Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Exposition « Carmen ».

A l'occasion de la reprise de Carmen et sur la demande de M. A. M. Julien, administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux, la Bibliothèque de l'Opéra a organisé, dans le Musée de l'Opéra, une petite exposition qui a été inaugurée, le 10 novembre, jour de la « première », par M. le Président de la République.

Exposition de la gravure originale en France au XVIIIe siècle.

L'exposition organisée à la Bibliothèque nationale dans la galerie Mansart, par le Cabinet des estampes sur La gravure originale en France au XVIIIe siècle a permis de montrer un aspect peu connu de l'histoire de l'estampe. Le XVIIIe siècle français est en effet par excellence celui de la gravure de reproduction, qui a fait l'objet d'un commerce extrêmement actif et connu un succès sans précédent. A côté de celle-ci, toutefois, l'estampe originale, bien qu'elle apparaisse noyée dans la masse de cette immense production si l'on s'en tient à un simple décompte numérique, a elle aussi sa place et celle-ci est loin d'être secondaire.

Il ne faut pas oublier en effet que les plus grands artistes ont alors été séduits par la grâce et la facilité de l'eau-forte et ont peu ou prou manié la pointe, dessinant sur le cuivre comme ils l'auraient fait sur le papier avec une plume ou un crayon. Ce n'était certes qu'un passe-temps et un exercice de style occasionnel, mais on conçoit l'intérêt que présentent ces essais qui ont le privilège de nous montrer dans toute leur pureté les qualités naturelles d'un Watteau, d'un Boucher, d'un Gabriel de Saint-Aubin, d'un Fragonard, pour ne citer que quelques noms; il s'agit en effet d'œuvres de premier jet, sorties directement de l'esprit de l'artiste, qui y trouvait la possibilité de s'exprimer pleinement pour lui-même, sans souci du goût du public.

L'eau-forte de peinture ne constitue cependant pas à elle seule toute la gravure originale en France au XVIIIe siècle. Les meilleurs des graveurs de métier, qui étaient aussi de remarquables dessinateurs, ont parfois gravé leurs propres compositions et toutes les techniques sont représentées : eau-forte et burin avec Cochin fils, Moreau le jeune et Augustin de Saint-Aubin, manière de lavis avec Le Prince et Loutherbourg, estampe et couleurs avec Debucourt et Sergent-Marceau.

On a également fait une large place aux amateurs qui sont alors légion, car la pratique de l'eau-forte faisait partie de l'éducation d'un homme de qualité; ce phénomène nouveau méritait d'être mis en lumière et apprécié à sa juste valeur, car cet engouement de la haute société pour les arts au XVIIIe siècle a son importance dans l'histoire de l'estampe; certains amateurs, au premier rang desquels il faut placer Boissieu, se sont d'ailleurs révélés comme de très grands artistes.

Le classement adopté pour la présentation de cette exposition et pour le catalogue 1 de 26I numéros qui la complète a permis de souligner la variété de cette gravure originale en France au XVIIIe siècle et de classer les artistes par affinités ou par genre : paysagistes, portraitistes, illustrateurs, chroniqueurs de fêtes officielles, directeurs et pensionnaires de l'Académie de France à Rome, etc. Tout en réservant la place qui leur convenait à des personnalités aussi affirmées que Watteau, Gabriel de Saint-Aubin, Fragonard, Debucourt. L'époque révolutionnaire est elle aussi brillamment représentée.

Il s'agit donc d'un panorama complet de l'estampe originale en France au XVIIIe siècle, qui met en lumière la diversité et la vogue de ce genre de gravure à cette époque. Il n'est pas inutile de préciser que cette entreprise, qui n'avait encore jamais été tentée, ne pouvait l'être que par la Bibliothèque nationale, étant donné la rareté de la majeure partie des pièces exposées. L'exposition de la gravure originale en France au XVIIIe siècle se présente en quelque sorte comme un complément de la grande exposition des chefs-d'œuvre du XVIIIe siècle, réalisée par le même établissement en 1906, au cours de laquelle la gravure de reproduction avait eu droit à une place d'honneur, tandis que l'estampe originale y était à peine représentée.

Bibliothèques municipales.

