Congrès des bibliothécaires allemands de bibliothèques d'étude

Jacques Lethève

Le 54e Congrès des bibliothécaires allemands de bibliothèques d'étude 1 a confirmé le succès grandissant de cette manifestation annuelle en réunissant à Cassel, du 19 au 23 mai, plus de 600 personnes et les invités de 10 pays étrangers.

L'Association des bibliothécaires français y était représentée par son Secrétaire général.

La « Landesbibliothek » de Cassel à qui revenait la charge d'organiser cette réunion, n'est qu'une bibliothèque de moyenne importance dans une ville de 200 000 habitants, ce qui en Allemagne ne constitue également qu'une ville moyenne. Mais cette bibliothèque a ses lettres de noblesse. Les frères Murhard ont, au début du XIXe siècle, laissé un nom dans les sciences politiques : ils furent bibliothécaires à Cassel et le fonds Murhard reste un des centres d'intérêt de la Bibliothèque.

Un autre couple fraternel est plus universellement célèbre, celui que formèrent Jacob et Wilhelm Grimm. Mais si tout le monde connaît Blancheneige, on connaît moins leur œuvre de philologues et l'on sait moins encore que l'aîné fut bibliothécaire du roi Jérôme et que tous deux furent à Cassel les prédécesseurs du Dr Denecke, qui dirige aujourd'hui avec beaucoup de science la « Landesbibliothek » et le « Grimm-Museum » qu'elle abrite.

A des bibliothécaires versés dans la connaissance des contes de fées, les miracles sont sans doute familiers. Ils lé sont moins aux autres, qui avaient des raisons d'être étonnés des nouvelles heureuses, dont la discussion formait le thème général du Congrès.

Il s'agissait en effet de commenter et de discuter un bilan et des projets extrêmement favorables aux bibliothèques allemandes, publiés tout récemment sous la forme de « Recommandations » par le « Wissenschaftsrat » de la République fédérale 2.

Ce « Conseil de la Science » dont les avis ont déjà permis la création de nombreuses chaires et le plan de nouvelles Universités, s'est attaqué cette fois aux problèmes des différentes bibliothèques existant en Allemagne de l'Ouest à l'exception des bibliothèques de lecture publique. Il les a envisagé sous tous leurs aspects, aussi bien sur le plan de la conservation que sur celui d'une extension des documents en fonction du développement scientifique ou industriel, dans leurs conséquences matérielles comme dans les besoins en personnel. C'est ce dernier point qui suscite le plus de scepticisme; comment parvenir en peu de temps à recruter quelque 800 personnes dont près de 300 bibliothécaires ? Mais pour le reste un vent d'optimisme paraît souffler chez nos collègues d'Outre-Rhin. Certains Länder semblent disposés dès maintenant à tenir compte des « Recommandations » pour augmenter de façon parfois considérable les crédits qu'ils attribuent à leurs bibliothèques et l'on pense que les autres se piqueront d'émulation.

L'enjeu est en tout cas considérable et les résultats vaudront la peine d'être connus.

  1. (retour)↑  Il s'agit, rappelons-le, de deux associations jumelées : le « Verein deutscher Bibliothekare » et le « Verein der Diplom-Bibliothekaren an wissenschaftliche Bibliotheken ».
  2. (retour)↑  Le titre du rapport est le suivant : Wissenschaftsrat für den Ausbau der wissenschaftlichen Einrichtungen : Teil II, Wissenschaftliche Bibliotheken.