Chronique des bibliothèques
Bibliothèque nationale.
Exposition : les architectes visionnaires
L'exposition des « Architectes visionnaires de la fin du XVIIIe siècle », qui s'est ouverte le 10 novembre 1964 à la Bibliothèque nationale, se proposait de présenter trois architectes exceptionnels, Boullée (1728-1799), Ledoux (1736-1806) et Lequeu (1758-1825), qui firent partie d'un vaste mouvement de l'architecture vers la simplicité des formes et la recherche de l'expression.
La plupart des pièces provenaient du Cabinet des estampes. Boullée était représenté par ses très grands dessins; Ledoux par les gravures tirées de l'édition de son œuvre parue en 1804; Lequeu par des dessins en couleur d'un rendu très minutieux. Le musée Carnavalet avait prêté un beau portrait de Ledoux, un dessin de Boullée, et une maquette ancienne de l'une des barrières de Paris construites par Ledoux. De la bibliothèque de l'école des Beaux-Arts provenait un projet en vue du grand prix de Rome d'architecture de 1784 pour lequel l'atelier de collage du Cabinet des estampes a su réaliser une présentation très heureuse.
Les œuvres de Boullée ont été présentées sous quelques titres, notamment celui « d'architecture civique » et celui « d'architecture des ombres ». Architecture civique, parce que ces projets pour de grandioses monuments publics, dont une Bibliothèque nationale modèle, semblent attendre cette civilisation des masses qui est la nôtre. Architecture des ombres, l'expression est de Boullée lui-même, parce qu'elle utilise les oppositions d'ombre et de lumière provoquées par le jeu des masses simples.
Le choix fait dans l'œuvre de Ledoux a été présenté sous le titre de « la cité idéale ». En effet, il rêva toute sa vie de réaliser cette cité selon un urbanisme qui rejoint nos soucis les plus actuels.
La suite des dessins de Lequeu ne révèle pas un ordre particulier. Devant chacun nous sommes fascinés par la vision étrange de cet esprit placé à la rencontre de deux siècles.
Il ne fallait pas laisser croire que ces architectes furent des isolés. Dans les vitrines, des livres prouvaient le changement général du goût vers le milieu du siècle. Une série de gravures faisait voir l'influence du style dorique véritable, du style égyptien, du gothique « troubadour » et des chinoiseries sur la formation de la nouvelle architecture. D'autres démontraient à quel point les inventions des grands initiateurs se sont vite répandues dans les années précédant la Révolution.
Devant ces projets nous ne pouvons nous empêcher de penser que notre architecture contemporaine a failli naître beaucoup plus tôt. C'est ce qui a rendu la préparation de cette exposition si passionnante. Cette période a vu un bouleversement complet de la sensibilité. Le goût des plans lisses et des masses simples, quasi cubistes, remplaça celui du décor baroque. Mais en même temps l'attirance préromantique pour le lyrisme, la liberté d'imagination, préfigurait notre surréalisme. Ce sont là les fécondes contradictions d'une époque qui n'a pas fini de nous fasciner.
Bibliothèques universitaires.
Marseille (Bouches-du-Rhône).
Faculté de médecine et de pharmacie. - La Faculté de médecine et de pharmacie de Marseille a fait l'objet d'un article 1 dans une monographie consacrée à l'infrastructure sanitaire et médicale des Bouches-du-Rhône. Mlle Colette Perrin, conservateur de la bibliothèque de la Section médecine-pharmacie, rappelle dans cet article la vocation médicale de Marseille et le prestige de l'école marseillaise dès l'Antiquité, et retrace l'historique des Facultés de médecine et de pharmacie réunies en 1958 en une même Faculté dont elle dépeint la vitalité et le rayonnement actuels.
Bibliothèques municipales.
Brest (Finistère).
Exposition Charles Péguy 1873-1914. - A l'occasion du 50e anniversaire de la mort de Péguy, la Bibliothèque municipale, grâce à un prêt généreux du Dr Rousse, a présenté dans ses vitrines les principales œuvres de cet auteur.
