L'institut national des techniques de la documentation et la formation des documentalistes en France
Rôle de l'Institut national des techniques de la documentation (I. N. T. D.) créé en I950 au Conservatoire national des arts et métiers. Actuellement seul établissement officiellement habilité à délivrer un diplôme de documentaliste. Étude de l'enseignement donné et des examens, exemples de sujets d'épreuves et de travaux pratiques et perspectives d'avenir de cet institut
Il y a trente ans, l'Union française des organismes de documentation (U.F.O.D.), créée en 1932, mettait à l'étude un projet d'école des techniciens de la documentation, projet présenté par Mme Briet 1; mais c'est seulement en 1945 que s'ouvrirent les cours de l'U.F.O.D. dont l'Institut national des techniques de la documentation (I.N.T.D.) a pris la suite en 1950, Mme Briet en étant le premier directeur des études 2.
Le nom de Mme Briet, bibliothécaire puis conservateur adjoint à la Bibliothèque nationale, se retrouve en 1950 comme en 1933 associé à la formation des documentalistes et son rôle de pionnier devait être rappelé en tête de cet article monographique consacré à l'Institut national des techniques de la documentation.
Actuellement, si l'U.F.O.D. 3 continue à assurer la formation des aides-documentalistes (cours moyen de documentation), l'I.N.D.T. est le seul établissement officiel habilité à délivrer un diplôme de documentaliste. Toutefois, un certificat de technologie (documentation) a été créé en 1962 à la Faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse par l'arrêté ministériel du 16 août 1962 4 complété par l'arrêté du 14 novembre 1962 5 pris en application du décret du 12 mars 1962 6.
L'I.N.T.D. est un des instituts du Conservatoire national des arts et métiers (C.N.A.M.), 292, rue Saint-Martin, Paris 3e, lequel relève de la Direction des enseignements techniques et professionnels au Ministère de l'Éducation nationale.
Cet institut a été créé en accord avec l'U.F.O.D., par arrêté du Ministre de l'Éducation nationale, le Ier décembre 1950 (Journal officiel du 18-19 décembre 1950 7).
Il est placé sous la direction du directeur du Conservatoire national des arts et métiers, assisté d'une commission technique présidée par Mr Fougerolle, membre du Conseil d'administration du C.N.A.M. et ancien président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris. Cette commission comprend, outre le directeur du C.N.A.M., Mr Louis Ragey, et le directeur adjoint, Mr Guerin, des représentants de la Direction des enseignements techniques et professionnels, de la Direction des bibliothèques de France (3 représentants), de la Direction des archives de France, du Centre de documentation du Centre national de la recherche scientifique, de l'Institut national de la statistique et des études économiques, de la Direction de la documentation auprès du Secrétariat général du Gouvernement, du Corps enseignant du C.N.A.M., de l'Union française des organismes de documentation (5 représentants).
Les élèves de l'I.N.T.D. doivent être âgés de 18 ans.
S'ils sont titulaires d'une licence ou d'un titre jugé équivalent, ils sont admis directement en Ire année. Dans le cas contraire, ils doivent subir un examen probatoire, mais à condition toutefois d'être titulaires du baccalauréat de l'enseignement secondaire ou d'un titre équivalent.
Les références professionnelles, appuyées de certificats des employeurs, peuvent être éventuellement retenues comme équivalences pour les candidats qui ont exercé les fonctions de documentaliste depuis au moins un an, et sont âgés de vingt-cinq ans révolus.
L'examen probatoire, créé en 1959, qui n'est pas un concours, a pour but de faire une sélection parmi les candidats bacheliers.
Il a lieu les premiers jours d'octobre, les inscriptions étant ouvertes durant le mois de septembre.
Cet examen comporte deux épreuves notées chacune sur 20 (la note 5 étant éliminatoire) :
- une épreuve de langue vivante (version d'un texte étranger contemporain : allemand, anglais, espagnol, italien, russe, au choix du candidat, avec l'aide d'un dictionnaire bilingue); durée : deux heures.
- une épreuve-témoin de culture générale sur un texte de langue française; durée : trois heures.
En octobre 1962, le texte proposé aux candidats était de Paul Lester (5 pages dactylographiées) et concernait l'anthropologie.
Les candidats devaient répondre aux questions suivantes :
I° Choisissez, sinon pour chaque alinéa, du moins pour des groupements d'alinéas, des titres marginaux; faites suivre chaque titre du numéro des alinéas qu'il concerne.
