Le « Bibliofer »

Étienne Didier

Pour faire profiter des bienfaits de la lecture les cheminots des résidences moyennes - trop peu peuplées pour justifier l'installation d'une bibliothèque à poste fixe - la Section des bibliothèques de la Direction de la région Sud-Est de la Société nationale des chemins de fer français a mis en service une voiture bibliothèque dite, selon un récent néologisme, « Bibliofer ».

C'est une élégante voiture à bogies, la Ss myfi 55I, à l'étude et à la mise au point de laquelle les ateliers de voitures de Villeneuve-Saint-Georges-triage ont apporté leurs soins les plus attentifs.

La tâche fut assez délicate : le caractère strictement expérimental de l'entreprise projetée ne permettant pas de distraire une unité du parc des voitures, on dut transformer complètement un véhicule, dont les caractéristiques ne correspondaient plus aux nécessités du trafic actuel.

Caractéristiques du véhicule.

La voiture « Bibliofer » est une « nouveauté » 1 dans le parc ferroviaire, car elle doit répondre à des besoins particuliers qui la distinguent des voitures spécialisées mises en service jusqu'ici. Il lui faut en effet pouvoir :
- être incorporée dans n'importe quel train afin de ne créer aucune sujétion pour des acheminements soigneusement minutés : trains de voyageurs express ou rapides roulant à 120 ou 140 km/h ou trains omnibus : trains de marchandises R. A. (régime accéléré) plafonnant à 100 km/h et au besoin R. O. (régime ordinaire) ne dépassant pratiquement pas le 50;
- stationner longtemps, avec toutes ses installations en fonctionnement normal dans des gares ou des établissements souvent proches les uns des autres;
- effectuer un périple important, tant en parcours : 2 43I km, qu'en durée : 33 jours, la menant fort loin de sa base (Le Puy : 570 km, Le Fayet-Saint-Gervais : 710 km) et cela en vivant presque entièrement sur elle-même;
- offrir à sa clientèle une salle suffisamment spacieuse pour permettre aisément la recherche d'un livre, sa consultation et son prêt;
- permettre à l'équipe des deux bibliothécaires de travailler et de vivre complètement dans des conditions d'habitabilité convenables.

Véhicule devant rouler sur des rails, le « Bibliofer » devait être d'abord un véhicule classique :
- métallique pour des raisons de sécurité;
- à bogies, pour pouvoir rouler dans les trains rapides et aussi parce que la surface nécessaire à l'installation des aménagements conduisait à un véhicule de longueur importante, obligatoirement à bogies pour obtenir une inscription correcte dans toutes les courbes.

D'autre part, ce véhicule, pour des raisons évidentes d'économie, ne pouvait être un véhicule neuf. Le choix s'est porté sur une voiture de fabrication étrangère, que les hasards du dernier conflit mondial avaient conduite en France comme prise de guerre. Ceci explique sa silhouette inhabituelle due à ses extrémités fuyantes et qui la fait paraître un peu disproportionnée en hauteur; avantage peut-être, puisqu'elle se distingue ainsi très nettement de par elle-même du commun des véhicules.

Le « Bibliofer » est une voiture à caisse entièrement métallique d'une très grande robustesse; elle est montée sur bogies du type « Pennsylvania », type monté depuis une quarantaine d'années sous les voitures des trains rapides et qui continue à être utilisé aujourd'hui sous le matériel neuf, étant donné les excellentes qualités de roulement qu'il procure, alliées à une grande simplicité de conception. Par ailleurs, elle possède un équipement de frein permettant la circulation aux plus grandes vitesses, ainsi que deux « conduites blanches » 2, l'une de chauffage par la vapeur, l'autre de chauffage électrique.

Installations intérieures.

Le choix de la voiture à transformer ayant été fait, il convenait d'en tirer parti au maximum pour réaliser une disposition d'ensemble répondant aux objectifs énumérés précédemment, tout en restant dans les limites strictes offertes par ses dimensions.

