également de contre-plaqué, font office de présentoirs et permettent d'exposer les nouveautés ou les ouvrages en relation avec les autres activités du Centre culturel.
Le sol est uniformément recouvert d'une moquette gris anthracite (type Tapissom). Du reste, la couleur dominante de la bibliothèque est le gris : gris clair des murs et des portes, gris métallisé des stores vénitiens qui garnissent les cinq grandes fenêtres. Une seule note plus hardie rompt avec cette harmonie de tons : les murs du coin des périodiques sont peints en rouge.
Le fonds comprend actuellement 4 000 volumes, soit un millier de romans et 3 ooo documentaires, principalement ouvrages de littérature, d'histoire, de philosophie et livres d'art. De plus, 300 usuels fournissent à tous les lecteurs les bases d'une documentation sur les sujets les plus divers.
Tous ces volumes, sauf les usuels bien entendu, peuvent sortir. Le prêt est de quinze jours; il est gratuit, sur présentation d'une carte de lecteur, établie après avoir vérifié que le futur abonné est bien membre du Centre culturel.
Près de mille personnes sont déjà inscrites à la bibliothèque, étudiants et enseignants en majorité (bien qu'il y ait aussi quelques retraités et employés) qui apprécient tout à la fois l'ambiance pleine de recueillement, la nature des ouvrages et des périodiques, le libre accès aux rayons, et surtout l'horaire d'ouverture : 10 h à 13 h- 16 h à 22 h, établi en fonction des heures de liberté des habitués 10.
Près de 1 600 volumes, en moyenne, sont prêtés tous les mois, surtout des ouvrages de travail (histoire et littérature en particulier) et des livres d'art.
Énoncer ces chiffres est, je crois, traduire en termes secs mais précis le succès déjà obtenu par cette réalisation, trois mois seulement après sa pleine ouverture.
Il est évidemment trop tôt pour tirer des conclusions relatives à la marche de ces bibliothèques, d'autant plus qu'elles répondent à des besoins très différents.
Celle du Centre culturel, conçue presque uniquement comme une bibliothèque de travail, avec un public particulièrement cultivé, un fonds sérieux, une ambiance studieuse, existe surtout pour fournir aux membres de ce centre matière à l'approfondissement de leurs connaissances et à l'élargissement de leur culture.
Celle des Mazades, au contraire, vraiment bibliothèque de lecture publique ouverte à tous, sans discrimination d'âge ni de culture, dans laquelle règne toujours une atmosphère familiale et qui possède un fonds très varié où l'ouvrage de travail côtoie le dernier roman à la mode, a atteint un public divers qui vient y chercher délassement et distraction, documentation aussi, mais pas de la même manière qu'au Centre culturel.
Ces deux nouvelles bibliothèques toulousaines sont une nouvelle et, nous semble-t-il, particulièrement bonne illustration du double aspect des bibliothèques françaises : l'aspect intellectuel et l'aspect social, tant de fois décrits et commentés qu'il est inutile d'y revenir.