Chronique des bibliothèques

Bibliothèque de l'Opéra

Exposition Charles Garnier

Le 12 décembre a été inaugurée dans la galerie basse de la Bibliothèque-Musée de l'Opéra, l'exposition Charles Garnier et l'Opéra. L'occasion de cette exposition, préparée à la demande et avec la collaboration de l'Académie d'architecture, est le centenaire du concours à l'issue duquel le projet de théâtre de Charles Garnier fut, à l'unanimité, désigné comme le meilleur.

Des pièces d'archives, réunies par Mlle Nicole Bourdel, conservateur aux Archives de la Seine, soulignent les principales étapes de la carrière du grand architecte : naissance, admission à l'École des beaux-arts, prix de Rome, nomination aux fonctions officielles, honneurs, mort... Les documents relatifs au concours sont préalablement éclairés par plusieurs pièces évoquant les projets antérieurs d'un théâtre d'opéra à Paris, en particulier le choix de l'emplacement : le jardin du Palais-Royal n'avait-il pas été un moment retenu ?...

Le concours lui-même est évoqué tout d'abord par les projets de quelques-uns des concurrents : celui de Viollet-le-Duc, qui retient spécialement l'attention du visiteur, surpris de le trouver si peu « gothique » et surtout les dessins de Garnier lui-même conservés à la Bibliothèque de l'Opéra : plans, élévations, détails d'exécution qui disent l'histoire de ce projet et, avec une curieuse collection de photographies du chantier, sa réalisation. Parmi l'abondante iconographie de Charles Garnier, on remarque surtout, à côté d'une réplique du buste de Carpeaux, une très belle esquisse peinte de Baudry pour le portrait de l'architecte, dans la force de l'âge et du talent (1869, il a quarante-quatre ans) et une émouvante toile de Carolus Duran datée de 1895, montrant un Garnier blanchi et farouche. Cette exposition est complétée par quelques rappels d'amitiés : Théophile Gautier, Edmond About, quelques plaisanteries de jeunesse, des témoignages d'une touchante gloire populaire : médaille offerte par les ouvriers de l'Opéra, foulard imprimé, abat-jour représentant le théâtre, et surtout par une profusion de croquis à la plume : souvenirs de voyage, portraits stupéfiants de justesse, d'esprit, d'habileté, qui prouvent bien quel grand artiste était ce grand architecte.

Le catalogue 1 (145 numéros) comporte une longue et intéressante préface de M. Albert Laprade, membre de l'Institut, membre de l'Académie d'architecture.

Bibliothèques municipales.

Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

Le 19 janvier 1962, un hommage a été rendu à M. Édouard Aude, créateur du Musée des tapisseries (dont on célébrait le cinquantenaire) et conservateur de la Bibliothèque Méjanes de 1896 à 1935.

Après le discours de Me Paul Jourdan, conseiller municipal délégué à la Bibliothèque Méjanes, Mme Aude et la nombreuse assistance qui l'entourait ont visité l'exposition consacrée au souvenir d'Édouard Aude, comprenant ses œuvres, les manuscrits de ses cours publics et conférences et un grand nombre de lettres émanant de diverses personnalités littéraires.

Mulhouse (Haut-Rhin).

Au nord de Mulhouse, séparé de la ville par une large vallée où passent la rivière et les voies de ceinture, Bourtzwiller était il y a un siècle un hameau groupant une cinquantaine de feux autour de quelques tuileries. L'implantation de l'industrie et la découverte du gisement potassique en ont fait une agglomération ouvrière qui compte près de 10 000 âmes et qui continue à se développer. Simple écart de la commune d'Illzach, Bourtzwiller n'a été constitué en commune qu'en 1928. L'administration allemande l'incorpora à Mulhouse avec toutes les communes suburbaines en 194I. Redevenu autonome en 1945, Bourtzwiller demanda son rattachement à Mulhouse. Celui-ci fut réalisé en 1947.