Tout d'abord, Péguy était présenté dans son cadre d'enfance et de maturité avec les textes que ces lieux lui ont inspirés, puis les œuvres elles-mêmes : Jeanne d'Arc, Marcel, à l'époque où Péguy signait Pierre Baudouin, et les Cahiers de la Quinzaine que nous avons pu rassembler et ouvrir aux pages que nous avons cru être les plus révélatrices de la pensée de cet auteur.
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Installation de l'Heure Joyeuse clermontoise dans un nouveau local. - Créée en 1960, et installée dans la même salle que la Section de prêt pour adultes, l'Heure Joyeuse vit son accroissement se limiter en raison du manque de place. Aussi, au bout de 2 ans, le problème d'un local plus grand et indépendant se posa de façon urgente. La Ville de Clermont fit attribuer à l'Heure Joyeuse un fonds de commerce (café-restaurant) situé au rez-de-chaussée d'un des immeubles qu'elle possède, place de Jaude.
Après les travaux qui firent disparaître toute trace de l'ancienne activité, l'Heure Joyeuse emménagea cet été. La Bibliothèque, d'une superficie de 100 m2, est composée de 2 salles, l'une réservée aux documentaires, l'autre aux romans. Des rayonnages de bois vernis, du mobilier moderne complètent l'ensemble. Son fonds est actuellement de 4 000 volumes, tous reliés de couleur claire.
C'est le 16 novembre que Mr le Sénateur-Maire y reçut les directeurs d'école et la presse pour leur faire connaître cette réalisation.
En raison de l'emplacement, au centre de la cité, l'Heure Joyeuse voit chaque semaine s'accroître le nombre de ses lecteurs; les instituteurs envoient leurs élèves à la Bibliothèque et certains doivent y conduire leurs classes; les jeunes prennent l'habitude de venir travailler sur place et compléter, grâce aux ouvrages mis à leur disposition, leur documentation.
De plus des tracts seront distribués très prochainement aux enfants dans les écoles, indiquant l'existence de la Bibliothèque et donnant des précisions d'horaires.
Laon (Aisne).
Exposition : La Médecine et les médecins. - Cette exposition s'est tenue à la Bibliothèque municipale du 7 au 22 novembre 1964. Les visiteurs nombreux ont pu admirer des manuscrits médicaux provenant de la Cathédrale de Laon, du IXe au XIVe siècle, avec des œuvres d'Hippocrate, Galien, Avicenne, Arnaud de Villeneuve, etc..., en particulier on a admiré le Traité des maladies des femmes de Trotula, cette femme médecin de Salerne. Une vitrine était consacrée au psychiatre Guillaume D'Harcigny, ce Laonnais médecin de Charles VI. On pouvait voir dans les incunables un homme zodiaque, et la mandragore dans un bel « Arbolayre » ; plus tard apparaissent les belles éditions médicales de Simon de Colines, les œuvres d'Ambroise Paré, des éditions italiennes d'Aldrovandi; les cours d'anatomie de Riolan, les travaux d'Harvey, les opérations de Dionis au Jardin du Roi. Les articles de l'Académie des sciences et de l'Académie de chirurgie étaient ouverts sur les belles planches de ces œuvres et chacun de ces articles était accompagné d'un autographe de ces médecins encyclopédistes : Gigot de la Peyronie, Louis Lemonnier, Vicq d'Azyr, Lassone, etc... Un vase à thériaque de la chartreuse du Val-Saint-Pierre était exposé. Les travaux de Laennec, Bichat étaient également à l'honneur. L'exposition se terminait sur une note humoristique avec les caricatures de Daumier et Gavarni dans le Charivari.
Lourdes (Hautes-Pyrénées).
La nouvelle bibliothèque municipale. - Le 2 avril 1963 était ouverte, au 2e étage de l'Hôtel de ville, dans un petit local modestement aménagé, la première Bibliothèque municipale de Lourdes. Elle voyait le jour dans des conditions assez précaires, mais l'essentiel n'était-il pas qu'elle fût créée ?
