Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Exposition : quelques ancêtres du surréalisme

Sur le thème « Quelques ancêtres du surréalisme », choisi par M. E. Dennery, administrateur général, le Cabinet des estampes a organisé une exposition 1 de 200 gravures allant de Raphaël à Redon, c'est-à-dire du début du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle. L'idée qui a présidé au choix de M. Adhémar, réalisateur de l'exposition, est que, puisqu'il existe, selon le mot d'André Breton, des vases communicants, une union entre le monde de nos sens et « un autre monde », le « monde renversé », le « monde à l'envers », et qu'on peut comme le dit l'Alice de Lewis Carroll, « passer à travers le miroir », il convient de se demander si les explorations dans le domaine du rêve, du fantastique, de l'hallucination ont été exceptionnelles. On le croyait, Focillon l'avait dit en 1926, mais l'ensemble de gravures que l'on pouvait voir galerie Mansart, toutes tirées à des milliers d'exemplaires, prouvent qu'il y a eu une volonté d'exprimer cette pensée, et un large public pour la recevoir.

A l'exposition figuraient d'abord des rêves, des rêveurs, des « mélancoliques », puis par ordre chronologique étaient présentés un certain nombre de déformations, d'images étranges et attirantes, de monstres, de constructions « bizarres » comme on le disait, de jardins d'illusions, d'anamorphoses (curieuses images déformées qui se reforment aux flancs d'un miroir rond), de têtes composées d'éléments végétaux ou de coquillages. Des artistes connus se retrouvaient, d'autres inconnus. La presse et le public ont fait bon accueil à cette manifestation qui est déjà demandée en France et à l'étranger.

Bibliothèques universitaires.

Bibliothèque littéraire jacques Doucet

Exposition Paul Claudel, premières œuvres, 1886-190I. - L'exposition organisée à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet par M. Georges Blin, professeur au Collège de France, et par M. François Chapon, etait consacrée aux premières œuvres de Paul Claudel. Les dates limites de cette présentation, 1886-190I, ne prétendent pas isoler une période de l'activité créatrice du poète. Ses thèmes n'ont cessé d'être repris et de s'orchestrer au cours de son œuvre. Choisi pour des raisons de commodité le terme de cette rétrospective coïncide seulement avec l'achèvement d'un cycle dramatique l'Arbre, et avec la composition de la première Ode dont l'inspiration et la forme annoncent une nouvelle série d'œuvres cristallisées autour de Partage de Midi.

Il était difficile de retrouver des documents sur une période où les premières recherches de Claudel, quand elles furent éditées, n'obtinrent qu'une audience très limitée. En outre, des circonstances comme la folie de sa sœur Camille, le pillage de sa maison de Villeneuve, les destructions du tremblement de terre de Tokyo ont contribué à faire disparaître des témoignages importants sur l'adolescence de Claudel. Quelques feuillets maculés des premières ébauches de La Ville, de Tête d'or attestent seulement l'étendue de ces pertes au point de vue littéraire. Enfin la démarche même de la pensée chez Claudel ne se prête pas au regard sur la vie privée ni à l'anecdote significative.

Aussi a-t-on cherché à recenser les manifestations pures de la création, c'est-à-dire les principaux manuscrits conservés aux Archives Paul Claudel, à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, et dans quelques collections particulières. Cet examen, grâce à la compréhension de la famille de Paul Claudel, a permis de faire apparaître et de montrer pour la première fois au public d'importants inédits : Réflexions en marge de Tête d'or, de La Ville, de L'Echange, du Repos du Septième jour, de La Jeune fille Violaine, ébauches de premier jet, notes de travail. Des variantes des poèmes, des textes encore inconnus, prières, notes de voyage, fragments non repris de Connaissance de l'Est, achevaient d'éclairer le visiteur sur l'élaboration des œuvres. La Direction des arts et lettres, désireuse d'honorer la mémoire de Paul Claudel à l'occasion du dixième anniversaire de sa mort, a rendu possible l'édition d'un catalogue 2 où sont réunis, en publication originale, la plupart de ces inédits. François Mauriac a bien voulu contribuer à la haute signification de cette manifestation en préfaçant ce recueil.

