« La Touraine en 1975 » à la Bibliothèque municipale : science-fiction ou travail d'avenir ?

René Fillet

Buts, préparation, manifestations et réalisations de l'opération de sensibilisation de l'opinion publique aux objectifs du IVe plan et du plan régional, décidée par le Comité d'orientation économique d'Indre-et-Loire. Détails sur l'exposition (partie centrale des manifestations) établie à la Bibliothèque municipale de Tours. Bénéfice retiré par la bibliothèque

« Pouvez-vous organiser une exposition sur un thème économique prospectif? » La question me fut posée le 21 septembre 1962 au cours d'une réunion du Conseil d'administration du Comité d'orientation économique d'Indre-et-Loire. Elle reçut une réponse positive.

Le Commissariat au Plan et à la Productivité désirait renseigner l'opinion publique sur les problèmes du IVe Plan et se déclarait prêt à soutenir financièrement toute initiative locale à ce sujet; il en soumit l'idée à Mr l'I. G. A. M. E., Préfet d'Indre-et-Loire, qui transmit la proposition au Comité d'orientation économique pour étude. Après examen du Conseil d'administration, le principe fut adopté, la direction de l'ensemble de l'opération m'étant confiée.

Sa préparation et sa réalisation posèrent de multiples problèmes car aucune expérience semblable n'avait été tentée; il fallut imaginer une méthode et un plan de travail, les corriger en cours d'exécution, mettre au point une formule de présentation adaptée au thème.

Le brouhaha des visiteurs ayant fait place à l'animation habituelle de la bibliothèque, il convient de porter jugement sur ce qui a été réalisé, de tirer les enseignements et les conclusions de ce travail de plusieurs mois.

La préparation.

Précisons tout d'abord les objectifs. Il s'agissait :
- d'établir le bilan économique, culturel, social, du département en 1962; de déterminer, compte tenu des objectifs du IVe Plan, ce que pourrait être la Touraine en 1975, et, entre cet aujourd'hui concret et ce demain souhaité, de donner toute sa valeur et son sens à l'effort nécessaire à sa réalisation.
- d'apporter une ample information économique aux Tourangeaux, quels que soient leur âge, leur profession, leur position sociale; de leur faire comprendre qu'ils sont concernés par le présent et qu'ils ont pouvoir sur l'avenir; qu'ils peuvent et doivent, bien que certains des éléments qui conditionnent le développement de la Touraine leur échappent, être les artisans des tranformations que l'économie tourangelle va connaître d'ici 1975.

Cette année fut retenue car elle apparaissait une moyenne excellente entre une date trop proche interdisant toute vue exhaustive et une période lointaine laissant trop de latitude aux spéculations sans fondement : sonnant bien, retenant l'attention, elle permettrait de tracer des plans de large envergure sans perdre de vue les réalités.

Donc, une œuvre de prospective économique collective, à laquelle il fallait convier non seulement les « notables économiques », mais aussi tous ceux qui, refusant de vivre au jour le jour, portent plus loin leurs regards et entendent exercer pleinement leur responsabilité dans la région, était à mener à bien d'une part, d'autre part il fallait éveiller le grand public à la connaissance des mécanismes économiques élémentaires, le dégager de sa passivité ou de son indifférence, lui éviter d'entrer à reculons dans l'avenir.

Il convenait par conséquent de dresser un double programme de recherche économique concernant un groupe de travail relativement nombreux et de manifestations susceptibles de retenir l'attention d'un très large public.

L'ensemble des manifestations s'adressant au grand public fut rapidement mis au point. Il comprenait :
- un concours réservé aux enseignants du premier degré;
- un concours de photographies entre les enfants de douze à quatorze ans;
- un concours ouvert à l'ensemble du public;
- une exposition fixe à la Bibliothèque municipale de Tours du 20 avril au 12 mai; deux expositions itinérantes destinées à quatre villes du département.

L'exposition fixe devait être la pierre angulaire, les autres manifestations concourrant seulement à populariser le thème général dont le titre était : « La Touraine forge son avenir - Touraine 1963- 1975. » Un calendrier rigoureux fut établi.

La préparation du programme de prospective économique était plus délicate : pour atteindre le but assigné, il était nécessaire d'y faire participer le plus grand nombre possible de personnes, sans en omettre, et en veillant à ne pas alourdir le dispositif.

Chaque secteur économique comprend de nombreuses organisations professionnelles : syndicats, associations, etc.; les administrations générales et locales, les entreprises publiques à caractère - ou à incidence - économique, devaient y figurer; l'Éducation nationale devait se voir réserver une place de choix puisque son rôle dans la formation des jeunes et leur préparation à l'avenir est primordial ; les femmes devaient pouvoir faire entendre leur voix sur de nombreux problèmes; les adolescents qui dans douze ans seront membres actifs de la société ne pouvaient être ignorés; non plus que l'aspect culturel. Tout cela formait une masse importante par le nombre et afin de parvenir au maximum d'efficacité, un organigramme précis et complet fut mis sur pied, donnant à chaque participant le sentiment de se sentir partie d'un ensemble cohérent et bien articulé (cf. annexe 1 ) ; il permit de coordonner l'activité de tous dans des conditions satisfaisantes.

Le groupe de synthèse (Ire ligne horizontale) était chargé de présenter l'état d'avancement des travaux et les conclusions de chacun des sous-groupes de travail qui lui étaient rattachés (ce rattachement n'établissant pas un rapport hiérarchique ou institutionnel, mais étant commandé par un rapport logique, fonctionnel). Le rythme d'une réunion mensuelle fut adopté et rigoureusement tenu.

Les réunions des sous-groupes étaient laissées à leur convenance, mais ils se trouvaient en fait aiguillonnés par les membres du groupe de synthèse... et par le temps. Il m'était impossible de participer à toutes les réunions des sous-groupes ; aussi la coordination fut-elle confiée à la Jeune Chambre économique de Tours (dont j'avais été le secrétaire général pendant deux ans), sous la direction de Mr Pierre Becard. Chaque sous-groupe, représentant souvent une branche professionnelle, menait ses recherches comme il l'entendait, gardant la responsabilité de ses conclusions.

