Journées d'étude des bibliothèques musicales publiques
Salzburg, 8-11 septembre 1958.
Ces journées d'étude organisées par le Dr Alfons Ott, directeur de la « Musikbücherei» de Munich, président de la Commission internationale des bibliothèques musicales publiques, et le Dr Hans Ruppe, directeur de la « Stadtbücherei » de Salzburg, secrétaire général de la Commission, avec le concours de la ville de Salzburg et du Ministère autrichien de l'éducation nationale, réunirent plus de 50 bibliothécaires représentant la République fédérale allemande, la République démocratique allemande, l'Autriche, la Suède, la Yougoslavie et la Hollande. Le secrétaire général de l'Association internationale des bibliothèques musicales, le Dr Fritz Noske, d'Amsterdam, représentait son pays.
Diverses questions furent présentées sur le thème proposé : contribution des bibliothèques au progrès de l'éducation musicale. L'exposé du Pr Dr Erich Valentin (Musikwissenschaft und Musikpraxis) recherchait les moyens de concilier avec les valeurs absolues de la science musicale la pratique vivante de la musique, tandis que le Dr Alfred Orel, professeur de l'Université de Vienne (Grosse Musiker in Salzburg) montra la continuité, à Salzburg, d'une tradition musicale constamment liée à la vie.
Le Pr Dr Anton Dawidowicz (Lebendige Musikerzichung) et le Dr Robert Wolf (Die Arbeit der Volks-Musikschulen und ihre Verbindung zu den Musikbücherei) parlèrent sur la base de leur expérience pratique, de l'éducation musicale vivante et des rapports entre les écoles populaires musicales et les bibliothèques musicales.
Furent présentées également des communications de caractère bibliothéconomique suivies de discussions. L'exposé du Dr Alfons Ott (Katalogisieren-Farbsystematik-Instrumentenbezeichnung) développa le principe d'une norme sur le catalogage de la musique établie par Mme Gertrud Hinterhofer de Munich dont les congressistes avaient la possibilité de prendre connaissance. Après discussions sur ce point particulier, on prit une résolution tendant à mettre à l'ordre du jour du congrès de Cambridge en 1959, l'étude des règles de catalogage et du système de couleurs pour le classement en rayons des œuvres musicales. Dans l'intervalle, une commission de travail étudiera la mise au point de la norme de catalogage et M. Fritz Noske prendra contact avec la Commission internationale de catalogage.
Sur la base de l'expérience conduite à la bibliothèque musicale de Salzburg, le Dr Hans Ruppe (Musikalienausleihe in öffentlichen Büchereien) montra les possibilités pour les bibliothèques publiques de participer plus efficacement à l'éducation musicale. Une résolution fut prise en vue de l'élaboration, par le Dr Alfons Ott et le Dr Hans Ruppe, d'un mémorandum relatif à l'établissement de règles concernant l'éducation musicale dans les bibliothèques publiques. Les représentants des différents pays sont d'accord pour présenter ce mémorandum aux autorités compétentes et les persuader de prendre les mesures nécessaires. La réalisation de ce projet est subordonnée à l'établissement d'une liste de base contenant le minimum indispensable d'ouvrages de musique et de musicologie. Les bibliothèques de Berlin, Francfort, Mannheim, Munich, Salzburg et Wiesbaden devront établir, sans entente préalable, une liste de 500 volumes. Les diverses listes devront être adressées à la Bibliothèque musicale de Salzburg avant le Ier novembre 1958. Elles permettront aux bibliothèques de Munich et de Salzburg d'établir, en tenant compte des suggestions présentées, une liste type qui sera adressée à tous les membres de la Commission des bibliothèques publiques avant le Ier janvier 1959. Autre condition indispensable : possibilité pour l'amateur de musique d'avoir accès aux livres et aux documents musicaux indiqués sur cette liste. On a reconnu également que cette liste devrait être représentative de la musique de tous les pays.
