Chronique des bibliothèques

Bibliothèque nationale.

Exposition Blaise Pascal.

Cette exposition 1 a été organisée pour commémorer le troisième centenaire de la mort de Pascal, survenue le 19 août 1662. Une série de manifestations patronnées par un Comité national ont déjà eu lieu. Deux expositions ont été ouvertes à Clermont : l'une est consacrée à l'œuvre scientifique de Pascal, l'autre rassemble les souvenirs de Pascal et de sa famille conservés en Auvergne. Une troisième, au Musée des Granges, est plus spécialement dédiée à Pascal et Port-Royal. L'exposition de la Bibliothèque nationale doit donner un tableau aussi complet que possible de la vie et de l'œuvre de Blaise Pascal. Nous avons donc essayé de présenter un ensemble de documents : manuscrits, livres rares, cartes, iconographies, pour faire revivre Pascal en son temps, mais nous l'avons volontairement restreint de manière à faire ressortir l'essentiel. Il n'était pas question de donner une bibliographie extensive d'un sujet aussi vaste, ni de faire, à propos de Pascal, une exposition sur le jansénisme ou sur l'histoire des sciences mathématiques et physiques (comme celle du Palais de la Découverte en 1950 ou l'actuelle exposition de l'Université de Clermont).

Nous avons recherché les autographes ou les copies contemporaines des lettres et des écrits de Pascal, de ses amis et de ses adversaires, ainsi que les éditions originales et les pièces d'archives, estimant que c'était la meilleure manière de le rendre présent aux visiteurs. La Bibliothèque nationale possède la plus précieuse des reliques : l'autographe des Pensées, donné à Saint-Germains-des-Prés en 17II par le chanoine Louis Périer, neveu de Pascal, qui contient le Mémorial écrit pendant la nuit d'extase du 23 novembre 1654. Elle conserve aussi un recueil imprimé d'œuvres mathématiques de Pascal, provenant de la famille Périer, auquel ont été ajoutées diverses lettres et notes autographes de savants de ses amis; sur l'une des pages figure une note manuscrite de l'auteur (Rés. V 859-860). Grâce à la collaboration généreuse de divers spécialistes, nous avons pu mettre au point les différentes sections du catalogue et enrichir l'exposition de documents encore inconnus. La préparation a amené la découverte de plusieurs pièces qui avaient échappé jusqu'ici aux investigations des chercheurs, notamment l'horoscope d'Étienne Pascal, qui donne la date précise de sa naissance.

La biographie de Pascal a été précisée depuis quelques années par les patientes recherches de M. Jean Mesnard. Comme l'avaient déjà fait M. de Grouchy, M. Barroux et M. Samaran, il a exploré les fonds d'archives, et en particulier le Minutier central. Son étude sur les demeures de Pascal à Paris, parue dans les Mémoires des Sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Ile-de-France a précisé la topographie des logis occupés par Étienne Pascal et ses enfants, puis par Pascal seul, et il en a marqué l'emplacement sur le plan de Gomboust qui figure dans l'exposition. La publication d'analyses d'actes du Minutier central entre 1650 et 1700, faite par les Archives nationales, donne la liste des documents qui concernent le règlement de la succession d'Étienne Pascal entre Blaise et sa sœur Jacqueline et la constitution de dot de cette dernière, religieuse à Port-Royal, fait connaître aussi des actes relatifs à la gouvernante de la maison d'Étienne Pascal, Louise Delfaut, qui semble avoir joué un rôle important dans la famille, D'autres actes se rapportent aux affaires financières de Pascal : boutique de la Halle aux Blés, acquise du domaine royal et donnée en location, société des Marais poitevins dont il était actionnaire, enfin les carrosses à cinq sols. Cette dernière affaire, montée avec le duc de Roannez et le marquis de Perrien est représentée de façon concrète et pittoresque par le petit carrosse fabriqué d'après des documents du XVIIe siècle et par le plan de Paris où sont marquées les cinq « routes » suivies par ces premiers transports en commun (prêt de la R.A.T.P.). De Rouen, sont venus, avec un beau tableau représentant la ville à l'époque où y habita la famille Pascal, diverses pièces d'archives : contrat de mariage de Gilberte Pascal avec son cousin Florin Périer en 1641, actes de baptême de deux de ses enfants, et le recueil des palinods, contenant le poème de Jacqueline, âgée alors de quinze ans qui remporta le premier prix de ce pieux concours le 8 décembre 1640.

