Télétype et microfiche transparente dans les relations entre bibliothèques

Dr L. J. Van der Wolk

Il convient d'étudier l'adoption du télétype et de la microfiche transparente dans les bibliothèques sous le double point de vue de leur intérêt et de leur utilité, car elle doit se fonder sur des considérations à la fois pratiques et financières.

Cet article se propose, après avoir donné des définitions du télétype et de la microfiche transparente, d'examiner leurs avantages en fonction des aspects financiers du problème. Ce que nous voulons relever avant tout, ce sont des faits concrets, des chiffres afin de faire toute la lumière désirable et de donner à chaque directeur d'établissement des éléments pour une étude chiffrée en ce qui concerne sa propre bibliothèque.

I. Caractéristiques essentielles

Le télétype est un moyen de communication reliant une machine à écrire placée dans un endroit A à une autre machine à écrire située en B. Si l'on tape en A un message pour B ce message est reçu au même instant en B. En outre, ce même message apparaît en caractères ordinaires, aussi bien en A où il a été tapé qu'en B où il est reçu.

Certains pays disposent déjà d'un réseau télétype automatique distinct du réseau téléphonique et qui peut être utilisé pour les communications internationales, tels les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, la République fédérale d'Allemagne, la Suède, l'Autriche et la Suisse. Dans l'un quelconque de ces pays, il est possible d'entrer en relations avec un correspondant situé dans un autre des pays énumérés ci-dessus en composant sur la machine à écrire l'indicatif numérique de ce correspondant.

La communication s'établit instantanément. Il est alors possible de composer et d'expédier le message. Il arrive, comme dans les communications téléphoniques, que le numéro demandé soit occupé. Dans ce cas, le demandeur en est avisé par un signal apparaissant sur son télétype. Avec d'autres pays, la communication ne s'effectue pas encore automatiquement et il est nécessaire de passer par l'intermédiaire d'un central. C'est ainsi qu'entre les Pays-Bas et l'Angleterre les liaisons par télétype s'effectuent du central d'Amsterdam à celui de Londres. Il est bien évident qu'une communication non automatique demande plus de temps.

Mais, de toutes façons, l'information par télétype est plus rapide qu'une information par courrier postal; elle est aussi rapide qu'une information par téléphone, mais elle a l'avantage sur celle-ci d'être plus exacte. Il est en effet courant de commettre des erreurs au téléphone, ce qui présente de notables inconvénients, notamment lorsqu'il s'agit de renseignements bibliographiques. De telles erreurs sont absolument exclues avec le télétype. En outre, par télétype, la communication peut être poursuivie sans risque d'interruption. De ce fait, la transmission d'un message à l'autre bout du monde ne soulève aucune difficulté. Un message expédié en plein jour peut être reçu aux antipodes au cours de la nuit. Au réveil, le correspondant prend connaissance du message et peut se déterminer d'après les informations qui y sont contenues. On voit tout de suite les avantages que présenterait un télétype jumelé avec une machine documentaire pour les rapports internationaux à longue distance. Il est encore possible d'augmenter la rapidité de l'information en transcrivant, préalablement à l'entrée en communication avec le correspondant, le message sur une bande perforée. Le message, si l'on a pris soin de le transcrire sur cette bande avant d'obtenir la communication, est transmis plus vite encore, d'où une réduction importante des frais. En outre, on est sûr d'expédier un message absolument exact, puisqu'on peut corriger son texte à l'avance.

Il faut encore dissiper un préjugé concernant l'emploi du télétype : son installation est aussi facile à réaliser que celle du téléphone. On peut s'abonner au télétype aussi aisément qu'on s'abonne au téléphone. Les dépenses à prévoir sont celles de la location de l'appareil, de l'abonnement et des frais de communication. L'appareil prend plus de place qu'un appareil téléphonique assurément, mais son encombrement est tout de même assez réduit (voir fig. I) pour qu'une bibliothèque, même si elle souffre d'un manque de place puisse en prendre un en location, car il est absolument superflu de réserver ou d'aménager un local spécial pour le télétype.

Le télétype est donc bien préférable à un message postal ou téléphonique; les frais en sont peu élevés. Aussi n'est-il pas étonnant que les entreprises commerciales l'utilisent régulièrement. Les bibliothèques peuvent également s'en servir pour leur correspondance, leurs demandes de renseignements (à l'exemple de la «Manchester central library »), leurs commandes de livres. On doit encore signaler que le télétype se prête au service des machines à information sur longue distance, ce qui doit présenter de grands avantages dans l'avenir.

