À propos du « Scandia plans »

Tönnes Kleberg

En 1955, quatre bibliothèques de Suède répartirent entre elles la responsabilité des acquisitions dans les disciplines périphériques. En 1956, la coopération est étendue aux bibliothèques nationales et universitaires du Danemark, de la Finlande et de la Norvège. Le « Scandia plan » s'applique, actuellement aux sciences humaines, il s'appliquera bientôt à la médecine, à la technologie, à l'agriculture et au droit. Les méthodes employées varient suivant les disciplines concernées

Nous assistons de nos jours à une étonnante production de livres et de périodiques, elle est en augmentation, semble-t-il, dans le monde entier; il est probable qu'avant longtemps cette tendance deviendra encore plus évidente. Cette remarque vaut pour presque toutes les disciplines, aussi bien que pour la plupart des langues. L'état actuel des choses peut sembler satisfaisant, ce peut être aussi une cause d'alarme, cela dépend du point de vue auquel on se place. Devant cette expansion effrayante, professeurs et bibliothécaires ont à faire face à d'énormes difficultés. Aucune bibliothèque au monde, quelle que soit son importance et quels que soient ses moyens en argent et en personnel, n'est capable par elle-même d'acquérir, de conserver et de communiquer ne serait-ce que les livres et les périodiques les plus importants publiés dans tous les domaines, ni même la plupart d'entre eux. L'autarcie est devenue une illusion.

En ces circonstances, la nécessité de la coopération et de la spécialisation est évidente. Ce qu'une seule bibliothèque est incapable de faire peut être réalisé, ou au moins facilité, grâce à la coopération d'un groupe de bibliothèques. Ce groupe peut rassembler les bibliothèques d'une ville, d'un pays ou de plusieurs pays. Ce n'est pas ici le lieu de traiter de toutes les solutions qu'on a pu apporter aux problèmes de la coopération en différents endroits du monde, qu'elles reposent sur une base géographiquement limitée ou plus large. Du reste ces solutions sont bien connues et elles ont, sans nul doute, conduit à des résultats importants. La plupart d'entre elles visent à une coopération à l'intérieur d'une ville, d'une région ou d'un pays entier. Autant que je sache, personne n'a, jusqu'à présent, essayé de dépasser les limites de son pays, personne ne s'est efforcé de mettre sur pied une coopération entre plusieurs états politiquement indépendants. Qu'il en soit ainsi ne peut nous surprendre; si l'on a à surmonter de nombreuses difficultés quand il s'agit d'assurer une coopération efficace dans l'acquisition des livres pour une ville ou un pays, il est tout à fait normal que la tâche devienne encore plus difficile quand on essaie d'établir une coopération à l'échelon non seulement national, mais international.

C'est cependant ce que nous avons tenté de faire dans les pays scandinaves. Le résultat, s'il en est un, est ce qu'on appelle le « Scandia Plan ».

Les perspectives, on peut le dire, étaient relativement favorables. Les états scandinaves (et par là nous entendons le Danemark, la Finlande, la Norvège et la Suède puisque l'Islande n'adhère pas encore à notre plan) sont toutes des nations voisines. En ce qui concerne leur culture, on peut parler d'unité. En dépit de nombreuses différences individuelles, leur vie culturelle est caractérisée par une unanimité naturelle et spontanée et par un désir toujours croissant de collaboration sur le plan pratique.

Avant d'entrer dans le sujet proprement dit : le « Scandia Plan », je dirais volontiers quelques mots de sa lointaine histoire, car le développement postérieur du plan fut conditionné, au moins dans une certaine mesure, par ces événements. Les débuts de son histoire reviennent pour une part indiscutable à la Suède dans la mesure où une tentative suédoise pour spécialiser complètement les intérêts donna la première impulsion.

La Suède a quatre bibliothèques de recherche, relativement importantes, plus ou moins encyclopédiques : la Bibliothèque royale à Stockholm et les Bibliothèques universitaires d'Uppsala, de Lund et de Göteborg. Pour ce qui est de leur organisation, elles sont complètement indépendantes bien qu'elles aient longtemps collaboré de façon intensive et efficace. La Bibliothèque universitaire d'Uppsala est la plus grande d'entre elles. Ensemble, elles ont à leur disposition un budget annuel de près de 2.450.000 couronnes suédoises (ce qui représente 2.311.000 francs français) pour l'achat et la reliure des livres. Les quatre bibliothèques sont officiellement habilitées à recevoir un exemplaire gratuit de tout ce qui est publié en Suède, si bien que l'achat des publications suédoises ne nécessite que peu d'argent.