2° Rédigez d'après lui pour chacun des termes :
a) anthropologie,
b) ethnologie,
c) ethnographie,
une notice de dictionnaire aussi précise et complète que possible mais dont la brièveté sera également appréciée.
3° Citez l'ouvrage le plus célèbre de Kant.
4° Que savez-vous de Broca ?
5° Que savez-vous (en quelques lignes) :
a) du Muséum national d'histoire naturelle,
b) du Musée de l'Homme.
L'I.N.T.D. accueille des élèves étrangers dans les mêmes conditions que les élèves français, compte tenu des équivalences de titres officiellement admis.
Elle reçoit également des auditeurs libres étrangers dans des conditions fixées par le directeur des études. Des étrangers, séjournant en France pendant une période limitée ont pu suivre des conférences de Ire et 2e année, et faire en même temps des visites et des stages spécialement organisés pour chacun d'entre eux.
En 196I, un stage international de documentalistes d'une durée de 3 semaines (Ier au 21 mai) a été organisé par l'I.N.T.D. au Centre international d'études pédagogiques (13 stagiaires de 10 nationalités différentes : Belgique, Brésil, Espagne, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie, Yougoslavie) 8.
L'enseignement donné à l'I.N.T.D. dure deux ans, de fin octobre à fin mai. Dans l'une et l'autre année, les cours ont lieu deux matins par semaine (3 à 4 heures par semaine) :
- le lundi et le jeudi en Ire année,
- le mardi et le mercredi en 2e année.
Aux cours s'ajoutent des visites d'établissements (8 chaque année) et, bien entendu, le travail personnel que doit fournir chaque élève et qui implique des recherches dans des bibliothèques et organismes de documentation, en particulier à la Bibliothèque du C.N.A.M., à la Bibliothèque nationale (salle des catalogues et bibliographies), etc... Néanmoins, l'élève de l'I.N.T.D. peut parallèlement suivre d'autres cours 9 ou exercer une activité professionnelle à condition que son employeur lui accorde certaines facilités d'horaires.
L'enseignement de la première année porte sur les techniques de la documentation telles qu'elles sont utilisées dans les organismes de documentation de toutes spécialités : acquisitions, catalogage, classification, indexation, sélection, classement, exploitation, communication et diffusion, procédés de reproduction, etc... (72 heures de cours environ, 17 conférenciers).
Le nombre des cours peut apparaître assez faible, mais c'est à dessein, et si une augmentation devait intervenir, elle porterait plus sur les travaux pratiques que sur les cours « ex-cathedra ».
L'assistance aux cours est obligatoire. Si le nombre des absences non motivées est supérieur à II, le directeur des études peut interdire à l'élève de se présenter à l'examen de fin d'année.
Les élèves sont tenus de faire les travaux pratiques qui sont corrigés et notés. Une séance de correction est prévue pour chaque travail pratique. Ces travaux pratiques portent sur la bibliographie (2), la classification (4), le catalogage et les références bibliographiques (4), les analyses (5). En fin d'année, plusieurs séances (6) sont consacrées à des travaux pratiques de synthèse.
Voici le thème des travaux pratiques de synthèse de 1963 :
« On sait qu'il existe en France divers organismes destinés aux études spatiales : Centre national d'études spatiales, Société pour l'étude et la réalisation d'engins balistiques, etc..., en relations d'ailleurs avec des organismes européens travaillant dans le même domaine (European spatial research organization, European launcher development organization, Eurospace), et aussi avec des organismes américains correspondants.
« Pour assurer dans de meilleures conditions la documentation et l'information scientifique concernant les sciences et techniques de l'espace, on suppose qu'il a été décidé de créer un « Centre national de documentation et d'information spatiales » et qu'un groupe d'experts en techniques documentaires a été chargé d'établir un plan à cet effet.
« On suppose qu'il s'agit de préparer ce plan, qui devra envisager les diverses questions à résoudre.
« a) Organisation générale du Centre de subordination administrative des liaisons avec les centres de recherches et les organisations industrielles dans ce domaine.
b) Collecte des documents.
c) Analyse des documents.
d) Traitement des analyses pour exploitation ultérieure.
e) Diffusion des informations.
f) Structure et organisation administrative.
g) Budget et programme de développement.
« Les séances seront l'occasion d'une révision générale des données acquises au cours de l'enseignement.