L'unité de vue nécessaire était donnée par le raisonnement suivant : le IVe Plan fixait une progression moyenne de 4,5 % par an; en conservant la même progression, on aboutissait pour l'ensemble de l'économie nationale à l'indice 170 en 1975 (base 100 en 1962). Il était raisonnable de penser qu'une bonne connaissance de l'économie du département amènerait une amélioration sensible dans les années à venir, les efforts se portant dans les secteurs-clés; d'où un taux de progression sensiblement supérieur à la moyenne nationale. Par conséquent, chaque sous-groupe du secteur secondaire (industrie) devait rechercher si un doublement de la production du département d'ici 1975 était possible dans sa branche professionnelle ; mais ce n'était qu'une indication, et des écarts importants se sont dessinés (375 dans certaines professions, contre 150 pour d'autres). Les sous-groupes du secteur primaire (agriculture) avaient à s'orienter vers une autre recherche : production, enseignement, débouchés, structures, devaient être « repensés » pour tendre à la parité du revenu agricole. Quant au secteur tertiaire (services), il lui était demandé d'étudier la satisfaction des besoins nouveaux que la prospective permettait de prévoir, et de faire face à l'accroissement de la population et de la productivité dans les autres secteurs.

Il fut décidé que si les travaux des sous-groupes faisaient apparaître des contradictions apparentes, le groupe de synthèse devrait en discuter; si elles apparaissaient irréductibles, il en serait fait état dans l'exposition.

La création de groupes locaux d'études fut tentée dans les quatre villes qui devaient recevoir les expositions itinérantes. De nombreux facteurs : incompréhension ou scepticisme, difficulté de réunir des responsables locaux en nombre suffisant, rivalités, etc, en interdirent la réalisation dans deux villes; les conséquences s'en firent sentir dans l'ensemble des manifestations qui y eurent lieu.

Afin de fournir à tous les sous-groupes des bases de travail irréfutables, un statisticien de l'Institut national de la statistique et des études économiques rassembla les données générales concernant le département : démographie, recensement industriel, etc.

Je préparai un budget aussi précis que possible; le montant total : 59 700 francs, fut couvert par les subventions du Conseil général (25 %), de la ville de Tours (25 %), du Commissariat au Plan et à la Productivité (5° %).

La réalisation.

Je traiterai rapidement des différentes manifestations autres que les expositions. Leur rôle, je le rappelle, fut surtout de sensibiliser des couches différentes de la population, d'attirer l'attention de l'opinion publique sur l'importance du travail accompli dans le domaine économique et d'inciter les visiteurs à venir nombreux à l'exposition qui devait synthétiser et schématiser les recherches entreprises.

Concours entre maîtres ou éléves-maîtres de l'enseignement élémentaire. - Les concurrents devaient rédiger une leçon de quarante minutes à l'intention des élèves d'une classe de fin d'études, sur le thème; « La Touraine économique en 1963. » Elle pouvait être consacrée soit à une vue d'ensemble de l'économie tourangelle, soit axée sur un aspect majeur de l'économie (démographie, expansion, décentralisation, emploi), soit centrée sur un secteur économique particulier (agriculture, industrie, services) soit sur une branche professionnelle importante (bâtiment, métallurgie). Nous demandions les fiches de préparation de cette leçon, accompagnées des documents audio-visuels (ou de leurs références) qui serviraient lors de la leçon.

Les réponses reçues furent dans l'ensemble intéressantes, mais manquaient d'originalité. Le jury, placé sous la présidence de Mr l'Inspecteur d'Académie, décerna 5 prix consistant en voyages (cf. annexe 2).

Concours de photographie. - Réservé aux enfants de douze à quatorze ans sur le thème : « La Touraine face au progrès », ce fut un grand succès grâce à l'appui de la Société Kodak-Pathé. Celle-ci envoya pendant quinze jours deux équipes de techniciens se déplaçant dans deux camions-laboratoires. Les 21 chefs-lieux de cantons furent centres de regroupement des enfants, deux jeudis successifs étant consacrés à Tours. Les enfants écoutaient pendant une heure une leçon sur l'art de photographier; des appareils leur étaient confiés et ils disposaient de deux heures pour opérer par groupes de trois : un opérateur, un flashman, un metteur en page; les photographies étaient développées l'après-midi, projetées et commentées aux enfants. Tous les maîtres du département avaient été prévenus par des circulaires (l'existence de la Bibliothèque centrale de prêt fut précieuse à cet égard); il leur était demandé de rechercher avec les élèves des sujets correspondant au thème; des articles dans la page locale de la Nouvelle République du Centre Ouest demandèrent chaque jour au public de réserver bon accueil aux enfants; des scènes fort amusantes ou sympathiques se déroulèrent un peu partout.

Sur les 4 800 photographies prises, 160 furent sélectionnées pour être exposées et 75 prix furent distribués à 25 équipes; la classe dans laquelle se trouvait l'équipe gagnante a effectué un voyage d'une journée en autocar au château de Versailles et à l'aéroport d'Orly. Les photos dénotaient très souvent un sens remarquable de l'observation et de réelles qualités artistiques (annexe 3).

Le concours le plus populaire fut le « Tiercé de l'avenir ».

Neuf personnalités tourangelles prononcèrent à Radio-Luxembourg neuf « arguments » d'une minute trente proposant neuf réalisations possibles d'ici 1975, intéressant au premier chef les Tourangeaux 1. Ces exposés, diffusés le 9 mai à 19 h 15 lors de l'émission « Dix millions d'auditeurs », reproduits dans les colonnes de la Nouvelle République, étaient numérotés et le public devait désigner par leur n° d'ordre les trois réalisations qu'il considérait comme essentielles. 10 194 réponses furent reçues, ce qui est remarquable étant donné la rigueur des exposés et l'aspect purement économique des sujets.

Enfin, j'avais sollicité le concours d'I. B. M. qui organisa gratuitement deux séances de jeux de gestion simulées (business-games), groupant chaque fois pendant deux jours 16 participants, industriels ou commerçants tourangeaux, plus des observateurs (professeurs de lycées techniques, candidats à l'École des hautes études commerciales (H. E. C.). Il m'était apparu « prospectif » d'intéresser les cadres économiques actuels et futurs à prendre contact avec des méthodes modernes de gestion, dont l'importance ira croissant.

Abordons maintenant la partie essentielle à nos yeux : les expositions.

L'exposition principale eut lieu à la Bibliothèque municipale. Son but était de rassembler à l'intention du grand public l'ensemble de la documentation recueillie,

fruit des travaux de tous les sous-groupes 2.

