La section de médecine de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Simone Schlumberger

Ouverte au public depuis un an, la section de médecine de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg est située dans le bloc central réservé par ailleurs aux services administratifs de la Faculté de médecine. Elle occupe, sur toute la longueur, le 1er et le 2e étages de ce bâtiment surmonté en outre de deux niveaux de magasins. Les locaux sont ici décrits en détail : salle des catalogues, salle de lecture et autres salles publiques, services intérieurs et magasins

La nouvelle Faculté de médecine de Strasbourg, dont la construction n'est pas encore totalement achevée à l'heure actuelle, s'élève dans un vaste triangle occupé autrefois par un magasin à fourrage, et situé derrière les Hospices civils, à proximité des quartiers pittoresques du vieux Strasbourg.

Cette nouvelle Faculté, œuvre de M. Hummel, architecte en chef des Bâtiments civils et palais nationaux, assisté de M. Kronenberger, architecte d'opération, et de MM. Burstin et Fischer, comprend un ensemble de bâtiments harmonieusement répartis : les amphithéâtres, bloc cubique relié par une galerie au long bâtiment administratif qui lui est perpendiculaire; au delà, un immeuble de dix étages dont le gros œuvre est terminé, et qui est destiné à abriter une partie des instituts et laboratoires de la Faculté. Les autres instituts seront installés dans un deuxième immeuble parallèle au premier qui sera édifié par la suite. Toutes ces constructions, dont l'ossature est en béton, présentent des façades extérieures en murs-rideaux; l'alternance des rangées de fenêtres et des panneaux de tôle émaillée verte ou de plaques de pierre blanche, en allège, contribue à l'élégance de l'aspect général. La Faculté disposera, quand tout sera achevé, d'un campus très moderne aux abords agrémentés de pelouses, de buissons et de massifs de fleurs.

I. - Caractéristiques générales et programme

Les locaux qui, à l'origine, avaient été prévus dans cet ensemble pour recevoir les collections d'ouvrages et de périodiques des instituts et des cliniques de la Faculté, furent attribués finalement à la Section de médecine de la Bibliothèque nationale et universitaire. Ce transfert offrit, entre autres, une solution partielle aux difficultés que rencontrait la Bibliothèque : manque de place dans ses magasins et impossibilité d'accueillir des effectifs d'étudiants en constante augmentation. A M. Schuller, administrateur de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, revient le mérite d'avoir mené à bien la création de cette Section.

C'est dans le bloc central, celui des services administratifs de la Faculté, que se trouvent les locaux qui sont destinés à cette bibliothèque spécialisée, et son incorporation à un bâtiment dont l'affectation principale lui est totalement étrangère n'est pas sans présenter quelques inconvénients. La Bibliothèque y occupe les premier et deuxième étages au-dessus de l'entre-sol, sur toute leur longueur. De part et d'autre de la salle des catalogues, située au centre de la Bibliothèque et servant de hall, on trouve, du côté est, la salle de lecture et sa vaste galerie correspondant à la hauteur de deux étages et surmontées d'un toit en terrasse; du côté ouest, au premier étage, la salle des professeurs, la salle des périodiques et les services intérieurs; au deuxième étage, des magasins et un réfectoire pour le personnel. Deux niveaux de magasins surélèvent cette partie de l'immeuble; ils sont masqués par un écran formé de claustra préfabriquées, en ciment, qui constitue un élément décoratif, tout en tamisant l'éclairage naturel des magasins. La Bibliothèque dispose pour l'ensemble de ses services d'une surface de 1 400 m2 et de trois niveaux de magasins de 700 m2 chacun. Elle peut donc accueillir 220 à 250 lecteurs dans ses salles et abriter plus de 300 ooo volumes, dont, dès maintenant les quelque 120 ooo volumes du fonds médical de la Bibliothèque nationale et universitaire. On accède à la Bibliothèque par l'entrée d'honneur de la Faculté, en empruntant soit l'escalier au fond à gauche, soit l'ascenseur largement vitré.

