L'organisation du réseau des bibliothèques en URSS

N. F. Gavrilov

La structure du réseau des bibliothèques soviétiques est fondée à la fois sur le principe territorial et sur le principe de spécialisation. Les différents types de bibliothèques, leur nombre, leurs caractéristiques. L'assistance méthodologique. Participation de la population à la gestion

Les bibliothèques jouent un rôle important dans la vie sociale et culturelle de l'URSS. V. I. Lénine, le fondateur de notre État, accordait aux bibliothèques une attention toute particulière. Il est l'auteur de plusieurs articles sur ce sujet et, après 1917, de toute une série d'actes législatifs et de projets consacrés aux bibliothèques. Ces documents constituent le fondement des programmes futurs de ces organismes adaptés au cadre de la nouvelle structure sociale.

Conformément aux idées de Lénine, le gouvernement et des organisations sociales ont créé de nombreuses bibliothèques dans toutes les régions de l'URSS. Le réseau actuel des bibliothèques soviétiques est très vaste et aussi très ramifié. Il est organisé de manière à pouvoir desservir en livres toutes les catégories de lecteurs, à répondre à tous leurs besoins (étude, évolution culturelle, perfectionnement professionnel, recherche scientifique), à atteindre le lecteur à son domicile comme à son lieu de travail.

On compte actuellement en URSS 382 000 bibliothèques d'un fonds de 2 milliards de volumes dont 126 000 bibliothèques de lecture publique d'un fonds de 946 millions de volumes. Les bibliothèques de lecture publique relèvent soit de l'État (7I 400), soit des syndicats (26 500), soit des kolkhoses (6 100), soit d'autres organisations sociales.

Chaque bibliothèque urbaine dessert 3 100 habitants et chaque bibliothèque rurale en dessert 1 100. Il existe en outre de nombreuses filiales des principales bibliothèques et des bibliothèques ambulantes. Ces points de lecture sont au nombre de 300 000.

Les bibliothèques spécialisées comprennent des bibliothèques techniques, médicales, agricoles, et celles du réseau de l'Académie des sciences de l'URSS et des Académies des sciences des républiques fédérées. Les bibliothèques techniques, les plus nombreuses, sont au nombre de 16 000.

On compte dans l'ensemble 50 000 bibliothèques spécialisées et 800 bibliothèques universitaires. Le fonds de toutes ces bibliothèques est de 800 millions de volumes. Les enfants sont desservis en URSS par près de 5 000 bibliothèques urbaines et régionales, par 182 ooo bibliothèques scolaires, par toutes les bibliothèques rurales et par une partie des bibliothèques de lecture publique.

Une des particularités des bibliothèques en URSS est le grand effort en faveur de la population rurale. 99 ooo bibliothèques de lecture publique fonctionnent à la campagne où est concentrée près de la moitié du fonds global des bibliothèques de lecture publique, une bibliothèque pour 1 100 ruraux.

Nous venons de donner quelques chiffres actuels, il est bon aussi de rappeler qu'avant la Révolution d'octobre 1917, il n'existait que 76 ooo bibliothèques d'un fonds de 46 millions de volumes. Il s'agissait principalement de bibliothèques paroissiales et leur fonds contenait surtout des livres de caractère religieux. Les bibliothèques de lecture publique étaient 14 ooo avec un fonds de 9 millions de volumes. De vastes étendues territoriales, telles que le Kazakhstan, l'Asie centrale et d'autres régions étaient pratiquement dépourvues de bibliothèques.

Les principes qui régissent la bibliothéconomie en URSS se résument ainsi : accessibilité à tous, gratuité de la lecture, répartition rationnelle, bonne organisation des acquisitions, participation de la population à la gestion des bibliothèques.

Conformément au premier de ces principes, les bibliothèques spécialisées et les bibliothèques publiques sont ouvertes à tous et demeurent non seulement au service des savants, des ingénieurs, des médecins, mais sont accessibles à de larges sphères de lecteurs intéressés par des disciplines variées. C'est ainsi que dans beaucoup d'entreprises tous les ouvriers bénéficient des livres des bibliothèques techniques.

Le réseau des bibliothèques de l'URSS, dont la structure est en général bien fixée, est soumis malgré tout à de constantes modifications. Ainsi dans les régions orientales où de nouvelles ressources naturelles sont domestiquées, le nombre des bibliothèques croît plus rapidement qu'ailleurs, d'autre part on observe une évolution vers les bibliothèques importantes aux dépens des petites bibliothèques qui fusionnent; par ailleurs « le poids spécifique » des bibliothèques spécialisées est en progression.

La structure du réseau des bibliothèques est à la fois fondée sur le principe territorial et sur le principe de spécialisation. Autrement dit, toutes les bibliothèques qui se trouvent dans une limite territoriale déterminée (république, région, district) sont considérées dans leur ensemble et coordonnent leurs fonctions au service des lecteurs. Quant aux bibliothèques ayant les mêmes objectifs (techniques, agricoles, médicales, universitaires, etc.), elles sont réunies en un système particulier dont chacun dépend de son ministère respectif. Ainsi toutes les bibliothèques agricoles dépendent du Ministère de l'agriculture, les bibliothèques médicales du Ministère de la santé. Ces organismes centraux administrent leurs bibliothèques sur place par leurs organes territoriaux, républicains, régionaux et autres. Le contrôle général et la coordination des bibliothèques dans leur ensemble sont assurés par le Ministère de la culture de l'URSS, qui a en outre la charge directe des bibliothèques de lecture publique d'État et des bibliothèques d'enfants.