Dans cet article, nous voulons essentiellement indiquer les perspectives d'avenir d'une combinaison télétype et microfiche transparente pour les relations entre bibliothèques.

On désigne sous le nom de microfiche transparente (1) 1 le film plat de 9 X ia cm ou 3 X 5 inches sur lequel on a photographié avec une réduction d'environ I/15 quelques pages d'une publication; ces pages sont disposées en rangées superposées et en tête de la fiche le titre de la publication est inscrit en caractères lisibles à l'œil nu, à la différence des pages microcopiées.

Pour une meilleure conservation, on dispose la microfiche transparente dans une enveloppe, le titre seul de la publication restant visible. Du fait de son format normalisé, la microfiche transparente comme une fiche de bibliothèque peut être classée dans un fichier. Toutes ces qualités la rendent précieuse pour le chercheur et le savant. Les bibliothèques peuvent expédier leurs microfiches par avion, sans autre emballage qu'une enveloppe ordinaire. On peut lire la microfiche dans un appareil de dimensions réduites et peu coûteux. Rappelons que celui-ci est d'un prix inférieur au prix d'un appareil de lecture pour microfiches opaques et qu'en outre la microfiche transparente se prête plus facilement à la reproduction. Les appareils de lecture sont d'un encombrement minime et leur poids n'est pas très élevé; de ce fait, ils peuvent facilement être transportés. Les figures 2 et 3 montrent deux sortes d'appareils utilisés aux Pays-Bas. La microfiche est fabriquée à l'aide d'une microcaméra. Des microcaméras de fabrication hollandaise (fig. 4) ont été livrées dans de nombreux pays étrangers. Leur fonctionnement est des plus simples : l'installation demande une petite chambre noire, ordinaire, dotée d'un équipement spécial.

Le système télétype-microfiche transparente décrit dans cet article pourrait fonctionner avec n'importe quel autre mode de reproduction : photocopie, microfilm en rouleau, microfilm en bande, microfiches opaques. Si nous avons pris pour exemple la microfiche transparente, c'est que ses qualités, et en premier lieu sa maniabilité, la rendent préférable à tout autre procédé de reproduction, aussi bien pour la lecture que pour la communication entre bibliothèques. Ce qui ne veut pas dire que les autres combinaisons ne présentent pas également des avantages.

Quels sont les avantages propres à la combinaison télétype-microfiche transparente ?

Celle-ci permet tout d'abord au bibliothécaire d'organiser à l'intention de ses lecteurs des liaisons qu'on pourrait représenter par le schéma suivant (voir figure 1).

C'est ainsi que le bibliothécaire placé en A peut entrer en communication pour le service de ses lecteurs avec le bibliothécaire placé en B. La liaison s'effectue instantanément, quelle que soit la distance entre A et B. Cependant, avec un réseau non automatique, la liaison ne s'effectue qu'au bout de quelques minutes. Le bibliothécaire de B, dès réception de la demande, fait établir une microfiche transparente de l'article ou de l'extrait demandé et l'expédie par avion au bibliothécaire de A qui, à son tour, la communique à son lecteur. Celui-ci sera très heureux de recevoir en aussi peu de temps l'article ou l'extrait demandé qui viendra compléter sa propre documentation. Le bibliothécaire de B aura ainsi rendu un grand service à ce lecteur, si éloigné soit-il, sans pour autant démunir ses propres collections. C'est-à-dire que partout dans le monde il sera possible d'utiliser les documents d'une bibliothèque sans que les lecteurs en soient le moins du monde gênés. Autre gros avantage pour les bibliothèques : les livres et autres documents ne circulent pas, ils ne courent ainsi aucun risque de perte ou de détérioration pendant le voyage. Enfin des économies considérables pourront être réalisées sur le budget d'achat des bibliothèques qui ne seront plus obligées d'étendre sans cesse le champ de leurs acquisitions, si les ressources des autres bibliothèques peuvent être mises immédiatement à leur disposition.

L'adoption du télétype et de la microfiche, deux produits de la technique moderne qui peuvent être utilisés sans mise au point spécial, offre donc aux bibliothèques d'intéressantes perspectives d'enrichissement et de progrès.

