L'inventaire permanent des périodiques étrangers en cours (I. P. P. E. C.)
Le Catalogue collectif des périodiques. Paris et Universités de province, est en cours d'établissement 1. Ce catalogue, préparé par le Département des périodiques de la Bibliothèque nationale avec toute la rigueur qu'on peut exiger d'une bibliographie, fournit des renseignements très détaillés sur l'histoire de chaque périodique et donne l'état des collections dans les bibliothèques participantes, depuis l'origine jusqu'en 1939, un supplément étant prévu pour la période 1940-1953.
Étant donné le caractère rétrospectif inhérent à une aussi vaste entreprise, la nécessité d'une information sur les périodiques courants était apparue depuis longtemps. C'est déjà pour répondre à ce souci que la Bibliothèque nationale avait publié en 1950 l'État sommaire des périodiques étrangers 2 qui recensait, en trois listes (alphabétique, géographique, méthodique), 3.240 périodiques de sciences humaines reçus par 74 bibliothèques de Paris.
Cependant, toute liste de ce genre présente l'inconvénient d'être très rapidement périmée. Aussi la préoccupation essentielle de la Direction des bibliothèques de France, en mettant au point son projet de recensement des périodiques étrangers, à Paris et en province, était-elle d'essayer de donner à l'information ainsi recueillie un caractère permanent.
L' « Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours » (I. P. P. E. C.) a été créé par la Direction des bibliothèques en 1953 3. Le fichier de base établi à la suite de l'enquête menée en 1953 et 1954 a été frappé sur clichés-stencils, le procédé adopté étant celui de la machine à adresser qui doit permettre ensuite une constante mise à jour du fichier. La frappe était terminée au début de mai 1955 et les premiers tirages ont pu être effectués. La Bibliothèque nationale et le Centre national de la recherche scientifique possèdent chacun un exemplaire de ce tirage.
Le rapport publié en novembre 1954 4 et adressé d'autre part à tous les correspondants de l'I. P. P. E. C., rendait compte de l'activité du service et du travail accompli à cette date pour l'enquête et la constitution du fichier : 1.449 participants dont 348 pour Paris et la Seine, 17.000 titres de périodiques en toutes langues mis sur fiches.
En même temps que se poursuivait la frappe des clichés du premier tirage du fichier, le service de l'Inventaire permanent, dès le mois de décembre 1954, ouvrait une deuxième enquête destinée à la mise à jour des résultats de celle de 1953-1954. Grâce à cette deuxième enquête, l'I. P. P. E. C. compte actuellement 260 adhérents de plus qu'il y a un an et on a enregistré 3.000 nouveaux titres de périodiques : soit au total 20.000 titres environ pour 1.709 organismes.
A eux seuls ces chiffres suffiraient à justifier l'intérêt que présente cette deuxième enquête comme complément des résultats obtenus en 1953-1954. C'est ainsi qu'un grand nombre d'organismes qui avaient été sollicités dès 1953 n'ont adhéré à l'I. P. P. E. C. qu'en 1955, après avoir eu connaissance du rapport publié en novembre 1954.
Les « Listes départementales des périodiques français et étrangers en cours 5 » continuent à fournir à l'I. P. P. E. C. les renseignements concernant les organismes de province. Les enquêtes complémentaires menées dans les départements en 1954 et 1955 ont permis la publication d'importantes mises à jour. Mais, dans certains cas, faute de pouvoir publier assez tôt un supplément ou une réédition multigraphiée, les archivistes ou les bibliothécaires responsables de listes départementales ont envoyé, dès le premier semestre de 1955, des listes de corrections et additions concernant les périodiques étrangers et destinées spécialement à l'Inventaire permanent. L'élargissement considérable de certaines enquêtes a beaucoup contribué au développement du fichier national. Rappelons ici qu'aussi bien en province qu'à Paris, la prospection s'étend à une très grande variété d'organismes, bibliothèques ou centres de documentation publics et privés, pourvu que ceux-ci conservent au moins pendant un an les périodiques signalés et qu'ils soient en mesure de les communiquer à des lecteurs éventuels.
Dès le début de 1955, au fur et à mesure de la réception des listes envoyées par les adhérents, les modifications signalées ont été inscrites sur les fiches du premier tirage, de nouvelles fiches ont été insérées pour les nouveaux titres. Toutefois, ce travail ne s'est pas effectué sans difficulté, D'une part l'imprécision de certaines listes a rendu nécessaires de longues recherches d'identification et des vérifications minutieuses. D'autre part, malgré les recommandations faites à ce sujet, un certain nombre de centres ont conservé la première liste qui leur avait été renvoyée pour qu'ils puissent y apporter leurs corrections. Le travail de l'I. P. P E. C. se trouve ainsi compliqué : au lieu d'un simple pointage, c'est toute une révision du fichier qu'il faut faire pour chaque liste nouvelle.
Enfin, certains établissements n'ont pas répondu en temps voulu à l'enquête complémentaire malgré de nombreux rappels. Quatre-vingt-neuf centres parisiens n'avaient pas encore envoyé leur mise à jour lorsque la décision a dû être prise d'arrêter l'enquête de 1955 pour pouvoir commencer, le 15 décembre, la frappe des nouveaux clichés et la correction des anciens clichés dont 48 % environ ont dû être repris.
Après la vérification de ces clichés, on procèdera au deuxième tirage de l'Inventaire permanent. Un exemplaire de ce tirage a été prévu pour les bibliothèques universitaires qui en feront la demande.
