Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale d'Alger.

A l'issue de la première année de fonctionnement dans ses nouveaux locaux, la Bibliothèque nationale d'Alger a enregistré plus de 6.000 lecteurs parmi lesquels on compte 764 Français musulmans, tandis que les divers fonds s'enrichissaient de 9.48I ouvrages de toutes disciplines. Un effort particulier a été fait pour réunir une documentation aussi complète et aussi actuelle que possible sur les questions algériennes et nord-africaines. Le service des périodiques a poursuivi son travail de dépouillement des articles de revues concernant l'Algérie, le Sahara, l'Afrique du Nord et l'Afrique noire.

La bibliothèque de prêt a connu, dès son installation, la faveur du public. D'octobre 1958 à juillet 1959, 14.123 livres ont été empruntés. Les usagers sont d'abord les étudiants et les professeurs, viennent ensuite les fonctionnaires, les lycéens, les commerçants, les ouvriers, etc... Les Français musulmans sont relativement nombreux. Une bibliothèque de prêt a, par ailleurs, été constituée pour les livres en langue arabe.

Le service de la lecture publique s'est, lui aussi, notablement développé au cours de cette année. A la demande des centres intéressés, 58 nouvelles petites bibliothèques desservies par bibliobus ou par caisses ont pu être créées dans les différents départements algériens. Il s'agit presque uniquement de bibliothèques installées dans les écoles et ouvertes aux habitants de la localité en même temps qu'aux élèves et à leur famille. Par suite des progrès de la pacification, il a été possible de rétablir plusieurs circuits de bibliobus, suspendus précédemment en raison des circonstances. Outre cet accroissement du nombre des bibliothèques desservies, on constate une augmentation parallèle du nombre des livres prêtés dans chaque centre, à la demande même de ceux-ci. Le nombre moyen de livres laissés en dépôt dans chaque localité est passé de 40 en 1958 à 90 en 1959.

Bibliothèques municipales.

Auxerre (Yonne).

Exposition Rétif de la Bretonne. - Le 16 septembre 1959, a été inaugurée par M. Jean Moreau, maire d'Auxerre, en présence de M. Luc Lalande, secrétaire général de la Préfecture de l'Yonne, l'exposition Rétif de la Bretonne réalisée avec l'éminente et active collaboration de M. Gilbert Rouger, agrégé de l'Université, secrétaire de la Société Rétif de la Bretonne. Auprès du président du Comité de la bibliothèque, de plusieurs adjoints et conseillers municipaux, de MM. Cornevin et Larcher, président et vice-président de la Société Rétif, de M. Marc Chadourne, du Dr et de Mme Guilly, se pressait une nombreuse assistance. Ses obligations l'ayant empêché de visiter l'exposition à ce moment-là, M. Jean-Louis Barrault a eu, au cours de l'après-midi, l'obligeance de « dire » quelques fragments de l'œuvre rétivienne, sur les lieux mêmes où Rétif passa sa jeunesse.

C'est dans les collections de la Bibliothèque d'Auxerre qu'avaient été choisies la plupart des éditions originales; la Bibliothèque de Troyes avait prêté l'édition de 1776 de L'École des pères dont le faux-titre s'intitule « L'Éducographe » et qui contient les cartons de textes précédemment censurés; des gravures hors-texte patiemment réunies par M. Rouger illustraient abondamment les vitrines. Des documents d'archives : registres paroissiaux, brevet d'apprentissage, inventaires de successions, lettres autographes ainsi que des bois conservés par M. Tridon, imprimeur auxerrois de la descendance de François Fournier chez lequel Nicolas-Edme Rétif apprit son métier de typographe, avaient été confiés à la Bibliothèque. Des dessins et des gravures originales des XVIIIe et XIXe siècles évoquaient les vieux quartiers d'Auxerre; quelques aquarelles, pointe-sèche et photographies montraient l'état actuel des lieux où Rétif vécut il y a deux cents ans. Quelques pièces de musée : deux statues provenant de l'église de Sacy où l'écrivain-typographe fut baptisé, deux bâtons de confrérie autrefois conservés en l'église Saint-Loup d'Auxerre où il se maria, une maquette de ce coche d'eau qu'il emprunta pour son premier voyage d'Auxerre à Paris. L'exposition s'est prolongée jusqu'au 23 septembre.

