Équipement d'un atelier de microcopie

Jean Porchez

L'atelier que nous allons définir est l'atelier-type minimum, utilisant le microfilm de 35 mm et pouvant fonctionner avec une seule personne. Les locaux à prévoir sont au nombre de trois : un atelier de prise de vues, un laboratoire de développement et un laboratoire de tirage papier.

Dans un tel atelier, travaillant pour une bibliothèque, on estime qu'un opérateur polyvalent peut exécuter, dans une journée de sept heures, un minimum de 800 à 1.000 images négatives (prise de vues et développement) pour un travail courant, compte tenu du temps passé à la préparation des images pour la photographie. Mais tel qu'il est prévu, cet atelier peut également fonctionner avec une main-d'œuvre plus nombreuse, de quatre personnes au maximum, deux étant employées à la prise de vues et une dans chaque laboratoire.

L'effectif du personnel sera conditionné par le nombre de documents à reproduire et la cadence journalière que l'on veut atteindre.

A cet égard, soulignons qu'il importe, surtout lorsqu'on utilise un seul opérateur polyvalent, de recruter du personnel qualifié, ayant une formation professionnelle photographique.

Atelier de prise de vues.

Pour éviter des manutentions qui pourraient être préjudiciables à des documents précieux ou de grand format, on a parfois placé l'atelier de prise de vues dans les magasins eux-mêmes, mais en règle générale, l'atelier doit être situé à proximité des laboratoires. On veillera cependant à assurer la meilleure liaison possible avec les magasins.

La surface de cet atelier sera d'environ 20 m2 avec une hauteur minima de 2,75 m à 3 m afin d'y réserver la place nécessaire à une caméra du format le plus grand, à des rayonnages pour les livres ordinaires et éventuellement à une armoire de sûreté pour mettre à l'abri manuscrits et autres documents précieux.

Si l'on prévoit pour l'avenir d'autres appareils de prise de vues - et de toutes façons il faut ménager de la place pour un second appareil - on doit compter de 6 à 8 m2 par appareil supplémentaire. S'il y a plusieurs caméras, on aura intérêt à les séparer par des box ou des cloisons portant des tablettes destinées à recevoir les documents à microfilmer.

L'alimentation électrique sera calculée pour un débit de 15 ampères environ par appareil de prise de vues, quelles que soient sa marque et ses caractéristiques. On tiendra compte également de l'éclairage normal du local ainsi que de l'appareil de lecture nécessaire à la vérification du travail, appareil pour lequel il faut prévoir 4 ampères.

La caméra. - Sur le marché français, il existe un certain nombre de caméras de microfilms. Chacune d'elles offre des avantages et des défauts. Toutes les caméras actuellement sur le marché fonctionnent avec des films de 35 mm, certaines cependant ne peuvent fonctionner qu'avec des films à doubles perforations.

Dans le choix de la caméra, il faudra également tenir compte de la possibilité de trouver sur place un technicien capable de faire la réparation de ces appareils.

Dans certains modèles le déclenchement est manuel, dans d'autres il est automatique; ces derniers sont à conseiller pour un travail continu. Il existe également un modèle de caméra jumelée, d'un prix sensiblement plus élevé, qui permet d'obtenir simultanément d'un même document deux négatifs sur deux films différents. Ce modèle est utilisé pour la constitution d'archives de sécurité, l'un des négatifs étant soigneusement conservé, l'autre servant de négatif de travail pour obtenir ultérieurement des copies ou des agrandissements. On ne saurait oublier, en effet, que la prise de vue de documents anciens a pour but principal d'assurer leur conservation en restreignant leur communication ; aussi, doit-on prendre toutes les précautions nécessaires pour garantir la conservation du film négatif qui est très fragile et qui doit être manipulé avec soin. Nous n'entrerons pas ici dans les détails relatifs au classement et à la conservation des négatifs.

Les caméras devront être choisies afin d'obtenir des rapports de réduction allant de 1/4 à 1/25. Dans les modèles avec lesquels on ne peut pas obtenir directement le rapport 1/1, il doit être possible d'ajouter un dispositif permettant d'exécuter un tel rapport, et par suite de photographier les détails d'une image en vue de sa projection.

Éclairage. - Bien qu'en général les différents modèles de caméras soient livrés avec leur éclairage, il y a lieu de le modifier dans la plupart des cas afin de ménager la vue du personnel chargé du fonctionnement de l'appareil. Nous conseillons les modèles de réflecteurs équipés avec des grilles qui éviteront aux yeux de l'opérateur toute fatigue résultant de l'éclairage. On choisira pour le dispositif d'éclairage qui fonctionne avec quatre sources de lumière des lampes à incandescence.

Certains modèles de caméras fonctionnent avec un éclairage constant et un temps de pose variable; pour d'autres le temps de pose est constant et c'est alors la tension qui varie aux bornes des lampes. Il convient dans ce cas d'installer un transformateur variable avec voltmètre. Le système de rhéostat n'est pas à recommander; cet appareil, en effet, chauffe et consomme en pure perte la puissance non utilisée. De plus, il se détériore assez vite à la suite de manipulations fréquentes.