A côté des pièces d'archives figurent de nombreux autographes. La Bibliothèque de Leyde a bien voulu prêter la seule lettre autographe actuellement connue de Pascal, adressée à Huygens. Nous avons retrouvé une note autographe de Jacqueline Pascal, devenue sœur Sainte-Euphémie, ajoutée en postscriptum à un billet de M. Singlin.

M. R. Taton et le P. Costabel nous ont aidés à rédiger les chapitres du catalogue consacrés à l'œuvre scientifique et grâce au Conservatoire des Arts et métiers et à un généreux collectionneur, nous pouvons montrer deux des machines à calculer de Pascal. L'une a appartenu au chancelier Séguier, dédicataire de la lettre dans laquelle le jeune savant présentait son invention en 1645, l'autre est destinée à un géomètre.

M. J. Mesnard nous a communiqué ses plus récentes découvertes qui donnent une particulière valeur à l'exposition. Il a identifié à la Bibliothèque Mazarine une collection de volumes provenant de Saint-Jean-d'Angély, puis du Séminaire de La Rochelle, qui représentent une partie de la bibliothèque des Périer et de Pascal lui-même. Parmi ces recueils se trouvent des opuscules relatifs aux controverses jansénistes annotés par Pascal et l'information de l'officialité de Paris sur le premier miracle de la sainte Épine (guérison de Marguerite Périer, nièce et filleule de Pascal le 24 mars 1654), avec le texte de la déposition de Pascal.

M. Mesnard a aussi retrouvé dans la collection Joly de Fleury une copie partielle des Pensées qui renferme plusieurs pensées encore inédites, dont le texte va être publié prochainement dans son édition des œuvres de Pascal.

L'iconographie de l'exposition comporte un grand nombre de portraits peints ou gravés. Le Musée du Louvre a prêté le célèbre ex-voto peint par Philippe de Champaigne en reconnaissance de la guérison de sa fille, sœur Catherine de sainte Suzanne et plusieurs autres tableaux et dessins. Auprès du masque mortuaire ont été groupés les portraits de Pascal exécutés après sa mort, d'après ce masque et en premier lieu le beau portrait peint par Quesnel. Au centre de l'exposition, avec le manuscrit autographe des Pensées, figure le portrait de Pascal jeune dessiné par son ami Domat, entré à la Bibliothèque nationale il y a quelques mois 2.

Marie-Thérèse d'Alverny
conservateur au Département des manuscrits

Exposition Maurice Maeterlinck.

Une exposition s'est ouverte, le 22 juin 1962, dans le salon d'honneur de la Bibliothèque nationale pour commémorer le centenaire de la naissance de Maurice Maeterlinck 3.

Le nombre des ouvrages réunis témoigne de la fécondité du grand écrivain belge qui fut d'abord attiré par la poésie avant de conquérir la célébrité avec ses œuvres dramatiques, philosophiques ou scientifiques.

Des places de choix furent réservées à Pelléas et Mélisande et à L'Oiseau bleu qui furent représentés dans le monde entier, ainsi qu'à La Vie des abeilles qui fut traduite en quatorze langues. Plusieurs lettres donnent de précieuses indications sur les amitiés littéraires de Maeterlinck, les influences qu'il subit et l'admiration qu'il éprouvait pour Mallarmé. Quelques tableaux et portraits peu connus auxquels doit s'ajouter une importante collection de photographies permettent de suivre la variété des expressions de Maeterlinck au cours de sa longue existence. Enfin la plupart de ses éditions originales voisinent avec les manuscrits autographes.

La bibliothèque littéraire Jacques Doucet prêta de très beaux exemplaires reliés par Pierre Legrain ainsi qu'une partie de la correspondance entre Maeterlinck, Gide et Mirbeau. Plusieurs documents furent également demandés à la Bibliothèque de l'Arsenal afin de préciser et d'illustrer les rapports de Maeterlinck avec le théâtre.