Telle est la structure administrative des bibliothèques.

Un des problèmes essentiels en URSS est l'assistance méthodologique et le travail bibliographique des bibliothèques, organisés selon la structure administrative de ces établissements.

C'est à la Bibliothèque Lénine qu'incombe le rôle de Centre méthodologique et bibliographique à l'échelle nationale, à l'exception toutefois de la bibliographie nationale courante qui, elle, est confiée à un organisme spécial - la Chambre fédérale du livre. Chaque type de bibliothèque possède son centre méthodologique et bibliographique : la Bibliothèque centrale agricole sert de centre au réseau des bibliothèques agricoles, la Bibliothèque centrale de médecine aux bibliothèques médicales, la Bibliothèque de l'Université de Moscou aux bibliothèques universitaires ainsi qu'aux bibliothèques de l'enseignement supérieur.

Un centre méthodologique et bibliographique coiffe toutes les bibliothèques techniques, c'est la Bibliothèque publique scientifique et technique de l'URSS. Toutefois chaque domaine industriel (houiller, pétrolier, chimique, mécanique, alimentaire, industrie légère, etc.) est pourvu d'une bibliothèque centrale scientifique et technique. Elles sont au nombre d'une vingtaine et travaillent sous la direction méthodologique de la Bibliothèque publique scientifique et technique de l'URSS.

Dans les limites de chaque république ou de chaque région, c'est la Bibliothèque républicaine d'État qui sert de centre général de méthodologie et de bibliographie et qui a directement sous ses ordres les activités des bibliothèques de lecture publique; elle communique avec les autres types de bibliothèques par les bibliothèques spécialisées républicaines et régionales, par exemple la Bibliothèque scientifique et technique du Soviet de l'économie nationale, la Bibliothèque agricole, la Bibliothèque médicale. Chacune d'elles joue à son tour le rôle du centre méthodologique et bibliographique pour les bibliothèques du même type dans une limite territoriale donnée.

Le centre méthodologique a pour objectif d'accorder une aide constante à un réseau inférieur de bibliothèques, soit pour attirer et servir le plus grand nombre de lecteurs, soit pour aider la bibliothèque dans ses acquisitions, soit pour son service de renseignements. Ces tâches sont réalisées au sein des sections spéciales (méthodologiques) qui emploient les bibliothécaires les plus qualifiés. Les principaux objectifs de ces sections consistent à stimuler l'initiative des meilleurs bibliothécaires, l'étude et la diffusion des nouvelles méthodes, la mise en œuvre des théories bibliothéconomiques les plus avancées. Les centres méthodologiques éditent des publications (instructions, manuels, etc.), leurs collaborateurs conseillent les bibliothécaires, se déplacent, organisent des réunions, des séminaires, des cours.

Trouver des solutions à la multitude des problèmes relatifs au travail quotidien des bibliothèques, coordonner les activités des bibliothèques relevant des différents systèmes administratifs, accorder le principe de la spécialisation avec le principe de la territorialité, rien de tout cela ne serait réalisable sans la part active prise par la population à l'édification et à la direction des bibliothèques.

Chaque bibliothèque a son Conseil de lecteurs (Soviet). Les dirigeants des bibliothèques sont tenus de présenter un rapport d'activité aux lecteurs, les membres du Conseil sont élus lors de ces réunions.

A l'échelle de chaque ville, du district, de la région et de la république, fonctionne un « Soviet » interministériel qui se compose des représentants des bibliothèques relevant de différentes administrations et des lecteurs les plus actifs. Ces groupements tracent les programmes de diffusion du livre et définissent le rôle qui incombe à chaque bibliothèque dans l'accomplissement de cette tâche. L'organe central public sur le plan national est le « Soviet pour les affaires des bibliothèques » auprès du Ministère de la culture de l'URSS. Cet organisme étudie, lors de ses réunions plénières, les problèmes essentiels inhérents au travail présent et futur des bibliothécaires et élabore des recommandations pour d'autres organismes d'État. Le rôle de la population dans la gestion des bibliothèques est sans cesse croissant, il reflète le processus général de démocratisation de la vie politique et sociale en URSS.

C'est grâce à la sollicitude des pouvoirs publics et à la participation active de la population à la gestion des bibliothèques que de nombreux problèmes ont pu être résolus. Ainsi le nombre de lecteurs est passé entre 1959 et 1963 de 87 millions à 107 millions. Dans de nombreuses républiques et régions (Ukraine, Biélorussie, Lithuanie, les régions de Kalinine, Iaroslavl', Koursk, Oul'janov et autres), la bibliothèque pénètre dans chaque foyer.

Nous nous efforçons actuellement de généraliser ces méthodes sur tout le territoire de l'URSS, d'augmenter le nombre des lecteurs, d'intensifier le rôle des bibliothèques dans l'évolution de la science et de la culture. Il nous faut pour cela transférer un certain nombre de bibliothèques d'une région et les implanter ailleurs, mieux coordonner le travail des bibliothèques relevant des différents ministères, améliorer nos acquisitions, rendre plus accessibles les fonds aux lecteurs. Il est de notre devoir de faire en sorte que notre immense réseau de bibliothèques et leurs fonds soient exploités avec efficacité pour le plus grand bien de la société.

  1. (retour)↑  Cette série d'articles a été traduite du russe par Ida Forest, bibliothécaire spécialiste à la Direction des bibliothèques et de la lecture publique.
  2. (retour)↑  Cette série d'articles a été traduite du russe par Ida Forest, bibliothécaire spécialiste à la Direction des bibliothèques et de la lecture publique.