M. Fritz Noske exposa brièvement la nécessité, pour tous les pays, de créer un fonds sélectionné de musique et d'ouvrages de musicologie. Une nouvelle résolution fut prise, insistant sur le rôle que pourrait jouer la musique dans la compréhension internationale et de la nécessité, pour les bibliothèques les plus modestes, de mettre à la disposition des lecteurs un choix « minimum » d'ouvrages de musique et de musicologie de tous pays, de même qu'une collection de disques. Les représentants nationaux devront établir cette liste pour permettre aux bibliothécaires de se procurer les documents correspondants.
Le Dr Rudolf Tschierpe de Hambourg (Die Hilfskataloge des Musikbibliothekars) exposa les principes qui doivent permettre l'établissement de catalogues à mettre à la disposition du bibliothécaire chargé de renseigner le public.
La question des disques dans les bibliothèques fut traitée par M. Herbert Schermall de Berlin (Schallplatten in der öffentlichen Musikbücherei) sur la base de statistiques précises.
L'activité des bibliothèques musicales dans les divers pays fit l'objet de plusieurs exposés. Le groupe américain qui n'était pas représenté avait adressé un exposé de Irène Millen de Pittsburg brossant un tableau impressionnant de la diversité du rôle joué par les bibliothèques américaines. M. Fritz Noske résuma l'activité des quatre grandes bibliothèques néerlandaises et traita le problème de la formation des bibliothécaires, tandis que le Dr Ruppe, dans son rapport sur l'Autriche, évoquait les mêmes problèmes particulièrement urgents à résoudre au moment où doivent s'organiser des bibliothèques musicales régionales.
Dans son rapport sur la situation en Suède, M. K. G. Wall de Katrineholm évoqua le rôle important joué par les discothèques de son pays et exprima l'espoir que disques et bandes magnétiques éveilleront chez les auditeurs le désir de consulter les ouvrages de musique et de musicologie. M. Zipic de Ljubljana s'appuyant sur l'expérience recueillie au département musical de sa bibliothèque universitaire montre comment on peut rendre accessible à l'amateur une section scientifique de musique.
Mme Herta Schetelich de Leipzig présenta un rapport sur l'activité de 15 bibliothèques musicales de la République démocratique allemande depuis 1945 et sur la coopération qui s'est établie entre elles. M. Sigfried Koehler évoqua la situation particulière de la Bibliothèque internationale de musique de prêt située à Berlin, Brunnenstrasse 188-190. Cette collection, fondée en 1945, par les autorités occupantes contient surtout de la musique de l'Europe de l'Est qui est mise à la disposition du prêt international et comporte des matériaux complets d'exécution (partitions, etc.).
Une résolution fut prise à l'unanimité pour demander aux autorités compétentes de chaque pays par l'intermédiaire des groupes nationaux de doter les bibliothèques publiques de moyens financiers suffisants pour l'établissement d'une section musicale et de rechercher des solutions aux problèmes de personnel, un spécialiste qualifié au minimum étant nécessaire dans chaque section.
Une rencontre est dès maintenant prévue à Düsseldorf au début de 1960 avec visite de la nouvelle section musicale du Reimscheid.
En raison de l'importance des questions à traiter, les congressistes ont reconnu qu'une participation nombreuse était souhaitable pour 1959 au congrès de l'Association internationale des bibliothèques musicales de Cambridge.
Plusieurs excursions et visites avaient été organisées : au Mozarteum où W. Hummel présenta des documents uniques sur Mozart, à la Maison de Mozart où les congressistes eurent le rare privilège d'entendre jouer Hans Schurich sur le clavicorde et le piano à queue de Mozart. A. Dawidowicz fit entendre sa chorale d'instituteurs, M. Sepp Dengg ses chœurs de chansons populaires tandis que J. Schroecksnadel faisait entendre aux congressistes un concert exécuté par les spécialistes de Mozart.