Il faut reconnaître cependant que cette exposition n'aurait pu être réalisée sans la générosité de la comtesse Maurice Maeterlinck qui voulut bien confier à la Bibliothèque nationale tous les manuscrits, toutes les lettres et tous les souvenirs qu'elle conserve à Orlamonde, la somptueuse demeure où mourut l'auteur de La Princesse Maleine.

Exposition Debussy.

La galerie Mansart de la Bibliothèque nationale abrite depuis le 22 juin, jusqu'au mois de septembre, l'exposition commémorant le centenaire de la naissance de Claude Debussy. On y suit le musicien au cours de sa vie trop brève - il est mort à cinquante-six ans - grâce à quelques beaux portraits, ceux que peignirent ses camarades de la Villa Médicis : Baschet et Pinta, ceux de J.-E. Blanche, deP. Robert, datant de l'époque de Pelléas, grâce aussi à plusieurs dessins - en particulier un étonnant profil à la plume de Steinlein - et à de très nombreuses photographies. Les contemporains de Debussy qui ont joué dans sa vie un rôle à un titre quelconque, ont été évoqués, toutes les fois que cela a été possible, par un bon portrait : Mme Vasnier, la première inspiratrice, P. Louys, un des premiers collaborateurs, tous deux par J.-E. Blanche, R. Wagner par Renoir, E. Satie par Valadon, E. Chausson par O. Redon, R. Bonheur par E. Carrière... On a eu soin de présenter aussi, pour reconstituer en quelque sorte l'atmosphère artistique dans laquelle il a pour ainsi dire baigné, les œuvres de quelques sculpteurs, de quelques peintres que Debussy avait particulièrement aimés ou qui l'avaient marqué : C. Claudel, la soeur de l'écrivain, M. Denis, Whistler surtout dit-on. Les influences exotiques, sensibles dans l'œuvre du musicien, sont indiquées par quelques-uns des instruments de ces « gamelang » javanais que le jeune compositeur avait entendus avec ravissement à l'exposition de 1889. Son goût de l'Extrême-orient est souligné par quelques gravures des artistes japonais, Hiroshigé et Hokusai : une reproduction de la Vague de ce dernier figure du reste sur la couverture de la partition de la Mer. Puis, ce sont les œuvres musicales elles-mêmes qui se succèdent de vitrine en vitrine, exprimées par des esquisses, des manuscrits autographes, des épreuves corrigées, des lettres de l'auteur ou à lui adressées au sujet de ses compositions : les Cinq Poèmes de Baudelaire, le Quatuor, le Prélude à l'après-midi d'un faune, les Nocturnes, les Images, la Mer,... et bien entendu, les deux grandes œuvres lyriques : d'abord Pelléas, dont on peut voir des esquisses, des variantes autographes à côté de la partition définitive, des critiques aussi, chaleureusement compréhensives ou délibérément hostiles, évoquant, avec les maquettes des premiers décors de Jusseaume et Ronsin, le grand événement artistique que fut et que reste la création de ce drame lyrique. Enfin, sans oublier quelques œuvres commencées et abandonnées ou laissées inachevées, c'est le Martyre de Saint Sébastien, représenté ici à la fois par la partition manuscrite - l'orchestration est en partie d'André Caplet - et, à côté d'un portrait de d'Annunzio 4 par R. Brooks, par les étonnantes fêtes de couleur que sont les maquettes de décors et les affiches de Bakst, qui fit aussi les décors de l'Après-midi d'un faune et de Jeux pour les Ballets russes.

L'exposition se clôt sur quelques Hommages posthumes, musicalement rendus à Debussy par ses pairs; V. d'Indy, P. Dukas, A. Roussel, B. Bartok, F. Schmitt, I. Stravinsky, M. Ravel, M. de Falla, E. Satie...

Préfacé par M. Julien Cain, précédé d'une chronologie de la vie et l'œuvre de Debussy, le catalogue de 335 numéros est, comme l'exposition elle-même, l'œuvre de M. François Lesure, bibliothécaire au Département de la musique 5 qui avait également réuni les éléments de l'exposition de Bordeaux et en avait aussi rédigé le catalogue 6.