II. Les avantages de la combinaison télétype-microfiche dans les bibliothèques

Quelle est actuellement la situation des bibliothèques dans notre monde ? Ce monde demande à être informé avec sûreté; c'est, semble-t-il, une exigence de notre civilisation dans son évolution actuelle. Chaque jour marque une étape de plus vers l'unité du monde, si difficile que soit la route : l'homme à lui seul, ni la famille, ni la collectivité locale, ni l'entreprise, ni la nation ne peuvent se dire entièrement indépendants vis-à-vis des autres.

Il nous faut donc connaître les travaux et les progrès de nos voisins, en vue d'une meilleure compréhension, d'une meilleure entente, afin d'éviter aussi que nous nous trouvions devant des situations que nous n'aurions pas prévues. C'est vrai aussi bien dans les domaines des sciences exactes et de la technique que dans ceux des sciences économiques et sociales, pour le commerçant, le juriste, l'homme politique, etc.; chacun de nous est obligé - et ce sont précisément ces moyens de communication rapide qui nous en font l'obligation - de prendre des décisions immédiates, de préparer des exposés, d'établir des rapports. La plus grande partie de la science et de la puissance de l'humanité est fixée dans les documents et concentrée dans les bibliothèques, sans considération de temps ni d'origine.

Si toute cette richesse pouvait être mise immédiatement à la disposition des intéressés, les exigences pratiques du monde actuel seraient satisfaites; c'est ainsi d'ailleurs que les publications trouvent leur utilité et leur justification.

Le manque de crédits a, de tout temps, interdit aux bibliothèques de remplir entièrement leur mission. Qu'une bibliothèque nationale ne possède pas toutes les œuvres publiées dans son pays, qu'une bibliothèque technique ne contienne pas toute la littérature technique de sa spécialité, nous y sommes accoutumés, nous y sommes résignés. Nous avons dû accepter d'avoir à notre disposition des ressources insuffisantes pour constituer des collections complètes, insuffisantes également pour gérer convenablement les collections existantes, les cataloguer, les conserver, les abriter et pour disposer du personnel indispensable à toutes les tâches de la bibliothèque.

Les utilisateurs des bibliothèques savent qu'il ne faut pas trop exiger d'elles et parfois le bibliothécaire lui-même estime que les lecteurs doivent se montrer modérés dans leur demande. Situation dangereuse, car elle conduit à faire douter la collectivité de la valeur des bibliothèques.

D'autres bibliothécaires plus entreprenants et plus compétents ont cherché le moyen de pallier l'insuffisance de leurs crédits et de faire rendre le maximum à leur établissement. C'est ainsi qu'ils ont été conduits à envisager diverses formes de coopération, coopération qui doit être énergiquement poursuivie et qui porte sur les achats, le catalogage, l'établissement de catalogues collectifs, la constitution de réserves communes pour des livres peu demandés, etc. Coopération qui devient chaque jour plus nécessaire, du fait qu'une bibliothèque est incapable et cela pour des raisons financières de constituer son fonds et de l'administrer comme il serait souhaitable.

Si nous considérons la production mondiale des livres telle que la donne Barker dans : Le Livre dans le monde (2), çhaque titre étant compté pour une unité, nous voyons que sur une production annuelle globale de 250.000 titres la répartition par pays d'environ 240.000 titres s'effectue de la façon suivante(voir figure 2).

On aurait pu penser que ce serait la production des pays occidentaux qui l'aurait emporté. Or, nous devons constater que dans le premier groupe figurent l'Inde, le Japon, l'U. R. S. S., dans le second, la Chine, dans le troisième, la Thaïlande, etc... ; force nous est donc d'admettre que les universités, les écoles supérieures, les instituts scientifiques des pays non occidentaux vont prendre une place de plus en plus importante, qu'ils vont augmenter en nombre et produire sans cesse plus de livres et de périodiques.

Si l'on considère la production des publications dans les domaines scientifique et technique, on doit constater que ces domaines représentent respectivement 5 % et II % des 250.000 titres annuels, soit respectivement II.000 et 27.500 titres. Devant ces chiffres, nous autres bibliothécaires, devons convenir que le volume de nos achats annuels leur reste bien inférieur.