Malgré des conditions d'exploitation assez difficiles, 7 250 sorties de volumes furent enregistrées au cours de la première année de fonctionnement. La preuve était faite de la nécessité de la bibliothèque et de l'intérêt qu'elle trouvait auprès du public. Voilà pourquoi le Conseil municipal s'attacha à trouver un local plus accessible et dont l'exiguité ne limiterait pas le développement.
La partie sud du Palais de justice situé au centre de la ville se trouvant disponible, il fut décidé d'affecter ces locaux à la Bibliothèque municipale. Il fallait effectuer d'importants travaux de réfection et d'aménagement. Ce fut chose faite, et le 23 septembre 1964 la Bibliothèque municipale pouvait accueillir le public dans ses nouveaux locaux.
La pensée majeure qui a présidé à cet aménagement a été de créer une atmosphère accueillante : une grande salle aux murs d'un blanc coupé, au plafond très élevé, d'un gris clair et auquel s'accrochent 8 blocs d'éclairage, 4 hautes fenêtres qui permettent une vue agréable sur le jardin public, l'entrée principale étant d'ailleurs située sur ce jardin; contre les murs, des rayonnages mobiles, de couleur également claire, des plantes vertes, tel est l'aspect de la salle principale. Les locaux sont complétés par une petite salle aux parois de verre, où les abonnés désirant travailler sur place peuvent s'isoler en toute tranquillité, et enfin le bureau du bibliothécaire, également aux cloisons de bois et de verre.
Pour le moment, la Bibliothèque municipale ne possède que 3 000 volumes, dont 1 107 ont été consultés au cours du mois d'octobre. Il y a lieu maintenant d'assurer son développement, et pour cela la Municipalité est disposée à faire un effort.
Metz (Moselle).
Nouvelle bibliothèque de quartier. - Le 24 octobre 1964 a été inaugurée par Mr le Député-Maire de Metz la deuxième annexe de la Bibliothèque municipale dans le quartier du Sablon.
Comme la première annexe, ouverte en 196I dans le Centre socio-culturel du quartier de Magny, cette deuxième annexe est intégrée dans le nouveau centre culturel d'un quartier, celui du Sablon.
Les quartiers périphériques de Metz étant actuellement dotés, les uns après les autres, de tels centres, la ligne de conduite de la Bibliothèque municipale est toute tracée : prendre pied dans chacun d'eux.
Dans l'application cependant, chaque cas présente des différences. Ces centres sont, en effet, édifiés sur l'initiative d'associations privées, familiales ou culturelles, avec les apports financiers de différents organismes, dont en premier lieu la Municipalité. Si, dans chaque cas, une bibliothèque est souhaitée tant pour les enfants que pour les adultes par les responsables des associations de quartiers, sur les quatre centres édifiés depuis 196I la Bibliothèque municipale ne dispose présentement que de deux annexes réelles (pièce indépendante, mobilier et personnel de la Bibliothèque). Ailleurs il s'agit de dépôts pris en charge par les membres de l'association du quartier; dépôts vivants, puisque le plus ancien, celui de La Patrotte, compte 2 000 ouvrages.
C'est dans la dernière création du Sablon que la symbiose entre le Centre et la Bibliothèque est la mieux réussie; l'équipe des animateurs culturels du Centre comprend un bibliothécaire et il est prévu que toutes les activités trouveront à la bibliothèque une documentation et un prolongement.
Mulhouse (Haut-Rhin).
Exposition des gravures et lithographies de Jean Bersier. - Poursuivant la présentation des grandes œuvres de la gravure contemporaine, la Bibliothèque municipale de Mulhouse, après les expositions consacrées à Steinlen, Maximilien Luce, Maurice Achener, à la gravure italienne, a ouvert le 7 novembre dernier une rétrospective de l'œuvre de Jean-Eugène Bersier réalisée en collaboration avec la Société Godefroy Engelmann de Mulhouse 2. L'inauguration officielle a eu lieu sous la présidence de Mr Émile Muller, maire de la ville de Mulhouse, du maire de la ville de Belfort et de nombreuses personnalités mulhousiennes et belfortaines. Jean Bersier lui-même était présent à cette manifestation à la réalisation de laquelle il avait participé en choisissant la plupart des planches présentées, Groupant une soixantaine d'eaux-fortes, de pointes sèches et de lithographies. des livres illustrés, des gravures de circonstance (ex-libris, cartes de vœux, menus pour la présidence de la République), l'exposition a mis aussi en valeur la contribution de Bersier à l'histoire de l'art (études sur l'histoire de la gravure, sur la lithographie, sur Daumier, sur Goya, sur la peinture hollandaise) et a présenté quelques cuivres gravés et les outils de l'artiste.