Les élèves sont priés de réfléchir aux questions qui seront traitées, afin de pouvoir participer à la discussion du « projet » ci-dessus. »
En fin de Ire année (juin), les élèves doivent subir un examen de passage en 2e année. Cet examen (2 jours) comporte :
- Un sujet général (3 heures, 60 points), par exemple en juin 1963 :
« Rédigez pour le Conseil d'administration de l'entreprise à laquelle vous appartenez, un rapport sur le rôle, du point de vue de la documentation et de l'information, des publications de l'entreprise et de celles de la concurrence. »
- Trois questions de cours (I h 30, 60 points), par exemple en juin 1963 :
I° Définition de la microcopie. Diverses sortes de microcopies.
2° Les suppléments de la partie officielle de la Bibliographie de la France.
3° La circulation des périodiques dans une entreprise. La justifier, la décrire brièvement.
- La rédaction d'une analyse en français d'un texte français et d'une analyse également en français d'un texte en langue étrangère (la langue étant laissée au choix du candidat parmi les cinq langues déjà prévues pour l'examen probatoire) (3 heures, 60 points). Les élèves ayant obtenu 5 points ou plus sur 10 pour la rédaction d'une analyse en français d'un deuxième texte en langue étrangère (épreuve facultative - autre langue que l'épreuve obligatoire) bénéficient d'une bonification de points.
Les textes donnés à analyser appartiennent toujours à des documents traitant de problèmes concernant la documentation et les bibliothèques, les élèves étant familiarisés avec la terminologie propre à ces problèmes.
- La rédaction de fiches catalographiques et bibliographiques (60 points).
Le nombre des points nécessaires pour l'admissibilité à l'épreuve orale est de 120, soit 10/20 de moyenne.
A l'oral, les élèves sont interrogés sur deux parties différentes du cours (120 points). Toute note inférieure à 5 est éliminatoire.
Les élèves qui n'ont pas été admis (moins de 180 points), au mois de juin, à passer en deuxième année, peuvent passer un nouvel examen au mois d'octobre et redoubler leur première année en cas d'échec.
L'enseignement de deuxième année a pour objet de familiariser les élèves avec la recherche documentaire et la documentation spécialisée. C'est pourquoi l'enseignement comporte : des leçons d'initiation sur la documentation dans les différentes disciplines scientifiques et techniques, d'une part, sociales et économiques, d'autre part (61 heures de cours environ, 35 conférenciers).
Sciences sociales - Sociologie - Statistique - Démographie - Économie industrielle et commerciale - Histoire des doctrines et des faits économiques et sociaux - Sciences juridiques - Publications officielles - Sciences politiques - Foires, manifestations, congrès - Presse - Organisation scientifique du travail - Finances et Banque - Comptabilité - Assurances - Pédagogie - Centres de documentation des archives - Documentation administrative.
Mathématiques - Physique et chimie - Biologie - Géologie - Agriculture - Énergie nucléaire - Métallurgie - Mécanique et travail des métaux - Électrotechnique - Transmissions - Industries chimiques - Sources énergétiques - Pétrole, carburants, lubrifiants - Matériaux de construction - Transports ferroviaires - Hygiène et sécurité du travail - Essais et mesures.
Pour chaque discipline, le professeur attire l'attention des élèves sur l'évolution actuelle de la recherche, les relations avec les disciplines marginales, les usagers de la documentation, etc... et signale les principaux organismes de documentation et instruments de travail.
Tous les élèves doivent obligatoirement suivre tous les cours, qu'ils concernent la documentation scientifique et technique ou la documentation économique et sociale. En outre, les élèves doivent faire sept travaux pratiques de recherche documentaire 10 mais ils peuvent choisir soit les sciences et techniques soit les sciences sociales et économiques. Voici quelques exemples de recherche :
I° « Établir un relevé sélectif, critique et évaluatif des principales sources imprimées et des principaux instruments de référence utilisables pour se documenter sur l'évolution économique et sociale de la France de 1958 à 196I (inclusivement). Toutes les appréciations portées devront être motivées, le travail devra être présenté de façon systématique. »
2° « Rechercher les textes applicables à la vente avec consignation d'emballages et les décisions de jurisprudence rendues sur cette question depuis 1950.
Donner les références précises des décisions et indiquez spécialement les notes ou articles auxquels les décisions ont donné lieu. »
3° « Veuillez traiter au choix l'un des trois sujets suivants :
- les procédés de contrôle non destructif en sidérurgie,
- l'automatisation en sidérurgie,
- la nouvelle usine de Dunkerque de la société USINOR.