Communauté longtemps réduite, commune de brève durée, Bourtzwiller a encore un équipement commercial, social et culturel très faible. Dès 1949, la Bibliothèque municipale de Mulhouse avait installé dans la salle désaffectée du conseil municipal un service de prêt. Mais, là comme ailleurs, elle était entrée en concurrence avec l'enseignement en quête de locaux pour loger des classes chaque année plus nombreuses. Expulsée une première fois pendant l'année scolaire 1957/1958, la bibliothèque de Bourtzwiller devait fermer définitivement ses portes à la rentrée de 1960.

Prévoyant cette issue, et soucieuse de donner à l'activité culturelle sa place dans l'aménagement du quartier, l'administration municipale avait engagé dès 1958 des pourparlers avec la Caisse d'épargne de Mulhouse qui projetait la construction d'un immeuble locatif dont le rez-de-chaussée abriterait une de ses succursales. En définitive, ce sont trois immeubles juxtaposés qui ont été bâtis avec un bureau de la Caisse d'épargne, un bureau de poste et une annexe de la Bibliothèque municipale. Implanté sur un des grands axes de circulation, à proximité des écoles, du cinéma et de l'église, cet ensemble sera un des centres d'attraction d'une agglomération encore dispersée.

La Caisse d'épargne a été le maître d'œuvre, mais l'immeuble abritant la bibliothèque a été construit d'après le programme proposé par la ville de Mulhouse. La bibliothèque occupe un rectangle de 26 m en façade sur 9 m de profondeur. A gauche de la façade, l'entrée donne sur un grand hall où se trouve la banque de prêt et sur lequel débouchent le bureau et les toilettes. A droite, une baie de 3 m s'ouvre largement sur deux salles de lecture en enfilade séparées par une cloison vitrée posée sur des rayonnages bas (0,98 m). Chacune de ces salles couvre 68 m2. La première, celle des adultes, offre seize places assises autour de cinq tables rectangulaires. L'espace entre le bloc de ventilation de la chaufferie et la cloison vitrée a été aménagé en coin de lecture confortable avec cinq chauffeuses disposées autour d'une table ronde, à portée de main d'un présentoir avec un choix d'une vingtaine de revues. Le long des murs courent 125 m de rayonnages de chêne clair hauts de 1,98 m. La seconde, celle des enfants, offre seize places assises autour de deux grandes tables rectangulaires et douze places pour les plus petits autour de deux tables rondes. Une dizaine de tabourets bas dispersés permet de bouquiner commodément au long des rayons ou de s'installer autour d'une huche circulaire chargée de livres d'images. 125 m de tablettes, les mêmes que dans la première salle, sont disposées le long des murs et sous la cloison vitrée.

Autres caractéristiques et aménagements à signaler :
- ouverture des salles au midi. Le mur de façade nord est plein, éclairé par une rangée de carreaux de béton translucide au-dessus des rayonnages.
- Isolation phonique des salles de lecture par plafond préfabriqué « Elbaphone ».
- Éclairage des salles par 32 caissons lumineux de 625 X 625 mm encastrés dans le faux-plafond et contenant chacun quatre tubes fluorescents.
- Revêtements de sols : dallage en grès cérame pour le hall et les toilettes, tiltor lourd pour le bureau et les salles de lecture.
- Habillage des piliers et des gaines de ventilation par panneaux de chêne jusqu'à la hauteur des rayonnages. 60 crochets porte-manteaux sont posés sur ces panneaux.
- Coloris : sol bleu, murs jaune paille, chauffeuses et rideaux rouges dans les salles ; sol et rideaux jaunes, murs bleus, sièges rouges dans le bureau.

Étudié par la Bibliothèque municipale et le service municipal d'architecture, l'aménagement intérieur a été confié à la maison Borgeaud pour l'ensemble du mobilier, aux entreprises mulhousiennes pour la menuiserie, l'isolation phonique, l'éclairage, les peintures, les revêtements de sol, la signalisation. Tous ces travaux ont été subventionnés par la Direction des bibliothèques de France.

L'emplacement et le cadre qui lui ont été donnés font de l'annexe de Bourtzwiller la plus coquette et la plus attirante des bibliothèques mulhousiennes. Elle s'imposera nécessairement comme un modèle, perfectible certes, pour les services qui viendront tôt ou tard porter le livre dans les quartiers résidentiels qui s'édifient autour de Mulhouse et dont l'équipement social est encore plus pauvre que celui de Bourtzwiller.

