Chronique des bibliothèques

Bibliothèques municipales.

Beauvais (Oise).

Auditions hebdomadaires de jazz enregistré. - Depuis plusieurs années déjà, un groupe de mélomanes se réunissait, à la bibliothèque municipale de Beauvais, une fois par semaine, pour participer à des auditions commentées de musique classique. L'idée est venue d'adjoindre à cette section « classique » de discophiles, une section « jazz », destinée plus spécialement aux jeunes. L'expérience a débuté en février 1966. Actuellement, cette section « jazz » est organisée sous la direction de deux personnes bénévoles (35 ans), fonctionnaires à Beauvais, qui assument la responsabilité des séances vis à vis du bibliothécaire, cependant qu'un comité d'animation groupe des jeunes de moins de 25 ans, actuellement au nombre de quatre, capables d'assurer, à tour de rôle, la présentation des enregistrements et d'animer une discussion.

Les séances ont lieu une fois par semaine, de 20 h 45 à 22 h 30 environ. L'appareil utilisé est celui de la bibliothèque municipale. Les disques sont fournis soit par le fonds de la bibliothèque municipale, soit, à titre de prêt, par les participants eux-mêmes, et l'accès de la salle d'audition est libre et gratuit.

Les séances comportent un commentaire et un échange d'idées à partir d'un programme établi pour la saison. Le programme de la saison 1966, en fait assez brève, a été consacré à une petite étude de l'évolution des styles du jazz. Celui de la saison 1966-1967 est en cours d'établissement : en introduction, deux séances seront consacrées à une rétrospective générale de l'histoire du jazz, des origines à nos jours. La réunion de reprise a eu lieu le 9 septembre 1966 et a groupé une trentaine de personnes, dont la moitié de moins de 25 ans.

Cluny (Saône-et-Loire).

Exposition de manuscrits, incunables, éditions rares. - Une exposition de manuscrits, incunables et éditions rares s'est tenue, au Musée Ochier de Cluny, du 30 juillet au 31 août.

Cette exposition avait pour but de faire connaître les très belles éditions, les incunables et les manuscrits qui subsistent de l'ancienne bibliothèque des bénédictins et sont actuellement conservés à la bibliothèque du Musée Ochier.

A cette occasion, des manuscrits clunisiens des Xe-XIIe et XIIIe siècles qui avaient été déposés, par des clunisois, à la Bibliothèque municipale de Mâcon, sont revenus à leur lieu d'origine. Des incunables provenant de la Bibliothèque des Minimes de La Guiche ont, d'autre gart, été prêtés par la ville de Charolles.

Parmi les plus belles éditions conservées à Cluny, il faut noter une collection très importante de bibles, les éditions princeps de beaucoup de grands ouvrages (la Grande Encyclopédie, l'Histoire naturelle de Buffon, etc...), ainsi que les plus belles éditions hollandaises (Atlas de Mercator, Amsterdam, 1633).

Il avait été réuni un très bel ensemble de livres de mathématiques, de droit, de médecine et alchimie, ainsi que d'histoire nationale et régionale. L'exposition fournissait ainsi l'occasion de souligner la qualité des incunables clunisiens. Ces derniers ont conservé, pour la plupart, leurs reliures d'origine et les éditions sont de Le Rouge à Paris, Wensler à Bâle, de la ville de Nuremberg également.

Quant aux reliures de la majorité des ouvrages présentés, elles étaient d'une grande richesse : reliures de parchemin, reliures du XVIe siècle, reliures aux armes de France et aux armes des Abbés. Ainsi se faisait jour, à l'occasion de cette exposition, l'intérêt réel et la richesse rare des fonds de cette bibliothèque.

Granville (Manche).

Nouveaux aménagements. - La Bibliothèque municipale de Granvillea vu se moderniser la salle Charles de la Morandière, au premier étage de ses locaux, où a été installé récemment un système de chauffage à accumulation. Dans un décor où les pierres en granit de Chausey ont été mises à jour, et ménagées des niches éclairées du plus bel effet, les collections concernant la marine et les voyages en mer sont particulièrement mises en valeur dans leurs rayonnages métalliques, tandis que des tableaux du vieux Granville et du Mont-Saint-Michel décorent agréablement les murs.