Les bibliothèques universitaires, en particulier, disposent de nombreuses monnaies d'échanges (publications en français, anglais ou allemand pour la plupart) elles ont également mis sur pied des systèmes d'échanges internationaux sur une échelle assez remarquable. Les ressources des quatre bibliothèques sont bien insuffisantes, cela va sans dire, pour leur permettre d'acquérir, chacune pour son propre compte, la production scientifique du monde entier dans des proportions dont on puisse dire qu'elles satisfont les besoins de la recherche, en expansion dans notre pays. Les ressources financières des bibliothèques spécialisées, en nombre croissant, sont, pour certaines, assez larges, elles sont cependant insuffisantes.

Dans ces circonstances, un travail d'équipe efficace est une nécessité. Une telle coopération existe bien déjà et se poursuit depuis un temps considérable. Durant les années voisines de 1950, la production scientifique dans le monde prit de telles proportions qu'elle devint de plus en plus alarmante du point de vue des bibliothécaires. En même temps il semblait impératif, même pour un peuple nordique, que les publications des pays éloignés soient à sa disposition plus largement qu'elles ne l'étaient auparavant. Il devenait de plus en plus évident qu'aucune partie du monde n'est étrangère aux autres de quelque façon que ce soit. La politique d'acquisition des bibliothèques suédoises se faisait certes à l'échelle internationale, mais cette orientation devait être encouragée et élargie. Pour y arriver, la coopération entre les bibliothèques devait être intensifiée et systématisée. En 1955, les directeurs des quatre bibliothèques réalisèrent un accord en ce sens.

Un fait cependant était apparu clairement dès le début. La coopération devait être limitée à ce qui, de notre point de vue, peut être appelé les disciplines périphériques. Dans la mesure où il s'agissait des sujets fondamentaux sur lesquels porte la recherche dans nos quatre universités, il était nécessaire, dans chacune d'elles, d'essayer de se procurer les livres et les périodiques essentiels. Dans ces domaines, la spécialisation des intérêts ne pouvait être réalisée à grande échelle. Le coût élevé du prêt entre bibliothèques, entre autres, pouvait sans conteste y faire renoncer. La seule méthode possible aurait été une spécialisation qui aurait concerné également l'enseignement et la recherche de chacune des universités; quand les conditions essentielles pour une recherche facile se trouvent mises en question, un tel cloisonnement n'est pas un avantage. Mais il y a des disciplines qui semblent convenir à une division des intérêts entre les bibliothèques de recherche suédoises. Ceci est spécialement vrai des branches qui ne sont pas très étudiées et dans lesquelles, pour cette raison, l'acquisition des livres et des périodiques a été relativement négligée. C'est vrai également des sujets qui sont eux l'objet d'un travail poussé en différents lieux où l'existence antérieure de collections spécialisées amène naturellement à ce qu'une bibliothèque (ou en certains cas deux) leur consacre un intérêt particulier.

Ce plan suédois de spécialisation s'appliquait seulement aux quatre bibliothèques mentionnées ci-dessus. Il était, et est encore, plutôt une expérience; mais, ceci étant admis, il rencontra, sans exagérer, un certain succès. Je signalerais volontiers que, durant les toutes dernières années, la Bibliothèque universitaire de Göteborg a augmenté considérablement ses collections relatives à l'histoire de la Hollande et à l'histoire littéraire. De la même façon, la Bibliothèque universitaire d'Uppsala a rassemblé une collection de livres concernant l'histoire de l'Amérique du Nord assez exceptionnelle pour l'Europe.

Nous en étions là en Suède quand les plans tendant à élargir la coopération en un « Scandia Plan » commencèrent à prendre forme. Cela se passa au VIIIe Congrès des bibliothèques scandinaves, en Finlande, en 1956. L'idée éveilla un intérêt considérable et le Comité de l' « Union of Scandinavian research librarians » fut chargé de mettre cette question en discussion. Un comité fut élu, le « General Committee »; Harald L. Tveterâs, d'Oslo, le présidait. Il a décrit le travail réalisé par le Comité dans, par exemple, le Bulletin de l'Unesco à l'intention des bibliothèques, 1960, n° 4. Pour plus de détails, on pourra se reporter à cet article et à la bibliographie donnée ci-dessous.