Rennes (Ille-et-Vilaine).
Exposition : Les Arts graphiques. - A l'occasion du 44e Congrès du Syndicat national des cadres et maîtrises du livre, la Section d'Ille-et-Vilaine a organisé dans les locaux de la Bibliothèque municipale une exposition sur les arts graphiques. Une partie rétrospective présentait manuscrits, incunables, beaux-livres du XVIe au xixe siècle, choisis dans la réserve de la Bibliothèque; grâce aux ressources de l'imprimerie Oberthur, de nombreuses reproductions phototypiques (à l'échelle et agrandies) de différentes pages des pièces exposées en permettaient une connaissance plus complète.
Une autre partie, axée sur la technique, présentait l'évolution de l'imprimerie de Gutenberg à nos jours. Seules deux petites presses à bras étaient exposées; les machines contemporaines étaient présentées par des photographies et leur fonctionnement expliqué par des diagrammes en couleurs et lumineux; notamment les procédés de reproduction par offset, héliogravure, typo-indirecte (simultan).
Enfin les « procédés d'avenir », Monophoto et I.B.M., étaient présentés dans deux stands spéciaux par les techniciens de ces firmes.
De grands panneaux photographiques montraient l'activité d'un grand journal (Ouest-France) et d'une grande imprimerie de labeur (Oberthur).
Pendant la durée de l'exposition des techniciens de la maison Oberthur commentèrent les différentes sections.
Du 10 au 22 octobre, cette exposition a obtenu un vif succès et a été visitée par plusieurs milliers de personnes dont de nombreux groupes scolaires.
Tours (Indre-et-Loire).
Occupation, résistance, libération en Indre-et-Loire ou La Touraine pendant la deuxième guerre mondiale. - L'exposition La Touraine pendant la deuxième guerre mondiale a été inaugurée à la Bibliothèque municipale de Tours le 3 octobre 1964. Elle a été organisée sous l'égide du Comité départemental du Souvenir et du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale. Il n'y a dans le choix du sujet aucune originalité, nous l'avons simplement limité sur le plan local. L'exposition est divisée en deux parties :
La première partie, introductive et brève, traite de la guerre mondiale en général, et de la France et la guerre. Un panneau tente de définir par une citation de Hitler et 4 illustrations ce qu'était le national-socialisme. Suit une rapide chronologie de la deuxième guerre mondiale sur deux panneaux, puis un planisphère. Des photos illustrent les événements principaux mentionnés dans la chronologie. Un autre tableau chronologique sur la France et la guerre, des photos, des cartes et des livres et objets mettent en valeur ce que fut la guerre en France et la France libre, pour tous les événements localisables, qui ne peuvent pas se raccrocher à la Touraine.
La deuxième partie s'intitule « et voici ce que les Tourangeaux vécurent comme les autres Français de juin 1940 à 1945 ». Est rattaché à la Touraine non seulement ce qui a un caractère purement tourangeau : photos prises en Indre-et-Loire, ou photos de Tourangeaux, affiches imprimées en Indre-et-Loire, tracts, mais ce qui a été vu ou vécu, diffusé en Touraine, comme ailleurs en France. Après un panneau sur juin 1940, l'exposition traite de l'occupation et des événements dus à la présence ou à la volonté de l'occupant : restrictions à la liberté, propagande allemande, réquisition et rationnement, collaboration, bombardements, prisonniers de guerre, antisémitisme, massacres en masse, exécutions, otages, arrestation, déportation. Elle traite ensuite de la résistance : tout d'abord des risques, avec des détails sur le sort des résistants, fusillés, torturés, ou déportés, puis de la guerre de renseignements, des écrits clandestins, de la ligne de démarcation, des parachutages, des sabotages, des maquis, du Comité départemental de la libération, du départ des Allemands et de la libération.