Mais ces documents se présentaient tous sous forme de conclusions accompagnées de cartes, diagrammes, courbes, pyramides, graphiques, histogrammes, etc... utilisés couramment par des personnes rompues au raisonnement économique ou statistique, mais non « lisibles » par un public non préparé.

Il me fallut donc élaguer, rédiger le texte définitif, éclairer le sens de ces figures énigmatiques par un commentaire, une phrase, choisir également une documentation dessinée ou photographique qui les accompagnerait et les rendrait vivantes : la documentation de la bibliothèque fut utilisée à plein. Le tout était alors remis au maquettiste engagé pour la circonstance, qui ébauchait un ou plusieurs projets que nous reprenions ensemble de façon à atteindre le but recherché : mettre l'accent sur les propositions essentielles en jouant sur la dimension des textes et les photos, les à-plat de couleurs, le choix de l'emplacement, en faire découler logiquement les subordonnées, souligner les conclusions. Le projet était alors soumis au sous-groupe de travail qui était à l'origine de l'étude, afin que la collaboration soit réelle et complète jusqu'à l'achèvement de l'oeuvre commune. Après correction s'il y avait lieu, l'exécution était confiée à un atelier spécialisé. Cette formule, plus complexe - plus coûteuse aussi - que l'emploi du document brut, donna par contre à l'exposition une unité de présentation et de style fort nécessaires étant donné la complexité du sujet.

Je veillai attentivement, pour des motifs faciles à deviner, à l'équilibre général entre les trois secteurs économiques. Afin d'éviter la monotonie, l'inattention et l'indifférence qui en résultent, je prêtai un grand soin au rythme, ménageant des « plages » de repos; et surtout je tentai d'offrir la possibilité au visiteur spécialisé de trouver sans peine de quoi compléter sa documentation, et à « Monsieur Tout-le-Monde » de ne s'attacher qu'à l'essentiel sans s'engluer dans les détails.

Enfin, l'importance de la documentation obligeait à utiliser dans toutes les salles disponibles de la bibliothèque, depuis le hall d'entrée jusqu'à l'auditorium 30 mètres plus haut, du matériel hétérogène 3 : l'École des Beaux-Arts prêta 50 panneaux de 2,35 m X I,55 m, l'Électricité de France (E. D. F.) et l'Institut pédagogique national du matériel tubulaire Bercaire et des panneaux; au total je disposai de 100 panneaux représentant 400 m2 de surface utilisable, et elle le fut totalement par les 1 283 éléments de l'exposition.

Au risque d'importuner mes collègues, je crois utile de présenter en détail le contenu de l'exposition elle-même.

Dans le hall d'entrée, le visiteur constate que l'accélération croissante de l'évolution technique, rappelée par quelques exemples caractéristiques, ne doit pas empêcher de prévoir l'avenir, à condition d'être informé : pour prévoir il faut connaître. Il fait connaissance tout d'abord avec la démographie, car il n'est de richesse que d'hommes (évolution prévisible de la population mondiale, française, tourangelle, mise en valeur de l'urbanisation, etc...); suivent quelques généralités sur l'effort d'industrialisation de la Touraine, et des précisions sur les éléments comparés de confort en Touraine, en France, à l'étranger. Enfin un bref rappel de l'importance de Tours aux XVIe et XVIIe siècles, et l'appel au travail pour une nouvelle renaissance.

Dans le grand hall du premier étage, deux panneaux consacrés à la route et à l'air introduisaient à des présentations de l'E. D. F.et du Gaz de France (G.D.F.) : maquettes animées d'une usine marémotrice, d'une réserve souterraine de gaz, de la Centrale nucléaire d'Avoine; de la Société nationale des chemins de fer français (S. N. C. F.) : modèles réduits des dernières tractrices, études de productivité des gares de triage, projets d'aménagements; des Postes et télécommunications (P. et T.) : maquette sonorisée de Pleumeur-Bodou, cartes de l'extension du téléphone automatique en Indre-et-Loire avec voyants lumineux s'allumant lorsqu'on composait 1975 sur un cadran téléphonique, modèles compacts de standards (encore au stade du laboratoire), télétypes, etc...; de l'Association nationale pour l'étude de la Communauté de la Loire et de ses affluents (A. N. E. C. L. A.) : sur l'aménagement du bassin de la Loire. Toutes ces réalisations, dûes aux maquettistes des différents services, étaient remarquables.

Au deuxième étage, le visiteur pénétrait dans le domaine de l'économie réparti entre les trois secteurs classiques : agriculture, industrie, services, et dans le domaine de l'Éducation nationale. Après une étude de l'agriculture tourangelle d'aujourd'hui (les hommes, leur niveau de vie, la production végétale et animale) des éléments de réflexion (déficit agricole de la France en 1962, variation comparée de l'indice des produits industriels nécessaires à l'agriculture et des prix des produits agricoles) amènent à la conclusion : la disparité des revenus entre les agriculteurs et les autres producteurs est très nette et croît depuis 1948. Comment conquérir la parité d'ici 1975? La parité des revenus peut être atteinte grâce à un double effort portant d'une part sur les méthodes et les structures (carte des vocations agricoles du département, du remembrement, de la mécanisation; bilan d'une exploitation du type « deux unités de travail hommes », exemple théorique de l'agriculture de groupe), d'autre part sur la commercialisation (cartes du réseau de coopératives, schéma d'un circuit régional de commercialisation des produits). La parité du niveau de vie peut être atteinte par l'aménagement de villages-centres, la multiplication des bibliobus, l'amélioration de l'habitat. Enfin une étude très complète était consacrée à la vulgarisation, à l'enseignement (lycées agricoles, etc...) avec comparaison avec le Danemark.

L'industrie tourangelle était d'abord présentée globalement (croissance comparée de l'indice de production des six pays du marché commun, accroissement de la population active grâce aux entreprises de plus de 200 salariés, disparition de petites entreprises, comparaison de salaires suivant la fonction, la région, etc...; cartes des migrations journalières des salariés de trois entreprises tourangelles de plus de 500 salariés, comparaison de la consommation d'énergie et du revenu national, etc...). Il était impossible de présenter des études détaillées pour toutes les branches professionnelles; j'ai choisi les trois plus importantes : bâtiment et travaux publics, papier-carton, métallurgie. Dans chaque cas j'ai décrit le présent (évolution depuis dix ans du nombre de salariés, de la consommation d'énergie, de matières premières, des productions, de la structure des entreprises, des investissements, etc...) et montré les voies de développement dans l'avenir en insistant sur trois points : les hommes (formation générale et professionnelle, sécurité, confort, etc...), le matériel (modernisation, investissement), l'organisation (accroissement de productivité).