II. - Les salles publiques

Les lecteurs, après avoir franchi une des deux portes vitrées qui isolent la Bibliothèque du reste de la Faculté, pénètrent directement dans la salle des catalogues. Ils trouvent devant eux les fichiers du catalogue alphabétique-matières, sur leur droite le vestiaire, et en face du vestiaire, un peu en retrait, le catalogue alphabétique-auteurs. Ils peuvent s'adresser au bureau de renseignements, situé vis-à-vis de la porte vitrée de la salle de lecture, pour être informés des conditions d'accès à la bibliothèque et être orientés dans l'usage des catalogues ou des usuels de la salle. Le bureau de prêt, installé à gauche de l'entrée dans ce même hall, ne bénéficie malheureusement pas de l'éclairage naturel; il est relié directement aux magasins par un monte-charges pour les livres et un ascenseur. Il est bordé du côté gauche par un couloir étroit sur lequel donnent la salle des professeurs et la salle des périodiques, du côté droit par le couloir qui conduit aux services intérieurs.

La salle de lecture est séparée de celle des catalogues par une porte de verre à double battant s'inscrivant dans un encadrement vitré. Elle s'étend sur une surface de 600 m2. Un escalier, partant du milieu de la salle, permet d'accéder à une vaste galerie qui occupe environ les deux tiers de la surface de la salle (425 m2). Les parois nord et est sont formées, à partir d'une hauteur de 2,20 m, de grandes baies vitrées presque toutes fixes qui dispensent en abondance l'éclairage naturel nécessaire au travail des étudiants. Seul le nettoyage extérieur de ces baies, qui s'élèvent à quelque 12 mètres au-dessus du sol, pose un délicat problème. De la banque de surveillance, à gauche en entrant, on peut aisément avoir une vue d'ensemble de la salle. Les tables, recouvertes de skai vert amande, sont disposées parallèlement à cette banque, dans la partie la mieux éclairée et la plus haute de plafond de la salle (6,30 m); elles s'harmonisent, ainsi que les chaises de skai noir, avec le gris foncé de la moquette de nylon qui tapisse les murs sous les baies vitrées et la note vive du velours de nylon coq de roche des murs de la galerie et des colonnes de soutènement, réparties dans la salle. Une rangée de ces colonnes marque la limite de la partie surbaissée située sous la galerie. C'est là, dans un espace d'environ 150 m2, que sont placés les usuels, actuellement au nombre de deux mille, classés selon la classification Cunningham, et installés sur des rayonnages bas de chêne clair. On a réservé un emplacement pour la consultation des ouvrages de bibliographie, à proximité de ceux de référence. La galerie doit permettre la création de salles à secteurs spécialisés.

Des spots incorporés dans le plafond acoustique donnent l'éclairage artificiel. La salle est équipée d'une installation de climatisation et de radiateurs alimentés par la Centrale thermique des Hospices civils de Strasbourg, dont la Faculté de médecine est copropriétaire. Son sol, comme celui de tous les services de la Bibliothèque, est revêtu de dalles thermoplastiques gris jaspé. Les toilettes du public se trouvent au fond de la salle, ce qui rend la surveillance difficile et entraîne des allées et venues, mais les emplacements des installations sanitaires de la Bibliothèque ont été commandés par ceux du Secrétariat de la Faculté.

La salle des professeurs se trouve à gauche de l'entrée principale, toute proche du bureau de prêt. Ses murs sont équipés de rayonnages de bois dont la partie inférieure forme de petites armoires pour permettre aux professeurs, désireux de poursuivre des travaux de longue haleine, d'entreposer la série d'ouvrages dont ils ont besoin. Une dizaine de bureaux et de fauteuils confortables, dans les tons gris, en forment le mobilier. Au fond de la salle s'ouvre une porte de communication avec la salle des périodiques.