Autour des manuscrits de toutes les premières œuvres, ont été réunis quelques témoignages significatifs, comme les lettres de Verlaine, de Mallarmé, de Maeterlinck adressées au jeune auteur de Tête d'or et de La Ville. Les premières amitiés, Marcel Schwob, Maurice Pottecher, Romain Rolland, André Gide, étaient évoquées à l'aide de dédicaces et de correspondances. La découverte récente de livres annotés donnait au visiteur le moyen d'établir un émouvant rapport entre le collégien du lycée Louis-le-Grand, commentateur d'Eschyle, Homère, Lucrèce et le futur traducteur d'Agamemnon, et de feuilleter le Whitman que lisait le jeune consul de France à Boston, ou le Rimbaud qu'il possédait à Shangaï en 1898.

Enfin, nul témoignage ne pouvait mieux rendre l'atmosphère où s'est formé le poète, que les sculptures de sa sœur Camille, inséparablement liée à la gloire fraternelle par la nature même de son inspiration, par les exigences fécondes de son propre génie auquel rendaient hommage un Debussy, un Rodin. Le buste du « Jeune romain », c'est-à-dire de Claudel à vingt ans, la Vague qui appartint à Philippe Berthelot, le portrait de Rodin, entre autres, illustraient une parenté spirituelle qu'affirmait la seule lettre conservée de ces années 1893-1894, où Camille Claudel énumérant à son frère ses thèmes de recherche, évoque : « un arbre penché qui exprimera la destinée ».

Bibliothèque de la Faculté des sciences d'Orsay

Publication. - La Bibliothèque de la Faculté des sciences d'Orsay vient de publier le catalogue de ses périodiques 3 présentés dans l'ordre alphabétique des titres, des renvois ayant été faits des collectivités éditrices au titre proprement dit. Dans la notice explicative placée en tête du catalogue M. G. Garnier, conservateur en chef de la Bibliothèque, souligne que « le terme « périodique » a été pris ici dans son sens le plus large de publication collective paraissant à intervalles plus ou moins réguliers pendant une durée indéterminée ».

Pour chacun d'eux ont été indiqués le lieu d'édition, la cote à la bibliothèque, l'état de la collection et, éventuellement, les titres successifs.

Bibliothèques municipales.

Bordeaux (Gironde).

Exposition : Sur une génération perdue. - La Bibliothèque municipale a participé, par le prêt de livres, à l'exposition « Sur une génération perdue », consacrée aux écrivains bordelais et girondins du début du siècle : François Mauriac, Jean Balde, André Lafon, Jean de La Ville de Mirmont, André Lamandé, Jacques Rivière, Émile Despax... Cette manifestation qui se tenait dans la maison de l'O.R.T.F. a été inaugurée par M. Delaunay, préfet d'Aquitaine, le 17 novembre. Elle est restée ouverte jusqu'au 10 décembre.

Cambrai (Nord).

La 5e Réunion annuelle des bibliothécaires du Nord a eu lieu le 6 octobre dernier. Elle avait pour cadre cette année la Bibliothèque municipale de Cambrai. M. l'Inspecteur général Caillet présidait cette réunion à laquelle assistèrent : Mme Duhamel (Douai) et Mme Berthe (Roubaix), Mlles Crombez (Lille), Vergriete (Bergues), MM. Lefrancq (Valenciennes), Pieters (Dunkerque), Harotte (Metz), Bouvy (Cambrai).

La journée débuta par une visite des différentes sections de la Bibliothèque de Cambrai : salle de lecture, section de prêt de livres et de disques, section enfantine. Les participants s'intéressèrent en particulier au service de prêt de disques qui fonctionne depuis un an dans de bonnes conditions.

Au programme figurait ensuite le compte rendu par M. Bouvy d'un voyage d'études en Allemagne occidentale pendant lequel il eut l'occasion de visiter d'excellentes réalisations dans le domaine des bibliothèques publiques fixes et circulantes, en particulier à Hambourg, Lübeck, dans le Schleswig-Holstein et à Berlin.

Les participants furent reçus ensuite à l'Hôtel de ville par M. Gernez, député-maire, et Mme Gernez qu'entouraient des représentants de la municipalité. M. le Député-Maire et son épouse honorèrent de leur présence le repas amical qui suivit.

La séance de travail de l'après-midi fut consacrée à un échange de vues sur les problèmes pratiques que pose la reproduction des manuscrits et ouvrages précieux sous la forme de microfilms et de photographies réalisés à l'intention des chercheurs français et étrangers. Les règles très différentes en usage dans les différentes bibliothèques furent confrontées. Le problème des rapports - dans ce domaine précis - entre les bibliothèques et la Bibliothèque nationale, l'Institut de recherche et d'histoire des textes et le Centre national de la recherche scientifique, fut examiné ainsi que diverses questions concernant le prêt inter-bibliothèques et le prêt international, la règle principale devant être pour le bibliothécaire de favoriser au maximum la recherche tout en veillant le plus possible à la préservation matérielle des fonds qui lui sont confiés.