Visite.

M. Takao Suzuki, directeur de la Bibliothèque de la Diete à Tokio, a visité les 19, 20 et 21 juin la Bibliothèque nationale, la Bibliothèque de la Faculté de droit et la Bibliothèque Sainte-Geneviève, ainsi que la Bibliothèque de l'Assemblée nationale et la Bibliothèque du Sénat.

Bibliothèques universitaires.

Dakar (République du Sénégal).

La Bibliothèque de l'Université de Dakar publie un catalogue des périodiques de droit et lettres, sciences économiques et sciences humaines qu'elle possède au Ier janvier 1962, qu'ils aient cessé de paraître ou non 7. Ce catalogue se compose d'une liste alphabétique unique des titres de périodiques et des organismes éditeurs.

Pour chaque périodique, on trouve successivement : le titre en majuscules, le sous-titre en minuscules, le nombre de numéros parus dans l'année indiqué entre parenthèses. Ex. : mensuel (12), trimestriel (4) ; le lieu d'édition, la date de fondation et, le cas échéant, celle de disparition, les dates de la collection possédée par la bibliothèque; en note, les changements de titres sont indiqués sous forme de renvois au titre précédent (« suite de ») et au titre suivant (« devenu »).

Les organismes font l'objet de fiches d'éditeurs où sont regroupés tous les titres qu'ils publient. Si le titre n'est pas « significatif » (bulletin, annuaire), cette notice de regroupement est suivie de celle des périodiques classés au nom de l'organisme (ex. : Bureau international du travail. Bulletin officiel). Les titres bien spécifiques sont répertoriés à leur nom (ex. : Bulletin des Bibliothèques de France), alors qu'à « France, Bibliothèques (direction ) » on ne trouve que la notice de regroupement. Cependant, pour faciliter la consultation, la cote est indiquée dans tous les cas.

Au contraire, des usages adoptés par l'IPPEC et le Catalogue collectif des périodiques, il n'est pas tenu compte des articles dans le classement des notices.

Cette publication rendra de grands services à tous les lecteurs de la Bibliothèque universitaire de Dakar et aux organismes africains susceptibles de faire appel à ses collections. On peut estimer qu'elle contient environ 1 500 notices parmi lesquelles on notera de nombreux périodiques publiés en Afrique ou relatifs à ce continent.

Tananarive (Madagascar).

Dans le but de mieux faire connaître les travaux publiés sur Madagascar, la Bibliothèque universitaire de Tananarive présente une série d'expositions historiques et bibliographiques.

En 196I, c'était « Madagasikara, regards vers le passé ». Cette année, sous l'égide de la « Société des amis de la Bibliothèque universitaire de Tananarive » s'est tenue, du 25 mai au i 1 juin, l'exposition « Cartographie ancienne de Madagascar ». Dès à présent, on prévoit pour 1963 « Croissance d'une capitale, Tananarive ».

Le catalogue établi par la Bibliothèque de l'Université de Tananarive 8 s'ouvre sur une préface en français et en malgache de M. Siméon Rajaona, maître de conférences à l'École nationale des lettres, qui souligne l'intérêt de la cartographie de Madagascar pour l'histoire de cette île dont le nom a souvent changé au gré des « découvertes » et des conquêtes successives : île Saint-Laurent, île Saint-Georges, île Dauphine, etc...

L'avant-propos de M. Jean Fontvieille, bibliothécaire de la Bibliothèque universitaire de Tananarive, rappelle la bibliographie essentielle du sujet, puis montre comment l'évolution des toponymes malgaches, portugais et français permet de suivre l'influence des différentes expéditions et de noter parfois des migrations de populations à l'intérieur de l'île. Il souligne également que beaucoup de cartes reproduisent les précédentes et que l'on peut considérer trois cartes essentielles dont les autres sont issues plus ou moins directement : en 1517, celle de Pedro Reinel; en 1776, celle de J.-B. d'Après de Mannevillette; en 1827, celle d'Owen qui corrige la précédente et donne une image exacte de l'île.