Les ingénieurs affirmaient ensuite leur volonté de consacrer, en 1975, une heure par jour de leurs loisirs au service de la collectivité, tant pour l'information des pouvoirs publics, la vulgarisation auprès du public, que pour l'enseignement technique ou général; ils souhaitaient la création d'une Maison des sociétés, centre de rencontre avec d'autres organisations libérales ou professionnelles.

Les services composaient le troisième volet. Après une étude sur l'évolution de la distribution en Touraine (évolution caractérisée par la concentration de l'appareil commercial, la déspécialisation, la concentration géographique) et des fonctions de distribution (conditionnement, distribution, vente), un examen intéressant de l'évolution de la consommation (suivant l'importance des budgets familiaux et par produits caractéristiques) précédait un rapport sur les exportations de la Touraine à l'étranger qui fut une révélation pour beaucoup. Des maquettes de supermarchés animaient cette partie. L'artisanat montrait sa vitalité et son importance en même temps que la nécessité de « se modifier ou se momifier » (enseignement professionnel, perfectionnement constant, ainsi que par le recours à la modernisation de l'outillage).

J'avais consacré à l'Éducation nationale une part prépondérante puisqu'il lui appartient de former dès aujourd'hui les hommes dont la France de 1975 aura besoin. « L'explosion scolaire » était mise en évidence ainsi que la nécessité d'acquérir une culture générale et technique plus élevée; un tableau du Commissariat au Plan et à la Productivité indiquait aux parents et aux jeunes quelles professions auraient des besoins importants en 1975. Une étude de la scolarisation actuelle en Touraine dans le Ier degré, le secondaire, le technique, comparait la carte officielle des constructions scolaires prévues et celle des besoins réels, incitait à la création dans tous les cantons d'établissements scolaires polyvalents, évitant le gigantisme scolaire et faisant appel aux méthodes modernes; le développement de l'enseignement supérieur était mis en valeur. Mais j'insistais surtout sur l'idée force de Gaston Berger : « L'homme de demain est condamné à toujours se reconvertir, à ne jamais cesser d'apprendre » pour faire saisir la nécessité d'une transformation organique et générale des techniques d'enseignement, d'une éducation des rapports sociaux, et je proposais d'atteindre des objectifs précis (collaboration efficace entre parents, maîtres, médecins, conseillers d'orientation; éducation civique moderne; généralisation du mi-temps pédagogique et sportif; équilibre des vacances, etc.). Le nombre important d'enfants handicapés (I 540 ooo en France, dont 60 % fréquentent des établissements scolaires normaux où leur inadaptation s'aggrave) exige le développement d'un enseignement spécialisé. L'éducation permanente enfin appelle de nouvelles initiatives (multiplication des bibliothèques, des recyclages, etc...) et « doit être continuellement à l'ordre du jour ». Que faire enfin pour que l'enfant déficient de 1963 soit en 1975 un adulte actif, utile, heureux et non pas une charge pour la société ? (Lutte contre le taudis et l'alcoolisme, aménagement de centres socio-culturels dans les grands ensembles, éducation des parents, aide à la famille et à l'enfant, extension des services d'éducation en milieu ouvert).

L'équipement sportif doit être amélioré, qu'il s'adresse aux écoliers, aux jeunes ouvriers ou ruraux; les activités de plein air, l'éducation populaire sont à encourager.

Enfin les résultats essentiels d'une enquête auprès des adolescents ouvriers ou employés étaient affichés 4.

Entre le 2e et le 3e étage, sur un des « balcons » du grand hall, étaient exposées les meilleures photographies du concours.

L'auditorium, point culminant de la bibliothèque, pénétré du magnifique paysage du Val de Loire, était consacré à l'homme et son semblable; y étaient groupés : la santé (accroissement de la durée de la vie, organisation administrative du service départemental, importance du corps médical, nombre de lits d'hôpitaux, etc...); l'urbanisme (plans de remodelage d'îlots insalubres, grands ensembles, etc...); l'étude d'un rythme de travail (journée longue et semaine courte de quatre jours et demi permettant de disposer d'une demi-journée pour les courses grâce à la fermeture organisée par branches d'activité, et de deux journées consécutives de repos); l'important problème cultuel présenté par un groupe œcuménique ; les résultats de l'enquête du Comité féminin (800 questionnaires envoyés à 35 associations tant rurales qu'urbaines autorisaient le Comité à être l'interprête des femmes sur : l'habitat, le foyer, les enfants et l'éducation, le travail féminin, la consommation); le tourisme et le loisir terminaient sur une note plus détendue.

La conclusion générale rappelait au visiteur que ce qu'il avait vu n'était pas qu'un sujet d'exposition, mais de réflexion et surtout d'action possible.

Les expositions itinérantes ont été réalisées de la façon la plus simple qui soit : 40 des 100 panneaux de l'exposition ont été photographiés et les agrandissements tirés à 1 mètre X 1 mètre, ce qui laissait une très grande lisibilité au texte. Ces photographies ont été coloriées soit par des collages de papier de couleur, soit au crayon gras, afin d'être des copies fidèles des originaux. Elles furent fixées sur des panneaux électoraux préalablement recouverts de papier à tapisserie. La mise en place totale était effectuée en trois heures par deux personnes. Sur d'autres panneaux étaient exposées les meilleures photographies prises par les enfants de la ville et des chefs-lieux de cantons voisins.

A Châteaurenault et à Loches, deux comités groupèrent les représentants des activités économiques locales et le « condensé » d'étude économique départementale fut complété d'une exposition des produits des industries et de l'artisanat local, de plans et de photographies d'usines, de programmes d'accroissement, etc...

L'ensemble représentait une étude micro-économique fort intéressante; l'association d'éléments locaux à l'élaboration se traduisit par un nombre de visiteurs bien supérieur à celui des deux autres villes.