Honfleur (Calvados).

Nouveaux aménagements. - L'amiral Hamelin, au soir de sa vie, désirait qu'une bibliothèque publique fût ouverte à Honfleur. Le II juin 1839, la bibliothèque municipale était fondée. Elle comprenait alors 900 volumes, et son local, attribué par la municipalité, se trouvait au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville (actuellement la perception). A la fin du siècle dernier, après la construction d'un second étage à l'hôtel de ville, la bibliothèque occupa un local mansardé, dont tous les recoins furent garnis de rayonnages.

Depuis de nombreuses années, il était évident que ce local devenait trop exigu pour loger les 15 000 volumes de la bibliothèque, et le classement des livres s'avérait de plus en plus difficile. Suivant les statistiques du bibliothécaire, depuis cinquante ans, le nombre de livres prêtés a septuplé, tandis que la lecture sur place n'a que doublé, et un lecteur sur quatre est un « jeune » de moins de dix-huit ans.

Au même étage de l'hôtel de ville se trouvait une grande salle rectangulaire qui servait à des expositions de peinture. Ce local était tout indiqué pour servir de salle adjointe à la bibliothèque. Des rayonnages ont donc été construits tout autour de cette salle, à portée de la main, afin que le lecteur puisse accéder facilement aux livres. Sur les rayons supérieurs sont exposés des livres anciens reliés, créant ainsi un décor agréable. Au milieu de la salle, des tables invitent le visiteur à la lecture sur place.

Cette nouvelle salle est uniquement consacrée aux romans français et étrangers (traductions). Ils sont rangés par ordre alphabétique d'auteurs et par langues, suivant la classification de Dewey. Un coin de ces rayonnages est réservé aux jeunes enfants.

Quant à l'ancienne salle de la bibliothèque, elle conserve les collections anciennes et les divers fonds de lecture publique, classés également suivant le système de Dewey.

Certes, des aménagements de détail restent à faire, mais, d'ores et déjà, le public semble très bien accueillir les modifications effectuées. Nul doute qu'un nombre toujours plus grand de lecteurs ne doive être la juste récompense de cet effort de modernisation.

Mulhouse (Haut-Rhin).

Un essai de décentralisation : les expositions d'été. - La création de nouvelles zones urbaines autour des grands centres a mis en évidence la pauvreté de l'équipement culturel des quartiers périphériques et souligné la concentration excessive des manifestations culturelles (concerts, représentations, expositions) au cœur des villes. La saison d'été qui, en dehors des centres touristiques, amène la cessation de toute activité dans ce domaine - et souvent aussi la fermeture des bibliothèques -, accentue encore le caractère désertique de ces quartiers.

Mettant en pratique les mots d'ordre du gouvernement sur l'étalement des vacances, la Bibliothèque municipale de Mulhouse a commencé par supprimer, dès 1965, la fermeture annuelle des quatre services publics les plus importants de son réseau. Puis elle a tenté, en 1966, un essai de déconcentration en utilisant des expositions préfabriquées faciles à monter et à transporter :

Du 23 juin au Ier juillet, la bibliothèque de Bourtzwiller a pu, grâce à l'obligeance des éditions Braun, présenter une rétrospective de la Peinture du XVIe siècle à nos jours. Un très bel ensemble de 30 reproductions de grand format, où les contemporains avec Gromaire, Desnoyers, Mark Tobey, Buffet, Minaux et Baboulène, avaient la plus belle part, a connu un vif succès auprès des habitués de la bibliothèque.

En août, Bourtzwiller encore, a présenté l'exposition Saint-Exupéry, réalisée sur panneaux mobiles par la section de lecture publique de l'A.B.F. Une cinquantaine d'exemplaires neufs et à l'état broché de toutes les œuvres de Saint-Exupéry avaient été laissés sur les tables à l'intention des amateurs.

En septembre, livres et panneaux ont été transférés à la bibliothèque de Dornach où l'exposition a connu un vif succès, auprès des jeunes surtout, qui ont été nombreux à emprunter les récits de Saint-Exupéry.