Le travail préliminaire du Comité, commencé à l'automne 1957, se poursuit depuis lors. Afin de ne pas trop compliquer les choses au début, l'entreprise fut limitée aux bibliothèques nationales et universitaires, treize en tout, avec un budget total d'environ six millions de francs français pour l'achat et la reliure des livres et des périodiques. On commença par les sciences humaines. La première étape consista en un relevé des collections particulièrement riches, se rapportant aux sciences humaines, qui se trouvaient dans les différentes bibliothèques concernées par le plan. On en avait à la vérité déjà une vague idée. Mais il fallait dorénavant faire une étude précise de la nature et de la portée réelles de ces collections grâce à des statistiques. Une attention spéciale fut apportée aux collections de périodiques courants non scandinaves. Quand on en fut là, l'enquête fut étendue aux domaines de la recherche autres que les humanités afin d'obtenir une base de travail sûre pour les sous-comités dont je parlerai tout à l'heure. Ce travail préliminaire se poursuit encore maintenant. Il s'est avéré très efficace.

Tandis qu'on en était encore au stade des plans, on eut à faire face à un problème qui n'était pas une surprise. Si l'on avait du agir avec prudence quand il s'agissait de la Suède et limiter l'expérience aux disciplines périphériques et aux publications écrites dans les langues les moins bien connues à l'échelon international, il devenait encore plus important d'agir de la même manière quand la coopération dut inclure quatre nations différentes. Les collections qu'un pays pouvait décider de rassembler dans une seule bibliothèque, au plus dans deux, devenaient insuffisantes, dans de nombreux cas, quand quatre pays étaient concernés et il fallait les avoir à sa disposition dans deux ou plusieurs endroits; alors, il était encore plus important de procéder avec précaution, étape par étape.

Même dans ces conditions cependant, on arriva à certains résultats limités. Ils ont pour base l'enquête dont il a été question ci-dessus, sur les collections spéciales détenues par les bibliothèques coopérantes. La répartition des spécialités, dans la mesure où on est arrivé à un accord, est indiquée en partie dans le tableau ci-après.

Dans certains cas, la responsabilité principale d'une discipline a été confiée à une bibliothèque tandis qu'une autre bibliothèque joue le rôle d'une réserve plus ou moins bien équipée. Quelquefois, deux bibliothèques sont toutes deux également responsables d'une discipline spéciale, en particulier quand le sujet est considéré comme assez important ou quand les collections des deux bibliothèques sont tout à fait remarquables.

Au total, quelques 80 disciplines spéciales ont, jusqu'à présent, été réparties entre les bibliothèques qui participent au plan - certaines d'entre elles sont très limitées et d'un intérêt assez secondaire de notre point de vue d'Européen du Nord. Les suggestions pour la répartition des spécialisations sont faites par le comité général déjà mentionné. Elles circulent alors parmi les bibliothèques concernées. Après en avoir discuté avec leur personnel et avec les professeurs intéressés, les directeurs des bibliothèques en question acceptent ou refusent ces suggestions. La décision finale n'est prise que si elle peut être acceptée à l'unanimité.

Bien que les bibliothèques coopérantes ne reçoivent, en principe, aucune subvention spéciale pour les acquisitions à faire dans leur spécialité, il arrive parfois que des fonds privés leur viennent en aide. Parfois le gouvernement et les organismes centraux des bibliothèques des pays compris dans le « Scandia Plan » s'y intéressent de façon pratique en y contribuant par des dons spéciaux ou en encourageant les échanges.

Toute bibliothèque qui a pris la responsabilité d'un domaine de la recherche, a l'obligation d'acquérir systématiquement toute publication, nouvelle ou ancienne, sur le sujet en question et également de jouer le rôle de centre d'information bibliographique. Les autres bibliothèques sont naturellement libres d'acquérir tous les livres qu'elles considèrent comme nécessaires à leur propre travail, même dans les domaines les plus spécialisés dont s'occupent les autres bibliothèques. Aucune entrave ne doit être mise à leur liberté d'action, mais le fait que des collections spécialisées existent, relativement à portée de la main, agira naturellement comme un facteur restreignant.