La Grande Semaine. Onze panneaux furent préparés pour la Foire-exposition de Tours (4 au 12 mai) et furent placés en plein cœur de cette manifestation populaire; ils étaient conçus de façon à piquer la curiosité du public et à l'inciter à venir à la bibliothèque.

L'aide de la presse, de la radio, de la télévision.

La presse locale avait un rôle très important à jouer : elle n'y faillit pas, apporta son concours total à l'opération et le recueil des articles qu'elle lui a consacrés est imposant. De façon à donner, là encore, une unité formelle à des articles d'auteurs différents et traitant de sujets variés, chaque article était sommé, à gauche, de l'emblème général de l'exposition, leitmotiv que nous avons voulu rendre obsédant par sa répétition : l'homme de Léonard de Vinci, qui rappelait que l'homme doit demeurer la mesure de toute chose.

La radio prit également une part active dans l'affaire, surtout les postes dits périphériques Europe n° 1 et plus encore Radio-Luxembourg qui consacra au « Tiercé de l'avenir » une émission complète « Dix millions d'auditeurs » (quarante minutes le 9 mai), quelques « flashes » le lendemain et dix minutes à nouveau de l'émission « Dix millions d'auditeurs du IO mai.

Il était important en effet de tenir compte de la psychologie de la province proche de Paris : ce qui est réalisé sur place par des organismes du crû n'acquiert quelque valeur que si l'on en parle à Paris : la décentralisation n'est pas encore réussie dans ce domaine. Je dois l'écrire, tout en regrettant devoir le faire : la Radiodiffusion-télévision française (R. T. F.) ne s'est pas suffisamment intéressée à cette manifestation malgré le désir exprimé et les promesses de Mr le Ministre de l'Information qui y voyait le moyen de diffuser les connaissances économiques dans le grand public. Radio-Luxembourg compensa amplement cette carence, grâce aux interventions personnelles de Mr Pierre Archambault, directeur de la Nouvelle République, président du Syndicat national de la presse quotidienne régionale, qui saisit parfaitement l'importance de l'enjeu.

Le bilan de l'ensemble de l'opération me paraît positif : les résultats obtenus tant du point de vue des participants que de la collectivité intéressée méritaient l'effort qui a été accompli.

Un échec toutefois : la participation des syndicats ouvriers ne s'est pas manifestée lors de l'exposition; leurs représentants ont siégé au groupe de synthèse, mais la dégradation du climat social (grève des mineurs) ne leur permettait pas de pousser plus loin leur collaboration. Je le regrette vivement.

Quel profit ont retiré de ce travail de six mois ceux qui l'ont volontairement entrepris, ont assisté aux réunions, aidé aux recherches, qui sont intervenus dans les discussions ?

Tout d'abord une connaissance améliorée de l'économie française, grâce aux éléments fournis par le statisticien de l'Institut national de la statistique et des études économiques (I. N. S. E. E.), et aux comparaisons très fréquentes avec les autres nations; également une connaissance très précise de l'économie locale, de ses insuffisances et imperfections, de ses besoins, de ses ressources, de son potentiel de développement dans certaines branches ou de l'indispensable reconversion pour d'autres professions ou établissements.

Progrès également dans la conscience d'une nécessaire prévision établie sur des données précises : ils ont fait des incursions fréquentes vers l'avenir, hors du travail, de la routine quotidienne, ils ont porté leurs regards plus loin, à la fois pour leur entreprise, dans leur branche professionnelle, souvent même, se sont passionnés pour le développement d'autres activités économiques. Pour obtenir les données précises, ils ont étudié l'évolution depuis dix ans, fait le point : ce continuel balancement entre le proche passé, le présent, et la prévision a été une fructueuse gymnastique intellectuelle. Cela est à souligner car si l'attitude prospective est normale dans les grandes entreprises qui disposent pour cela de bureaux d'études dans lesquels travaillent des éléments hautement qualifiés, il en va différemment pour la majeure partie des petites entreprises, où les hypothèses sont généralement fondées sur l'intuition, ou « le sens des affaires ».

Développement aussi du sentiment de l'interdépendance des différents secteurs de l'économie; c'est ainsi que des sous-groupes ont demandé à prendre contact avec d'autres (liaisons horizontales dans l'organigramme), alors qu'auparavant des méfiances réciproques avaient élevé des barrières institutionnelles qui n'étaient franchies que pour des rapports d'affaires purement individuels.

Enfin cette modeste tentative de prospective économique locale a fait naître à la fois une considération plus grande pour les auteurs d'un Plan national dont on a mieux mesuré l'extrême complexité et envers lequel la critique est devenue plus nuancée, et le désir que dans l'avenir des contacts plus nombreux, des « navettes », s'établissent entre la base locale et le sommet parisien pour l'élaboration du Ve Plan.

Largeur de vue accrue, sens de l'intégration dans le mouvement économique général, désir d'une recherche économique plus solidement fondée qu'auparavant, souci de la prévision, voici pour les participants un bilan nettement positif.

Qu'en est-il pour les collectivités locales intéressées : les cinq villes du département et le département lui-même ?

Le fait que l'économie locale est mieux connue est à lui seul bénéfique pour le présent et donne la certitude que ses développements futurs ne surprendront pas les responsables politiques et économiques du département : les directions essentielles de l'expansion ont été discernées, les conséquences sociales qui en découleront (dans le secteur agricole notamment) sont prévisibles dès maintenant, les mesures à prendre peuvent être mises à l'étude et n'auront plus d'excuse à être improvisées dans la hâte, le désordre et l'atmosphère de crise hélas trop fréquents. Une certaine ambition compétitive s'est fait jour : on veut améliorer la position du département dans l'économie française, ce qui se traduira par un mieux être général.

Le grand public s'est intéressé à l'ensemble des manifestations. Les visiteurs des expositions ont été nombreux : plus de 20 ooo à Tours, 10 000 dans les quatre autres villes, malgré l'effort d'attention et de réflexion qui était exigé par le sujet; qu'il en ait tiré une information économique, si faible soit-elle, est également favorable aux collectivités locales. D'ailleurs, sa participation importante au « Tiercé de l'avenir », son choix parmi les neuf propositions qui lui étaient présentées, montrent une prise de conscience des problèmes de l'heure et de ceux de l'avenir : les « ils » mythiques (« ils ne font pas... », « il n'y a qu'à... ») cèdent le pas au « nous ».