Pendant ce temps, les visiteurs de la bibliothèque centrale étaient invités à des réflexions plus graves. Du 15 juillet au 15 septembre un ensemble de panneaux montés par le Centre de documentation du Comité d'action pour le progrès économique et social du Haut-Rhin leur a présenté les Aspects économiques du Haut-Rhin. Les problèmes que posent aujourd'hui l'agriculture (vieillissement des exploitants, remembrement, rentabilité des exploitations, commercialisation des produits), l'industrie (répartition entre les différents secteurs, fermeture et création d'usine, transfert des centres de décision), les transports, le logement, le tourisme, et aussi l'équipement culturel, y étaient clairement exposés au moyen de graphiques sommairement commentés et agrémentés de nombreuses photographies documentaires.

Nîmes (Gard).

Session d'été de l'École antique. - Comme chaque année, la Bibliothèque municipale de Nîmes a abrité pendant une semaine la session d'été de l'École antique, plus particulièrement destinée aux archéologues étrangers à la région, fussent-ils de simples amateurs. Ceux-ci pouvaient suivre à cette occasion un intéressant programme de visites commentées, de conférences, d'expositions etc... Le secrétariat de cette Société savante originale est assuré par le Conservateur de la bibliothèque, auquel incombe, par conséquent, toute l'organisation des sessions.

Pau (Basses-Pyrénées).

Acquisition d'une collection de manuscrits et lettres autographes de Théophile de Bordeu. - le Rêve de d'Alembert, de Diderot, est, on s'en souvient, un dialogue entre Mlle de Lespinasse et le médecin béarnais Théophile de Bordeu. Ce dernier a compté parmi les principaux amis de Diderot, qui lui a emprunté ses idées biologiques et, dans le Rêve..., s'est en quelque sorte identifié à lui. C'est dire l'intérêt pour la bibliothèque de Pau de réunir le plus grand nombre possible de documents relatifs à ce personnage qui, par son intelligence, sa forte personnalité et l'influence qu'il eut au XVIIIe siècle, fut l'un des grands hommes du Béarn.

Une récente chronique du Bulletin des bibliothèques de France 1 a fait connaître par quelle heureuse circonstance plusieurs manuscrits de Bordeu venaient d'être offerts à la bibliothèque de Pau. Or, très peu de temps après ce don, la ville 2 faisait l'acquisition de la totalité des papiers de la famille Bordeu, détenus par les descendantes d'un frère de Théophile.

Entreposés depuis des années dans un grenier, ces papiers ne sont que les restes d'un fonds qui a dû être beaucoup plus riche, et où il manque des pièces essentielles, « empruntées » et jamais rendues. Telle quelle, cette collection n'en est pas moins fort importante et d'un très grand intérêt. Elle comprend approximativement 600 autographes, textes et documents manuscrits :
- 175 lettres autographes de Théophile de Bordeu, écrites de 1740 à 1761 et en 1775-1776. En grande partie déjà étudiées par le Dr Lucien Cornet, ces lettres sont autant de documents sur la médecine à Paris, à Montpellier et à Pau, sur la haute société dont Bordeu était le médecin « à succès », sur l'actualité littéraire (une lettre de 1747 parle des Bijoux indiscrets, du Méchant de Gresset, et de toutes les « nouveautés » de l'année), sur le thermalisme pyrénéen, dont Théophile et son père Antoine ont été les théoriciens et les propagandistes, et sur bien d'autres aspects de l'histoire scientifique, intellectuelle, sociale du XVIIIe siècle. L'esprit de l'Encyclopédie y affleure en permanence, mais sans lourdeur aucune. Le style de ces lettres, en effet, d'une élégance et d'une clarté remarquables, n'en est pas le moindre attrait;
- 300 autres lettres, écrites par son père (médecin et surintendant des eaux des Pyrénées), son frère François (une centaine de lettres, précieuses pour la connaissance du personnage de Théophile, et pour celle de la société paloise), ses autres frères et sœurs, d'autres parents, des médecins parents ou confrères. Au hasard on trouve des signatures célèbres : duc et duchesse de Choiseul, Gassion, d'Étigny, etc.;
- plusieurs manuscrits d'œuvres éditées ou inédites : fragment de la thèse latine An Venatio caeteris... (Paris, 1753), Consultation sur le ver solitaire (inédit), importants fragments des Recherches sur le pouls, des Recherches sur la Colique métallique, des Recherches sur l'histoire de la Médecine, etc., et de nombreux textes à identifier et classer, ainsi que des notes de travail, des observations de malades, des plans, etc.;
- enfin tous les documents d'état-civil, actes notariés, pièces de procès, etc., concernant Théophile et la famille de Bordeu.