Charleville (Ardennes).

Sous-commissions du comité consultatif de la Bibliothèque. - Une intéressante expérience de répartition des tâches est faite au sein du comité consultatif de la Bibliothèque.

Afin de rendre son rôle plus vivant et plus efficace, des sous-commissions ont été créées dans son sein, chacune d'elles ayant pour mission d'établir une liste de livres intéressant sa spécialité.

Ces sous-commissions, dont le rôle est, toutes proportions gardées, analogue à celui des « pré-commissions » qui fonctionnent auprès de certaines bibliothèques universitaires, sont au nombre de 6 : littérature; romans; sciences et technique; politique et actualité; histoire, géographie, sociologie, beaux-arts; bibliothèque enfantine. Les membres du comité y sont répartis suivant leur formation et leurs goûts sous la présidence de celui d'entre eux qui est apparu, dans chacune des disciplines intéressées, comme particulièrement qualifié. Le bibliothécaire fait de droit partie de toutes ces sous-commissions.

Les réunions plénières sont essentiellement consacrées à l'étude des problèmes généraux qui se posent pour la Bibliothèque.

Cette expérience, inaugurée en octobre 1963, donne d'excellents résultats quant à l'assiduité des membres et à l'intérêt de leurs travaux.

Chartres (Eure-et-Loir).

Exposition des dons de l'Association des amis de la Bibliothèque. - Du 9 novembre au 9 décembre 1965, dans la salle d'exposition de la Bibliothèque, les visiteurs ont pu admirer les plus beaux livres offerts par la Société des amis de la Bibliothèque qui célébrait le 20e anniversaire de sa fondation.

Parmi les livres exposés, on pouvait noter : un livre d'heures à l'usage de Chartres, imprimé par Thielmann Kerver en 1556, à la belle reliure mosaïquée du XVIe siècle. Les premières œuvres de Philippe Desportes éditées en 1587 par Le Mangnier avec une reliure d'époque en velin doré. Le Discours de Poliphile par Colonna, première édition française de 1546 illustrée par Jean Cousin ou Jean Goujon. Entrée triomphante de leurs Majestés le Roi Louis XIV et la Reine Marie-Thérèse d'Autriche à Paris en 1662. Un recueil de 192 gravures en couleurs éditées entre 1728 et 1792, par le graveur Sergent Marceau, beau-frère du Général Marceau.

Pour marquer plus spécialement ce 20e anniversaire, les amis de la Bibliothèque offrirent à celle-ci un manuscrit inédit de Dom Jean Liron : Nouveau catalogue des Evesques de Chartres, rectifié sur les anciens monuments (1736).

Laon (Aisne).

Exposition : La Découverte de l'Amérique. - La Bibliothèque de Laon a consacré son exposition de novembre à « la découverte de l'Amérique ». Après une courte vue sur le monde sans l'Amérique (mappemonde de manuscrit du IXe siècle, et cartes d'incunables) le visiteur pouvait admirer les mystérieux voyages des Irlandais avec Saint Brendan et des Scandinaves avec Erik le rouge. Les voyages de Christophe Colomb et de ses successeurs sont illustrés par les cosmographes Munster, Thévet, Mercator, Ortelius, Blaeu. Trois pionniers, nés dans l'Aisne, sont à l'honneur : Marc Lescarbot de Vervins, le Père Marquette de Laon, le Père de Charlevoix de Saint-Quentin. On peut également admirer les expéditions scientifiques de Carreri, Frézier, Bouguer et La Condamine, Duguay-Trouin, Bougainvillé, Kerguelen, La Pérouse et Cook dans les œuvres d'époque appartenant toutes à la Bibliothèque.

Quelques vitrines sont consacrées à l'indépendance des États-Unis avec des autographes de Washington et La Fayette.

Louviers (Eure).

Exposition : quelques aspects de la vie au Moyen âge. - A partir d'une exposition circulante organisée par l'Association des amis des affaires culturelles de Haute-Normandie, étaient présentés au Musée de Louviers quelques « Aspects de la vie au Moyen âge » qui firent appel aux pièces les plus caractéristiques, parmi les plus précieuses, des bibliothèques, musées et archives de l'Eure et de la Seine-Maritime, tout particulièrement aux collections d'ouvrages, objets et documents de la Bibliothèque et du Musée de Louviers. Parmi ceux-ci se rangeaient au premier rang la plupart des manuscrits de la Bibliothèque municipale antérieurs au XVIe siècle.