« Pour chacun de ces sujets, vous devrez présenter votre travail en deux parties :
I° Un texte concis et clair résumant tous les renseignements que vous aurez recueillis.
2° Une liste bibliographique permettant au lecteur de la première partie de votre travail de se reporter pour plus de détails aux documents que vous aurez sélectionnés. »
Les élèves participent également à des exercices de révision de l'enseignement qu'ils ont reçu en première année. Ces exercices consistent en l'étude de « cas » aussi concrets que possible (3 ou 4). Les élèves travaillant en équipe procèdent à des recherches documentaires, à des visites, à des enquêtes. Ils se réunissent par petits groupes et une discussion générale a lieu ensuite sous la direction du professeur. Ces exercices ont donc une valeur éducative.
Exemples :
« a) Le centre d'informations du matériel et des articles de bureau (C.I.M.A.B.) ayant reçu de nombreuses demandes de renseignements sur la multigraphie des fiches dans un organisme de documentation vous charge de procéder à une enquête et de rédiger une monographie sur ce sujet.
« b) Un éditeur voudrait publier sur les procédés de sélection manuelle et mécanique un périodique de caractère international, renseignant :
- sur les publications de toutes natures concernant les procédés et leur utilisation,
- éventuellement sur les projets et expériences en cours.
« Après avoir fait le point de la situation actuelle, compte tenu des divers périodiques (notamment de caractère bibliographique) qui paraissent dans le monde, dites si le périodique envisagé répond à un besoin et, dans l'affirmative, quelles devraient être les caractéristiques du périodique.
« Chaque équipe se considèrera comme l'équivalence d'un bureau d'études auquel l'éditeur aurait demandé un avis. »
Plusieurs conférences de perfectionnement sur la documentation automatique sont prévues en 2e année pour l'année scolaire 1963-1964.
Au cours du deuxième trimestre (du début de janvier à la rentrée de Pâques), les élèves préparent un mémoire ou rapport. Des listes de sujets sont proposées aux élèves, par la Direction des études. Les élèves peuvent également proposer les sujets de leur choix. La Direction des études arrête la liste des sujets traités. Les mémoires sont notés par le professeur qui a dirigé le travail de l'élève. La note est prise en considération pour l'examen de sortie. (40 points sur un total de 160.)
Voici quelques sujets traités par les élèves de 2e année en 1963 :
- Le contenu de la statistique des familles à travers les recensements depuis 180I, avec analyse des concepts.
- Étude iconographique des événements marquants durant les journées révolutionnaires parisiennes de juillet 1830, d'après les estampes des grandes collections parisiennes comparées aux sources écrites du temps.
- Information sur les travaux en cours sur les sciences physiques (problème des délais de publication et de retard dans la parution de l'information dans les revues bibliographiques).
- Le conseil constitutionnel. Bibliographie générale. Inventaire des Centres applicables.
Certains rapports ont été jugés remarquables et dignes d'être publiés.
De la note remise aux élèves et concernant la rédaction du rapport, nous extrayons le passage suivant qui précise dans quel esprit ce rapport doit être préparé.
« Pour leur rapport les étudiants doivent faire la preuve qu'ils savent procéder à une recherche d'une manière méthodique et efficace et qu'ils savent également présenter avec clarté le résultat de leurs recherches.
« Les sujets peuvent être variés mais en dehors de bibliographies, documentographies, guides de sources documentaires, seuls peuvent être admis les sujets de documentologie et de bibliologie.
« S'il s'agit d'une bibliographie, d'une documentographie, les opérations de dépouillement auront intérêt à porter dans la plupart des cas sur un nombre d'années très limité. Les références ne devront en aucun cas être extraites d'un seul fichier ou d'une seule bibliographie, mais résulter d'un travail de sélection pour lequel l'étudiant aura consulté des instruments de travail variés dans des langues différentes. L'étudiant devra toujours dans une introduction expliquer la méthode suivie.
« Les références bibliographiques seront unifiées et seront conformes aux normes en usage enseignées à l'I.N.T.D. Toute négligence à cet égard pourra entraîner une mauvaise note, quelles que soient par ailleurs les qualités du travail.
« D'autres sujets sont possibles telle par exemple une enquête sur une technique documentaire ou ses applications. Là encore l'objet de l'enquête, ses limites et les motifs de cette limitation devront être clairement exprimés.
