Journées d'étude des bibliothécaires du Sud-Est

Ces journées ont groupé à Annecy, sous la présidence de M. Laurent, des bibliothécaires d'Aix-en-Provence, Annecy, Arles, Avignon, Chambéry, Grenoble, Le Puy, Lyon, Marseille et Saint-Étienne. Était invité M. l'Inspecteur général Caillet, qui a regretté de ne pouvoir venir.

Le samedi 12 juin 1965 commence par une séance de travail de 16 à 19 heures au château d'Annecy. Ont été approuvés à la majorité des voix des membres présents le principe de la publication d'un bulletin multigraphié annuel de liaison édité par MM. Vaillant et Rocher avec l'aide de Mlle Cotton; celui de réunions annuelles communes aux bibliothécaires et aux conservateurs de musées du Sud-Est, mais avec séances de travail complètement séparées, M. Laurent étant chargé de consulter à ce sujet les conservateurs de musées; celui enfin de réunir en juin 1966 l'Association des bibliothécaires du Sud-Est à Arles. Il est décidé d'autre part de limiter ladite association aux bibliothécaires des bibliothèques publiques du Sud-Est fonctionnant à temps complet.

M. Vaillant rend compte ensuite de deux enquêtes qu'il a faites, conformément au vœu de certains collègues réunis en 1964 à Carpentras, sur la situation du personnel communal des bibliothèques municipales. En tenant compte des réponses qu'il a reçues, il propose la formation d'un comité restreint de bibliothécaires municipaux du cadre communal et du cadre d'état, en liaison avec l'Association des bibliothécaires du Sud-Est, ayant pour mission d'informer les différentes associations locales sur les bibliothèques et d'enquêter largement auprès d'un grand nombre de bibliothèques municipales françaises, afin de savoir s'il y a un désir général de classement des bibliothèques municipales en tenant compte non seulement du fonds de livres, mais aussi de la population de la ville, et d'intervenir ensuite, si l'enquête est favorable, auprès de la Direction des bibliothèques. Après un débat sur les inconvénients et les avantages du classement, seul moyen, fait valoir M. Lecutiez, pour les bibliothécaires municipaux de 2e catégorie actuellement déclassés d'avoir des possibilités de carrière et de ne pas être complètement isolés en face de leurs municipalités, la proposition est approuvée, la constitution du comité étant confiée à M. Lecutiez. Il est précisé d'autre part que le rôle d'information devra consister surtout en visites organisées de bibliothèques.

M. Laurent retrace l'histoire de la bibliothèque d'Annecy installée à l'Hôtel de Ville. En 1959, lorsqu'il n'y a pas encore accès aux rayons, elle ne prête que 16 000 volumes par an. En 1962, avec le libre accès et l'établissement d'un catalogue-matières, elle en prête 50 ooo, et en 1964 : 65 ooo, après la création d'une section pour enfants. Ces résultats ont été obtenus en libérant un personnel peu nombreux qui a ainsi la possibilité de renseigner le lecteur. Dans l'avenir, M. Laurent se propose de mécaniser le prêt pour augmenter encore la possibilité de contact entre le bibliothécaire et le lecteur et aussi de faire construire une bibliothèque importante faite pour les besoins de la population d'une ville de 120 000 habitants. M. Laurent constate toutefois que, malgré le plus grand nombre de prêts, les nouveaux lecteurs sont essentiellement des personnes de moins de vingt-deux ans et que le nombre des emprunteurs adultes n'a pas augmenté. M. Lecutiez pense que ce phénomène peut très bien s'expliquer du fait qu'après vingt-deux ans le lecteur, n'ayant plus autant la nécessité de s'instruire, a moins besoin de livres. M. Laurent croit d'autre part que les besoins des adultes sont en partie satisfaits par le livre de poche qui se vend avec une nouvelle présentation dans de grands magasins en libre service aux dépens du petit libraire de province, qui a tendance à disparaître. M. Rocher estime que de nouveaux besoins pourraient être créés si le bibliothécaire assumait un rôle d'éducateur par des expositions de livres.