Un montage audio-visuel (bande magnétique et diapositives) de trente-cinq minutes environ introduisait à la visite de l'exposition, insistant plus particulièrement sur les manuscrits, les incunables et l'art de la reliure.

Il est à noter que l'entrée, comme le catalogue 4, étaient gratuits.

Nantes (Loire-Atlantique).

Exposition Dante. - Du 15 octobre au 15 novembre 1965 une exposition commémorative du VIIe centenaire de la naissance de Dante a été réalisée à la Bibliothèque municipale, sous le patronage du Comité nantais de la Société Dante Alighieri.

Autour d'une édition de 1502 de La Divine Comédie, due à Alde Manuce, appartenant à la Bibliothèque de Nantes, et du tableau d'Ingres, Francesca et Paolo, prêté par le Musée de la ville d'Angers, une suite de dessins à la plume faisait valoir un essai d'illustration de l'œuvre de Dante par une artiste nantaise contemporaine, Renée Leclerc-Dilhuydy.

Dans les vitrines des objets d'art italiens, provenant de collections particulières ou confiés par des antiquaires, ainsi qu'une sélection des plus intéressants autographes italiens de la collection Labouchère de la Bibliothèque, de Goldoni à Robert d'Anjou en passant par l'Aretin, les Borgia et les Médicis, permettaient aux visiteurs une découverte de l'Italie avant que ne leur soient présentées les différentes éditions illustrées de Dante, de Gustave Doré à Dali.

Une place d'honneur avait été réservée aux traducteurs bretons du poète : Brizeux et La Mennais.

Pendant la durée de l'exposition une série de conférences sur Dante fut donnée à la Bibliothèque municipale, et dans le cadre même de l'exposition, par Mlle Batard, professeur à la Faculté des lettres de Rennes, M. Lebatteux, assistant à la Faculté des lettres de Nantes, M. Luc Benoist, conservateur honoraire des musées de France, ainsi que M. Le Mappian, avocat au barreau de Nantes.

M. Georgi-Alberti, attaché culturel près l'Ambassade d'Italie, à Paris, et M. Bardi, consul d'Italie à Nantes, avaient bien voulu présider au vernissage de cette exposition 5.

Périgueux (Dordogne).

Inauguration des nouveaux aménagements. - Les nouveaux aménagements de la Bibliothèque municipale ont été officiellement inaugurés, le vendredi 9 juillet 1965, par M. Lucien Barrière, maire de Périgueux, et M. André Masson, inspecteur général des bibliothèques, en présence de M. Dominé, sous-préfet chargé des affaires économiques, représentant M. le Préfet de la Dordogne. Outre les membres du Comité consultatif de la Bibliothèque, plusieurs personnalités, au nombre desquelles Mme Simone André-Maurois, assistaient à cette cérémonie. C'est après la visite des locaux et au cours du traditionnel vin d'honneur que des allocutions furent prononcées par M. le Maire, M. Dominé et M. Masson.

Parlant au nom de M. Dennery, directeur des bibliothèques et de la lecture publique, M. Masson se félicita de l'heureuse décision prise par la Municipalité de Périgueux de transformer et de moderniser sa Bibliothèque, de la doter d'une section de prêt accueillante et organisée de manière fonctionnelle, soulignant que l'effort accompli allait dans le sens préconisé par la Direction des bibliothèques. Il rendit ensuite hommage à Mme de La Motte, qui fut pendant plus de trente ans conservateur de la Bibliothèque municipale, pour tous les efforts qu'elle déploya en faveur de la lecture publique.

La nécessité d'aménager les locaux de la Bibliothèque s'imposait depuis longtemps déjà. Rien d'important, en effet, n'avait été entrepris pour adapter aux exigences d'un service moderne un édifice construit à la fin du siècle dernier. Le bâtiment que la ville de Périgueux avait fait élever, en 1898, à l'angle du Cours Tourny et de la rue Saint-Front, se composait d'un vestibule donnant accès à la salle de lecture, assez vaste et de forme octogonale. Cinq autres salles, faisant suite à un petit bureau d'entrée, étaient destinées à servir de magasins à livres. Elles n'avaient ni fenêtre, ni porte ouvrant sur l'extérieur et elles étaient éclairées exclusivement par des plafonds vitrés. Des rayonnages les équipaient sur toute leur hauteur et deux étages de galeries de fonte munies de rampes permettaient d'atteindre les tablettes supérieures.