« Quel que soit le sujet, l'étudiant doit le traiter dans des conditions à peu près semblables à celles où il se trouvera demain lorsqu'il sera appelé à rédiger un rapport dans un temps presque toujours limité, pour répondre à une question que son chef lui aura posée. »
D'une manière générale, les élèves apportent beaucoup de soin à la rédaction de leur rapport. Ils auraient tendance à négliger leurs autres tâches scolaires pendant le deuxième trimestre. Très peu de rapports ont une note inférieure à la moyenne et certains font l'objet d'appréciations très élogieuses.
L'examen de fin de 2e année, particulièrement important puisque c'est à son issue que les élèves reçoivent ou non leur diplôme, comporte :
- Un sujet général (3 heures, 40 points), qui nécessite de la part de l'élève la mise en œuvre des connaissances acquises au cours des deux années.
Voici, par exemple :
- Le sujet qui a été donné en juin 1962 :
« Au cours de vos deux années d'I.N.T.D., vous avez eu l'occasion de vous familiariser avec des classifications spécialisées de types variés. Présentez quelques-unes d'entre elles avec vos commentaires et vos critiques; vous indiquerez, pour chacune, des centres qui, à votre connaissance, les appliquent, des publications qui les utilisent. »
- Le sujet donné en 1963 :
« Un article vous est demandé par un groupement professionnel sur le métier de documentaliste.
« Choisissez un groupement professionnel déterminé et rédigez cet article. »
- La rédaction d'analyses (3 heures, 40 points) comme en Ire année (y compris l'analyse facultative).
- Une épreuve pratique (3 heures, 40 points) de recherche documentaire qui se fait dans une bibliothèque ou un organisme de documentation après tirage au sort de la question.
Exemples (1963) :
Épreuve subie à la Bibliothèque de la Faculté de pharmacie de Paris :
« Vous êtes chargé de réunir une documentation générale sur :
L'INOSITOL
I° Comment mènerez-vous votre recherche ?
2° Donnez la formule développée de l'Inositol. »
Épreuve subie à la Bibliothèque de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris :
« I° Aspects actuels de l'industrie et du commerce du vêtement féminin.
2° Dans quelles bibliothèques de Paris peut-on consulter la revue anglaise Metallurgia (Manchester) ? »
Les élèves de 2e année qui ont échoué (moins de 80 points) à l'examen de juin peuvent passer un nouvel examen au mois d'octobre, et s'ils échouent, être admis à redoubler leur 2e année.
Les élèves reçus à l'examen de fin de 2e année reçoivent le diplôme de documentaliste délivré par le Conservatoire national des arts et métiers.
Jusqu'à l'année scolaire 1959-1960 inclus, la rédaction du rapport n'était pas comprise dans l'examen de 2e année.
Les élèves, après avoir subi l'examen de fin de 2e année, devaient rédiger un mémoire 11 pour obtenir le diplôme de documentaliste, mais un trop grand nombre d'élèves différaient d'année en année la remise de leur mémoire ou ne l'ont pas remis, ce qui ne leur a pas permis d'obtenir le diplôme de documentaliste. La réforme qui a abouti à l'organisation actuelle s'est avérée entièrement bénéfique.
Les frais de scolarité de l'I.N.T.D. étaient fixés comme suit pour l'année scolaire 1962-1963 :
Ire année : 250 F
2e année : 290 F
Des exonérations peuvent être accordées sur demandes motivées. L'I.N.T.D. n'accorde pas de bourses.
L'I.N.T.D. ne place pas lui-même les élèves. Le placement est assuré par l'Association des anciens élèves qui a son siège au Conservatoire et, dans une certaine mesure, par l'U.F.O.D.
A la page suivante un tableau donne les résultats aux divers examens pour les élèves entrés à l'I.N.T.D. en octobre 196I et octobre 1962.
Le nombre des élèves admis en Ire année, en 1960 et 196I, est de 120. En 1962, il a été de 128. On doit considérer que ces chiffres, qui n'avaient jamais été atteints depuis la création de l'I.N.T.D., constituent un maximum.
On constatera que le pourcentage de non admis à l'examen probatoire varie de 17 à 18 %. Le nombre des élèves admis en 2e année correspond à 58 ou 55 % des élèves admis en Ire année. Des élèves ont échoué à l'examen de passage (77 à 75 % des élèves présentés sont reçus). D'autres abandonnent en cours d'année, ou même ne se présentent pas à l'ouverture des cours. Étant donné la sélection faite à la fin de la Ire année, on ne s'étonnera pas du petit nombre d'échecs aux examens de 2e année.
La lecture des statistiques montrera que la majorité, pour ne pas dire la presque totalité des élèves, sont des femmes.