Quels services peut rendre une telle bibliothèque ? Improvisée dans les années difficiles de l'après-guerre, ouverte trois après-midi par semaine, l'ancienne annexe de Bourtzwiller n'avait guère été qu'un dépôt de livres où l'on venait chercher de la lecture à emporter. Des fonds sommairement classés, pas de catalogues - à quoi, à qui auraient-ils servi ? - pas de livres de travail, pas d'ouvrages de consultation. La nouvelle bibliothèque est une bibliothèque de plein exercice. Un dépôt de 600 volumes de la Direction des bibliothèques de France et 3.500 achats ont rénové les collections. 2.500 des livres acquis ont remplacé la vieille collection enfantine cédée à la bibliothèque d'un autre quartier. Reclassé dans le cadre de la classification décimale, l'ensemble du fonds a fait l'objet de six catalogues (auteurs, topographique et titres) dans chacune des salles, rédigés selon les normes.

On a remarqué la part faite à la lecture enfantine. La salle est aussi vaste que celle des adultes, et le nombre de places supérieur. Bourtzwiller est un quartier ouvrier, et l'on sait combien il est difficile d'attirer le milieu ouvrier à la bibliothèque publique : en 1956, sur 5.015 adultes inscrits dans les bibliothèques, I.292 seulement appartenaient à ce milieu; en 1960, après une augmentation excessive des tarifs, ils n'étaient plus que 793 sur un total de 4.044 inscrits. La difficulté n'existe pas dans le public enfantin pour lequel le prêt est demeuré gratuit. Aussi est-ce d'abord le souci de développer la lecture enfantine qui a inspiré le programme soumis aux architectes. La salle pour adultes offre les ouvrages que l'on attend d'une bibliothèque de lecture publique de cette importance, et il n'y aurait pas lieu d'en parler si l'on n'avait voulu en faire un auxiliaire de la bibliothèque centrale et lui donner, à l'échelle municipale, sa place dans le vaste mouvement de déconcentration universitaire qui affecte notre pays. Au niveau de la bibliothèque municipale ce mouvement a revêtu successivement deux aspects. Sa première manifestation, non officielle, remonte aux années de l'après-guerre où de nombreux étudiants mulhousiens, renonçant à utiliser la bibliothèque universitaire du chef-lieu académique, ont envahi à la fin de chaque semaine le service de prêt de la bibliothèque d'étude. La seconde, plus récente, résulte de l'implantation d'instituts et de collèges universitaires.

Depuis 1958, Mulhouse a vu s'ouvrir un centre d'études juridiques préparant à la capacité en droit et un collège scientifique. Si les exigences bibliographiques du premier sont modestes et si la prise en charge par la Direction des bibliothèques de France de la bibliothèque du second a partiellement libéré la Bibliothèque municipale du souci, par trop pesant, de constituer et de tenir à jour une collection d'ouvrages scientifiques, il est bien évident que c'est vers elle que se tourneront les étudiants du collège littéraire dont l'ouverture a été annoncée pour 1962. On peut craindre que la bibliothèque centrale ne soit pas équipée pour répondre à une demande massive de manuels, d'éditions et d'études critiques. Et c'est là précisément qu'une annexe comme celle de Bourtzwiller, dont le public n'est pas encore déterminé, peut tenir son rôle. Avec des ouvrages de consultation (petites encyclopédies, petits répertoires biographiques, dictionnaires bilingues, manuels d'histoire littéraire), des collections de monographies (Connaissance des lettres, Écrivains d'hier et d'aujourd'hui, Écrivains de toujours, Classiques du XIXe siècle, etc.), et les éditions courantes des grands textes littéraires, elle peut attirer et retenir les étudiants des classes terminales et de propédeutique qui peuvent se contenter d'ouvrages de travail élémentaires. Ils feront là, dans des conditions plus agréables qu'à la bibliothèque centrale un peu intimidante, l'apprentissage de la documentation et commenceront à pratiquer l'art trop peu répandu de se servir d'une bibliothèque publique.