Les aménagements se répartissent en deux parties bien distinctes : d'un côté, la partie « bibliothèque », de l'autre la partie « habitation ».

La partie « bibliothèque » comprend une plate-forme formant antichambre et une salle de lecture.

La plate-forme présente une porte d'accès sur chaque face, s'ouvrant vers l'intérieur et vitrée en verre « Listral » translucide. Le visiteur y accède aisément par un escalier amovible qui se substitue aux marchepieds ordinaires. Cet escalier est, pendant les trajets, remisé dans un coffre logé sous le châssis. La plate-forme est très dégagée, pour faciliter la circulation. Traitée très sobrement, elle est très accueillante. Les revêtements des parois sont en « Formica » acajou blanchi dont la tonalité très claire accentue la luminosité de l'ensemble.

En y accédant, le visiteur trouve sur la paroi frontale une vitrine éclairée indirectement par un tube fluorescent. Cette vitrine se partage en trois parties. La partie centrale - la plus importante - présente une carte donnant l'itinéraire et les points d'arrêt du périple de la voiture; dans un angle un calendrier précise la date à laquelle la voiture repassera. La partie de gauche donne le règlement d'utilisation du « Bibliofer » pour la consultation, le prêt et la restitution des ouvrages. La partie de droite, consacrée à la revue ferroviaire La vie du rail, rappelle le programme et les sujets traités par cette revue.

De part et d'autre de l'accès à la salle de lecture, deux grands placards, dotés d'un éclairage particulier, permettent le rangement de diverses fournitures et des fichiers d'inscription et de prêt.

La salle de lecture ouvre sur la plate-forme par une porte dont les deux vantaux sont entièrement en vitre de sécurité. Poussons-les, ils peuvent se rabattre complètement pour dégager entièrement le passage et rester dans cette position grâce à leur tourillon inférieur qui forme frein.

La salle de lecture qui s'étend sur près de 10 m de longueur, s'offre alors dans toute son ampleur. Sur les retours d'angle, sur les parois latérales entre les baies, sur la paroi transversale en constituant le fond, des rayonnages, façon acajou, qui s'élèvent jusqu'à la naissance de la courbure du plafond, contiennent quelque 7.000 livres. Les planchettes horizontales de ces rayonnages sont légèrement inclinées vers le fond pour assurer la stabilité des livres.

Dans l'axe longitudinal, sont disposées trois tables rondes entourées chacune de trois fauteuils-bridge. Les tables, de facture inédite, comportent essentiellement un socle circulaire portant en son centre un fût vertical qui soutient un plateau supérieur plaqué en « Formica » acajou et, à mi-hauteur, une étagère de diamètre plus faible. Les parties non garnies de « Formica » sont teintées acajou. Les fauteuils sont garnis en « Texoïd » havane clair.

Au fond de la salle se trouve placé légèrement de biais le bureau du bibliothécaire, traité également dans le ton acajou. Il comporte, dans ses pieds latéraux, un certain nombre de tiroirs et notamment ceux qui contiennent les fiches du catalogue. L'équipement du bureau est complété par un téléphone qui peut être relié aux circuits S. N. C. F., une lampe individuelle, un ventilateur.

L'éclairage naturel est dispensé par six baies (trois sur chaque face et décalées d'une face sur l'autre), dont les châssis mobiles sont vitrés en verre « Listral ».

Chaque baie est équipée d'un store vénitien avec lamelles pouvant s'effacer sous un lambrequin plaqué en « Formica ». Sous les baies sont disposés des radiateurs à ailettes.

L'éclairage artificiel est fourni par une rampe centrale longitudinale partageant le plafond en deux retombées dont les courbures en aile de pigeon assurent une diffusion efficace de la lumière. Le plafond est peint en blanc brillant et la rampe est constituée par des éléments en « Plexiglas » masquant les tubes fluorescents entre lesquels sont disposées des lampes à incandescence qui ne fonctionnent qu'en cas de panne de la fluorescence.