L'âge moyen des élèves est de vingt-cinq ans 1.
Sur les 62 élèves diplômés en 1962, 6 seulement avaient des titres équivalents à la licence; en 1963 sur les 62 diplômés en juin, 9 ont des titres équivalents à la licence.
Il serait évidemment souhaitable d'attirer à l'I.N.T.D. plus de candidats masculins ; il serait également très nécessaire d'avoir plus de candidats du niveau de la licence et plus de candidats ayant une formation scientifique, étant donnés les besoins du marché.
L'I.N.T.D. assure exclusivement une formation professionnelle. Or, le métier de documentaliste exige, à des degrés divers, des connaissances linguistiques (deux langues au minimum) et des connaissances plus ou moins spécialisées dans tel ou tel secteur. Il en résulte qu'un élève sortant de l'I.N.D.T. pourra remplir des fonctions de niveaux différents suivant ses connaissances linguistiques et ses connaissances spécialisées. La formation donnée par l'I.N.T.D. ne prépare pas seulement aux fonctions de documentaliste dans un organisme de documentation, mais également à celles d'assistant ou de secrétaire chargé de recherches documentaires 12.
L'I.N.T.D. n'enseigne pas seulement aux élèves les techniques de la documentation, mais s'efforce aussi de développer en eux des aptitudes qu'exige le métier de documentaliste.
L'I.N.T.D, a été créé plus spécialement pour répondre aux besoins du secteur privé, mais des postes de documentalistes existent également dans le secteur public et un statut des documentalistes de l'Éducation nationale est à l'étude (services collégiaux de documentation).
La formation donnée par l'I.N.T.D. ne fait en aucune manière double emploi avec celle donnée jusqu'à ce jour pour le Diplôme supérieur de bibliothécaire, et demain, par l'École nationale de bibliothécaires.
L'I.N.T.D. n'a cessé d'améliorer son enseignement et continuera à le faire au cours des prochaines années.
En 1963, un séminaire sur la documentation et l'automatisation a été organisé, à titre expérimental, en mai, à l'intention des élèves de 2e année et des anciens élèves. 10 conférences dont une visite ont permis aux élèves de 2e année qui ont suivi le séminaire de perfectionner les connaissances qu'ils avaient acquises, notamment en Ire année, et de leur faire prendre conscience des problèmes qui se présentent en documentation au niveau le plus élevé.
La matière de ces conférences sera probablement incluse dans le programme normal de 2e année en 1963-1964, bien qu'il ne soit pas question de donner à tous les élèves de l'I.N.T.D. un enseignement aussi spécialisé que celui par exemple qu'assume Mr Gardin à l'École pratique des Hautes Études depuis 1962 « Sémiologie et Documentation » 13.
Parmi les questions qui demeurent à l'étude, notons celles d'un enseignement par correspondance pour les provinciaux, de cours du soir que les élèves exerçant déjà un métier jugeraient plus pratiques, de sessions intensives pour la formation ou le perfectionnement de documentalistes en fonction, de stages pour les élèves dans des organismes de documentation, de moyens propres à augmenter le recrutement de candidats ayant une formation scientifique.
La direction des études s'est d'autre part efforcée de favoriser, indépendamment des listes bibliographiques remises aux élèves principalement en 2e année, la publication d'études en français sur les problèmes de la documentation et une collection « Documentation et Information » a été commencée en 1963, chez l'éditeur Gauthier-Villars, par une traduction de l'ouvrage de Vickery « Faceted Classification ». Doivent paraître dans les mois à venir, un manuel d'application de la Classification décimale universelle par Mr Dubuc, un ouvrage de Mr Gardin sur le Syntol, etc..., auquel s'ajoutera le manuel en français préparé par la F.I.D. sur la reproduction documentaire et la sélection.
Le développement de la documentation, principalement scientifique et technique, le rôle croissant des machines, les mesures envisagées par la Délégation générale à la Recherche scientifique et technique pour une meilleure organisation de la documentation en France, ne manqueront pas d'avoir leur répercussion sur la profession du documentaliste et la fonction de celui-ci. Le terme de documentaliste couvre à des niveaux différents l'exercice de tâches parfois très différenciées. La formation de l'I.N.T.D. a eu jusqu'à ce jour un caractère volontairement polyvalent ; peut-être faudra-t-il demain envisager certaines formes de spécialisation pour tenir compte de l'évolution des techniques de la documentation et de l'emploi qui en sera fait.