L'exposition comportait deux parties : les cartes de l'île entière et les cartes partielles. La première partie est divisée chronologiquement : d'abord cinq cartes « fantaisistes » publiées avant la découverte de 1502, puis 116 cartes pour les quatre siècles suivants : (57 pour le XVIe siècle, 21 pour le XVIIe siècle, 26 pour le XVIIIe siècle, 12 pour le XIXe siècle). La deuxième partie est géographique, d'abord la côte est avec 67 cartes, puis la côte ouest avec 18, enfin l'intérieur avec 3 seulement.

Les cartes que l'on n'a pas pu se procurer ont été remplacées, soit par une reproduction tirée des planches du volume de Grandidier 9, soit par des photographies faites sur les originaux.

Beaucoup de cartes prêtées proviennent de la Bibliothèque nationale de Paris, de la Bibliothèque de l'Académie nationale d'Amsterdam, de la Bibliothèque universitaire de Leyde et des Archives de la République malgache.

Bibliothèques municipales.

Albi (Tarn).

La bibliothèque d'Albi vient de s'enrichir d'un important legs de livres : la bibliothèque d'un médecin albigeois, le docteur Honoré Cuq.

Riche d'environ 6 ooo volumes, cette bibliothèque se recommande surtout par une collection d'ouvrages rares et recherchés de botanique et plus spécialement de mycologie, par un important fonds Rembrandt et une collection de textes et d'études concernant la langue d'Oc, le félibrige et le folklore.

Les ouvrages les plus intéressants de cette collection ont été exposés à la Bibliothèque municipale du 29 mai au 5 juin inclus.

Grenoble (Isère).

A été inaugurée le 2 juin, sous la présidence de Maître Petit, adjoint au Maire de Grenoble, une exposition sur Stendhal à la Bibliothèque de Grenoble, 1939-1962 10. Cette exposition, la quatrième qui ait été organisée depuis la guerre sur Stendhal, fait valoir plus particulièrement les acquisitions stendhaliennes faites depuis 1939 par la ville au profit de sa bibliothèque : manuscrits autographes, lettres écrites par Stendhal ou à lui adressées, éditions annotées des œuvres de Beyle ou des ouvrages qu'il a lus, éditions originales, contrefaçons, éditions illustrées, éditions étrangères, documents sur la famille Beyle.

Citons parmi les pièces les plus importantes, le beau recueil des 139 lettres à Mareste acquis par la Ville en 1956 avec une subvention de la Direction des bibliothèques, une édition annotée de l'Histoire de la Peinture en Italie, acquise en 1950, dont les notes manuscrites ont été publiées par Henri Martineau, une autre de la Vie de Rossini, acquise en 1956, une relation de Mrs Trollope annotée par Stendhal sur les mœurs américaines vers 1830 (que la Ville a pu se procurer en 1954 grâce aux facilités qui lui ont été données par la Bibliothèque nationale), enfin le très bel exemplaire de Serge André des Promenades dans Rome (acquis en 196I par la Municipalité).

A ces pièces remarquables, il faut joindre certains documents moins importants mais qui par leur ensemble ne sont pas sans offrir un certain intérêt pour connaître Stendhal et les personnages qui ont vécu dans son intimité : lettres qui lui ont été adressées par Mme Ancelot et qu'il a écrites à sa sœur Pauline, livres qui ont appartenu à celle-ci et annotés par son frère, lettres de Mérimée concernant Stendhal, manuscrits du Journal et de l'Histoire de la Peinture en Italie, écrits par Beyle de concert avec Crozet, son ancien condisciple de l'École centrale de Grenoble, bibliothèque de ce dernier avec les annotations communes des deux amis. Les documents qui concernent à la fois Stendhal et Crozet comportent des renseignements nouveaux et intéressants sur leur étroite collaboration si importante dans la formation littéraire de l'auteur de la Chartreuse.

Lyon (Rhône).

Le 29 mai, à 18 h 30, a été inaugurée, à la Bibliothèque de la Ville, par le général Seive, adjoint représentant le Maire de Lyon, et en présence de M. Théodore Besterman, directeur de l'Institut et Musée Voltaire aux Délices, éditeur de la correspondance générale de Voltaire, une exposition sur « La Vie intellectuelle de Lyon au XVIIIe s. : Académies, Franc-Maçonnerie, relations de J.-J. Rousseau et Voltaire avec Lyon », organisée par le Conservateur en chef, Henry Joly et Mme Alice Joly, archiviste. Environ deux cents pièces, dont certaines rares ou uniques, illustrent ce thème bien délimité 11.

