Journées d'étude des bibliothécaires du Sud-Est

Ces journées ont groupé des bibliothécaires d'Aix-en-Provence, Avignon, Carpentras, Grenoble, Le Puy, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Saint-Étienne et Villeurbanne. Elles devaient être honorées par la présence de Mr l'Inspecteur général Caillet qui n'a pu malheureusement y participer.

Était invité Mr Guillien, professeur à la Faculté de droit de Lyon.

Le samedi 6 juin commence par un intéressant exposé de Mr Dubled sur l'histoire de l'Inguimbertine. Il fait ensuite à ses collègues les honneurs de la Bibliothèque et des Musées dont il a la direction et leur montre les principaux monuments de la ville.

Puis, dans une première séance de travail de 18 à 20 heures, Mr Rocher ayant assisté aux récentes journées tenues à Tours, lit la réponse qu'il a rédigée en commun avec Mr Vaillant au questionnaire de l'Association des bibliothécaires français (A. B. F.), et demande l'avis de l'assemblée pour décider si le groupement doit rester une amicale ou devenir une section de l'A. B. F. Le premier point de vue a rallié la majorité des suffrages. Il a été décidé, d'autre part, que les convocations ne dépasseraient pas le nombre de 80 et seraient limitées aux bibliothécaires du Sud-Est, dans une région coïncidant avec celle choisie depuis de nombreuses années par les archivistes du Sud-Est.

Mr Rocher fait ensuite une communication sur l'application des divisions par sections aux bibliothèques universitaires.

Il signale quelques-uns des problèmes qu'elle soulève :
- l'aménagement matériel des sections du niveau chercheurs;
- le rôle des catalogues : les catalogues matières serviront-ils plutôt aux bibliothécaires qu'aux lecteurs? Convient-il de continuer à cataloguer ou faut-il utiliser le travail d'organismes spécialisés ?
- le choix des classifications : celle qui sert au classement sur les rayons ne doit pas nécessairement être identique à celle qui sert à la documentation.
- l'organisation du travail et la répartition des tâches entre services généraux et sections spécialisés;
- les rapports à établir, dans les salles de lecture, entre le personnel scientifique ou technique et le public, chercheurs ou étudiants;
- la collaboration à établir entre bibliothécaires responsables de sections et professeurs qui pourrait aller jusqu'à une forme de co-gestion.

Mr Pitangue, à propos de la communication de Mr Rocher, expose le fonctionnement des sections de bibliothèques dans chaque département des facultés de l'Université de Montpellier, les difficultés générales d'application de la C. D. U. et du recrutement des bibliothécaires scientifiques.

Mlle Robert fait remarquer qu'aucune classification n'est longtemps valable en sciences. Elle indique d'autre part qu'à l'INSA de Lyon, il y a une bibliothèque spécialisée par section, les achats étant décidés par les professeurs de chaque section avec le contrôle toutefois de la bibliothécaire de l'INSA pour éviter les doubles emplois.

Mr Rocher signale qu'il existe pour les achats à la bibliothèque universitaire de Lyon une précommission par faculté.

Le lendemain, dimanche 7 juin, commence par une séance de travail de 9 à II heures.

Mr Vaillant pose le problème de la difficulté du recrutement du personnel scientifique et technique des bibliothèques municipales depuis le reclassement indiciaire du personnel communal en date du 14 mars 1964. Ce problème se pose à la fois pour les bibliothécaires de seconde catégorie (indices nets 250-410) qui n'ont pas obtenu la nouvelle échelle indiciaire des chefs de bureau (indices nets vers 275-460) et pour les sous-bibliothécaires qui ne peuvent, comme les rédacteurs communaux et les sous-bibliothécaires d'état, passer chefs de section (indices nets 250-390 pour les rédacteurs et 315-390 pour les sous-bibliothécaires). Ce problème est aggravé par les horaires parfois plus chargés que dans l'État et par les délais deux fois plus longs pour passer d'employé de bibliothèque à sous-bibliothécaire (10 au lieu de 5 ans).

Pour remédier à cette situation, Mr Vaillant pense qu'il devrait y avoir une action concertée des bibliothécaires et sous-bibliothécaires municipaux pour obtenir par leurs syndicats de bénéficier des mêmes avantages que dans l'État.