La Bibliothèque de l'École supérieure polytechnique de Delft achète annuellement environ 3.000 livres techniques pour une somme de 98.000 florins.

Il n'est pas moins intéressant d'étudier la répartition dans les différentes aires linguistiques de la production annuelle de livres dans les langues de large diffusion (voir figure 3).

De l'examen de la répartition par langues des acquisitions de la plupart des bibliothèques, c'est un tout autre pourcentage qui se dégage. Dans les pays occidentaux l'intérêt pour le russe, le chinois est en effet de date très récente. On peut trouver une autre preuve significative de cet intérêt dans le nombre sans cesse croissant des traductions intégrales (« cover-to-cover ») de livres et de périodiques russes, et - demain - chinoises.

Bien que nous ne soyons pas en mesure de suivre rigoureusement la production des livres, ni même d'en donner une image plus ou moins exacte, le développement corrélatif des bibliothèques est lui-même alarmant. On a souvent publié des statistiques (3). Tout directeur de bibliothèque peut suivre le développement de son propre établissement. Les statistiques américaines nous apprennent qu'il suffit de 15 à 20 ans pour qu'une bibliothèque universitaire double son fonds. Dans d'autres pays et pour des bibliothèques de type spécial, les données sont différentes.

Pour la Bibliothèque de l'École supérieure polytechnique de Delft, par exemple, le doublement se fait en 20 ans. On trouvera dans Statistiques sur les bibliothèques (4), pp. 120-121, un tableau du développement des bibliothèques universitaires en divers pays. Si l'on prend pour base de calcul le chiffre de la colonne : « Accroissements annuels », on peut calculer en combien d'années ces bibliothèques doublent leur fonds.

Ghana............... 10 ans
Égypte ............... 30 -
Alaska............... 16 -
États-Unis ........... 12 -
Inde................. 12 -
Japon................ 10 -
Autriche.............. 60 ans
Tchécoslovaquie ...... 10 -
Danemark............. 10 -
France............... 100 -
République fédérale d'Allemagne ........ 35 --

Selon les lois biologiques, les pays jeunes se développent plus rapidement que les pays anciens. Ce qui nous intéresse principalement, c'est de dégager les incidences financières du doublement d'une bibliothèque au cours d'une période de vingt ans par exemple.

Une bibliothèque comptant environ 1 million de volumes vaut quelque 6 millions de florins. Une telle bibliothèque devra donc demander aux autorités qui la régissent :
- après 20 ans.............................. 6 millions de florins
- après une nouvelle période de 20 ans ........ 12 - -
- après une autre période de 20 ans .......... 24 - --

Il est à présumer que ces demandes se heurteront chaque fois à un refus catégorique.

L'accroissement du nombre des étudiants dans les universités montre également que les bibliothèques seront obligées de fournir de la documentation à des étudiants, des savants, des chercheurs sans cesse plus nombreux.

Figure 4

Le nombre des étudiants en Russie dans les seules écoles supérieures polytechniques, à l'exclusion des universités s'établit de la façon suivante :
1940 : 812.000
1955 : I.867.000

On peut estimer à 4 millions le nombre total annuel d'étudiants russes qui fréquenteront les universités et les écoles supérieures pendant la période 1959-1965.

On pourrait mettre en lumière encore bien des données et des statistiques assez étonnantes. Tout ce qui concerne le monde des bibliothèques suit une courbe ascendante. La valeur du travail qui sera effectué est fonction de la rapidité avec laquelle les tâches seront définies et mises à exécution. Sans doute aboutira-t-on à la constitution d'un réseau mondial de bibliothèques associées, entretenant un contact permanent et qui pourront fournir au travailleur isolé, dans les plus courts délais, les documents dont il aura besoin.

Considérons ce travailleur, ce qui nous ramène au cas le plus simple. Ce travailleur, qu'il soit professeur, étudiant, chercheur, juge, homme politique, philosophe, etc... c'est d'abord un homme qui travaille dans des circonstances difficiles ; sa capacité de travail a ses limites, ses heures de travail ne sont pas extensibles, ses finances sont médiocres et sa maison n'est pas grande. C'est pour sa commodité que la collaboration des bibliothèques doit produire des instruments de travail de la plus grande simplicité; c'est-à-dire une documentation, de préférence sous petit format, lui permettant d'organiser sa propre documentation, auxiliaire de sa mémoire. La nécessité se fait ainsi de nouveau sentir de doter les bibliothèques de moyens de communication rapide et de procédés de reproduction efficace.