Dijon (Côte-d'Or).

M. Pierre Gras, conservateur de la Bibliothèque municipale de Dijon, a consacré dans les Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d'Or (1954-1958), une importante étude à l'ancien collège des Godrans dont les bâtiments sont aujourd'hui encore en partie occupés par la bibliothèque municipale. Enrichi de nombreuses photographies, cet article illustre les vicissitudes et les mutilations que subit, au cours des siècles, l'hôtel légué en 1581 par le président Godran aux Jésuites de Dijon pour y fonder un collège.

Mulhouse (Haut-Rhin).

Discothèque littéraire. - Depuis quelques années, des auditions de disques sont régulièrement données à la bibliothèque pour enfants dans le cadre des « Joies enfantines du jeudi ». Pour le plaisir des jeunes auditeurs, la Bibliothèque municipale de Mulhouse a peu à peu réuni un ensemble de récits, de contes et d'œuvres littéraires enregistrés qu'elle a pris récemment l'initiative de mettre à la disposition des maîtres et des professeurs qui désireraient l'utiliser pour leur enseignement. Le nombre encore limité des disques l'a obligée toutefois à poser des limites assez strictes au prêt et à en réserver le bénéfice aux maîtres enseignant dans un établissement situé sur le territoire de la ville de Mulhouse. Ceux-ci pourront emprunter sans frais deux disques pour une durée d'une semaine au plus, sans prolongation.

La Bibliothèque municipale a consacré le n° 13 de son bulletin (octobre 1959) à la liste des disques actuellement disponibles.

Saint-Étienne (Loire).

Inauguration de la nouvelle bibliothèque. - Le 15 octobre 1959, en présence de M. Robert Brun, inspecteur général des Bibliothèques, représentant M. Julien Cain, a eu lieu l'inauguration des nouveaux locaux de la Bibliothèque municipale de Saint-Etienne. Outre M. Dumont, préfet de la Loire, et M. Alexandre de Freyssinette, maire de Saint-Etienne, entouré de ses adjoints et de plusieurs membres du conseil municipal, de nombreuses personnalités de la ville assistaient à cette cérémonie.

La Bibliothèque municipale éclatait au Palais des Arts depuis longtemps. Elle jouit maintenant du cadre très agréable de l'ancien hôtel Colcombet, édifice construit au début du siècle, dans le style du XVIIIe, et situé dans un quartier très central.

Comme l'a souligné M. Brun dans son allocution, les problèmes posés à l'architecte de la ville, M. Moretton, pour adapter à usage de bibliothèque un immeuble privé, ont été nombreux. On est parvenu néanmoins à tirer parti de toutes les possibilités qui s'offraient, à respecter les obligations qui s'imposaient, sans détruire le cachet de l'immeuble. Le grand hall du Ier étage abrite les catalogues, certains usuels et le service de communication et de prêt. Y ayant directement accès, les anciennes pièces de réception ont été utilisées pour la salle de lecture et les bureaux. Les magasins occupent le rez-de-chaussée, les 2e et 3e étages. Entre les différents niveaux les liaisons sont facilitées par un ascenseur.

Un ancien garage contigu à l'hôtel et notablement agrandi a permis l'aménagement d'une annexe de lecture publique qui constitue un service nouveau de la bibliothèque.

Projets et plans ont toujours été établis en parfait accord avec les services techniques de la Direction des bibliothèques de France qui ont ainsi contribué à la réussite d'une entreprise qui a pu paraître hasardeuse au départ.

Tours (Indre-et-Loire).

Section d'adolescents. - La Bibliothèque municipale de Tours vient d'ouvrir une section spécialement réservée aux adolescents de quatorze à dix-huit ans. Ils y trouveront des livres et des revues pour leur divertissement et leur culture, en même temps que des ouvrages de travail qui les aideront dans leurs recherches et leurs études.