Elles mettent en lumière le rôle, important et insuffisamment connu, que Lyon a joué dans le grand mouvement d'idées, de recherches philosophiques, politiques, économiques et même occultistes, qui ont caractérisé, tout au long, le « siècle des lumières ». Si cette ville industrielle n'a pas produit de personnalités de premier plan, elle s'est cependant trouvée souvent à l'avant-garde de l'élan général par ses académies, les questions les plus diverses qu'elles mettaient au concours, par ses Loges de Maçonnerie mystique où fraternisaient les trois Ordres, ce que Voltaire constatait dès 1746 : « Je voi que Lyon sera bientôt plus connu par ses académies que par ses manufactures. »

Les vitrines du grand salon de Soufflot relatent successivement la fondation de l'Académie des sciences, Belles-lettres et Arts de Lyon, par Claude Brossette, l'ami de Boileau, qui, dès 1700, en réunissait chez lui les futurs membres, fondation confirmée par les lettres patentes d'août 1724; ses activités, les portraits, les ouvrages littéraires ou scientifiques des nouveaux académiciens, leurs polémiques ; les pièces les plus notables de la bibliothèque du plus bibliophile d'entre eux, Pierre Adamoli, dont la belle collection vient d'entrer à la Bibliothèque de la Ville; et d'autres académies plus modestes : Société littéraire, Société philosophique des sciences et arts utiles, Société d'agriculture; puis l'apparition, par parthénogénèse d'avec l'Académie mère, de l'originale Académie des Beaux-Arts, dite du Concert, dont Nicolas Bergiron du Fort Michon fut l'un des fondateurs avec le physicien J.-P. Christin, rendu célèbre par ses travaux sur le thermomètre, académie qui, groupant les mélomanes de la ville, faisait venir de Paris des partitions manuscrites ou imprimées de Lully, Campra, Lalande, Rameau et, de Rome, les copies des dernières productions de Corelli, Carissimi, Stradella, parmi lesquelles Ennemond Trillat a découvert l'Oratorio dit Sant'Orsola de Domenico Scarlatti, inconnu jusque-là; se faisait dédier par l'auteur, Jean-Baptiste Prin, un mémoire sur sa Trompette marine - qui n'était ni trompette, ni marine, mais une énorme contre-basse à une seule corde - et conviait, le 13 août 1766, « Wolfgang Mozart, enfant de neuf ans, Compositeur et Maître de Musique » à exécuter « plusieurs pièces de clavessin seul ».

La vitrine consacrée à la Franc-Maçonnerie montre un registre de la Grande Loge de Lyon des Maîtres Réguliers; des lettres originales de J.-B. Willermoz, Martinès de Pasqually, Claude de Saint-Martin; des diplômes, des bijoux et tabliers maçonniques et, délivré par un notaire lyonnais, un certificat de bonne vie et mœurs en faveur de Casanova, ainsi que des traces du passage de Cagliostro.

Les documents concernant Rousseau évoquent son protecteur lyonnais, Charles Borde - avec qui il devait polémiquer et se brouiller par la suite -, montrent le précieux manuscrit du livret du Devin du Village, écrit de la main de Rousseau, avec des corrections à toutes les pages; les éléments de discussion à propos de la musique du Devin et de celle de Pygmalion, dont la paternité était revendiquée par deux lyonnais. Quant à Voltaire, il a toujours entretenu les meilleures relations avec l'Académie de Lyon, depuis sa réception comme membre en 1746, et une longue correspondance avec Charles Borde qui lui demandait, en 1785 : « Nous as-tu quittés pour jamais? Entends l'amitié qui soupire... », soupirs poétiques qui se montrèrent impuissants à faire revenir Voltaire à Lyon; un manuscrit, daté, des Mémoires secrets pour servir à la vie privée de Voltaire écrits par lui-même (que Voltaire avait détruits, dont on ne connaissait que deux copies) est ouvert à la page où Voltaire narre l'accueil, dépourvu d'aménité, que lui réserva, à l'archevêché de Lyon, dans ce même salon de l'exposition, le cardinal Pierre Guérin de Tencin. La Bibliothèque nationale a prêté, notamment, l'édition originale de la Lettre de M. de Voltaire au Dr J.-J. Pansophe, où le châtelain de Ferney attaque Rousseau de manière virulente.