Cette collection s'ajoute au fonds Bordeu dejà possédé par la bibliothèque, et qui comprend manuscrits, éditions originales et archives. L'ensemble ainsi constitué justifierait l'ouverture d'une salle spéciale de réserve, à vocation médico-littéraire, qui ne peut être réalisée maintenant, mais pourrait être prévue dans le plan d'agrandissement de la bibliothèque.

Romans (Drôme).

Nouveaux aménagements. - Le 21 septembre 1966, M. Didier, député-maire de Romans, entouré des adjoints et conseillers municipaux, avait invité les membres du comité consultatif à la réception des travaux d'aménagement de la salle de prêt.

Le Dr Morel, président des Amis de la bibliothèque, remercia la municipalité de l'effort qu'elle poursuit afin de doter Romans d'une bibliothèque digne d'elle. Puis il rendit hommage à M. Bourne, son bibliothécaire, pour son dévouement.

M. le Député-Maire, enfin, évoquant la mémoire du chanoine Ulysse Chevalier, remercia tous ceux qui collaborent à l'amélioration et au renom de cette bibliothèque qui porte désormais le nom de cet éminent historien.

Saint-Calais (Sarthe).

Exposition d'archives et causeries d'histoire locale. - Du 3 au 15 septembre, pendant les fêtes patronales, la bibliothèque a donné une exposition d'archives (plusieurs milliers d'anciennes cartes postales : Wilbur Wright, circuit automobile 1906, villes et bourgs, foires et marchés, etc. ), au nombre desquelles étaient présentées un bon nombre de cartes postales anciennes, choisies parmi les 10 460 que possède la bibliothèque, et qu'elle a classées.

Parmi celles-ci des classements spéciaux ont été consacrés aux plages et aux stations thermales, aux foires et marchés, aux costumes, etc. L'armée, la marine les guerres ont également fait l'objet d'un classement particulier, ainsi que le sport, que le département illustra particulièrement du fait du premier circuit automobile de la Sarthe, en 1906 et des premiers vols de Wilbur Wright au Camp d'Auvours.

A la suite de cette exposition, de nombreux dons ont été effectués, qui, s'ils n'augmentent pas véritablement l'intérêt du fonds, ont néanmoins leur place à la bibliothèque.

Une conférence sur l'histoire locale a été donnée par le bibliothécaire avec présentation de documents : plans de la paroisse en 1777; plans de la ville et de la paroisse en 1797; nomenclature des propriétaires, avant et après les « biens nationaux », comparée à l'actuel « cadastre rénové ». Cette causerie a été répétée, après simplification, pour les élèves des écoles.

Le concours de la bibliothèque a, d'autre part, été requis, du 8 au 10 octobre, pour une exposition d'archives dans le cadre de la foire de Saint-Julien, à Mondoubleau.

Saint-Dié (Vosges).

Journée des bibliothécaires de l'Est. - Lors de son assemblée de printemps, le groupe de Lorraine de l'A.F.B. avait projeté de tenir à Saint-Dié sa journée d'étude annuelle.

C'est ainsi que le 29 juin, 66 participants se retrouvaient dans la cour de la nouvelle bibliothèque municipale. Bibliothécaires de bibliothèques municipales, universitaires, de bibliobus et de bibliothèques privées (bibliothèques pour tous ou bibliothèques d'entreprise), ils étaient cinquante, venus des quatre départements lorrains. A eux s'étaient joints un bibliothécaire de Reims et quinze de Mulhouse.

Accueillis par le chef d'établissement, M. A. Ronsin, entouré de quelques-uns de ses collaborateurs, ils se rassemblèrent dans la salle de lecture où le bibliothécaire dressa un rapide tableau historique des collections et des bâtiments qui les abritèrent depuis un siècle et demi. La visite détaillée de toutes les sections, avec examen du mobilier et des aménagements, retient le groupe jusqu'à 12 h 45.