Le porte-documents. - Le porte-documents n'est pas toujours livré avec les appareils de prise de vues; il n'est pas nécessaire pour la photographie des fascicules de revues ou des documents sur simple feuille; il est indispensable, en revanche, pour celle des livres ou des manuscrits. Il doit être étudié pour assurer dans les meilleures conditions la conservation des documents à photographier ainsi que leur « planéité » grâce à un système de balancier. La Bibliothèque nationale utilise depuis plus de dix ans un de ces modèles qui donne entière satisfaction et dont on trouvera la reproduction sur la figure jointe. Le format du porte-documents sera à déterminer en fonction du rapport maximum obtenu par la caméra, il sera d'environ 50 X 80 cm pour le rapport de 1/20. Certains porte-documents sont mobiles et montés sur rail pour permettre la photographie des volumes page par page. Précisons que les porte-documents les plus recommandables pour des travaux de bibliothèques se trouvent difficilement dans le commerce.

Laboratoires.

Il convient de posséder deux laboratoires : l'un qui serait destiné au développement des films, le second au tirage des agrandissements des négatifs. Il est en effet peu rationnel d'utiliser un même local pour des opérations aussi différentes.

Dans ces deux laboratoires le revêtement des murs devra être imperméable, réfractaire aux acides. Les solutions salines et les solutions concentrées d'hyposulfite de soude désagrègent le ciment et les carrelages, particulièrement dans les laboratoires mal aérés; aussi devra-t-on avoir un carrelage imperméable qui permette l'écoulement des eaux. La tuyauterie conduisant l'eau dans les laboratoires devra être en cuivre. La peinture des murs sera de couleur claire, mais on évitera le blanc qui provoque à la longue une certaine fatigue.

L'ameublement pourra être en bois ou en métal recouvert de matière plastique. Il faudra prévoir de petits meubles munis de serrures de sûreté pour ranger les plaques, les films ou les papiers.

Pendant le travail, les locaux doivent être continuellement ventilés, l'absence de ventilation causant une humidité permanente aussi préjudiciable au personnel qu'au matériel. La température des locaux sera maintenue à 19° environ.

On ne saurait assez attirer l'attention sur la nécessité de doter tous les appareils électriques d'une prise de terre. L'extérieur des appareils aussi bien que des interrupteurs, des tableaux électriques, des disjoncteurs, devra être en matière isolante. Si dans un laboratoire les allumages sont fréquents, il est préférable de commander l'éclairage général par télérupteur. Il peut être avantageux dans certains cas, si l'on veut connaître la consommation d'électricité du laboratoire, d'installer un compteur distinct de celui de la bibliothèque.

Laboratoire de développement. - Le laboratoire de développement doit avoir une surface minimum de 10 m2. Il faudra prévoir un laboratoire d'une superficie plus grande si deux personnes y travaillent à temps complet. Dans ce local plus encore que dans le laboratoire d'agrandissement il est primordial d'assurer une bonne aération. Aussi le laboratoire devra-t-il autant que possible avoir une ouverture directe sur le dehors et l'on veillera à ce qu'il ait un cubage d'air de 10 m3 minimum par personne.

Le matériel de développement doit pouvoir développer à la fois au moins 10 m de négatif. Le matériel le plus simple est le cadre de 10 m avec cuve de développement possédant ou non un régulateur de température automatique. De toute manière, on maintiendra les bains, au moment du développement, à la même température : 18 à 20°.

Cinq cuves sont en principe nécessaires :
- une cuve de développement;
- une cuve de rinçage ;
- une cuve de fixage;
- une cuve de lavage;
- une cuve contenant un agent mouillant qui évite les taches sur les supports lorsque l'eau est calcaire.

Les cuves sont installées dans un bac 1 en ciment posé au sol, ce qui facilitera la manipulation des cadres. Si le travail est permanent, il est souhaitable de posséder deux cuves de réserve d'une contenance de 40 litres.

Il existe d'autres modèles de matériel de développement, mais celui-ci est le plus économique et demande peu d'entretien.

Un tambour de séchage actionné par un moteur est également nécessaire. Trois cadres de 10 m sont, en général, suffisants pour une petite exploitation.

L'éclairage du laboratoire sera assuré par un plafonnier vert et rouge ainsi que par deux lanternes murales verte et rouge qui seront placées au-dessus des cuves de développement.

Un écoulement d'eau au sol devra être prévu.

Laboratoire de tirage papier. - Ce qui a été dit pour la surface, le cubage d'air et l'aération du laboratoire de développement est également valable pour le laboratoire de tirage papier. Les bacs placés à hauteur normale 2 pourront être en matière plastique. Ils seront prévus pour contenir quatre cuvettes de 40 X 50 cm ainsi qu'une cuve de lavage. Ils pourront être ou non compartimentés, mais, de toutes façons, un compartiment devra être aménagé pour la cuve de lavage.