Enfin, forment le décor : la vue de Cléric, le plan de Séraucourt, des jetons d'argent de l'Académie, des médailles de bronze, des papiers de gardes du XVIIIe s. or et couleurs, à personnages et animaux, des reliures aux armes des archevêques bibliophiles, Rochebonne, Tencin, Montazet et de merveilleuses soieries, tissées par la Maison Tassinari et Chatel, pour Frédéric II, Catherine II et Charles IV d'Espagne, d'après les dessins de Philippe de la Salle.

Toulouse (Haute-Garonne).

Le 22 avril 196I, M. l'inspecteur général Lelièvre inaugurait la nouvelle salle de l'Heure Joyeuse à la Bibliothèque municipale centrale de la rue du Périgord; à cette date les travaux d'aménagement de la section pour adultes et pour jeunes et de celle pour aveugles étaient déjà commencés; ils viennent d'être achevés et ces salles ont été ouvertes au public le 9 avril dernier.

L'intérêt de cette opération était double, accroître la surface des locaux mis à la disposition du public, d'une part et de l'autre, regrouper toute la lecture publique, à l'exception cependant du dépôt central des bibliothèques de quartiers, qui, pour des raisons de commodité, reste à son ancien emplacement.

Le local qui vient d'être ouvert occupe la moitié du sous-sol de la salle de lecture, il comporte quatre parties :
I° un hall d'entrée où les vitrines doivent permettre de présenter des expositions sur des thèmes à caractère soit rétrospectif soit au contraire d'actualité;
2° une salle de lecture et de prêt pour adultes et adolescents, dont il sera reparlé plus loin;
3° une salle de lecture et de prêt pour le fonds de la bibliothèque Braille;
4° un bureau pour un sous-bibliothécaire.

La partie la plus importante est la nouvelle salle de lecture et de prêt; les services d'architecture de la Ville dirigés par M. Brunerie, architecte en chef, ont utilisé au mieux cette partie des sous-sols, assez mal éclairée et dont le plafond se trouvait être très bas et de surcroît supporté par des poteaux intermédiaires en ciment, gênants pour un aménagement rationnel. Pour pallier l'insuffisance de l'éclairage, la pièce a été équipée d'un « plafond lumineux » formé de bandes de tubes fluorescents logés dans les nervures du plafond et dissimulés par des plaques de rhodoïd translucide. Cet éclairage très doux assure une lumière pratiquement sans ombres portées et qui ne fatigue pas les yeux. D'autre part un mobilier en chêne clair plaqué a été réalisé comprenant sept tables rondes et une grande table rectangulaire pour la lecture sur place des livres et des périodiques; de plus des rayonnages latéraux tapissent sur trois côtés les murs de la salle principale, plus une partie de ceux du coin des jeunes. Ces rayonnages, hauts de 2,10 m, ne commencent qu'à 0,75 m du sol, la partie inférieure étant constituée de placards à portes coulissantes permettant d'y placer les livres que l'on peut qualifier « d'ouvrages de seconde zone »: doubles, textes vieillis, mais qu'il convient cependant de conserver car ils intéressent toujours certains usagers. Le corps du haut est formé de cinq tablettes et peut contenir près de six mille volumes. De plus trois épis bas en chêne à piètement métallique contiennent les usuels et les documentaires de grand format. Sur un côté a été placé un long panneau divisé en deux parties, l'une affectée aux périodiques, l'autre aux ouvrages les plus récemment acquis et intéressant un point particulier de l'actualité. En face de la porte donnant sur le hall d'entrée, une banque semi-circulaire où peuvent tenir trois personnes, permet par sa disposition d'assurer le prêt tout en surveillant l'ensemble du local. Le sol est recouvert d'un revêtement caoutchouté de teinte grise, les murs sont beige clair, à l'exception des piliers et des nervures qui sont de couleur blanche, ainsi que le plafond. Le mobilier est, comme nous l'avons vu, chêne clair, les trente et un sièges, chaises et fauteuils, ont un piètement métallique noir et leur revêtement est en matière plastique corail.