A l'Hôtel de ville, les bibliothécaires furent chaleureusement accueillis par M. P. Noël, maire, et M. R. Bernard, adjoint aux finances. Dans une courte, mais amicale allocution, le premier magistrat dit sa joie d'accueillir les « serviteurs privilégiés de la culture » que sont les bibliothécaires; il déclara légère la charge d'un établissement tel celui que la ville a édifié avec l'aide de la Direction des bibliothèques, eu égard aux services qu'il rend au public.

M. M. Merland, président du Groupe Lorraine de l'A. F. B., remercia la municipalité de son accueil et de sa compréhension si vive du problème des bibliothèques et de la lecture publique. Un apéritif mit fin à la réception.

Dans le cadre de verdure du nouveau parc, au rez-de-chaussée de la moderne et originale salle des fêtes, les participants purent se restaurer et se remettre des fatigues d'une matinée studieuse.

L'après-midi, deux visites étaient encore prévues, l'une à la disco-bibliothèque moderne, l'autre à la bibliothèque pour tous où les bibliothécaires furent accueillis, autour d'un vin d'honneur par Mlle Deschamps, directrice, et ses collaborateurs.

Faute de temps, le groupe dut remettre à plus tard la discussion de ses problèmes administratifs : à 17 h les bibliothécaires de l'Est se séparèrent, satisfaits de leur journée déodatienne.

Tours (Indre-et-Loire).

UN SEMESTRE D'EXPOSITIONS A LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE TOURS

Du 7 au 17 janvier 1966 : Exposition nationale du Compagnonnage. - Organisée par l'Union compagnonnique des devoirs unis et la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment, cette exposition itinérante bouclait à Tours son périple à travers la France des 22 sections françaises de l'Union compagnonnique, au cours duquel elle présentait un bel ensemble de chefs-d'œuvre, dont certains valurent à leur auteur le titre de meilleur ouvrier de France.

Les 2 ooo compagnons qui travaillent en Indre-et-Loire et y maintiennent vivantes les traditions, les antiques règlements, l'amour du travail bien fait, avaient extrait des archives de leur Cayenne locale un grand nombre de pièces : procès-verbaux de constitution et de séances, listes de cotisants, documents iconographiques, etc., exposés pour la première fois, et d'un très grand intérêt historique. Des chefs-d'œuvre locaux, ainsi que des travaux des apprentis des cours professionnels de la fédération, affirmaient que le Compagnonnage n'est pas dépassé et a su s'adapter aux formes nouvelles de la technique, tout en maintenant ses valeurs morales et professionnelles. L'inauguration revêtait une allure particulièrement originale, les officiels étant accueillis par les compagnons avec cannes et couleurs. Elle fut l'occasion pour M. Jean Royer, député-maire, d'assurer les compagnons de toute son aide en vue de la réalisation, à Tours, d'un musée du Compagnonnage.

Le soir, M. Raoul Vergez, compagnon et auteur de « La Pendule à Salomon », présentait à un nombreux public le film tiré de son œuvre : « Le Compagnon ».

Du 26 février au 6 mars 1966 : Rétrospective M.-T. Lavollée (1876-1940). - Cent soixante-dix toiles, dessins, reliures peintes, etc... avaient été réunis dans cette exposition rétrospective consacrée au peintre tourangeau Marcel-Thomas Lavollée, par sa fille, Mme de Puyborac. Pourquoi ne l'avoir pas présentée au musée des Beaux-Arts ? Tout simplement parce que la vaste salle aux baies vitrées, domine un magnifique paysage de Loire, thème favori de Lavollée, qui a su en traduire la luminosité comme la douceur, et aussi parce que Lavollée était relieur de son métier et que ses reliures, peintes ou mosaïquées, étaient un important élément de cette exposition. Enfin, ses ouvrages favoris, sa correspondance - notamment avec A. France - nous renseignent sur ses préoccupations esthétiques et philosophiques. C'est donc tout un chapitre de l'histoire des lettres et des arts en Touraine qui revivait ainsi.