Le plancher de la salle de lecture comme celui de la plate-forme d'accès est recouvert d'un tapis « Bulgomme » vert jaspé.

Au fond de la salle de lecture et à droite, une porte battante donne la communication avec la partie « habitation ». Celle-ci comporte toutes les pièces nécessaires pour vivre d'une façon permanente. On y trouve en effet en partant de la salle de lecture : deux chambres, un local réserve de livres, une cuisine, un local chaufferie, une toilette avec W. C. L'ensemble est desservi par un couloir latéral partant de la porte de communication citée précédemment et courant jusqu'à l'extrémité de la voiture où une porte s'ouvrant à l'extérieur permet l'accès direct à cette partie du véhicule.

Les deux chambres ont un aménagement identique : lit avec sommier métallique, armoire-penderie, radiateur, tablette-étagère à la tête du lit sur laquelle est disposé un appareil de radio.

Le local de réserve abrite des rayonnages offrant 46 casiers pour les livres de réserve.

La cuisine, en dépit de son exiguïté, offre toutes les commodités que pourrait souhaiter une ménagère : réchaud à gaz butane avec deux bouches et four, évier monté sur placard avec robinets à eau chaude et à eau froide, appareil réfrigérateur, table de cuisine, tabourets, escabeau repliable, enfin divers placards.

On notera le souci du détail qui a présidé à l'aménagement de ce véhicule afin d'obtenir avec des moyens simples une utilisation pratique, efficace et des intérieurs agréables et faciles à entretenir.

Le chauffage d'un véhicule qui peut être remorqué par des moyens de traction divers - vapeur, électrique, diesel - pose toujours des problèmes délicats. Dans le cas du « Bibliofer » ce problème se complique du fait que le véhicule doit stationner longtemps, sans surveillance constante et, en particulier, pendant une nuit entière.

Le problème a été résolu en adoptant un chauffage autonome par eau chaude. Le générateur est une chaudière « Vega » avec ventilateur. Cette chaudière, qui a déjà fait ses preuves dans le matériel ferroviaire, est une chaudière automatique, qui peut de ce fait être asservie à un système de régulation évitant toute surveillance. Son rendement est excellent, ce qui procure déjà une économie de combustible en quantité. Ceci a son importance quand il s'agit d'un véhicule qui doit vivre pratiquement sur ses réserves. Il brûle des grains 6/10 ou 10/15 de maigre anthraciteux dont le prix est des plus bas. Enfin, le foyer s'alimente seul suivant ses besoins par suite de la descente continue des grains contenus dans une trémie offrant un volume couvrant les besoins pour 24 heures environ. L'eau chaude est accélérée dans les canalisations par une pompe mue par un moteur électrique 110 V. Ventilateur et pompe sont commandés par un thermostat réglable placé dans la salle de lecture et contrôlés par un aquastat de sécurité placé sur la conduite de départ.

Il est ainsi possible de prédéterminer, suivant la température extérieure, la température de fonctionnement de l'installation. Comme on l'a vu précédemment, les calories sont dissipées par des radiateurs montés en circalor, disposition assurant un rendement excellent.

Dans le local de la chaudière sont également logés un chauffe-eau de 15 litres pour la toilette, une pompe à main pour faire le plein du circuit de chauffage, une pompe à main pour le réservoir à eau potable alimentant la toilette et la cuisine.

Le stockage du combustible a été résolu d'une manière originale en utilisant des jerricans standard de 15 kg de capacité. Quelques-uns sont logés dans le local à proximité de la chaudière. Les autres sont logés dans quatre grands coffres métalliques placés sous le châssis. Au total, le véhicule transporte soixante jerricans contenant 900 kg de grains.

L'éclairage posait aussi un problème particulier du fait que le « Bibliofer » roule assez peu, eu égard à ses temps de stationnement. Ce véhicule comporte donc deux équipements : un équipement autonome 24 V en courant continu, classique, cave dynamo 2.200 watts et batterie de 300 A.h., et un équipement lui permettant de se brancher sur une source extérieure de courant à 110 V ou à 220 V d'un réseau de distribution, la liaison s'opérant par un câble disposé sur un enrouleur.