Cinq mille ouvrages sont mis ainsi à leur disposition, dans un espace aménagé pour eux dans la grande salle du prêt à domicile.

Exposition Bergson. - A l'occasion du centenaire de la naissance de Bergson, et sur l'initiative du Dr Aron, directeur de l'École de médecine, qui a connu et soigné Bergson, une exposition consacrée à l'illustre philosophe s'est ouverte, le 16 octobre 1959, à la Bibliothèque municipale de Tours. Elle a été inaugurée par M. Gaston Berger, directeur général de l'Enseignement supérieur, qui a rendu un solennel hommage à la mémoire de Bergson. Des allocutions ont été également prononcées par M. Pierre Mesnard, directeur du Centre d'études supérieures de la Renaissance, qui a remercié Mlle Jeanne Bergson d'avoir prêté les nombreux souvenirs de son père figurant] à l'exposition, par M. Duval, adjoint au maire de Tours, enfin par M. Fillet, bibliothécaire de la Bibliothèque municipale, qui présenta l'exposition aux visiteurs.

La ville de Tours et la Touraine ne se devaient-elles pas de rendre hommage à Henri Bergson qui, de 1934 à 1940, vint passer les mois d'été dans la propriété de « La Gaudinière » qu'il avait achetée à Saint-Cyr ?

A l'occasion de cette exposition, diverses conférences ont réuni à l'auditorium de la Bibliothèque une nombreuse assistance.

Troyes (Aube).

Une exposition consacrée à Danton a été inaugurée à la Bibliothèque municipale de Troyes, le jour même du deuxième centenaire de la naissance du tribun révolutionnaire, le 26 octobre 1959, en présence de MM. les maires de Troyes et d'Arcis. Elle présentait divers documents sur son enfance et ses amis troyens, ses demeures d'Arcis, son procès et sa condamnation, ainsi que de nombreux portraits prêtés par le musée et les collectionneurs de la région.

Versailles (Seine-et-Oise).

La Bibliothèque municipale de Versailles, est-ce le prestige du nom seul, ou les souvenirs qu'évoque l'hôtel de Choiseul et de Vergennes, attire toujours un grand nombre de visiteurs français ou étrangers, individuels ou en groupes, dans les deux mille chaque année.

Parmi les bibliothécaires étrangers, plusieurs sont venus depuis un an d'Angleterre, Argentine, Belgique, États-Unis, Hollande, Pologne, Suisse, Uruguay, Viet-Nam et Yougoslavie.

Un certain nombre de classes de l'enseignement primaire ou commercial, secondaire, public ou privé, conduites par leurs professeurs, ont effectué des visites agrémentées d'exposés sur des sujets divers : origines du livre imprimé, moyens et matériel de la documentation, principes de classement ou simplement organisation d'une grande bibliothèque.

Dans les groupes, outre ceux qui viennent régulièrement dirigés par des conférencières des Monuments historiques ou les visites, à peu près rituelles chaque année désormais, des élèves de troisième année de l'École des chartes, des étudiants du Diplôme supérieur de bibliothécaire, ou des candidats sous-bibliothécaires déjà en fonctions à la Bibliothèque nationale, voire des bibliothécaires des sanatoria lors de leurs journées d'études parisiennes, citons quelques-uns des plus nombreux :] Amis du Musée de Namur, l'Art pour tous, Association des Universitaires belges, Congrès national des opticiens, Dames américaines du Shape, Délégation de la ville allemande de Giessen (jumelée avec Versailles), Ligue urbaine et rurale, Originaires de l'Ile-de-France, Société géographique de Lille, Société historique de Suresnes, Société de l'Histoire de Paris, etc...

A l'intention de ces groupes, des vitrines sont préparées chaque fois, exposant non seulement quelques-unes des pièces traditionnellement connues de la Bibliothèque, mais encore des documents rares ou curieux susceptibles d'intéresser, dans leur spécialité, les visiteurs du jour.