Cette dernière, qui peut accueillir une quarantaine de lecteurs, met à leur disposition, sur ses rayonnages de bois installés le long des murs, le fascicule le plus récent d'une partie des six cents périodiques médicaux que reçoit la Bibliothèque. On conserve les autres fascicules de l'année en cours, ainsi que les deux années antérieures, dans un magasin annexe de la salle. Les tables sont recouvertes de skai bordeaux et les chaises de skai vert olive. Les trois cabines de lecture de microfilms occupent un angle de cette salle; c'est là aussi que l'on peut consulter le catalogue collectif des périodiques des instituts et bibliothèques de la Faculté de médecine. Ce fichier ainsi que celui du catalogue collectif des ouvrages possédés par les différents services de la Faculté avaient été élaborés par la bibliothécaire chargée du Centre de documentation bibliographique de la Faculté de médecine, centre qui a cessé de fonctionner de manière autonome au moment de l'installation de la Section de médecine. Le catalogue collectif des ouvrages est placé dans la salle des catalogues. La salle des professeurs et celle des périodiques sont orientées au sud, ce qui présente, à cause de leur rangée ininterrompue de vitres, l'inconvénient de les rendre très chaudes en été. Toutes les fenêtres des côtés sud et ouest sont équipées intérieurement de stores antisolaires gris, manœuvrés à l'aide d'une petite manivelle et glissant le long de deux rainures de l'encadrement de bois. Elles peuvent pivoter complètement sur leur axe vertical central, de sorte que si l'on baisse les stores, ceux-ci forment, au-dehors, un écran absorbant les rayons du soleil. Les bureaux orientés au nord sont dépourvus de stores, aussi la lumière y est-elle parfois très crue. Le vitrage double (thermopane) de ces fenêtres, serti dans un cadre de bois revêtu extérieurement d'inox, assure une protection efficace contre le froid.

III. - Services intérieurs et magasins

Le secrétariat, dont la porte s'ouvre sur la salle des catalogues, est situé en face de l'entrée principale de la Bibliothèque; vient ensuite, vis-à-vis du bureau de prêt, le bureau de la bibliothécaire responsable du prêt entre les bibliothèques et de la réception des dépôts de thèses. Une porte, à droite du bureau de prêt, sépare la salle des catalogues du couloir desservant les autres bureaux, dont le premier est réservé à la bibliothécaire chargée de la direction de la section. Plus loin est installée une grande salle de manutention pour la préparation des trains de reliure, la confection des colis, l'étiquetage et l'estampillage des ouvrages. La porte de l'escalier qu'emprunte la bibliothécaire pour se rendre à son appartement est proche de cette salle et dans le même couloir; elle sert en même temps d'entrée de service. Tout au fond, un magasin d'attente occupe la façade ouest du bâtiment, et on y a ménagé deux carrels, destinés à certains travaux exceptionnels.

Les magasins comportent un premier niveau réservé aux périodiques, un deuxième aux ouvrages isolés et un troisième, aux thèses et aux doubles. Leur sol est formé d'une chape de ciment traitée avec un produit anti-poussière. Ils sont dotés d'installations sanitaires réservées au personnel et, en particulier, d'une douche.

La Section de médecine a ouvert ses portes le 12 octobre 1964 (heures d'ouverture : 12 h à 22 h, tous les jours sauf le samedi). Elle offre aux étudiants en médecine de Strasbourg (2 000 inscrits à la Faculté) et à leurs professeurs, dans un cadre agréable et des locaux spacieux, un bon ensemble d'instruments de travail. Ses collections, en particulier le précieux fonds ancien d'histoire de la médecine endommagé pendant la guerre et partiellement reconstitué depuis, sont accessibles à tous les lecteurs, aux mêmes conditions qu'elles l'étaient à la Bibliothèque nationale et universitaire. Un double des fiches des ouvrages médicaux est inséré au catalogue alphabétique-auteurs de la Centrale. Par ce catalogue collectif l'ensemble du public est informé de ce que possède la Section.

La Centrale et sa Section, juridiquement unies sous l'autorité de l'Administrateur, restent étroitement liées dans l'intérêt des divers services. Sont demeurés à la Centrale : le service du personnel, la comptabilité, les commandes, la reproduction des fiches, la photographie, etc... Une fourgonnette assure des relations rapides et constantes d'une maison à l'autre.

L'une des plus riches bibliothèques françaises de médecine s'est ainsi vue placée dans des conditions particulièrement efficaces de fonctionnement et d'utilisation pour le plus grand profit de la recherche et des études médicales.