Mme Guillien estime qu'il faudrait non seulement améliorer la situation du personnel mais étudier l'élaboration d'un statut des bibliothèques municipales, statut qui n'existe pas encore.

Mlle Simon pose à propos du recrutement la question de la formation et fait valoir la difficulté de préparer des stagiaires au C. A. F. B. avec les faibles moyens en personnel dont disposent beaucoup de bibliothèques municipales. Mr Rocher pense que cette préparation doit se faire, comme elle se fait à Lyon, à l'échelon régional dans les villes où existent plusieurs bibliothèques importantes. Il pense d'autre part qu'il serait utile en vue de cette préparation de demander à l'École de bibliothécaires des renseignements sur la façon dont les copies sont corrigées à Paris.

Mr Vaillant pose ensuite le problème de la fréquentation des bibliothèques municipales. En envisageant la situation telle qu'elle existe à Grenoble, il constate qu'il atteint surtout d'une part les étudiants et les chercheurs dans un but utilitaire, d'autre part des emprunteurs de toutes origines, en partie des personnes sans profession, qui demandent des romans. Le lecteur- qui de façon désintéressée, essaie de parfaire sa culture, représente une fraction réduite de cet ensemble et par surcroît n'appartient pas aux jeunes générations. Sans analyser les causes diverses de cet état de choses (absence de bonnes bibliothèques scolaires où l'on développe le goût de la documentation, déficience en France par rapport à l'étranger du livre de vulgarisation scientifique et technique, etc.), il pense que pour y remédier il faut accomplir une décentralisation très poussée avec des annexes de prêt même réduites dans des centres sociaux ou sur des rues passantes, un renouvellement constant du stock des livres classés pour serrer de près l'actualité, et surtout avec un personnel nombreux et compétent susceptible de conseiller et documenter le lecteur en faisant venir au besoin des ouvrages d'autres bibliothèques. Une tentative de ce genre a été faite récemment à Grenoble pour une annexe de prêt et a donné des résultats beaucoup plus encourageants que ceux obtenus par le bibliobus et les autres bibliothèques de la ville. Par ces moyens, on peut espérer ne pas laisser aux maisons de la culture et aux organismes privés le soin d'atteindre un nouveau public désireux de se cultiver. Mais pour cela, il faut, avec l'aide de la Direction des bibliothèques, obtenir des sacrifices beaucoup plus importants des municipalités pour augmenter surtout le personnel qualifié capable de conseiller le lecteur et remédier par conséquent aux insuffisances du recrutement actuel du personnel des bibliothèques municipales.

D'autres solutions, pour remédier à un tel état de choses, sont proposées par Mme Estève qui insiste sur le rôle des bibliothèques d'enfants, par Mme Guillien qui suggère la création de grandes salles avec usuels pour adolescents, par Mr Pitangue qui serait partisan d'une réorganisation des bibliothèques scolaires, par Mr Lecutiez qui pense qu'une publicité pour la bibliothèque doit être faite auprès des clubs de jeunes, tel le club Léo Lagrange formé de salariés de l'industrie qui ont été ainsi attirés à la bibliothèque de Vienne.

Mr le Pr Guillien fait part ensuite de sa grande expérience dans l'organisation de lieux d'accueil pour les étudiants de la faculté de droit de Lyon et dans leur initiation à l'utilisation des périodiques et des catalogues.

Mme Estève rappelle qu'il y aura dans Provence historique une chronique historique pour les bibliothécaires du Sud-Est.

A l'issue de la réunion, il est décidé, conformément au vœu de Mlle Beau, qu'en vue du programme de la réunion de 1965 des rapports seront rédigés plusieurs mois à l'avance d'une part sur la formation des bibliothécaires, d'autre part sur un projet de statut des bibliothèques municipales à l'aide de questionnaires qui seront diffusés par MM. Vaillant et Rocher.

Après la séance de travail est inaugurée sous la présidence de Mr le Maire et en présence de Mr le Sous-Préfet de Carpentras une très belle exposition de reliures anciennes de la Bibliothèque Inguimbertine organisée par Mr Dubled. Après un déjeuner amical dans un des restaurants de la ville a lieu une excursion dans les alentours avec visite des monuments de Pernes, de Saint-Didier, de Venasque et de Caromb.