Enfin des prolongements apparaissent
- décision par le Conseil général de voter un crédit d'investissement dans la recherche économique;
- application à l'Indre-et-Loire du Ier essai de méthode d'élaboration d'un budget du produit brut départemental mis au point par l'I. N. S. E. E.;
- création en cours d'un Institut départemental de recherche économique, qui aura un personnel permanent qualifié.

Là encore, le bilan me semble positif.

Une autre question doit maintenant être posée : est-ce le rôle d'un bibliothécaire que de préparer un tel ensemble de manifestations qui semblent déborder très largement son cadre normal et traditionnel d'activité? Est-ce le rôle de la Bibliothèque municipale que de consacrer une partie du temps de son personnel et d'ouvrir ses locaux à une exposition si totalement insérée dans le présent, et un présent qui n'est même pas littéraire, artistique, culturel au sens classique, mais économique? Je vais m'efforcer d'y répondre aussi objectivement que possible.

En ce qui concerne le rôle du bibliothécaire, il m'apparaît judicieux de séparer nettement l'animation de l'ensemble de la préparation de l'exposition.

Je l'ai dit : la responsabilité totale de l'ensemble me fut confiée par le Comité d'orientation économique. A quel titre? Il est difficile de distinguer parmi les activités diverses que l'on peut avoir hors de la profession, dans des associations multiples et de caractère fort différent. Si je fus dès le début au courant du projet, c'est en qualité de membre du Conseil d'administration du Comité; c'est à ce titre et fort librement que je pus en discuter avec mes onze collègues; mais lorsqu'il fut question d'une exposition qui serait le pivot de l'ensemble, c'est vers le bibliothécaire professionnel pour qui c'est chose familière, que se tournèrent mes collègues, comme nous nous serions tournés avec ensemble vers le Président de la Chambre de commerce si le Comité avait envisagé une opération centrée sur des journées commerciales : confier l'exécution de quelque opération que ce soit à celui qui apparaît le plus désigné pour cela est naturel. C'est donc bien parce que, dans l'esprit du Comité, l'exposition était le point essentiel que l'affaire me fut confiée. Néanmoins, économiste de formation (et par goût), siégeant à ce titre au Comité, je fus choisi par lui pour coordonner et animer la recherche, parce que je ne pouvais qu'observer une neutralité totale dans tous les domaines, et cela était rassurant pour les représentants des trois secteurs économiques.

En somme une imbrication assez complète entre ma profession et ma présence en tant qu'individu au Comité aboutissait en la circonstance à une complémentarité totale, sans qu'il y ait ambiguité dans l'esprit des promoteurs de la manifestation. Et d'ailleurs, tout bien pesé, lorsque je participais, dans les sous-groupes de travail ou au groupe de synthèse à la recherche ou à l'élaboration de documents importants pour une connaissance aussi complète que possible de l'économie tourangelle, ne restais-je pas dans mon rôle de bibliothécaire d'une bibliothèque municipale qui doit accumuler, pour les chercheurs locaux, quels qu'ils soient aujourd'hui et qu'ils puissent être demain, un fonds local aussi riche et étendu que possible dans tous les domaines ? Trop longtemps sacrifiée dans notre optique traditionnellement littéraire et historique des bibliothèques municipales 5 la documentation économique a maintenant droit de cité; elle n'est valable pour son utilisation actuelle que si elle est récente; or si elle est récente elle n'est pas dans les livres.

Cette ambiguité possible de la situation du bibliothécaire, fonctionnaire et « professionnel » avant tout, mais également citoyen, homme privé susceptible de participer à des activités dans lesquelles il réalisera un plus parfait épanouissement de sa personnalité, qui pourra être membre de groupes divers : sociétés savantes ou clubs sportifs, associations philatéliques ou chorales d'amateurs, mouvements de toutes confessions, sociétés de jardinage ou ciné-clubs - liste non limitative il s'en faut - ne se rencontrera-t-elle pas de plus en plus souvent à la faveur d'un recrutement élargi ? Si le bibliothécaire distingue assez aisément son activité privée de son domaine professionnel, les autres ont-ils à le faire, peuvent-ils le faire ?

En réalité nous nous trouvons devant deux constatations objectives : d'une part je ne vois pas très bien pourquoi, au nom de quoi - et surtout comment - le bibliothécaire devrait être cloîtré dans sa bibliothèque; d'autre part la réaction des notables et du public dépend de l'environnement, le cas des petites et moyennes agglomérations étant tout différent de celui des grandes villes si bien que le bibliothécaire de sous-préfecture serait contraint de ressembler davantage au portrait-robot qui a cours habituellement que le bibliothécaire d'une métropole régionale.

C'est donc un problème mal posé : le vrai problème est d'institution et non de personne, c'est-à-dire que la seule question importante est celle-ci : la bibliothèque peut-elle abriter des manifestations qui ne concernent pas directement le livre? Je réponds oui sans hésiter à condition qu'elles aboutissent à une information destinée au grand public, et que celui-ci ait le sentiment que la collectivité entière, ou du moins une large fraction, se trouve concernée par ladite manifestation.

Je remplissais - à mon avis - toutes les conditions requises avec « Touraine 1963-1975 ». Elle s'est effectivement soldée par une information de large portée, destinée à l'ensemble de la population tourangelle qui y a trouvé son minimum vital de connaissance économique, et la collectivité toute entière avait intérêt à ce que la partie précédant l'exposition, c'est-à-dire la mise au point de la documentation, soit effectuée aussi précisément, aussi soigneusement que possible. Et plus encore : que l'on regarde attentivement l'organigramme et l'on verra le nombre important d'administrations, de services publics qui ont été réunis autour de l'élaboration d'une œuvre commune; que l'on songe que plus de 2 600 heures de travail bénévole ont été consacrées par les groupes à cette édification; que l'on imagine les innombrables contacts noués autour d'une table de travail, repris par le téléphone ou par lettres, et l'on saisira quelle magnifique opération de relations publiques a été réussie : sans qu'elle soit le but essentiel, elle était cependant sous-jacente à toute l'œuvre. Les répercussions de ces rencontres, de ces échanges de vue sur l'opinion tourangelle ont été très nombreuses et il faut également y voir une des raisons du succès de l'exposition.