Bordeaux (Gironde).

Grâce à une importante subvention de la Direction des bibliothèques de France, la Bibliothèque municipale de Bordeaux vient d'acquérir un manuscrit d'un grand intérêt : ce sont des notes et des commentaires sur l'Esprit des lois, datant de 1748 ou 1749, et écrits, très vraisemblablement, par Jean-Jacques Rousseau, alors secrétaire du fermier-général Claude Dupin. Ces pages, qui proviennent du « portefeuille de Mme Dupin », constituent une première version, inédite, des Réflexions sur quelques parties d'un livre intitulé : De l'esprit des lois que Dupin devait publier un peu plus tard.

Châlons-sur-Marne (Marne).

A l'occasion des fêtes de fin d'année, la Bibliothèque municipale a organisé une exposition « Noël à travers les siècles » qui s'est ouverte le 30 décembre. Des livres d'heures des XIVe, xve et XVIe siècles avaient été exposés, ainsi que des livres modernes et des livres d'enfants se rapportant à Noël.

Pendant la durée des vacances scolaires, des séances avaient été prévues pour les enfants, avec projection de films et audition de noëls enfantins; les adultes pouvaient écouter des disques après les séances réservées aux enfants.

Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).

Du 22 janvier au 21 février 1960, a lieu à la Salle d'exposition de la Bibliothèque municipale, une exposition sur Clermont et Montferrand, sous les auspices de la Société « les Amis du vieux Clermont » et son président d'honneur, le Dr Balme.

Des éléments divers la composent :

Vingt compositions de M. Louis Tezenas reconstituent des épisodes de la vie clermontoise au XVIIIe siècle (la bête du Gevaudan, la visite de Mme Adélaïde à Clermont, la fête de la Fédération, etc...).

Autour de celles-ci, ont été disposés des documents originaux prêtés par les Archives départementales, les musées des Beaux-Arts, la Bibliothèque municipale, ou provenant de collections privées : l'Édit du roi portant réunion des deux villes Clermont et Montferrand en 173I, le Traité de l'harmonie de Rameau, des autographes des intendants Ballainvilliers, Chazerat, des évêques Massillon, Lagarlaye, des costumes de la seconde partie du XVIIIe siècle.

Parmi les portraits, celui de Mme Adélaïde, prêté par le comte et la comtesse de Roquefeuil, datant de 1786, est très remarqué ainsi que ceux de Ballainvilliers, La Michodière, Mgr Lagarlaye, Mgr de Bonal (prêté par l'Évêché).

Deux aquarelles représentant Clermont vu de Montferrand et Montferrand vu de Clermont (mises à la disposition des organisateurs par M. Juge-Chapsal) font revivre le panorama de la cité, en 1787.

Des dessins à l'encre de Chine de M. Maurice Marandet complètent l'exposition, en révélant des cours intérieures, des vieux hôtels, des portes, des escaliers, souvent ignorés même des Clermontois.

Ainsi avec ces différents aspects, cette exposition fait revivre le passé de la cité et en apprend l'histoire aux habitants.

Louviers (Eure).

La Bibliothèque municipale de Louviers vient de recevoir un don important d'ouvrages publiés par l'Institut d'anthropologie et d'histoire de Mexico, dont elle recevra désormais régulièrement les publications. Ces envois de livres entrent dans le cadre d'un accord entre cet Institut et la ville de Louviers, qui a aussi reçu pour son musée de nombreuses reproductions sur l'art préhispanique et hispanique du Mexique.

Nice (Alpes-Maritimes).

La Bibliothèque municipale de Nice a organisé une exposition de l'œuvre gravé de Picasso à la Galerie Ponchettes : eaux-fortes, lithographies et illustrations de livres.

L'inauguration a eu lieu le 12 janvier en présence de M. Jean Médecin, député-maire de Nice et conseiller général des Alpes-Maritimes.

Bibliothèques centrales de prêt.

Loir-et-Cher.

La Bibliothèque centrale de prêt du Loir-et-Cher vient de publier son deuxième Almanach des amis du bibliobus.

