Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Trois siècles d'amitié franco-sénégalaise.

A l'occasion de la visite officielle à Paris de M. Léopold Sédar Senghor, président de la République du Sénégal, une exposition consacrée à « Trois siècles d'amitié franco-sénégalaise » a été organisée à la Bibliothèque nationale avec le concours des Archives nationales.

Cette exposition qui pendant quelques semaines restera ouverte au public dans le vestibule d'honneur de la Bibliothèque nationale, a été inaugurée, le jeudi 20 avril, par M. Léopold Senghor accompagné de MM. Paye, ministre de l'Éducation nationale, Frey, ministre de l'Intérieur par intérim, Foyer, secrétaire d'État aux relations avec les États de la Communauté et Foccart, secrétaire général de la Communauté, qui ont été accueillis à la Bibliothèque nationale par M. Julien Cain.

Près de deux cents pièces variées, manuscrits, documents d'archives, livres imprimés, estampes, photographies, cartes et médailles évoquaient les grandes lignes de l'histoire du Sénégal, inséparable de celle de la France à partir du XVIe siècle.

On voit les premiers établissements français, évinçant progressivement, avec l'appui de Richelieu et de Colbert ceux des Hollandais, puis des Anglais. L'administration officielle française se substituant à la fin du XVIIIe siècle aux compagnies commerciales privées, fait entrer le Sénégal, à partir de 1816, dans une phase nouvelle de mise en valeur économique et d'expansion territoriale. L'action de Faidherbe, dont l'œuvre au Sénégal peut être comparée à celle de Lyautey au Maroc, et celle de ses successeurs est symbolisée par un choix de documents officiels montrant les efforts entrepris pour doter le Sénégal de nouvelles cultures, de voies de communication, d'écoles, etc...

Le succès des idées abolitionnistes aboutissant en 1848 à la suppression définitive de l'esclavage et de la traite, sont rappelés par divers documents, dont le plus illustre est, bien entendu, le manuscrit autographe de L'Esprit des lois.

Quelques vitrines consacrées à la contribution apportée par le Sénégal à la défense de la métropole au cours des deux guerres mondiales, à sa promotion politique et culturelle, et enfin à son accession à l'indépendance, concluent cette rapide évocation historique d'une œuvre dont les deux pays n'ont eu en somme qu'à se louer.

L'exposition a été préparée par Mlles Marthe Chaumié et Françoise Adam, MM. Marcel Thomas et Étienne Taillemitte.

Salon international du portrait photographique.

Le Salon international du portrait photographique s'est ouvert le 28 avril dans les deux galeries de la Bibliothèque nationale.

Il s'agit d'une manifestation supplémentaire de l'Association du Salon national, lequel expose régulièrement chaque année et exposera cette année encore en octobre. Le Comité du Salon, comme on disait que le portrait photographique subit une crise, a voulu montrer aux Parisiens - et plus généralement aux Français, car l'exposition voyagera deux ans - l'effort des photographes du monde entier de 1840 à 1960.

Le Salon a donc été divisé en deux sections, l'une, rétrospective, confiée à M. J. Adhémar, l'autre contemporaine réalisée par M. L. Lorelle. La mise en pages, très soignée et originale, est de M. Jean Garcia, professeur au Collège technique Estienne.

La galerie Mazarine a été divisée en alvéoles, chacune consacrée soit à un photographe, soit à un modèle (et on a eu la surprise de constater que plusieurs modèles se considéraient eux-mêmes comme photographes lorsqu'ils prenaient simplement la pose) : on y voit successivement Nadar, Carjat, Adam Salomon, d'autres photographes français, Victor Hugo, Sarah Bernhardt, Apollinaire, Jaurès, Lautrec, et un choix de photographies étrangères. Sur les paliers, des recherches, les unes naïves de groupements d'attitudes, d'expression, entre 1860 et 1900, et aussi une anthologie très sommaire de la photographie française de 1900 à 1940. Dans la galerie Mansart, un système ingénieux de panneaux montés en chicane et bien éclairés, permettent d'exposer un millier d'excellents portraits contemporains exécutés par près de 250 photographes différents. Une expérience curieuse est tentée : on a demandé à 30 photographes de photographier le même visage.

Cette exposition, intéressante dans sa partie contemporaine, l'est au moins autant dans sa partie ancienne qui constitue l'amorce de ce Musée de la photographie dont on parle beaucoup.

Bibliothèques municipales.

Toulouse (Haute-Garonne).

Chaque année la Ville de Toulouse consacre à un pays étranger des journées culturelles auxquelles participent le Théâtre du Capitole, les Musées et les Bibliothèques municipales. En 196I, le pays choisi fut l'Italie et, à cette occasion, le Musée des Augustins et la Bibliothèque municipale, avec l'aide des collections publiques de la région et particulièrement de la Bibliothèque municipale d'Albi, ont présenté une exposition commune : Livres et tableaux du cardinal de Bernis (1715-1794), archevêque d'Albi, ambassadeur de France à Venise et à Rome.