Du 13 au 18 mars 1966 : le Monde du Cirque. - Organisée par le Club du Cirque et coïncidant avec le départ du chapiteau tourangeau Pinder, cette exposition évoquait le monde étrange et magique du cirque qui fait rêver petits et grands. Neuf maquettes - dont certaines de 25 m2 -, résultat de milliers d'heures de travail, étonnantes de fidélité car réalisées grâce à une solide documentation reproduisant des cirques célèbres; 200 poupées, toutes vêtues en personnages de cirque : ballerines, trapézistes, dompteurs, écuyères, clowns; 80 programmes de cirque français et étrangers (notamment ceux de « Barnum and Belley », et de Buffalo Bill à Tours, en 1905), composant un véritable tour du monde; des affiches anciennes et rares, des livres, des gravures, des photos splendides enfin, faisaient revivre les grandes heures passées, les minutes d'émotion et d'angoisse qui furent toujours proposées, sous les chapiteaux du monde entier et de tous les temps.

Du 16 avril au Ier mai 1966 ; les Villes nouvelles de Grande-Bretagne. - Plus de 600 ooo habitants logés dans dix-sept villes nouvelles, 138 ooo maisons neuves, 250 ooo emplois créés par 670 usines, voilà quelques chiffres qui expliquent et justifient la fierté des Britanniques quant à cette étonnante expérience urbaniste. C'est pourquoi l'Ambassade de Grande-Bretagne a mis au point cette exposition itinérante, petite par le nombre de panneaux qui la composent, mais passionnante et fort importante puisqu'elle fait le point de réalisations ayant déjà 20 ans d'existence. Tous les problèmes qui hantent les esprits des urbanistes et des sociologues aujourd'hui, E. Howard les avait posés à la fin du XIXe siècle et ce visionnaire, simple sténographe de son état, eut la rare joie de voir ses anticipations devenir réalité. Entre les cités-jardins qu'il décrivait dans son ouvrage et les villes nouvelles actuelles, il y a certes de notables différences, mais elles représentent, dans ce pays fortement urbanisé (80 % de la population vit dans les villes) et d'une densité de population importante (218 habitants au km2, soit 3 fois la densité française) une solution à la fois rationnelle, réaliste, audacieuse et efficace aux problèmes posés par l'extension des très grandes villes. Un exemple à étudier, à méditer et qu'il était bon de présenter au grand public.

Du 10 au 22 mai 1966 : Centenaire de la Ligue de l'enseignement. - Grâce à l'énergique impulsion de Jean Macé, la Ligue de l'enseignement naissait il y a un siècle. Elle fut à l'origine d'innombrables œuvres péri ou post-scolaires, et inspira largement la législation scolaire de la Troisième République - notamment des grands principes d'obligation et de gratuité de l'enseignement primaire. Par ailleurs, lorsqu'il était professeur au Petit-Château, à Beblenheim, Jean Macé n'avait-il pas créé, en trois ans, 83 bibliothèques communales ? Enfin, lorsque la Bibliothèque municipale de Tours fut détruite en 1940, celle du Cercle tourangeau de la Ligue de l'enseignement fut mise à sa disposition et tous les lecteurs purent ainsi bénéficier de cette bibliothèque privée qui comptait près de 7 000 ouvrages. Ce centenaire devait donc être célébré avec un certain éclat.

L'exposition comprenait deux volets. Un très bref condensé de l'histoire de l'enseignement primaire depuis la Révolution permettait de préciser et de comprendre quelle était sa situation au moment où Jean Macé entreprit sa campagne. La vie et l'œuvre de Jean Macé étaient alors particulièrement mises en valeur. Ensuite, photographies de documents originaux, livres, brochures, périodiques, graphiques, montraient l'essor de la Ligue en France et son action dans le développement et le rayonnement de l'école publique jusqu'à la naissance de la Confédération générale des œuvres laïques, en 1925, et aux créations successives de tous les groupements qui lui sont actuellement rattachés en un réseau serré.

L'activité de chacun de ces groupements au sein de la Fédération départementale des œuvres laïques d'Indre-et-Loire - U. F. O. L. E. P. (éducation physique), U .F. O. L. E. A. (éducation artistique), U. F. O. L. E. I. S. (éducation par l'image et le son), U. F. O. V. A. L. (colonies de vacances), C. L. A. P. (aviation populaire), C. L. L. P. (lecture publique), - faisait l'objet de la deuxième partie de l'exposition. Les documents avaient été rassemblés par les nombreux responsables et animateurs de ces divers mouvements; un immense panneau évoquait notamment les fêtes de la jeunesse données chaque année au parc Grandmont, et dont la première eut lieu en 1935.