III. Utilisation combinée du télétype et de la microfiche transparente dans les bibliothèques

On nous pardonnera de décrire principalement ici les expériences effectuées dans notre propre bibliothèque, celle de l'École supérieure polytechnique de Delft. Cependant lorsque nous en aurons les résultats à notre disposition, nous évoquerons également les expériences d'autres bibliothèques.

L'utilisation du télétype remonte à l'année 1950 (figure 5).

Les bibliothèques américaines munies d'un télétype sont nombreuses et nous pouvons espérer en posséder d'ici quelque temps la liste complète. D'autres bibliothèques sont reliées au télétype de l'établissement d'enseignement supérieur qu'elles desservent : c'est le cas des bibliothèques des écoles supérieures polytechniques de Dresde, d'Aachen et de Murich, en Allemagne.

Ce qui est important c'est d'être exactement informé du coût du télétype.

Il convient d'ailleurs de préciser que même si ces frais paraissent élevés, ils sont largement compensés par les économies que l'on peut réaliser sur les acquisitions, les salaires et les dépenses de construction. Il paraît inutile d'insister davantage sur une comparaison qui est tout en faveur du télétype. Il suffit de comparer les frais d'utilisation du télétype avec ceux d'autres moyens de communication : le courrier postal et le téléphone.

Outre les frais d'installation, les dépenses pour le télétype se décomposent comme suit :
- Abonnement au télétype.
- Location et entretien des appareils et de leurs accessoires.
- Taxe des communications.

Pour éviter d'entrer dans de trop nombreux détails, nous dresserons en premier lieu un tableau des dépenses pour la Belgique, la France et les Pays-Bas comparées à celles du téléphone.

Aux Pays-Bas, les tarifs pour les courtes distances ont été réduits à partir d'août 1959 : ils sont passés de 0,80 florins à 0,35 florins pour une communication de 3 minutes. Pour les communications à longue distance, la comparaison des tarifs se révèle tout à l'avantage du télétype : une communication par télétype coûte environ moitié moins qu'une communication téléphonique, comme on peut le voir par le tableau ci-dessous (figure 6) 2

(Figure 7)

On peut compléter ces renseignements avec des indications concernant d'autres pays.

Les communications télétype de la Grande-Bretagne avec les pays européens ne coûtent que les 2/3 des communications téléphoniques.

(Figure 8)

Le prix de location d'un appareil telex se monte à 160 £.

En Allemagne, les communications locales de 3 minutes coûtent 0,10 DM; jusqu'à une distance de 75 km o,60 DM; jusqu'à 200 km 0,90 DM, etc...

On peut se procurer les tarifs détaillés pour chaque pays.

(Figure 10)

Y compris les frais de première installation et ceux de pose d'une perforatrice et d'un émetteur automatique (FI. 117. 50), le total des dépenses pour l'École supérieure polytechnique de Delft s'élève pour la période comprise entre avril 1957 et mars 1959 à : Fl. 5.706.89.

Le tableau et le graphique ci-joints fournissent le mouvement des demandes de prêt reçues à l'École supérieure polytechnique de Delft par écrit, par téléphone et par télétype.

1956-1957 1957-1958 1958-1959 - - -
Reçues par écrit.......................... 53.649 56.669 60.000
Reçues par téléphone..................... 6.896 7.055 8.000
Reçues par télétype....................... I.176 4.436 4.500
Envoyées par télétype..................... I.393 5.418 6.100

(Figures 11 et 12)

Les prix commerciaux sont naturellement un peu plus élevés.

Achat d'un appareil de lecture : de FI. 187,50 (pour les étudiants) à FI. 285,50.

Achat d'une caméra pour microfiches aux Pays-Bas : ...... FI. 6.000 à FI. 7.000

Fabricants aux Pays-Bas :
I. Mullens.
2. Nederlandse document reproductie (tous les deux à La Haye).

Fondation scientifique pour microfiches : Microkaart stichting (à la Bibliothèque de l'École polytechnique supérieure à Delft).

En résumé, on peut calculer que pour une bibliothèque les frais d'une installation de microfiches, compte tenu d'un amortissement de dix années et mises à part les dépenses de personnel et d'entretien, s'élèvent à moins de 10.000 florins par an.