C'est la bibliothèque qui a, en définitive, largement bénéficié de toutes ces rencontres et contacts puisque c'est dans son bâtiment et dans l'exposition que s'est concrétisé, dans l'immédiat, l'ensemble des efforts communs.

La Bibliothèque municipale de Tours s'est affirmée en la circonstance point de rencontre et de convergence, lieu où l'on vient puiser une information dans un domaine jusqu'ici peu exploré et d'une façon inhabituelle; elle a donné simplement un visage nouveau à une tradition solidement établie. Toutefois, que l'on y prenne garde : la chirurgie esthétique aboutit parfois à une transformation du caractère.

Annexe II - Concours

La Touraine économique en 1963.

Le Comité d'orientation économique d'Indre-et-Loire a décidé d'entreprendre une action d'information sur l'avenir économique de la Touraine et souhaite que l'ensemble de la population s'y intéresse. Mr le Recteur de l'Université d'Orléans a bien voulu accepter de faire partie du Comité de patronage de cette opération qui a pour titre « La Touraine forge son avenir».

Un certain nombre de manifestations sont prévues et parmi elles un concours est réservé aux maîtres ou élèves-maîtres de l'enseignement du Ier degré.

Thème. - Il s'agit de rédiger une leçon destinée aux élèves d'une classe de fin d'études, ayant pour thème « La Touraine économique en 1963 ».

Cette leçon, d'une durée de quarante minutes au maximum pourra être :
- soit consacrée à une vue d'ensemble de l'économie tourangelle,
- soit axée sur un aspect majeur de cette économie : démographie, expansion, décentralisation, emploi, etc.,
- soit centrée sur un secteur économique particulier, industrie, agriculture, tertiaire,
ou sur une profession : bâtiment, métallurgie, etc.

Les concurrents pourront faire appel au matériel audiovisuel qu'ils jugeraient nécessaire.

Modalités. - Étant donné qu'il ne saurait être question de juger oralement les concurrents, ceux-ci devront rédiger les fiches de préparation de cette leçon, et y joindre les photos, diagrammes, cartes, etc. qui accompagneraient leur exposé, les documents de trop grande dimension seront seulement mentionnés avec des références précises afin que le jury puisse s'y reporter.

Organisation matérielle. - Les manuscrits devront être envoyés à la Bibliothèque municipale, Opération: « Touraine 75 ». Concours enseignants, B.P. 232, TOURS avant le 15 mars dernier délai.

Ils resteront la propriété du Comité, les concurrents ont donc intérêt à en établir 2 exemplaires.

Chaque manuscrit portera une devise sur sa couverture; cette devise figurera sur une enveloppe cachetée, à l'intérieur de laquelle le candidat indiquera ses nom, prénom, adresse. Cette enveloppe, jointe au manuscrit, sera ouverte par le jury après que les délibérations aient déterminé les 5 meilleures réponses.

Le jury sera présidé par Mr l'Inspecteur d'Académie. Il statue sans appel.

Prix. - Cinq prix seront décernés
Ier prix :
Séjour de 3 semaines à Palma et Ibiza (Paris à Paris)
ou découverte de l'Italie en 2 semaines -
ou 2 semaines de vacances en Corse -
2e prix :
2 semaines à Salzbourg (Paris à Paris)
ou 2 semaines sur la Côte Adriatique italienne -
ou 2 semaines à Venise et au lac de Garde -
ou découverte de l'Espagne en 2 semaines -
3e prix :
l'Allemagne romantique, bords du Rhin, Belgique en 9 jours (Tours à Tours)
ou Tyrol-Bavière en Io jours -
4e et 5e prix :
Nice San-Remo en 8 jours (Nantes à Nantes)
ou l'Espagne du nord en 8 jours -
ou lacs italiens-Iles Borromées en 7 jours (Tours à Tours)
ou Chutes du Rhin-Suisse-Forêt noire en 6 jours -
ou Belgique-Hollande en 6 jours -

Annexe III (Enfants) - Concours de photographie

La Touraine face au progrès.

Règlement. - Le Comité d'orientation économique d'Indre-et-Loire a décidé d'entreprendre une action d'information sur l'avenir économique de la Touraine et souhaite que l'ensemble de la population s'y intéresse. Mr le Recteur de l'Université d'Orléans a bien voulu accepter de faire partie du Comité de patronage de cette opération qui a pour titre « La Touraine forge son avenir ».

Un certain nombre de manifestations sont prévues, et parmi elles un concours est réservé aux écoliers.

Thème. - Le concours est ouvert entre tous les enfants des classes de fin d'études primaires et de 6e et 5e des lycées et des collèges d'enseignement général du département d'Indre-et-Loire sur le thème LA TOURAINE FACE AU PROGRÈS.

Il s'agit de montrer par la photographie, soit les transformations que la modernisation de l'économie a apportées dans la commune, soit une réalisation économique intéressante, soit le passé historique et le présent économique côte à côte.

Les photographies devront traduire cela aussi artistiquement que possible, l'imagination pouvant se donner libre cours.

Modalités. - Le concours a lieu par équipe de 3 enfants qui opèrent ensemble : un opérateur, un flashman, un metteur-en-page-rédacteur de la légende.

Chaque équipe opère seule, ayant choisi librement son sujet, disposant pendant un temps limité d'un appareil photographique et d'un flash.

Elle peut prendre 12 photos sur les sujets qu'elle a retenus, le choix étant opéré ultérieurement.

Organisation matérielle. - Deux techniciens de la Société Kodak, ayant à leur disposition un camion-laboratoire, se présentent au groupe-scolaire. Pendant une heure environ ils donnent aux écoliers des conseils techniques sur l'utilisation du matériel qui leur est confié : un appareil « Starlett » garni d'une pellicule, un flash avec les ampoules nécessaires, une carte de participation sur laquelle figureront les noms des concurrents, les légendes qu'ils rédigeront, qui permettra le repérage précis des photographies.

Les concurrents ont ensuite deux heures pour prendre leurs photos.

Celles-ci sont développées immédiatement et seront projetées après la classe devant tous les concurrents afin qu'elles leur soient commentées.

Les photographies qui apparaissent dignes d'être retenues pour participer au concours sont conservées par les techniciens de la Société Kodak pour être agrandies sur papier.

Jury. - Le Jury placé sous la présidence de Mr l'Inspecteur d'Académie choisira sans appel parmi les envois, les qualités documentaires et esthétiques ainsi que la rédaction de la légende étant prises en considération.

