Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale

Le Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale s'est réuni en séance plénière le 22 février 1957 à l'Hôtel Matignon sous la présidence de M. Ségalat, secrétaire général du gouvernement. Après que celui-ci eût rendu hommage à la mémoire du grand historien Lucien Febvre qui avait, dès 1946, à la demande du gouvernement, accepté de prendre la présidence du Comité et qui, malgré ses multiples tâches, avait exercé ses fonctions avec un dévouement inlassable, M. Henri Michel, secrétaire général du Comité, dressa le bilan des travaux effectués par le Comité au cours de l'année 1956. Trois résultats concrets sont à inscrire à son actif : la récupération d'archives allemandes concernant la France et détenues par divers services américains, la création d'un Musée permanent de la résistance et de la déportation, la mise en chantier d'une vaste histoire de la résistance. Les diverses commissions spécialisées ont également enregistré des résultats appréciables : celle de l'histoire de la déportation, dont le président est M. Julien Cain, a continué à rassembler les témoignages des déportés. Une statistique de la déportation par département est en voie d'élaboration ainsi que des monographies des principaux camps de déportation. Enfin le film Nuit et brouillard, réalisé sous le patronage de la commission, a rencontré un accueil favorable parmi les divers publics auxquels il a été présenté.

La commission d'histoire de la captivité a poursuivi ses recherches sur les divers camps de captivité; le travail est assez avancé pour qu'ait pu paraître un numéro spécial de la Revue d'histoire de la deuxième guerre mondiale consacré à la captivité de guerre. A l'heure actuelle l'activité de la commission est principalement absorbée par la préparation d'une exposition qui se tiendra, au mois de mai, à l'Institut national pédagogique et qui rassemblera une documentation variée, puisée à diverses sources tant françaises qu'étrangères. Enfin, dernière née des commissions de travail, la commission d'histoire de la résistance a entrepris l'historique des divers mouvements de résistance et en premier lieu celui du mouvement « Combat » qui doit prochainement paraître. D'autres historiques sont en préparation.

Les diverses commissions ont la possibilité de faire connaître leurs travaux grâce à la Revue d'histoire de la deuxième guerre mondiale 1 dont le vingt-cinquième numéro vient de sortir et dont un vingt-sixième est sous presse. Outre les articles originaux qu'elle publie, elle rend compte régulièrement, grâce à une trentaine de lecteurs, des principaux livres parus dans tous les pays, à l'exception de l'U. R. S. S., et contient dans chacune de ses livraisons une bibliographie sélective établie par M. Debyser, conservateur de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, avec le concours de ses collaborateurs. La collection de ces numéros spéciaux, dont quelques-uns sont déjà épuisés ou en voie d'épuisement, va s'enrichir au cours du mois de mai d'un fascicule consacré à l'Italie mussolinienne, qui réunira les contributions d'historiens français, anglais et italiens. Un autre numéro sur la Belgique pendant la guerre est à l'étude. L'intérêt de ces numéros spéciaux rédigés avec le concours de collaborateurs étrangers leur vaut, ainsi qu'à la revue, la seule qui paraisse actuellement dans le monde sur l'histoire de la deuxième guerre mondiale, une large diffusion en dehors de nos frontières. Le Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale assume encore la charge d'autres publications, les comptes rendus de la Commission française auprès de la délégation allemande d'armistice notamment, dont les deux derniers volumes sont en préparation.

L'une des préoccupations essentielles du Comité avait été dans les années précédentes de procéder au regroupement des archives des différents ministères relatives aux événements 1939-1945 en vue d'un versement aux Archives nationales ; au cours de l'année 1956, c'est à l'étranger que son effort a particulièrement porté. Des missions ont été envoyées aux États-Unis pour microfilmer des documents concernant la France sous l'occupation.

Après dix années d'existence, le Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale va désormais orienter son activité davantage vers les publications que vers les recherches d'archives. C'est assez dire l'importance du travail effectué, mais c'est aussi souligner l'ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour que la France soit, dans le domaine des études sur la deuxième guerre mondiale, aussi bien pourvue que de nombreux pays étrangers, les pays anglo-saxons et l'Allemagne notamment.