IV. Modalités d'organisation d'un service combiné télétype microfiche transparente

C'est tout d'abord une action qu'il faut entreprendre dans chaque bibliothèque. Rien, sinon peut-être des considérations d'ordre budgétaire, ne doit empêcher le chef d'établissement d'utiliser conjointement le télétype et la microfiche transparente. Il n'y a aucune difficulté à se procurer sur le marché un appareil de prise de vue. Des appareils fonctionnent déjà depuis plusieurs années à la satisfaction générale. La chambre noire avec ses différents accessoires ne diffère guère de la chambre noire ordinaire; quelques accessoires spéciaux peuvent être fournis sans délai. La mise au courant par le fournisseur des employés du service photographique n'est pas bien longue. De même les appareils de lecture sont disponibles sur le marché.

Quant aux appareils de télétype, les services postaux en effectuent sans formalité la location. Les abonnements partent de n'importe quelle date. L'installation faite, l'utilisateur est relié comme avec le téléphone avec l'ensemble du réseau national et international. Le mode d'emploi du télétype est des plus simples; un télécode a été composé à l'intention des bibliothèques, télécode qu'on espère compléter et améliorer grâce à la collaboration de tous les utilisateurs (6).

Un directeur de bibliothèque n'a donc aucune raison de différer la mise en service d'un télétype jusqu'à ce que d'autres bibliothèques soient munies du même appareil. Chaque jour de retard le prive inutilement de relations avec des bibliothèques déjà équipées du matériel indiqué plus haut et ce sont ses propres lecteurs qui en pâtissent. On ne saurait donc trop recommander que toutes les bibliothèques nationales, les bibliothèques d'académies, d'universités, d'écoles supérieures, d'instituts de recherches et les grandes bibliothèques scientifiques s'équipent d'un télétype combiné avec l'utilisation de la microfiche. Il va sans dire que le système ne sera entièrement efficace que le jour où il sera partout répandu et où toutes les applications qui en découlent seront réalisées, par exemple, la participation de tous les catalogues collectifs au réseau télétype, le développement de l'utilisation de la microfiche et un arrangement financier pour le règlement des envois de microfiches de bibliothèque à bibliothèque.

1. Adhésion des catalogues collectifs au réseau télétype.

Les catalogues collectifs constituent un élément important des relations entre bibliothèques tant sur le plan national, que sur le plan international. Les détails de leur organisation et les problèmes liés à leur fonctionnement et à leur utilisation ont été étudiés et commentés d'une façon excellente dans l'ouvrage de Brummel : Les Catalogues collectifs (7). Brummel indique qu'un catalogue collectif peut avoir une quintuple fonction :
I . Aider à trouver une publication.
2. Faciliter les prêts.
3. Coordonner les acquisitions.
4. Fournir des renseignements bibliographiques.
5. Conserver les inventaires des bibliothèques participantes.

Brummel qui n'est pas partisan d'adjoindre aux catalogues collectifs toutes sortes de tâches supplémentaires préfère qu'ils s'en tiennent à leur tâche première, qu'il estime d'une importance capitale. Il constate que la seconde tâche, celle du service central pour les prêts n'est pas obligatoire et qu'on ne doit surtout pas donner trop d'importance aux tâches 3, 4 et 5. Nous nous rallions entièrement à son opinion.

Si nous considérons le catalogue collectif plus particulièrement en rapport avec les deux premières tâches, nous voyons que les bibliothécaires dans leur désir de collaboration et d'organisation ont mis sur pied tout un système de demande, d'expédition et de règlement des frais dans lequel en plusieurs cas (Londres, Berne, La Haye) la bibliothèque chargée du catalogue collectif fait en même temps fonction de service national de prêt. Ce système qui fonctionne avec le minimum de formalités, une organisation réduite et un maximum de rapidité mérite de vifs éloges, mais il implique dans la conjoncture actuelle un échange de correspondance ainsi que l'envoi du document lui-même par voie postale.

De ce fait, on était obligé d'apporter des restrictions à la circulation des documents d'une bibliothèque à une autre. C'était seulement dans les cas d'urgence qu'on consentait à prêter les documents. Pour les prêts à un pays étranger on voulait avant tout avoir l'assurance que le livre demandé n'existait pas dans le pays en question; le prêt à longue distance présente des risques; en outre, la bibliothèque prêteuse se trouve dépourvue du livre prêté pour un temps assez long. La Grande-Bretagne autorise seulement le prêt par l'intermédiaire de la « National central library » et la Bibliothèque nationale du pays étranger; et nous comprenons parfaitement cette exigence.