En stationnement, la voiture est ainsi branchée et un transformateur 220, 110, 24 V permet d'alimenter en 220 V alternatif, l'éclairage fluorescent de la salle de lecture, en 110 V alternatif, l'éclairage fluorescent de la vitrine de l'antichambre, ainsi que les auxiliaires tels que moteurs de la pompe accélératrice du chauffage et le réfrigérateur; enfin, en 24 V alternatif, l'installation à incandescence et par l'intermédiaire d'un redresseur, le moteur du ventilateur de la chaudière. (Ce moteur peut ainsi fonctionner soit en 24 V alternatif, soit en 24 V continu.)

En cours de route, seul l'équipement autonome fonctionne en alimentant l'installation 24 V. En stationnement et en cas de panne de secteur, cette installation se trouve mise automatiquement en circuit sur la batterie, ce qui constitue un éclairage de secours et assure le fonctionnement du ventilateur du chauffage.

La commande des circuits : éclairage chauffage s'effectue à partir d'un petit tableau encastré dans la cloison du couloir au droit du placard de la cuisine contenant l'appareillage. Dans l'axe et à la partie supérieure un voltmètre o à 250 V contrôle la tension d'arrivée. La partie de gauche et celle de droite sont identiques, mais la première correspond au 110 V et l'autre au 220 V. Un redresseur permet, en outre, la recharge de la batterie pendant les stationnements. Bien entendu, des disjoncteurs s'opposent à toute manœuvre intempestive.

La sécurité qui est de règle dans tout le domaine ferroviaire a été soigneusement étudiée pour le « Bibliofer » et poussée très loin :
- protection contre l'incendie : par trois extincteurs, l'un disposé à l'extrémité du couloir, le second dans l'angle de la porte de communication, le dernier dans un des placards de la terrasse d'accès;
- protection en stationnement ou en route contre les manœuvres intempestives par des signaux électriques de queue de trains montés à demeure aux extrémités et commandés de l'intérieur;
- protection en cas d'incident de route : robinet d'urgence pouvant actionner le frein d'un train et frein à main;
- protection contre les risques d'épidémie : aérosoliseur pour désinfecter l'air respiré, aspirateur pour permettre un nettoyage soigné et aisé. Des prises de courant 110 V réparties dans la voiture en facilitent l'utilisation.

Il convenait à un véhicule d'un caractère si particulier de se présenter avec une livrée exceptionnelle. Pour cette raison il a été peint dans une teinte bleue spéciale. En outre, pour qu'il n'y ait pas de doute sur son objet, une plaque portant l'inscription « Bibliofer » est accrochée sur les faces extérieures lorsque la voiture est arrêtée.

Livres et lecteurs.

Ainsi pourvu de toutes les installations propres à lui permettre d'assurer sa mission dans les meilleures conditions matérielles, le « Bibliofer » fut doté d'un fonds de démarrage de près de 7.000 volumes neufs qu'il allait pouvoir mettre à la disposition des quelque 12.000 agents (sans parler de leurs familles) répartis dans les vingt-six résidences situées le long de son périple. De plus, la petite salle de réserve contenait 2.000 volumes destinés à faire face aux demandes multiples escomptées pour certains ouvrages.

Actuellement après plusieurs compléments rendus nécessaires par une demande accrue ayant porté sur certaines des matières proposées, notamment l'histoire de la guerre 1939-1945, le fonds, classé d'après le système décimal de Dewey, se répartit à peu près de la manière suivante :
Ouvrages pour les adultes
Romans : 2.445 titres
Classés : ooo. Ouvrages généraux......................... 10 -
- 100. Philosophie. Morale........................ 60 -
- 200. Religion. Théologie......................... 33 -
Report : 2.54.8 titres
Classés : 300. Sciences sociales..... 174 -
- 400. Philologie ................................ 30 -
- 500. Sciences pures............................. 289 -
- 600. Sciences appliquées..... 347 -
- 700. Beaux-Arts..... 24.7 -
- 800. Littérature ..... 225 -
- 900 à 909. Histoire en général..... 25 -
- 910 à 919. Géographie et voyages..... 402 -
- 920. Biographies ..... 247 -
- 930 à 990. Histoire..... 323 -
Ouvrages réservés à la lecture sur place ..... 63 -
Ouvrages pour les enfants
Albums ............................................... 223 -
Contes ..... 47 -
Romans .............................................. 175 -
Classés ............................................... 5I -
Soit au total..... 5.416 titres