Cet almanach présente une vaste rétrospective du monde il y a cent ans, et plus spécialement de la France au Second Empire; le texte est illustré de nombreuses photographies de documents de l'époque, et de trois reproductions en couleurs de tableaux impressionnistes. Cette brochure comporte aussi une étude sur la littérature espagnole, ainsi que des notices agricoles. Tous les articles sont accompagnés de listes des ouvrages possédés par la bibliothèque centrale de prêt sur les sujets envisagés.

Moselle.

Expositions de livres pour enfants ; Clubs de jeunes lecteurs. - Membre actif de la Section lorraine de l'Association des bibliothécaires français, la Bibliothèque centrale de prêt de la Moselle a organisé dans plusieurs de ses dépôts l'exposition de livres pour jeunes de six à quinze ans préparée par cette Section.

Deux cents livres sélectionnés, offerts à la curiosité des parents, éducateurs, enseignants, jeunes lecteurs, constituaient l'élément de base de cette manifestation d'information sur le problème de « la lecture et les jeunes ».

Des carrefours ont pu être également organisés avec projections de films sur les métiers et la réalisation du livre.

Prolongements à ces expositions, toujours commentées : création de deux « clubs de jeunes lecteurs » dans le cadre d'une bibliothèque, d'une part, dans le cadre d'une association de « clubs de jeunes » de dix à quinze ans d'autre part. Activités de ces « clubs » : lecture et discussion de livres (la Piste 116, le Petit prince, Gavroche...) (un exemplaire de l'ouvrage est remis à chaque membre du club), examen plus approfondi des thèmes du livre grâce à des projections (films, diapositives), visites-enquêtes sur le thème : histoire et vie d'un livre (imprimerie, photogravure, reliure, bibliothèque).

L'émission (intéressante) de Claude Santelli, à la Télévision française : « Livre, mon ami », ayant lieu depuis peu le vendredi à 19 h 25, il est hélas désormais plus difficile, à cette heure, de l'inclure dans les activités d'un club de jeunes lecteurs.

Contacts avec des écrivains. - Le romancier Luc Estang, de passage à Metz, avait accepté de prendre contact avec les lecteurs et lectrices de deux dépôts du bibliobus.

A Dieuze, le sujet demandé : la littérature française contemporaine et la mort de Dieu, permit à Luc Estang de présenter un panorama intéressant des lettres d'aujourd'hui.

A Montigny-les-Metz, le romancier anima un carrefour d'une trentaine d'adolescentes sur le thème : « Les jeunes de 1960 et la littérature ».

La Bibliothèque centrale de prêt a également invité ses responsables de dépôt et ses lecteurs à participer au carrefour qu'elle organise avec le groupe mosellan de « Peuple et culture » à l'occasion de la venue de l'écrivain Emmanuel Roblès. L'auteur de « Cela s'appelle l'aurore », ami intime d'Albert Camus, parlera de la littérature contemporaine et des problèmes que pose la lecture dans les milieux populaires.

Numéro spécial d'« A livre ouvert ». - Le Groupe des Bibliobus de l'Est prépare un numéro spécial de la revue A livre ouvert, numéro qui sera consacré aux problèmes de « la lecture et l'enfant ».

Une circulaire a été envoyée aux bibliothécaires des bibliobus et des bibliothèques de lecture publique pour attirer l'attention sur cette publication.

Lecture publique.

Loiret.

Le numéro II du Bulletin du Bibliobus du Loiret (3e et 4e trimestres 1959) commence une série d'articles sur le roman étranger avec une analyse consacrée au roman anglais du XVIIIe siècle à nos jours, suivie de la liste des ouvrages d'auteurs anglais que possède le bibliobus.

Ce fascicule contient en outre quelques conseils bibliothéconomiques à l'usage des dépositaires ruraux et urbains, une description des principales collections de documentaires pour les jeunes, et quelques nouvelles d'actualité littéraire.

  1. (retour)↑  Bibliothèque nationale. Paris. - La Gravure originale en France au XVIIIe siècle. [Catalogue rédigé par Yves Bruand. Préf. de Julien Cain. Introd. de J. Vallery-Radot.] - Paris, Bibliothèque nationale, 1960. - 20,5 cm, XIV-88 p., multigr., couv. ill.