Le public a d'autant plus goûté la disposition et la présentation de cette nouvelle salle qu'elle permet la lecture sur place, ce que les dimensions trop exiguës de l'ancien local rendaient impossible. D'autre part une mise en valeur des collections a été réalisée à cette occasion grâce à des reliures en toile rouge, sur lesquelles sont reportés les plats et le dos des couvertures, plastifiés de surcroît pour éviter une usure trop rapide. Le fonds a été, à cette occasion, entièrement révisé et classé suivant le système décimal.

Bibliothèques centrales de prêt de l'Aisne, des Ardennes, de l'Aube, de la Meuse, de la Marne, de la Meurthe-et-Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin.

Elles viennent de publier, sous la nouvelle direction de Mlle S. Delrieu, les numéros 17-18 et 19 de leur bulletin de liaison « A livre ouvert ». Le numéro 19 comprend les pages consacrées à Alain, Maurice Barrès, Marcel Haedrich, une présentation de la Bibliothèque centrale de prêt de la Marne, les suggestions pour aménager une salle de lecture, un entretien avec un disquaire suivi d'une sélection d'ouvrages sur la musique.

  1. (retour)↑  Bibliothèque nationale. Paris. - Blaise Pascal 1623-1662 [Préf. par Julien Cain]. - Paris, impr. Tournon et Cie, 1962. - 20,5 cm, 152 p., 8 pl., couv. ill.
  2. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France, 7e année, n° 5, mai 1962, pp. 291-294.
  3. (retour)↑  Bibliothèque nationale. Paris. - Maurice Maeterlinck (1862-1949). [Préf, par Julien Cain. Catalogue rédigé par Gérard Willemetz.] - Paris, [impr. Tournon et Cie,] 1962. - 20,5 cm, x-38 p., couv. ill.
  4. (retour)↑  Maeterlinck faisant l'objet d'une exposition particulière (v. p. 42I) est à peine évoqué à propos de Pelléas à l'exposition Debussy.
  5. (retour)↑  Bibliothèque nationale. Paris. - Claude Debussy. [Préf. par Julien Cain.] - Paris, Les Presses artistiques, 1962. - 20,5 cm, 80 p., 4 pl., couv. ill.
  6. (retour)↑  Voir : B. Bibl. France, n° 7, juillet 1962, pp. 382-383.
  7. (retour)↑  Bibliothèque de l'Université de Dakar. - État des périodiques conservés à la Bibliothèque de l'Université Droit et Lettres, Sciences économiques et sciences humaines. - Dakar, Bibliothèque de l'Université, 1962. - 30 cm, [II-] 67 ff. multigr. (Université de Dakar.)
  8. (retour)↑  [Exposition. Tananarive. Société des amis de la Bibliothèque universitaire. 1962.] - Cartographie ancienne de Madagascar. 25 mai-II juin. [Préf. par Siméon Rajaona. Av.-prop. par Jean Fontvieille.] - Tananarive, Imprimerie nationale, 1962. - 27 cm, [IV] VII-4I ff., multigr. (Soc. des amis de la Bibliothèque universitaire. Tananarive).
  9. (retour)↑  Grandidier (Alfred). - Histoire physique naturelle et politique de Madagascar. Vol. i, géographie physique et astronomique. Atlas. -Paris, Imprimerie nationale, 1892.
  10. (retour)↑  Vaillant (P.). - Stendhal à la Bibliothèque de Grenoble, 1939-1962. - Grenoble, Allier, 1962. - In-8°, 24 p., 4 pl., couv. ill.
  11. (retour)↑  Bibliothèque municipale. Lyon. - Le XVIIIe siècle à Lyon. Rousseau, Voltaire et les Sociétés de pensée. Catalogue. - Lyon, Biblioth. amicor. societatis academiaeque lugd. impensis, 1962. - 28,5 cm, 31 p., 4 pl.