Ce plan d'acquisitions doit être complété aussitôt que possible par une autre mesure de coopération d'une certaine importance. Toute bibliothèque qui a pris la responsabilité principale d'une certaine discipline doit recevoir automatiquement des autres bibliothèques participant au plan (et aussi d'autres institutions) des copies des fiches des publications qu'elles ont acquises dans le sujet concerné. Une telle mesure aiderait les bibliothèques à agir comme centres d'information bibliographique pour les sujets dans lesquels elles sont spécialisées.

Il y a, pour que ce plan trouve son application, une condition évidente : que le prêt entre bibliothèques soit consenti de façon très libérale, que les prêts soient effectués rapidement (en original ou sous forme de film) et que le transport se fasse sans délai. La plupart des bibliothèques qui participent au plan seront bientôt équipées de Telex qui faciliteront les prêts. La spécialisation doit, dans sa conception, être permanente et indépendante des variations temporaires que pourraient connaître le travail de recherche et les programmes des cours dans les universités.

Dans les domaines les plus importants du savoir, des résultats limités ont été également obtenus grâce surtout à la méthode « monographique » : l'acquisition des publications relatives à tel auteur, à tel artiste, etc... est confiée à une ou à plusieurs bibliothèques, par exemple les publications concernant Beethoven, Dante, Gœthe, Lucrèce, Luther, Pétrarque, Samuel Johnson. On pourrait continuer ainsi longtemps.

Le « Scandia Plan » à l'heure actuelle va son chemin. Les efforts pour intensifier la coopération dans le domaine des sciences humaines sont poursuivis. Elle s'étend à d'autres disciplines. La médecine est l'une d'entre elle. Dans ce domaine, il semble presque impossible d'arriver à un résultat par la division en sujets; nous espérons cependant qu'il y a beaucoup à gagner par une autre méthode. Les livres de médecine, et en particulier les périodiques, publiés dans des langues moins bien connues des scientifiques scandinaves, doivent être disponibles dans un rayon assez voisin du centre de recherche, mais il n'est pas besoin qu'ils existent dans dix bibliothèques scandinaves. Nous nous attachons à présent à dresser systématiquement la liste des collections de périodiques médicaux dans certains domaines linguistiques et dans certaines régions et nous attirons alors l'attention sur les lacunes évidentes. Nous avons l'intention de répartir entre les quatre pays la responsabilité des acquisitions - qu'elles se fassent par achat ou par échange - des instruments de travail principaux dont on s'est aperçu qu'ils manquaient.

Le même genre d'enquête a été réalisé - ou est en cours de réalisation - par des sous-comités spéciaux pour la technologie et l'agriculture.

La situation est particulièrement complexe quand il s'agit de bibliothèques techniques car elles coopèrent à une grande échelle avec les grosses industries privées et elles dépendent de leurs collections de périodiques. En ce qui concerne les bibliothèques techniques aussi bien que les bibliothèques agricoles la coopération se fera vraisemblablement suivant des aires linguistiques, de façon que les diverses bibliothèques assument la responsabilité particulière des acquisitions et de l'information pour les publications venues d'une ou de plusieurs aires culturelles dont la langue est moins accessible aux pays inclus dans le plan. En appliquant cette méthode on pourrait s'efforcer de suivre autant que possible les directives générales acceptées par le comité général.

On est également arrivé à un accord sur un détail qui peut devenir de quelque importance : chacune des bibliothèques coopérantes a la volonté, pourvu que ceci s'avère réalisable, d'accepter des autres bibliothèques des dépôts de publications concernant sa spécialité.

Les directeurs des bibliothèques parlementaires des quatre pays forment un groupe qui collabore étroitement. Nous croyons qu'une division raisonnable des acquisitions de publications parlementaires entre les bibliothèques scandinaves non seulement accroîtrait leurs collections par un apport neuf et important, mais encore, en conduisant à éviter les doubles inutiles, elle épargnerait beaucoup de travail et ferait gagner de la place.

Notre but est de continuer successivement enquêtes et plans de coopération, discipline après discipline. Les bibliothèques des écoles scandinaves d'économie politique ont déjà commencé les discussions préliminaires.