Dès 1932, Mme de La Motte avait organisé une petite section de prêt dans les deux magasins les plus proches de l'entrée, mais cette installation dans un local mal adapté comportait de nombreux inconvénients : l'aération naturelle et l'éclairage y étaient insuffisants; la chaleur qui régnait en été, sous la verrière, rendait le séjour dans ces pièces fort pénible; l'aspect des salles, étroites et hautes, étaient assez rébarbatif... Mais cette création répondait si bien à l'attente du public que le nombre des lecteurs, et, par suite, de celui des prêts ne cessèrent d'augmenter d'année en année. Il fallut offrir aux abonnés un choix d'ouvrages plus vaste. Les rayonnages muraux ne suffirent plus et des épis furent installés au milieu des salles, faisant écran et interdisant tout contrôle des allées et venues des lecteurs par le personnel.

Dans les magasins, la situation créée par l'encombrement des rayonnages n'était pas moins critique. Les collections qui se chiffraient, en 1900, à 30 000 volumes, avaient atteint, l'an dernier, 120000 volumes. On tenta de trouver des remèdes en doublant les rangées de livres sur les rayons, en entreposant au sous-sol les ouvrages les moins consultés et les périodiques. Mais ces solutions, nullement satisfaisantes, ne pouvaient être considérées que comme des palliatifs. Très inquiétantes également étaient les conditions de conservation des ouvrages anciens. En été, sous la double verrière, la chaleur était intense et les volumes emmagasinés aux galeries supérieures étaient exposés à la lumière directe et au soleil. Leurs reliures, desséchées, décolorées, subissaient là de graves et irréparables dommages. L'entassement des livres, la chaleur, étaient propices à la propagation des insectes. Il fallut, de 1954 à 1957 faire face à une véritable menace de destruction des collections anciennes. Seul, un traitement énergique, appliqué à des milliers de volumes, permit de gagner la lutte de vitesse engagée contre les vrillettes.

Cette installation ancienne présentait bien d'autres inconvénients : l'insuffisance du mode de chauffage, assuré par des poêles à charbon (seules les salles publiques en étaient pourvues), le mauvais état de la toiture et son absence d'étanchéité.

La Municipalité ayant accepté, en 1956, le principe du réaménagement, le Service technique de la Direction des bibliothèques examina les possibilités qui s'offraient dans le cadre existant et proposa un programme comportant la création d'un étage normalisé de rayonnages dans la partie supérieure des salles. La ville confirma son acceptation de principe et un plan fut alors établi par l'architecte, M. Lafaye. Seules des difficultés de financement retardèrent jusqu'en 1963 l'exécution des travaux. Dès que les adjudications eurent été lancées, des dispositions furent prises pour assurer le fonctionnement de la Bibliothèque et des salles de prêt et de lecture furent provisoirement aménagées dans la partie des locaux restée disponible.

Le programme, réalisé avec l'aide financière de la Direction des bibliothèques, a comporté : la suppression des galeries et des rayonnages muraux ainsi que la percée de trois fenêtres figurant dans la façade, rue Saint-Front; la construction, au niveau de la 2e galerie, d'un plafond en béton; la transformation, par l'évidement d'un mur de séparation, des deux magasins proches de l'entrée, en une seule salle de prêt à domicile, vaste et bien éclairée; l'aménagement intérieur de cette salle et son équipement mobilier au moyen de rayonnages muraux et d'épis de livres disposés en éventail, face au bureau de prêt. Cette implantation permet un bon contrôle de l'entrée et des allées et venues des lecteurs; à l'étage créé par la construction du plafond, l'aménagement d'un magasin à livres d'une capacité supérieure à celle des anciens rayonnages. Ce magasin, dont la verrière a été remplacée par un plafond plein, jouit d'un éclairage naturel satisfaisant grâce aux fenêtres ouvertes sur la cour; l'installation du chauffage central, celle d'un monte-livres, la pose, dans les salles publiques, d'un revêtement de sol en dalles plastiques, la construction d'un vestiaire, de lavabos...

Cet ensemble de travaux fut complété par une remise en état, effectuée par les ouvriers des ateliers municipaux, du vestibule et de la salle de lecture.