Cependant, compte tenu des progrès apportés de nos jours à la technique des communications, il nous faut bien constater le manque d'efficacité de ce système. A maintes reprises dans le passé on a évoqué la possibilité de reproduire les documents sans aboutir cependant à des modifications radicales.

Le temps est maintenant arrivé de ces modifications radicales. Du jour où le télétype remplacera la poste, où la microfiche remplacera le document original et où les catalogues collectifs s'intégreront dans le réseau des télétypes, il sera possible de réaliser des communications très rapides ainsi que des échanges sans restriction de documents. Les catalogues collectifs pourront alors se limiter à leur tâche principale, qui est de localiser l'endroit où se trouve un document. Ils pourront se décharger de leur rôle de service de prêt, ce qui aboutira à un allègement très sensible de leurs obligations et de leurs responsabilités. Leur fonctionnement pourra être établi sur des bases plus perfectionnées sans que cela nuise à sa rapidité. Un schéma fournira de plus amples éclaircissements.

Étant donné l'existence dans un pays d'un catalogue collectif on peut représenter les échanges de prêt à l'intérieur de ce pays de la manière suivante (figure 13).

Dans les échanges internationaux, il nous faut également faire entrer en ligne de compte le catalogue collectif du pays étranger (figure 14).

Par ces schémas, nous voyons que :
a) la bibliothèque A est demandeuse, c'est elle qui trouvera son intérêt à être servie rapidement. Elle peut être informée à tout moment de la suite donnée à sa demande;
b) aucune bibliothèque ne sera dérangée sans nécessité, qu'elle soit située dans le pays même ou à l'étranger;
c) les catalogues collectifs s'acquittent seulement d'une tâche d'information, conformément à leur définition même. Ils n'ont plus à centraliser les demandes, ni à expédier les documents;
d) les documents originaux ne sont plus prêtés, mais seulement les microfiches, de sorte qu'aucune bibliothèque ne rencontrera de difficultés à faire profiter une autre bibliothèque de ses ressources. Le document original restera toujours ainsi à la disposition de son propriétaire;
e) il ne sera plus nécessaire d'assurer les documents en même temps qu'il sera possible d'effectuer une communication directe et sans formalité.

Les techniques modernes des télécommunications et du microfilmage effacent donc les frontières entre les nations dans le domaine du prêt entre bibliothèques. En effet, les distances sont abolies du fait qu'on n'a pas à en tenir compte dans les transmissions. On arrive même à cette situation paradoxale : les bibliothécaires devront veiller à ce que leurs propres méthodes de gestion administrative, de manutention et de reproduction des documents soient en harmonie avec le rythme des liaisons entre bibliothèques.

Egger nous a donné dans deux articles un exposé très clair sur l'expansion des catalogues collectifs en Europe (8).

C'est en se faisant rattacher au réseau télétype que les catalogues collectifs pourront servir utilement les relations entre bibliothèques. On peut se demander s'il est désirable que les pays qui ne possèdent pas encore un catalogue collectif en entreprennent un au plus tôt. L'avenir démontrera peut-être - quoique ce problème déborde le cadre de notre sujet - la nécessité d'un accord international entre grandes bibliothèques pour qu'elles se chargent chacune de constituer une collection complète dans le domaine particulier d'une science. Il n'est pas exclu qu'alors les catalogues collectifs ne soient plus indispensables. Il nous semble donc qu'il est préférable pour un pays de constituer un réseau télétype pour les relations entre les bibliothèques que de donner la priorité à la confection d'un catalogue collectif qui représente comme l'assure Brummel un très gros travail.

Aux États-Unis, les catalogues collectifs de Washington (« National union catalog ») à la « Library of Congress » et de Philadelphie (« Union library catalog ») peuvent être consultés par télétype. Il en est de même du catalogue technique collectif de l'École supérieure polytechnique de Delft aux Pays-Bas, tandis que les utilisateurs du catalogue collectif de la Bibliothèque royale de La Haye ont déjà réclamé instamment que celui-ci soit branché sur le réseau télétype.