Ces titres ont été, pour la plupart, multipliés par un nombre de 2 à 10 exemplaires, afin de satisfaire aux plus fortes demandes - effectives ou prévisibles - dont les ouvrages de certaines catégories (romans à succès, textes d'actualité, volumes de vulgarisation scientifique, récits de voyages ou études sur l'histoire moderne) paraissaient devoir être l'objet, étant donné ce que l'on savait déjà, des préférences des lecteurs. Le fonds est complété d'ailleurs continuellement, au fur et à mesure des nouvelles acquisitions effectuées par la Section des bibliothèques.

Pour effectuer leur choix, à travers la collection du « Bibliofer », les lecteurs disposent à la fois d'un catalogue sur fiches, par titres et d'un catalogue ronéotypé de 177 pages. Ce dernier est distribué, selon leur importance, dans les résidences desservies par le « Bibliofer ». Ce catalogue, complétant le précédent, donne les romans par ordre alphabétique de noms d'auteurs et les ouvrages « classés » par ordre numérique de cotes.

Un « service de suggestions » permet la satisfaction rapide de toute demande portant sur des ouvrages nouveaux ou ne figurant pas encore aux catalogues. Le lecteur est appelé à donner son opinion sur la valeur de l'ouvrage qu'il a suggéré d'introduire et il en est tenu compte.

Outre les ouvrages qu'ils peuvent emprunter, les lecteurs ont à leur disposition, dans la salle de lecture du « Bibliofer » des ouvrages généraux (usuels, dictionnaires, encyclopédies, albums photographiques, etc...) ainsi qu'une vingtaine de revues littéraires, artistiques, historiques, etc... sans oublier La Vie du rail.

Le « Bibliofer » est à la disposition des agents en activité ou en retraite et de leurs familles (femmes et enfants à charge) dans les diverses résidences de la Région du Sud-Est qu'il dessert.

L'inscription est gratuite et permet la lecture sur place et le prêt à domicile. Les ouvrages sont confiés au lecteur jusqu'au retour du « Bibliofer » au centre de prêt. Il ne peut être demandé plus de deux ouvrages à la fois (dont un roman) par carte de lecteur, mais tout ouvrage en plusieurs tomes ne compte que pour une seule unité de prêt. Si la restitution n'est pas effective, lors du premier passage suivant du « Bibliofer », une indemnité de retard de 10 francs par volume est perçue; elle est portée à 30 francs si au second passage le livre n'a pas davantage été restitué. Quant aux ouvrages perdus ou détériorés, ils sont, bien entendu, remplacés aux frais du lecteur.

Des cinq premiers périples (du 29 avril 1957 au 29 mai 1957, du II juin 1957 au 10 juillet 1957, du 2 septembre 1957 au 2 octobre 1957, du 14 octobre 1957 au 15 novembre 1957, du 23 novembre 1957 au 24 décembre 1957), il serait prématuré de tirer des conclusions définitives, d'autant plus que certains de ces voyages se sont étalés sur une période relativement peu propice à la lecture : c'était l'époque à la fois des vacances et de l'activité dans les jardins familiaux. Néanmoins, les résultats obtenus donnent déjà certaines indications et semblent devoir faire bien augurer de l'avenir de cette expérience.