Terminée à la fin de 1964, la salle de prêt fut aussitôt ouverte au public. Les autres aménagements et les finitions se poursuivirent au cours des premiers mois de cette année. Lors de l'inauguration, seuls les rayonnages métalliques destinés à l'équipement du magasin manquaient encore. Leur livraison très prochaine marquera la fin des travaux.

Certes, tous les problèmes n'ont pas été réglés par les transformations effectuées : celui de la lecture des jeunes en particulier, car, si les dimensions de la salle de prêt ont permis de réserver aux enfants un « coin » avec quelques tablettes de livres choisis à leur intention, cette section se révèle déjà insuffisante. La création d'une véritable bibliothèque enfantine pourrait seule apporter une solution satisfaisante. Quant au nouveau magasin, dont la capacité n'est pas très supérieure à celle de anciens rayonnages, il sera presque entièrement occupé après le reclassement des collections actuellement déposées au Musée. De nouvelles possibilités d'extension devront dont être étudiées dans un avenir assez proche.

Mais du moins, les travaux effectués ont-ils résolu d'une manière élégante et efficace les problèmes les plus urgents. Le public se montre très satisfait et déjà la fréquentation du service de prêt a accusé une progression encourageante.

Denise Robin

Troyes (Aube).

Exposition d'ex-libris. - Un collectionneur de Troyes, M. Charles Favet, lui-même graveur, a confié à la Bibliothèque municipale une grande partie de ses ex-libris pour une exposition qui s'y est tenue du 15 au 25 novembre.

Ainsi furent présentées quelque 400 gravures (bois gravés, cuivres et linogravures) des pays les plus divers, quelques-unes des XVIIIe et XIXe siècles, mais la plupart de facture moderne.

Les plus étonnants : ceux des cosmonautes russes. Les plus fins : ceux des Japonais, sur beau papier, en plusieurs couleurs, simples, soutenant la réputation des estampes japonaises du XVIIIe siècle. Les plus Champenois : ceux de Charles Favet qui a fait celui de la reine d'Angleterre.

Phonothèque nationale.

Une cérémonie, suivie d'une réception animée, a eu lieu le 4 novembre à la Phonothèque nationale. Ce jour-là, Darius Milhaud, dont on fêtait le retour, fut chargé, en tant que président de la Société des amis de la Phonothèque nationale, de remettre un instrument de musique mécanique ancien à la Phonothèque.

M. Décollogne, directeur de la Phonothèque nationale, après avoir rendu hommage à M. Roger Dévigne, disparu tout récemment, qui fonda la Phonothèque en 1938 et la dirigea jusqu'en 1953, évoqua sa propre expérience de directeur depuis onze ans et la croissance rapide de cette institution, son enrichissement en disques et en appareils.

  1. (retour)↑  BIBLIOTHÈQUE NATIONALE. Paris. - Quelque ancêtres du surréalisme. Deux cents gravures de Raphaël à Redon. [Préf. par Étienne Dennery. Introd. de Jean Adhémar.] -Paris, Société Saint-Quentinoise d'imprimerie, 1965. - 20,5 cm, IV-39 p., ill., couv. ill.
  2. (retour)↑  UNIVERSITÉ DE PARIS. Bibliothèque littéraire Jacques Doucet. - Paul Claudel. Premières œuvres. 1886-190I... Préf. de François Mauriac. 29 novembre-23 décembre 1965. (Catalogue par François Chapon.) - Paris, Impr. Union, 1965. - 27 cm, 67 p., front., fac-sim.
  3. (retour)↑  BIBLIOTHÈQUE DE LA FACULTÉ DES SCIENCES D'ORSAY. - Catalogue des périodiques dressé sous la direction de Gabriel Garnier,... par Marguerite Bohl... Préf. duProfesseur Raoul Michel May. -Paris, Person, 1965. - 2I cm, 224 p.
  4. (retour)↑  MUSÉE MUNICIPAL. Louviers. - Aspects de la vie au Moyen âge. Novembre 1965. - Louviers, Musée municipal, 1965. - 27 cm, 20 p., multigr.
  5. (retour)↑  Catalogue de l'exposition : SOCIÉTÉ DANTE ALIGHIERI. Nantes. - VIIe centenaire de la naissance de Dante. 1265-1965. Exposition commémorative. Bibliothèque municipale de Nantes, 15 Oct.-15 nov. 1965. [Préf. par Bernard Lerat.] - [Nantes, Société Dante Alighieri, 1965.] - 27 cm, 25 f., multigr., couv. ill.