Le lendemain, dimanche 13 juin, commence par une séance de travail de 10 h à II h 45.

M. Rocher, qui avait, une semaine auparavant, adressé aux membres de l'association un rapport rédigé par M. Thoumieux sur les résultats d'une enquête, faite auprès de quelques collègues, sur le rôle et la formation des sous-bibliothécaires, demande aux membres présents de lui présenter, ainsi qu'à M. Thoumieux et à Mme Siraudin, les observations qu'ils auraient à faire à ce sujet.

Pour le rôle et la tâche des sous-bibliothécaires, M. Thoumieux, en réponse à Mlle Blanc, fait remarquer qu'à la Bibliothèque universitaire de Lyon les sous-bibliothécaires sont chargés de toutes les questions techniques, notamment dans le domaine des achats, des vérifications bibliographiques, de l'enregistrement, du catalogage et de la reliure. Mlle Senaud pense plutôt que, dans les bibliothèques universitaires, le rôle du sous-bibliothécaire devrait être celui d'un intermédiaire entre le bibliothécaire et le lecteur. M. Rocher précise que les sous-bibliothécaires assument une permanence dans les salles de lecture pour donner des renseignements aux lecteurs et reclasser les usuels. M. Vaillant estime que, dans les bibliothèques municipales, il faut distinguer la grande bibliothèque d'étude, où le sous-bibliothécaire pourrait avoir le rôle technique qu'il a à la bibliothèque universitaire de Lyon, et les annexes de quartier, où le sous-bibliothécaire est entièrement responsable des relations avec le public sans avoir le contrôle immédiat du bibliothécaire.

Pour la formation des sous-bibliothécaires, M. Rocher indique qu'à Lyon les cours sont répartis sur deux trimestres. Au premier, pour la formation de « tronc commun », l'enseignement se donne en partie à la Bibliothèque universitaire, en partie à la Bibliothèque municipale, à raison de 3 matinées par semaine. Au deuxième, la Bibliothèque universitaire prépare à l'option bibliothèques d'instituts et de laboratoires, et au concours de sous-bibliothécaires, la Bibliothèque municipale se réservant l'option de lecture publique et bibliothèque municipale. Sur la demande de M. Lecutiez, M. Thoumieux signale qu'à Lyon, avant le début des cours, est organisé un stage préalable de 15 jours - du 27 septembre au 8 octobre - pour sélectionner les candidats. Mme Siraudin indique qu'au concours de sous-bibliothécaires de 1965, sur II candidats présentés, 10 ont été admissibles et 9 reçus (I candidat ne s'étant pas présenté à l'oral). Par ailleurs, au Certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire, sur 17 candidats présentés, 14 candidats ont été admissibles et II reçus (I candidat ne s'étant pas présenté à l'oral). En réponse à M. Vaillant, qui souhaiterait des cours par correspondance pour les employés de bibliothèque, M. Rocher estime qu'il vaudrait mieux une formation dans chaque centre universitaire avec un personnel supplémentaire délégué par la Direction des bibliothèques. Pour les matières à enseigner, Mlle Blanc, Mme Gleizes et M. Sibertin-Blanc souhaiteraient que l'accent soit porté sur la technique du livre moderne, Mlle Senaud sur la bibliographie.

A l'issue de la réunion, une réception des bibliothécaires fut organisée à l'Hôtel de Ville. Après une promenade en vedette sur le lac, un repas amical eut lieu à Talloires. Le retour à Annecy se fit également en vedette et cette charmante journée, organisée par M. Laurent de façon à laisser à chacun une impression de repos et de liberté, s'est achevée par la visite au Château de la remarquable exposition qu'il a consacrée aux sculptures religieuses en Savoie.