Du 25 juin au Ier octobre 1966 : Maurice Denis illustrateur. - Parmi les livres de bibliographie moderne, la production illustrée par Maurice Denis occupe une place de choix, et, malgré le relatif oubli que subit actuellement, de la part du grand public, l'art de ce peintre, elle reste très cotée auprès des amateurs. Or, la bibliothèque municipale de Tours, à la suite d'un don de Mme Demoge-Lucas, complété par l'Abbé Raymond Marcel, secrétaire de l'Association internationale des historiens de la Renaissance, tourangeau de naissance et lui aussi éminent bibliophile et généreux mécène, se trouve en possession de tous les « grands » livres de cet illustrateur. Cette magnifique collection est enrichie de suites et de nombreux originaux, en particulier toutes les aquarelles de la Vita nova de Dante et de la Vie de Saint-Dominique de Lacordaire, et la moitié de ces volumes sont présentés dans de splendides reliures signées Marius Michel, Creuzevault, L.-D. Germain, ou même peintes par Maurice Denis lui-même. Nombre de ces livres proviennent de la bibliothèque de Gabriel Thomas : promoteur et maître d'œuvre des plus belles éditions illustrées par Maurice Denis, cet éminent bibliophile, ami de l'artiste, recueillit beaucoup d'originaux et fit exécuter par Mlle Germain des reliures très belles dans leur sobriété.

L'exposition, consacrée essentiellement à ces livres, était complétée par des peintures, gravures, lithographies (dont la célèbre série d'Amour prêtée par le Cabinet des Estampes), autographes de l'artiste et de ses relations (on y pouvait voir des lettres de Gide, Valéry, Debussy), la plus grande partie de ces pièces ayant été prêtée par les descendants de Maurice Denis. Il a fallu aussi, pour présenter des reliures et, en même temps, des pages des livres, emprunter des volumes en feuilles.

L'inauguration, qui eut lieu le 25 juin 1966, fut suivie d'une très belle conférence de M. Jacques Guignard, conservateur en chef de la bibliothèque de l'Arsenal Cet éminent spécialiste du livre illustré moderne a en outre écrit, en introduction au catalogue, 3, un texte important qui constitue à la fois une étude fondamentale sur l'illustration du livre par Maurice Denis, et une contribution à l'histoire du livre illustré moderne. Grâce à cette introduction, le catalogue (rédigé par M. Boulet, bibliothécaire-adjoint, organisateur de l'exposition) devient un outil de travail utile aux bibliophiles, aux bibliothécaires et aux historiens de l'art.

Notons que l'exposition, présentée dans le cadre magnifique de la « Salle des États généraux » du Musée des beaux-arts de Tours, était la conséquence d'une fructueuse collaboration entre les deux centres culturels de base que sont, dans une ville comme Tours, la bibliothèque et le musée. Ce lien étroit s'est concrétisé récemment par la fondation d'une « Association des amis de la bibliothèque municipale et du musée des beaux-arts de Tours » dont cette exposition se trouvait être la première manifestation.

Vichy (Allier).

Exposition Valéry Larbaud. - Le 16 juillet fut ouverte une exposition consacrée à l'œuvre de Valéry Larbaud, dans le cadre de laquelle ont été présentés un certain nombre de documents appartenant au très riche fonds Larbaud, conservé par la bibliothèque : deux vitrines ont été consacrées à l'écrivain, où étaient exposés : les manuscrits d'Allen et d'une des Enfantines, Eliane, ainsi que les éditions originales de ces œuvres, Barnabooth, gravures à l'eau-forte par Chas-Laborde, Rosa Lourdin, illustrations de M. Barraud, Amants, heureux amants, gravures sur cuivres de Boussingault. Hommage était rendu, d'autre part, à Larbaud traducteur avec Ulysse de Joyce et les Carnets de Butler. Deux vitrines étaient réservées à ses amis et présentaient des œuvres de Saint-John Perse, Gide et Claudel. Des photocopies, enfin, de lettres de Fargue, Malraux, Audiberti, Gallimard, Joyce, Gomez de la Serna et de la Princesse de Bassiano, étaient également présentées.