Lors de la réception de la Société de l'Histoire de Paris fut inauguré, avec un plein succès, un nouveau mode de présentation des collections, avec fond sonore, constitué par les très beaux disques « Fastes et divertissements de Versailles », dont plusieurs parties sont tirées du fonds des manuscrits musicaux du Roi.

En juin dernier, le très noble et important Ordre des Cincinnati, qui, fondé en 1783 par Washington, groupe les descendants des officiers combattants de la guerre pour l'Indépendance américaine, tenait, pour la première fois, son Congrès en France : les treize premières sections, correspondant aux treize États primitifs de l'Amérique du Nord, étaient solennellement reçues par la quatorzième, les Cincinnati de France, et son bureau : duc de Broglie, duc de Lévis-Mirepoix, duc de Castries, marquis de Valous... Un grand dîner aux flambeaux, de 240 convives, fut donné à cette occasion le mercredi 3 juin, dans les salons de l'ancien Hôtel des affaires étrangères : y assistaient les Américains, invités de notre pays, et les Cincinnati de France, avec leurs hôtes d'honneur, le préfet de Seine-et-Oise, le député-maire de Versailles, le comte et la comtesse de Paris.

C'est encore à la Bibliothèque de Versailles, qu'a eu lieu, du 19 au 23 septembre, le colloque sur « L'Humanisme scientifique », dans le cadre des rencontres culturelles organisées depuis douze ans par M. Gilbert Gadoffre et l'Institut collégial européen, dans les demeures historiques les plus représentatives de l'esprit français. Ces réunions étaient présidées par le mathématicien André Lichnerovicz, du Collège de France; y ont pris part notamment plusieurs savants américains, anglais, suisses, des professeurs à la Sorbonne (MM. Jean Wahl et Ganguilhem), des écrivains et critiques (Nathalie Sarraute, Dominique Arban, Eugène Ionesco, Boris de Schloezer).

Enfin, peu de temps avant sa mort, Jean de La Varende, dont le dernier livre est un Versailles monumental, illustré d'aquarelles de René Kuder, reçut, dans les salons de la Bibliothèque, la médaille d'or de la ville de Versailles : l'éditeur Henri Lefebvre fit don, à cette occasion, d'un exemplaire nominatif de l'édition originale.

Bibliothèques centrales de prêt.

Indre-et-Loire.

Catalogue. - La Bibliothèque centrale de prêt d'Indre-et-Loire a fait paraître le catalogue de ses ouvrages sur l'art. Le classement adopté diffère de celui de la classification décimale : c'est ainsi que les biographies d'artistes et de musiciens ainsi que divers ouvrages sur l'archéologie y sont insérés, bien que n'appartenant pas à la classe 700.

Lot-et-Garonne.

La Bibliothèque centrale de prêt de Lot-et-Garonne a fait paraître, sous forme multigraphiée, le dépouillement par noms d'auteurs de deux périodiques locaux, la Revue de l'Agenais (années 1874-1902) et le Recueil des travaux de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Agen (2e série, tomes I-XVI, années 186I-1913) dont elle possède les collections.

Services départementaux de lecture publique.

Loiret.

Catalogue. - Mlle Picheral, bibliothécaire du bibliobus du Loiret, a entrepris l'édition multigraphiée des ouvrages documentaires du fonds du bibliobus. Le premier fascicule comprend les classes 100 à 300 de la classification décimale. Le système d'agrafage adopté permettra l'insertion de nouvelles listes d'acquisitions.

Butlletins de bibliobus.

Eure. - La Bibliothèque centrale de prêt de l'Eure publie le 2e numéro d'Au long des chemins, son bulletin d'informations. Au sommaire : une histoire des bibliothèques rurales dans le département, par M. Le Pesant, directeur des services d'archives de l'Eure; une étude sur les bibliobus en France enrichie d'un exposé de M. P. Breillat, conservateur de la Bibliothèque municipale de Versailles, directeur de la Bibliothèque centrale de prêt de Seine-et-Oise, intitulé : « Lecture publique : de la Beauce au Vexin »; enfin les habituelles chroniques du bibliobus et de judicieux conseils aux lecteurs et aux dépositaires.