A part les pièces fournies par le Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale, photos, reproductions photographiques de cartes, d'affiches, documents d'archives, nous avons fait appel à des prêteurs locaux. Ils ont été sollicités soit par Mr Vivier, correspondant du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale, soit par des représentants des Associations rassemblés au Comité départemental du Souvenir et dans les réunions préparatoires, soit par nous-même. Un appel a été fait en outre par voie de la presse. Cinquante-neuf prêteurs se sont manifestés dont seulement 5 collectivités (Archives départementales et municipales, Association des déportés, internés et familles d'Indre-et-Loire. Nouvelle République du Centre-Ouest, Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale). Les pièces exposées sont au nombre de 780 dont 300 photos, 125 pièces d'archives ou lettres, 112 journaux, tracts ou coupures de presse, 52 affiches, 67 livres et brochures, 35 cartes et plans, 19 aquarelles et gravures, 69 objets divers.
Parmi ces prêteurs figurent : Mr le Professeur Debré, membre de l'Institut, qui a mis à notre disposition une collection des Éditions de minuit clandestines, dont un volume en partie brûlé lors d'une perquisition, tout un lot de périodiques clandestins;
- Mr Jean Meunier, ancien Secrétaire d'État qui fut maire de Tours à la libération et président du C.D.L. et à qui nous devons les pièces concernant la guerre de renseignements et le Comité départemental de Libération, de même qu'un grand nombre de publications clandestines;
- Mr Jean Guillon ancien député, Mr Goupille, Mme de Poix, Mr le Chanoine Carlotti, Mr Renard et bien d'autres qui nous ont prêté ou transmis des pièces très émouvantes: messages de fusillés ou déportés (l'un d'eux est écrit sur une serviette de toilette), sabot ayant servi à identifier le corps d'un résistant tué par la Gestapo, objets dissimulés ou fabriqués par des déportés.
La documentation photographique est très abondante; une grande partie des photos exposées ont été prises en cachette pendant l'occupation, souvent par de très jeunes gens. Un bon tiers des photos exposées est tiré de la collection que possède le Dr Chauvin, sur le thème même de notre exposition.
Mr Vivier, préfet au moment de la Libération, correspondant départemental du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale, travaille depuis des années à l'histoire de la déportation et de la résistance en Indre-et-Loire. Il nous a donc fourni la documentation nécessaire à l'exposition et a établi des cartes concernant les bombardements, les parachutages, sabotages et maquis, et des victimes de la guerre en Indre-et-Loire; d'après les statistiques qu'il a fait paraître dans le Bulletin intérieur du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale, nous avons dressé des graphiques sur la déportation en Indre-et-Loire.
Nous avons bénéficié d'autre part du concours sans réserve de tous les journaux locaux qui ont fait la publicité nécessaire et de l'Inspection académique qui a envoyé les élèves des écoles.
L'exposition a été ouverte le dimanche. Elle a reçu II 700 visiteurs, 8 200 en semaine et 3 500 les 7 dimanches et jours fériés d'ouverture; i io classes et groupes l'ont visitée.
Traiter un sujet d'histoire contemporaine proche en l'abordant sur le plan local est délicat. Il n'est pas possible de citer des noms; certains faits doivent rester dans l'ombre, les passions sont encore vives, et il est plus difficile d'atteindre à l'objectivité pour les événements qui nous sont contemporains. Mais c'est la proximité du sujet dans le temps, le souvenir qu'ont les gens d'avoir vécu cette période historique qui expliquent l'intérêt suscité par ce sujet, aussi bien chez les jeunes visiteurs sensibilisés par leurs aînés, que dans l'ensemble de la population tourangelle : des visiteurs de tous les milieux se sont succédé surtout le dimanche.
Un autre élément positif est la rencontre, dans la préparation de l'exposition, de groupements et de personnes qui, unis pendant l'occupation, se sont divisés depuis, et qui ont retrouvé, dans cette évocation d'un passé proche, une certaine unité.
René Fillet
conservateur de la Bibliothèque municipale de Tours.