Cette exposition, qui fut ouverte tous les jeudis au public, a reçu de nombreuses visites, dont celles, en particulier, de plusieurs membres de l'Association des Amis de Larbaud, en séjour à Vichy.

Bibliothèques centrales de prêt.

Bas-Rhin.

20e anniversaire de la création de la bibliothèque centrale de prêt du Bas-Rhin. - Le 23 juin 1966, à l'occasion du renouvellement de son dépôt de livres à la Maison des jeunes et de la culture de Scherwiller, la Bibliothèque centrale de prêt du Bas-Rhin a organisé une manifestation d'amitié pour fêter le 20e anniversaire de sa création dans le département. M. le Préfet de la région d'Alsace, préfet du Bas-Rhin, avait bien voulu accorder son haut patronage à cette cérémonie, présidée conjointement par M. Belin, sous-préfet de Sélestat, M. Haag, maire de Scherwiller et M. l'Inspecteur d'Académie du Bas-Rhin.

La manifestation fut précédée par des habituelles opérations de prêt, pendant lesquelles des lecteurs, jeunes et adultes, sont venus choisir eux-mêmes leurs livres sur les rayons des bibliobus, présents tous les deux ce matin-là à Scherwiller, avec tous les membres de l'équipe de la bibliothèque. L'O. R. T. F. et la presse régionale étaient également présentes et ont filmé les opérations et interwiewé lecteurs et bibliothécaires, se faisant ainsi l'écho de cet anniversaire dans le département, auprès de tous les amis des bibliobus qui n'avaient pu répondre personnellement à l'invitation.

Un vin d'honneur fut ensuite offert par la municipalité dans la grande salle de la Maison des jeunes et de la culture. Un grand nombre de personnalités, outre celles citées plus haut, y assistaient, parmi lesquelles M. Wiedenann, maire de Mattenlveim, conseiller général représentant M. Haeck, président du Conseil général, M. Marichal, attaché culturel au cabinet du préfet, M. Diener, inspecteur départemental de la jeunesse et des sports, M. Schuller, administrateur de la bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M. Fleischmann, président de la Fédération départementale des maisons des jeunes et de la culture du Bas-Rhin, M. Holzmann, directeur de la Maison des jeunes et de la culture de Scherwiller, ainsi que Mme Lévy, directrice de la Bibliothèque centrale de prêt du Haut-Rhin, de nombreux maires et de nombreux dépositaires de la Bibliothèque centrale de prêt. Dans leurs discours, MM. Belin, Haag et Wiedemann ainsi que Mlle Untersteller tracèrent un tableau des 20 années d'activité de la Bibliothèque centrale de prêt et exposèrent les données de la vie culturelle du département, les besoins des communes en ce domaine, ainsi que les projets d'avenir de la Bibliothèque centrale de prêt. Au nombre de ceux-ci fut évoquée la prochaine expérience, au cours de l'hiver 66/67 de prêt direct, limitée à quelques communes, et destinée à rendre les livres plus immédiatement accessibles à la population.

Un déjeuner réunit ensuite les personnalités et mit fin à cette manifestation d'amitié rendue encore plus sympathique par l'appui manifesté par les différentes autorités, ainsi que par l'accueil très cordial du maire, de la municipalité de Scherwiller et de la Maison des jeunes et de la culture. Ainsi se trouvent illustrés de façon probante les résultats que peut obtenir un bibliobus lorsqu'il accomplit son œuvre en étroite collaboration avec les maisons des jeunes et de la culture et les municipalités.

  1. (retour)↑  In : B. Bibl. France, IIe année, n° 6, juin 1966, p. 238.
  2. (retour)↑  En affectant spécialement à cet achat un crédit exceptionnel.
  3. (retour)↑  (Exposition, Tours. Musée des beaux-arts, 1966). - Maurice Denis, illustrateur, exposition organisée au musée des beaux-arts par la bibliothèque municipale. Tours, 25 juin-Ier octobre 1966. (Préf. d'André Dezarrois. Introd. de Jacques Guignard.). - (Tours, Bibliothèque municipale,) 1966. - 2I cm, 60 p., ill., couv. ill. (Association des amis de la bibliothèque municipale et du musée des beaux-arts de la ville de Tours.)