L'agrandisseur que l'on choisira pour des rapports pouvant aller jusqu'au rapport R 20 sera placé face aux bacs. L'éclairage sera assuré par un plafonnier à lumière de sodium et par deux lanternes murales.

Si l'on ne peut disposer d'une pièce de réserve pour entreposer les papiers et les produits chimiques, il sera nécessaire de prévoir une armoire de métal 3 où ils seront déposés. L'eau chaude sera installée dans le laboratoire : elle peut être obtenue soit par chauffe-eau électrique à accumulation, soit par chauffe-eau électrique instantané.

Les accessoires nécessaires dans un laboratoire de tirage papier sont les suivants :
- Récipients en polyéthylène de 5 litres et de 2 litres;
- deux compte-minutes;
- un compte-pose;
- un margeur 30/40;
- thermomètres;
- sécheuse-glaceuse à double face ou rotative;
- enrouleuse de film;
- colleuse pour film;
- cisailles.

En ce qui concerne la microcopie en couleurs, le choix des appareils doit être spécialement étudié, et un spécialiste particulièrement expérimenté doit être attaché au laboratoire. Si une bibliothèque de province désirait faire exécuter le travail de développement dans ses ateliers, il conviendrait de veiller à ce que les consignes relatives à la température des bains soient très strictement observées. Les sources d'éclairage des documents devront avoir une température de couleur strictement déterminée. Il sera donc nécessaire d'utiliser un appareil de prise de vues permettant des temps de pose variables.

Equipement d'un laboratoire de microfilm de moyenne importance 4.

Caméra 5 simple avec rapport de 30 à 2..... 429.000
Bâti mural 6 ..... 155.000
2 boîtes réceptrices de rechange..... 2.500
Modification de l'éclairage avec voltmètre et transformateur variable, environ..................................................... 40.000
Porte-document (pour petit format) 7..... 125.000
Luxmètre..................................................... 22.000
Cuves de développement et de fixage avec bain-marie et thermostat pour 10 m de film ..... 90.000
3 cadres de 10 m..... 24.000
2 cuves de 10 m de lavage et rinçage 8..... 24.000
1 tambour pour séchage de films de 10 m avec moteur électrique.... 61.000
1 lanterne murale verte pour le laboratoire de développement....... 5.200
1 lanterne murale rouge pour le laboratoire de développement....... 5.200
1 plafonnier pour le laboratoire de développement................. 5.000
1 colleuse pour film 35 mm..... 7.300
4 cuves de 40 litres pour réserve de bains et leur préparation (avec robinet et couvercle flotteur)..... 22.000
1 timer compte-temps de la seconde à 2 heures..................... 6.000
1 enrouleuse 35 mm..... 20.000
1 paire de ciseaux et colle pour film, environ..... 1.800
1 sécheuse glaceuse..... 160.000
2 thermomètres flotteurs..... 600
1 compte-pose..... 10.000
1 plafonnier sodium pour le laboratoire de tirage papier............ 30.000
2 lanternes murales pour le laboratoire de tirage papier..... 10.000
1 margeur 30 X 40 (variable selon modèle)..... 14.000
5 cuvettes en matière plastique .................................. 10.000
1 cuve de lavage..... 23.000
1 cisaille 30 × 40..... 15.000
2 béchers polyéthylène (pour 5 litres et 2 litres).................... 3.000
2 flacons de 5 litres polyéthylène..... 4.000
2 flacons de 2 litres polyethylène..... 1.800
1 agrandisseur..... 72.000
2 lampes de rechange..... 1.600
1 lecteur pour vérification des films 9..... 25.000

  1. (retour)↑  Le bac utilisé par la Bibliothèque nationale présente les dimensions suivantes : hauteur : 0,45 m; largeur : 0,95 m; longueur : 1,10 m.
  2. (retour)↑  A la Bibliothèque nationale, les bacs utilisés dans le laboratoire de tirage papier ont une hauteur de 0,95 m, une largeur de 0,80 m et une profondeur de 0,26 m.
  3. (retour)↑  L'armoire métallique utilisée par le Service photographique de la Bibliothèque nationale pour le rangement des papiers et autres accessoires offre les caractéristiques suivantes : hauteur : 2 m; largeur : 1 m; profondeur : 0,50 m.
  4. (retour)↑  Les prix ont été donnés par les fabricants et fournisseurs de cet équipement à la date du 15 juillet 1957. Il faut prévoir à ce jour une hausse d'environ 20 %.
  5. (retour)↑  Si l'on adopte une caméra jumelée, il faudra prévoir un crédit de 1.317.000 F comprenant le prix de la caméra (1.285.000 F) et celui de 2 chargeurs de rechange (32.000 F).
  6. (retour)↑  Avec bâti mobile, prévoir 212.000 F.
  7. (retour)↑  Pour grand format (modèle Bibliothèque nationale), prévoir 250.000 F.
  8. (retour)↑  On peut également disposer d'une cuve avec agent mouillant.
  9. (retour)↑  Pour un travail de plus grande précision, on adoptera un lecteur plus perfectionné, dont le prix pourra varier de 75.000 à 140.000 F.