Volontairement énoncé en des termes très généraux, ce programme se précisera à mesure que se révéleront les besoins. Mais il faut dès à présent mettre en place une collection d'ouvrages de base dont l'importance sur les rayons attire déjà l'attention de ceux pour qui le livre est ou deviendra un instrument de travail, de telle façon qu'ils demeurent fidèles à leur bibliothèque pendant les premières années de leurs études. C'est un champ d'expériences assez neuf qui s'ouvre à la bibliothécaire qui dirige cette annexe. L'essai qui y est tenté inspirera les autres bibliothèques du réseau mulhousien de lecture publique. Cette tentative de décentralisation bibliographique à l'échelon local ne peut en effet porter ses fruits que si elle est étendue à toutes les bibliothèques dont l'équipement matériel et la formation du personnel permettront l'installation et l'exploitation de collections de travail.

La Bibliothèque municipale de Bourtzwiller a été officiellement inaugurée le 21 décembre 196I en présence de M. Émile Muller, député-maire de la Ville de Mulhouse, et de M. Pierre Lelièvre, inspecteur général adjoint au directeur général des Bibliothèques. Elle a été ouverte au public le 2 janvier 1962.

Services départementaux de lecture publique.

Loiret.

Le Bibliobus du Loiret vient de publier le troisième numéro du catalogue de ses ouvrages documentaires. Il contient les livres des classes 700 (beaux-arts) et 800 (littérature) de la classification Dewey. Deux index alphabétiques des matières et des auteurs permettent de trouver rapidement l'ouvrage recherché dans la partie systématique du catalogue.

Bibliothèque de l'École nationale de médecine et de pharmacie de Grenoble.

La bibliothèque de l'École nationale de médecine et de pharmacie de Grenoble offre à ses usagers un guide du lecteur 2 extrêmement développé qui se propose de mieux faire connaître les ressources de la bibliothèque d'une part et d'initier le lecteur au travail de la recherche bibliographique d'autre part.

La première partie : Les Ressources de la bibliothèque présente successivement les usuels, les fonds en magasin, le catalogue général auteurs (où sont étudiées la rédaction et l'intercalation des fiches), les thèses et les périodiques.

La deuxième partie : La Recherche aux catalogues alphabétiques de matières étudie la « langue médicale », la rédaction des vedettes-matières et le classement des fiches.

Enfin, la troisième partie : La Recherche bibliographique est un véritable cours de bibliographie à l'intention des étudiants en médecine qui se présente modestement comme un complément de l'ouvrage de Geneviève Koest et Claude Franck 3. M. Monteil nous décrit d'abord les principales bibliographies qui se trouvent à la bibliothèque, puis la façon de conduire une recherche dans les périodiques, les ouvrages, les actes des congrès et les thèses. Il explique au passage le fonctionnement des principaux catalogues collectifs, la façon dont sont catalogués les actes des congrès et quel est le classement adopté pour les thèses dans les bibliothèques universitaires françaises.

Ce Guide répond donc bien au but que s'est donné son auteur : orienter les nouveaux lecteurs et aider dans leurs recherches ceux qui fréquentent régulièrement la bibliothèque.

Illustration
Bibliothèque municipale de Mulhouse. Annexe de Bourtzwiller

  1. (retour)↑  Bibliothèque de l'Opéra. Charles Garnier et l'Opéra. Exposition organisée avec le concours de l'Académie d'architecture pour commémorer le centenaire de l'Opéra. - Paris, 1961. - 20,5 cm, 40 p., portrait et plan sur la couv.
  2. (retour)↑  Université de Grenoble. École nationale de médecine et de pharmacie. Bibliothèque. - Guide du lecteur par Jean Monteil,... - Grenoble, 196I. - 27 cm, 57 ff., multigr.
  3. (retour)↑  Koest (Geneviève) et Franck (Claude). - Notions élémentaires de bibliographie médicale. (La bibliographie d'une thèse de médecine.) Av.-pr. de Léon Binet. - Paris, Le François, 1955. - 18 cm, 64 p.