Cette exposition, inaugurée le 8 avril, a permis de regrouper dans la vaste salle du Musée des Augustins les plus belles pièces des collections de Bernis, actuellement partagées, pour les livres, entre la Bibliothèque municipale d'Albi et celle de Toulouse, pour les tableaux, entre le Musée des Augustins à Toulouse et le Musée Toulouse-Lautrec d'Albi.

La partie de l'exposition présentée par la Bibliothèque municipale comprenait d'abord une introduction historique où, avec des documents prêtés par les Archives départementales de la Haute-Garonne et du Tarn, ainsi que par la Bibliothèque municipale d'Albi, étaient évoqués l'œuvre de Bernis en tant qu'archevêque d'Albi et le destin de ses collections sous la Révolution; une série de vitrines étaient, ensuite, consacrées à son action comme ambassadeur à Venise, puis à Rome, à ses relations avec les cours de Modène, de Naples et de Parme, ainsi qu'avec la famille royale de France. Le reste de l'exposition offrait un choix de près de trois cents volumes provenant de la bibliothèque du cardinal et groupés de façon à présenter aussi fidèlement que possible ses goûts et ses tendances.

Si Bernis, à ce propos, paraît n'avoir eu que peu de curiosité bibliophilique, si le fonds de sa bibliothèque est presque exclusivement constitué d'ouvrages classiques de son temps, l'exposition a permis de montrer qu'il choisissait avec soin les textes et les éditions, dont beaucoup sont illustrés, et que presque tous les grands noms des lettres françaises et étrangères du XVIIIe siècle se rencontraient sur ses rayons.

A côté de cet ensemble de grande qualité, il convient de signaler la remarquable série des somptueux recueils de planches édités à l'occasion de certains grands événements du règne de Louis XV : sacre du roi, mariages du dauphin et de Madame Elisabeth. Parmi ces livres d'apparat, on remarquait aussi, reliés en maroquin rouge aux armes de Stanislas Leczinski, les trois albums consacrés pari Héré, architecte de S. M. polonaise, aux travaux exécutés sur les ordres du roi à Nancy et dans les résidences de la cour de Lorraine.

Il convient aussi de noter une importante série de reliures aux armes de Bernis - remarquable par la grande variété des fers dont il se servait - dont les plus belles recouvrent le missel, le bréviaire et le pontifical du cardinal, appartenant à la Bibliothèque municipale d'Albi.

Un choix d'éditions de l'œuvre de notre abbé-poète, des XVIIIe et xixe siècles, permettait enfin, grâce à des exemplaires appartenant aux Bibliothèques municipales d'Albi, de Bordeaux et de Toulouse, à la Bibliothèque universitaire de Toulouse et aux Archives départementales du Tarn, de juger combien la vogue en fut étendue et durable.

L'iconographie de Bernis, abondante elle aussi, était représentée par des estampes appartenant aux collections précitées et au Musée Paul Dupuy de Toulouse.

Un catalogue général du fonds Bernis subsistant dans les collections d'Albi et de Toulouse, rédigé en commun pour les livres par les bibliothèques municipales intéressées, et pour les tableaux par le Musée des Augustins, est en cours de préparation.

Bibliothèques centrales de prêt.

Lot-et-Garonne.

Les 13, 14 et 15 mai 196I s'est tenu à Villeneuve-sur-Lot le XIVe Congrès annuel de la Fédération historique du Sud-Ouest, tenu en commun avec le XVIIe Congrès de la Fédération des sociétés savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne.

Les congressistes, à la tête desquels se trouvaient les doyens des Facultés des lettres de Bordeaux et de Toulouse, visitèrent, au cours de la 2e journée, les récentes installations de la Bibliothèque centrale de prêt du Lot-et-Garonne; une courte notice sur les principales caractéristiques de cet établissement et sur le bibliobus fut remise à chacun d'entre eux.

A cette occasion, la bibliothèque présentait les oeuvres des écrivains villeneuvois figurant dans ses collections, entre autres celles de Paul Guth, Charles Derennes, Sabine Sicaud, etc..., ainsi que les nouvelles acquisitions les plus intéressantes.

D'autre part, au cours des séances de travail du Congrès, les communications suivantes ont été présentées par M. Desgraves, conservateur de la Bibliothèque municipale classée de Bordeaux : L'Imprimerie à Agen au XVIIe siècle et par M. Goasguen, directeur de la Bibliothèque centrale de prêt du Lot-et-Garonne. Premiers résultats statistiques de l'expérience de lecture publique rurale en Lot-et-Garonne.

Catalogue des romans.

La Bibliothèque centrale de prêt du Lot-et-Garonne vient de publier le 2e supplément à son catalogue de romans (acquisitions de l'année 1960). Les romans y sont classés par pays d'origine.