Fonds national de prêt des bibliothèques des Écoles de médecine et de pharmacie

Aux Journées d'étude de mars 1957, consacrées aux bibliothèques des Écoles nationales de médecine et de pharmacie, la constitution d'un fonds de prêt, destiné à aider ces bibliothèques, avait été décidée 1.

Rappelons en effet que, si l'application de la loi du 10 avril 1954 entraîne la prise en charge par la Direction des bibliothèques de France du personnel scientifique et technique des bibliothèques des Écoles de médecine nationalisées, l'État n'en a pas la gestion matérielle. La situation de ces bibliothèques est évidemment très différente d'une ville à l'autre. Mais, malgré l'effort considérable de certaines municipalités pour les doter de crédits d'achat de livres plus importants, les fonds de ces bibliothèques sont loin d'être comparables, en général, à ceux des sections médicales des bibliothèques universitaires.

L'impulsion que l'on a voulu donner aux études médicales en province, le développement de l'enseignement et de la recherche dans le cadre des Écoles de médecine, posent la question de l'équipement de leurs bibliothèques en livres et en périodiques. Or, il faut le dire, certaines d'entre elles ne disposaient pas de ressources suffisantes et avaient pris de ce fait un retard considérable qu'il ne leur est pas possible de combler rapidement. Si l'on est en mesure aujourd'hui de faire face, presque partout, aux acquisitions courantes indispensables, au moins en ce qui concerne les étudiants, et d'abonner la bibliothèque aux grands périodiques médicaux français et étrangers, il est rarement possible de constituer un fonds important d'ouvrages de haute spécialisation et de répondre à certaines demandes de professeurs et de chercheurs. Ajoutons que, dans bien des cas, des ouvrages très spécialisés, souvent onéreux, ne seront qu'occasionnellement consultés dans telle ou telle bibliothèque et que leur acquisition ne s'impose pas partout.

Certes, les bibliothèques des Écoles de médecine ont de plus en plus recours au prêt entre bibliothèques. Mais elles ajoutent ainsi à la charge déjà lourde du prêt interuniversitaire dans les sections médicales des bibliothèques d'universités.

La création d'un fonds de prêt spécialement destiné aux Écoles de médecine avait donc sa raison d'être et devait figurer dans le programme d'aide à ces bibliothèques que s'était fixé la Direction des bibliothèques de France.

Le « Fonds national de prêt » des Écoles de médecine existe désormais. Dès 1957, la Direction des bibliothèques a pu réserver un premier crédit à cet effet. Mais il faut dire qu'elle a trouvé une aide particulièrement compréhensive auprès du Dr Hahn, conservateur de la Bibliothèque de la Faculté de médecine de Paris, qui a bien voulu prendre en charge la constitution de ce fonds et ajouter ainsi à un service de prêt à l'extérieur déjà très lourd l'envoi de ces livres aux bibliothèques des Écoles de médecine qui en feront la demande.

Pour être certain de répondre à des besoins réels, le Dr Hahn a mené lui-même une enquête auprès des bibliothécaires. Avec l'aide de Mme Solanet, alors bibliothécaire de la Résidence d'Antony, les réponses au questionnaire ont été dépouillées en septembre 1957 et les commandes de livres préparées. Un premier fonds de livres a pu être acquis avant la fin de l'année 1957. Il est actuellement inventorié, estampillé; les livres ont reçu des cotes numériques par format et sont rangés à part (série E).

Il reste à faire connaître aux bibliothécaires et à leurs lecteurs la composition exacte de ce fonds. Le catalogue est actuellement en préparation et sera très prochainement diffusé. Comme ce fonds est appelé à se développer, on a préféré l'établir sur fiches plutôt que sur liste. Les fiches seront multigraphiées et envoyées dans toutes les écoles de médecine où la bibliothécaire pourra, soit les insérer dans le fichier de la bibliothèque, soit en constituer un fichier à part.

A titre d'indication, nous signalerons ici quelques types d'ouvrages qui figurent actuellement dans ce fonds de prêt. Ce sont, d'une part, de grands traités dont l'acquisition est particulièrement onéreuse pour une petite bibliothèque et dont les volumes pourront être prêtés séparément : par exemple les dix-sept volumes du Traité de médecine (dir. A. Lemierre, Masson), le Précis de pathologie chirurgicale, six ou sept volumes de la collection des « Précis médicaux », le Traité de microscopie de Policard, Bessis et Locquin (Masson), etc...; d'autre part, un certain nombre de volumes de la collection des « Monographies chirurgicales » (Collection Mondor, Masson) et des études spécialisées (par exemple, R. Leriche, Bases de la chirurgie physiologique ; F. Kovats et Z. Zsebok, Les Fondements anatomo-radiologiques de l'investigation pulmonaire, etc...).

La plupart de ces acquisitions répondent aux demandes émanant des écoles de médecine elles-mêmes. Certaines portaient également sur des ouvrages étrangers et plus spécialement sur de grands traités allemands en cours de publication : Handbuch der inneren Medizin (Springer, 7 vol. parus sur 12), Handbuch der speziellen-pathologischen Anatomie und Histologie (Otto Lubarch, 6 vol. parus sur 13)...

Il va sans dire que la suite de ces traités sera acquise au fur et à mesure de leur publication et que le programme d'achat ébauché en 1957 sera peu à peu complété. Il y a encore des lacunes importantes à combler, par exemple en ce qui concerne la radiologie. Les bibliothécaires des Écoles de médecine seront invités en outre à faire connaître, au cours de l'année 1958, les desiderata des professeurs et des commissions de bibliothèques, compte tenu du programme d'achat local.

Il faut donc souhaiter que l'existence de ce fonds commun pallie en partie l'insuffisance des ressources de ces bibliothèques en leur permettant de fournir à leurs usagers, au moins temporairement, les instruments de travail coûteux et les ouvrages spécialisés qu'elles ne peuvent inclure dans leur programme d'achat.