D'une manière générale le « Bibliofer » a été favorablement accueilli dans les résidences visitées. Les lecteurs ont été sensibles au cadre agréable dans lequel ils ont été reçus et surtout au fait d'avoir à leur disposition - sur place - un vaste choix de livres. Dans quelques résidences de moyenne importance où beaucoup de familles se connaissent, la salle de lecture a servi de lieu de rencontre et permis aux usagers de se livrer à des confrontations de leurs lectures.

Inscriptions :

Répartition des inscriptions dans les centres visités :

On peut remarquer au premier voyage que 7 résidences totalisent chacune plus de 100 inscriptions. Au deuxième voyage, ce nombre passe à 16 (dont trois résidences dépassant 200 inscriptions). Au troisième voyage, sur 19 résidences qui dépassent les 100 inscriptions chacune, 7 en comptent plus de 200 chacune et une va largement au-delà des 300 inscriptions. Au quatrième voyage, 23 résidences dépassent le cap des 100 inscriptions, II atteignent celui des 200 et 2 celui des 300. Au cinquième voyage, enfin, sur 6 résidences qui vont largement au-delà des 300 inscriptions, 2 atteignent le palier des 400.

Prêts :

Les statistiques de prêts font ressortir les.résultats suivants à la fin du cinquième voyage du « Bibliofer » :

Si l'on fait le détail des ouvrages prêtés aux adultes et aux enfants :

on constate que les 24.307 ouvrages prêtés aux adultes se répartissent comme suit : 15.912 romans (soit un peu moins des 2/3 du total) contre 8.395 classés (un peu plus du 1/3).

Les 8.395 ouvrages classés prêtés aux adultes se répartissent comme ci-après, dans les différentes divisions de la classification décimale de Dewey :

On a pu noter, également, chez les lecteurs, dès le début, une curiosité qui se mua rapidement en un intérêt plus marqué, pour les ouvrages classés de culture générale. Dans cet ordre d'idées, la collection des petites monographies Que sais-je? des Presses Universitaires de France a remporté un grand succès. Dans certains endroits, la demande des « classés » a été telle que dans 13 résidences le nombre de prêts des classés l'a emporté sur celui des romans et que, dans 15 autres résidences, il a sensiblement égalé celui des romans.

Quant aux enfants, ils ont partout accueilli, avec enthousiasme, le stock de livres qui leur était offert. Ils ont, à plusieurs reprises, complètement vidé les rayons d'ouvrages mis à leur disposition. Cela nécessita plusieurs ravitaillements d'urgence en cours de route. Le nombre des livres prêtés aux enfants (6.638) représente plus du 1/4 de l'ensemble des livres prêtés aux adultes (24.307) et plus du I/5 du total des livres sortis (30.945).

Par la mise en service du « Bibliofer », la Section des bibliothèques de la Direction régionale du Sud-Est de la Société nationale des chemins de fer français, visant plus haut que le simple but récréatif, a voulu - en apportant le livre jusque sur le lieu de travail - non seulement donner à tous le goût de la lecture, mais favoriser aussi le développement de l'éducation et de la culture. Elle souhaite procurer au cheminot « la meilleure munition » que Montaigne eût trouvée à « l'humain voyage ».

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Inscriptions

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Répartition des inscriptions

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Résidences - Prêts

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Adultes

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Cote - Prêts

  1. (retour)↑  On doit noter que, dès l'année 1946, la Région Nord de la S. N. C. F. avait mis en circulation un wagon-bibliothèque qui était destiné à ravitailler en livres les cheminots de la zone française d'occupation en Allemagne. (Voir : Notre métier, hebdomadaire d'information professionnelle et sociale des cheminots de France. N° 48, 22 février 1946; n° 55, 19 avril 1946 ; n° 129, 16 décembre 1947.)
  2. (retour)↑  On appelle « conduites blanches » des canalisations qui vont d'un bout à l'autre d'un véhicule sans alimenter ce véhicule. Ces conduites sont munies à leurs extrémités des accouplements réglementaires. Elles permettent ainsi à ce véhicule d'être inclus dans le corps d'un train quel qu'il soit, en assurant la continuité des conduites de chauffage.