Exposition « Le Siècle du Rococo » à Munich

Du 15 juin au 15 septembre 1958 se tint à Munich une exposition d'une ampleur exceptionnelle consacrée à l'art « Rococo », considéré comme l'expression européenne de l'art du XVIIIe siècle. Si, dans le domaine artistique, la France continue à être la source principale d'inspiration, on voit naître cependant, comme le souligne M. Gonzague de Reynold dans son introduction au catalogue de l'exposition 1, les expressions d'un particularisme à l'échelon régional qui sont parfois, comme en Bavière, des survivances ou des variantes de l'esthétique du XVIIe siècle et qui ne cesseront de s'affirmer tout au long du XVIIIe.

Organisée sous le patronage du Conseil de l'Europe par la République fédérale d'Allemagne, le Land de Bavière et la ville de Munich, l'exposition réunit les participations de la plupart des états européens : Angleterre, France, Italie, Espagne, Autriche, Hollande, Suède, etc... Les bibliothèques françaises, la Bibliothèque nationale, la Bibliothèque de l'Arsenal, la Bibliothèque Sainte-Geneviève, les Bibliothèques municipales d'Aix-en-Provence, de Dijon, de Rouen, de Versailles, notamment, ont apporté une importante contribution aux sections Musique, Estampes, Médailles et Livres.

Tandis que l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert est la synthèse de la pensée intellectuelle de cette époque, c'est dans l'illustration du livre ainsi que dans la décoration de la reliure qu'il faut chercher l'un des aspects les plus séduisants de cet art rococo auquel, là encore, les graveurs, les typographes, les relieurs français imposent leur style et leur marque. L'influence qu'ont exercée en Allemagne comme dans toute l'Europe les écrivains français fut assez forte pour que la « Bayerische Staatsbibliothek » de Munich ait pu puiser dans ses collections la plupart des ouvrages français exposés. L'apport de la Bibliothèque nationale et des autres bibliothèques françaises s'est principalement traduit par le prêt de quelques éditions précieuses, de lettres autographes de Voltaire et de Rousseau, d'un manuscrit de Gluck, de reliures de Derôme, de Padeloup.

Dans le domaine de la gravure où l'influence de la France se révèle prédominante, l'exposition de Munich a bénéficié de prêts nombreux du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. Diverses médailles à l'effigie de Louis XV, Louis XVI et Marie-Antoinette proviennent du Cabinet des médailles.

Pour qu'aucune œuvre marquante ne manquât à cette évocation de l'art du XVIIIe siècle, de Berlin est venue l'Enseigne de Gersaint, les collections de la « Banco de España » se sont dessaisies des portraits de financiers espagnols dus au pinceau de Goya, le Louvre a prêté La Laitière de Greuze, tandis que Venise est présente avec des paysages et des scènes de la vie mondaine et religieuse peints par Guardi et par le Canaletto.

La variété et la qualité des œuvres présentées à Munich dans le décor reconstruit de « La Résidence », font de cette exposition une manifestation de classe internationale qui témoigne d'une coopération fructueuse sur le plan artistique entre nations européennes.

  1. (retour)↑  Le Siècle du Rococo. Art et civilisation du XVIIIe siècle. Quatrième exposition sous les auspices du Conseil de l'Europe, 15 juin-15 septembre 1958. Munich Residenz. Catalogue... [Trad. française de M. Henri Perrin..., avec le concours de Mlle Adeline Hulftegger...]. - [Munich] H. Rinn, 1958. - 22 cm., 338 p., 118 pl. h.t., co uv. en coul.