Si nous avons souligné les difficultés que le service de l'I. P. P. E. C. a rencontrées au cours de la préparation de ce deuxième tirage, c'est pour insister à nouveau, auprès des organismes qui participent à l'entreprise, sur l'importance de la rapidité et de la régularité du concours qu'ils veulent bien lui accorder. De l'envoi rapide des mises à jour, de la manière dont elles auront été établies, dépendent la rapidité de la mise à jour du fichier de l'I. P. P. E. C. et, en définitive, l'exactitude des tirages par rapport à une date donnée.
Si une nouvelle mise à jour n'a pas été systématiquement demandée à la fin de l'année 1955, il faudra la prévoir pour l'ensemble des établissements à la fin de 1956 ou au début de 1957. Cependant, toutes les listes reçues après le 15 novembre 1955 et toutes celles qui parviendront à l'I. P. P. E. C. dans le courant de l'année 1956 sont et seront enregistrées au fur et à mesure. Un service permanent de mise à jour des clichés pourra ainsi fonctionner dès que le deuxième tirage aura été effectué.
Ajoutons ici que tout le travail de l'I. P. P. E. C. est actuellement assuré par une équipe très réduite : une bibliothécaire assistée de deux employées dactylographes. Institué grâce au concours du Centre national de la recherche scientifique, le service fonctionne sous la direction du Service technique et avec l'aide directe du Département des périodiques de la Bibliothèque nationale où il est installé.
Dès 1954 en fait, c'est-à-dire dès la constitution du fichier de base, le service de l'I. P. P. E. C. a pu commencer à répondre aux renseignements qui lui étaient demandés par des bibliothécaires ou des lecteurs de la Bibliothèque nationale. A la fin de 1954, la Direction des bibliothèques de France pouvait faire paraître un avis concernant le Service de renseignements de l'I. P. P. E. C.
Actuellement, ce service qui dispose du fichier établi d'après les résultats de l'enquête menée en 1955, est en plein développement. Il répond directement aux lecteurs de la Bibliothèque nationale qui, ne trouvant pas le périodique étranger qu'ils recherchent, sont ainsi orientés vers d'autres bibliothèques et, assez souvent, vers des centres de documentation privés auxquels ils n'auraient peut-être pas eu l'idée de s'adresser et qui peuvent les autoriser à consulter sur place certains périodiques spécialisés.
L'I. P. P. E. C. est bien entendu en relation avec le Service central des prêts et, d'autre part, toujours pour l'orientation du prêt, il répond aux demandes écrites, de plus en plus nombreuses, qui lui sont adressées. Les unes émanent de bibliothèques, en particulier des bibliothèques universitaires. De longs circuits et une perte de temps considérable sont ainsi évités pour les demandes de périodiques étrangers, lorsque la bibliothèque universitaire s'adresse d'abord à l'I. P. P. E. C. Évidemment, lorsque chaque bibliothèque universitaire possédera un tirage de l'Inventaire permanent, les délais de recherche seront supprimés. D'autres demandes, moins nombreuses, sont également adressées à l'I. P. P. E. C. par des particuliers. Elles sont devenues plus fréquentes depuis que certaines revues scientifiques ont signalé l'existence de cette entreprise à leurs lecteurs.
Mais ce n'est pas seulement pour l'orientation du prêt que l'I. P. P. E. C. a déjà rendu - et qu'il est appelé à rendre - de grands services. La coordination des achats entre les bibliothèques parisiennes, en particulier lorsqu'il s'agit d'abonnements à des revues étrangères, parfois coûteuses, s'impose de plus en plus. On comprend dès lors quelle peut être l'importance du fichier de l'I. P. P. E. C. pour une coordination de ce genre. Le service des périodiques étrangers du Département des périodiques de la Bibliothèque nationale fait appel à lui avant de demander un nouvel abonnement ou un nouvel échange, pour connaître les bibliothèques de Paris qui éventuellement recevraient déjà la publication en question. Le Département des entrées de la Bibliothèque nationale agit de même, notamment avant les réunions des différentes sections de la Commission d'achat des bibliothèques de Paris. L'I. P. P. E. C. lui permet en outre de vérifier, avant de les commander, si certains périodiques continuent bien à paraître. De son côté, le Service technique de la Direction des bibliothèques a fait appel à l'Inventaire permanent pour connaître la répartition de certains périodiques dans les bibliothèques françaises. Récemment, à l'occasion des Journées d'étude des bibliothèques universitaires, ce même service a effectué un pointage des périodiques médicaux signalés à l'I. P. P. E. C. en prenant pour base Les Périodiques médicaux dans le monde, liste établie en 1953 par l'Organisation mondiale de la santé et l'Unesco. Ce sondage ne portait que sur un petit nombre de pages. Mais, si fragmentaire que fût ce travail, il permettait de penser qu'une expérience de ce genre, étendue à l'ensemble des périodiques d'une discipline donnée, servirait au moins à déceler des lacunes, et dans certains cas, à les combler.
Orientation du prêt, coordination des acquisitions, possibilité de combler des lacunes, tels sont actuellement les divers aspects de l'utilisation du fichier de l'I. P. P. E. C. L'activité du service de renseignements qui n'a cessé de s'accroître au cours de l'année 1955 justifierait à elle seule l'intérêt de l'entreprise. Tout porte à croire que cette activité est appelée à se développer encore et même très largement.
Mais ce développement sera évidemment fonction de la qualité et de l'exactitude des renseignements fournis. C'est en définitive à chacun des adhérents à l'I. P. P. E. C. que revient le soin de donner à ce service les moyens de répondre rapidement aux exigences de la recherche en matière de documentation courante. Nous ne savons que trop les difficultés que rencontrent bibliothécaires et chercheurs, particulièrement dans les disciplines scientifiques et techniques, pour trouver la documentation d'actualité dont ils ont besoin. Mis à jour avec régularité, l'I. P. P. E. C. peut devenir dans ce domaine un instrument de travail de premier ordre.