A Londres également, l'application du télétype a fait l'objet d'études approfondies et son adoption constituerait une véritable révolution dans les relations interbibliothèques avec l'Angleterre et à l'intérieur même de ce pays.

2. L'avenir de la microfiche.

Aux Pays-Bas, le développement du microfilm est encouragé par une fondation spéciale, la « Microkaart stichting » qui conseille les usagers et stimule les recherches. Depuis des années, la « Microkaart stichting » a, par son activité, réalisé une œuvre des plus utiles et il serait souhaitable que des fondations du même type puissent être établies dans d'autres pays.

Du seul point de vue de la sécurité des collections, il est désirable que les documents de bibliothèques soient communiqués sous forme de microfiches; à partir d'une microfiche négative, on pourra fournir des microfiches positives pour les liaisons entre bibliothèques. L'établissement d'un positif à partir d'un négatif est moins coûteux et plus facile que celui du négatif. Il est donc recommandé de reproduire d'avance les collections sur microfiches et c'est, à notre avis, par les collections de périodiques qu'il serait le plus utile de commencer ce travail de reproduction. Pour éviter de doubles emplois coûteux, une collaboration sera nécessaire entre bibliothèques. Il va sans dire qu'il faudra étudier le problème des droits d'auteur. En règle générale, l'établissement de microfiches, tel que nous venons de le décrire, devra satisfaire à toutes les exigences du droit d'auteur.

Les formalités requises pour obtenir le droit de reproduction doivent être effectuées dans les plus courts délais. Les lecteurs aussi bien que les auteurs y trouveront leur avantage. De même que la solidité d'une chaîne est déterminée par celle de l'anneau le plus faible, de même la durée de l'acte le plus lent déterminera celle de la procédure toute entière. Ce n'est pas seulement à l'intérieur de notre propre bibliothèque que nous devrons engager une course contre la montre, nous devons encore faire tous nos efforts pour que l'obtention des droits de reproduction s'effectue avec la même rapidité, sinon une rapidité accrue. On ne saurait trop souhaiter que les éditeurs montrent pour la reproduction sur microfiches un intérêt plus marqué. Différents procédés sont possibles. Pour les périodiques, on pourra songer à établir une microfiche aussitôt après la publication d'un fascicule. Il est également possible de microfilmer un périodique, l'année écoulée. Il y a encore d'autres possibilités; l'essentiel, c'est qu'une microfiche soit faite.

Comme plusieurs éditeurs l'ont démontré, ce procédé ne constitue pas un inconvénient, mais au contraire un avantage. Il serait souhaitable pour le lecteur que les microfiches lui soient fournies par l'éditeur lui-même, soit avec le document, soit à la place du livre épuisé. De plus en plus, on s'oriente vers une reproduction directe des manuscrits sur microfiches. De nombreux travaux auraient ainsi plus de chance d'être publiés.

3. Les modalités d'un accord financier entre bibliothèques.

De même que des accords ont pu intervenir pour le règlement des frais de prêt entre bibliothèques, on devrait également aboutir en ce qui concerne les méthodes nouvelles de liaison rapide. C'est le même problème qui se posait pour les droits d'auteurs : des arrangements financiers devront être réalisés, mais ce qui est essentiel, c'est que la procédure d'obtention des microfiches n'en soit pas ralentie. Un arrangement satisfaisant doit être mis sur pied d'un commun accord.

Étant donné que les frais de communication seront relativement bas dans les premiers temps de fonctionnement, nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire d'attendre qu'un accord financier soit réalisé pour utiliser en service le système combiné télétype-microfiche. Tout retard apporté à sa mise en service serait plus préjudiciable pour la bibliothèque qu'une dépense somme toute légère.

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Figure 1

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Figure 2 (1/2)

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Figure 2 (2/2)

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Figure 3

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Figure 4

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Figure 5

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Figure 6

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Figure 7

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Figure 8

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Figure 9

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Figure 10

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Figure 11

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Figure 12

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Figure 13

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Figure 14

  1. (retour)↑  Les chiffres entre crochets renvoient à la bibliographie placée en fin d'article.
  2. (retour)↑  Un supplément d'abonnement est perçu lorsque le commutateur téléphonique desservant le lieu où se trouve le poste d'abonnement télex est distant de plus de 5 km. du point de rattachement local.