Nous avons également fait porter notre attention sur les collections de journaux non scandinaves dans les bibliothèques scandinaves. La liste qui a été établie devrait être bientôt publiée sous forme de catalogue collectif imprimé. Cette liste a déjà amené à acquérir plusieurs journaux importants qui n'étaient pas jusqu'à présent représentés dans nos contrées, afin d'élargir la documentation. L'importance de cette mesure, du point de vue de la recherche, est évident.

Le « Scandia Plan » doit, sans aucun doute, faire face à de grandes difficultés, mais je suis convaincu que les avantages qui en découlent sont plus grands encore. L'enquête sur la situation actuelle, qui est en cours et qui est à la base de toute décision, est, en elle-même, une bonne chose. Le but du plan est d'augmenter la capacité commune des bibliothèques qui y participent et d'élargir leurs possibilités de se procurer les publications relatives à des disciplines secondaires mais cependant importantes. Il a également pour but de réduire, en une certaine mesure, le nombre des doubles qui ne sont pas nécessaires. De la sorte, les politiques d'acquisitions des bibliothèques concernées, dans le domaine des disciplines secondaires, atteindraient une plus grande stabilité et il serait plus facile pour les professeurs de trouver les documents eux-mêmes aussi bien que les informations bibliographiques dont ils ont besoin.

Les résultats qui peuvent être obtenus par le travail en cours ne doivent pas être surestimés. Le plan n'est pas la solution assurée de tous les problèmes. Nous nous contentons de ce que certains aient été résolus. Il est important que la témérité n'ait pas présidé au choix de nos méthodes. Le plan doit être développé pas à pas. Les décisions ne doivent pas être prises sans que les données théoriques ne soient bien claires. Nous essayons d'éviter les spéculations hasardeuses. Nous visons à des résultats concrets qui, dans la mesure où cela peut être prévu, puissent s'avérer permanents; on doit leur laisser le temps de prendre forme.

Comme je l'ai dit précédemment, l'expérience scandinave ne peut être que d'un intérêt limité pour les autres pays. Dans notre cas, les conditions sont sans doute exceptionnellement favorables, nous ne renvendiquerons en aucune façon la mise au point d'un type qui puisse être directement appliqué à d'autres pays ou à d'autres groupes de pays; mais d'un autre côté, il se trouve que la plupart des expériences sont utiles également pour des individus ou pour des groupes qu'elles ne concernaient pas à l'origine. Très fréquemment vous pouvez tirer un enseignement des résultats positifs obtenus ailleurs, et, encore plus fréquemment, vous pouvez en tirer une des erreurs commises par autrui. Je penserais volontiers que, dans certains cas, il peut être possible d'appliquer certaines des méthodes utilisées dans le « Scandia Plan ». La condition fondamentale consiste, à coup sûr, en une volonté nette de coopérer sur une base purement pratique, sans formalité superflue. Une autre condition, d'importance capitale, est de se limiter en visant seulement à des résultats strictement partiels : en s'attachant principalement aux disciplines secondaires et aux publications écrites dans les langues les moins bien connues des pays participants. A ces conditions, les problèmes doivent être très vraisemblablement surmontés. Il est possible que je sous-estime les difficultés impliquées quand j'avance qu'il est possible d'adopter un plan de coopération plus ou moins semblable au plan scandinave dans les nombreuses nations nouvelles qui ont à mettre sur pied des systèmes de fonctionnement nouveaux pour les bibliothèques : en Afrique, en Asie et dans d'autres parties du monde, spécialement quand les conditions linguistiques et politiques sont favorables. Ce peut être également le cas en Amérique latine où deux langues dominent le continent entier, et je ne peux m'empêcher de penser que, dans certains domaines, des résultats concrets pourraient être obtenus également en Europe à condition qu'on prenne garde d'agir dans un sens pratique et avec beaucoup de prudence.

Les difficultés sont évidentes, il est facile, et hautement justifié, d'être sceptique. Mais après tout, nous devons avoir le courage de tenter des expériences, même au risque de commettre des erreurs et de ne pas réussir, si nous espérons aboutir, en fin de compte, à des résultats d'une réelle importance 1.

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Tableau 1

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Tableau 2

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Tableau 3

  1. (retour)↑  Traduit de l'anglais par Mme Malet, bibliothécaire à la Direction des bibliothèques de France.