Prix. - La classe dans laquelle se trouve l'équipe gagnante du Ier prix accomplira un voyage d'une journée en autocar :
Versailles-Orly (visite de Versailles et de l'aérogare).

Les prix seront attribués à une équipe, c'est-à-dire que chacun des membres de l'équipe recevra le même prix.

Ier prix : 3 caméras Kodak.
2e au 5e prix : 15 appareils photographiques Kodak.
6e au 30e prix : livres, disques, jeux, etc...

Les 150 meilleures photographies seront agrandies et exposées à la Bibliothèque municipale de Tours, du 21 avril au 12 mai, ainsi que dans les villes de Chinon, Loches, Amboise, Chateaurenault.

La remise des prix aura lieu à Tours, à la Bibliothèque municipale, à une date fixée ultérieurement.

Annexe III (Maîtres) - Concours de photographies

La Touraine face au progrès.

Modalités et planning de l'opération organisée avec le concours de la Société Kodak.

La Société Kodak ne considère pas ce concours comme une opération de propagande mais bien plutôt comme une opération pédagogique. C'est pourquoi elle enverra pendant deux semaines 4 techniciens et 2 camions laboratoires, qui circuleront dans le département et prépareront les enfants à l'utilisation des appareils qui leur seront confiés dans les meilleures conditions possibles. La projection le même jour des photographies prises permet une critique qui illustre les indications fournies le matin. En somme, c'est une véritable leçon de photographie qui sera donnée.

Étant donnée que l'exposition suit immédiatement les vacances de Pâques, les photographies devront être prises du II au 24' mars.

Pendant cette période, les enfants seront donc occupés pendant une matinée suivant l'horaire indiqué dans le règlement.

9 h à 10 h Cours technique
10 h à 10 h 15 Distribution des appareils et des cartes de participation qui permettent le repérage des photos
10 h 15 à 12 h 15 Photographie
16 h 30 à 18 h 30 Projections, critique.

Les deux jeudis 14 et 21 mars seraient consacrés à Tours, afin de permettre le regroupement des enfants dans un local unique sans trop de difficultés.

Il est impossible de demander aux opérateurs de la Société Kodak de parcourir toutes les communes du département : ainsi devons-nous nous borner aux chefs-lieux de cantons, sans en excepter aucun.

Dans chaque chef-lieu, les enfants désirant participer au concours seront réunis dans une grande salle afin de recevoir tous ensemble les explications techniques; le même local sera utilisé le soir pour les projections : il faut donc prévoir une possibilité d'obscurcissement. (Une salle de la mairie pourra sans doute présenter les conditions requises.)

Vous serez averti du passage des techniciens Kodak suffisamment longtemps à l'avance pour prendre toutes dispositions utiles.

Il sera bon de rechercher avec les élèves quelles sont les photographies qui pourront être prises en vue du concours; le thème est indiqué sur le règlement, mais une très grande liberté d'interprétation est possible, et même recommandée.

Afin que rien n'entrave le désir des enfants de photographier un sujet qui leur aura paru mériter d'être retenu, la population toute entière doit être préparée à les recevoir gentiment et à les aider. Des articles seront publiés dans les journaux à cet effet, et, du II au 24 mars, chaque chef-lieu de canton sera averti la veille de l'opération qui se déroulera dans ses murs. Mais vous pouvez préparer le terrain psychologiquement.

Nous attirons votre attention sur l'aspect pédagogique de ce concours tant au point de vue technique qu'au point de vue géographie humaine et économique.

Enfin outre les 30 prix qui sont prévus, chaque jour une équipe sera récompensée pour la meilleure photographie de la journée sur décision des techniciens Kodak, cependant qu'un voyage en autocar à Versailles et Orly sera offert à la classe à laquelle appartient l'équipe gagnante du Ier prix.

Illustration
Annexe I - Organigramme des groupes d'étude

  1. (retour)↑  I° Amélioration des structures. Le grand Tours, solution sociale et à meilleur compte des problèmes de logement, des transports et de la coordination industrielle.
    2° Agriculture. Collecte et vente par des organismes spécialisés.
    3° Développement industriel. Multiplication des petites industries spécialisées pour offrir aux jeunes une promotion dans l'emploi.
    4° Aménagement des horaires. Samedi et dimanche repos pour tous et une demi-journée supplémentaire pour achats et démarches.
    5° Logements. Il faut construire 6 000 logements par an pour que le problème soit résolu en 1975.
    6° Commercialisation. A production de masse, distribution de masse.
    7° Enseignement. Création de Io lycées et 15 collèges techniques pour accueillir 50 000 jeunes, en 1975.
    8° Tourisme et loisirs. Un stade par commune de 2 000 habitants, possibilités accrues de voyages et de développement culturel.
    9° Communications. Autoroutes nord-sud et est-ouest complétées par un aéroport à grand trafic.
  2. (retour)↑  Toutefois toute la documentation n'a pas été exposée. D'une part elle était trop abondante : nous avions près de 2 000 tableaux statistiques; d'autre part certains résultats ont, après examen, été laissés à la seule connaissance des sous-groupes de travail, soit parce qu'ils étaient trop complexes ou n'apportaient qu'un surcroît de connaissance négligeable, soit parce qu'ils ne pouvaient intéresser que des professionnels.
  3. (retour)↑  Une exposition, organisée par Mlle Lecoanet, bibliothécaire-adjointe, à l'occasion du 50e anniversaire de l'Institut de Touraine : « La Touraine au service de la langue et des lettres françaises avait nécessité le transport des vitrines et des panneaux de la Bibliothèque municipale au Musée de Tours où avait lieu l'exposition.
  4. (retour)↑  80 % se sentent compris par les adultes;
    90 % comptent sur un effort personnel pour réussir et 40 % sur l'aide de la société;
    20 % ne se sentent pas à leur place dans les métiers qu'on leur a choisis;
    90 % souhaitent des réunions de jeunes;
    70 % veulent une responsabilité dans la société;
    95 % veulent faire du sport;
    90 % souhaitent faire connaître les problèmes des jeunes;
    90 % ont aimé l'enquête qui a été menée auprès d'eux.
  5. (retour)↑  Les historiens actuels utilisent de plus en plus les données économiques et sociométriques : la conception de l'histoire a elle aussi évolué.