Une bibliothèque ancrée dans son milieu
8e Journée professionnelle de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BanQ) – 11 mars 2016
Le 11 mars dernier s’est tenue la 8e Journée professionnelle de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Plus de 350 professionnels des bibliothèques ont suivi l’événement en ligne ou y ont assisté sur place, dans l’auditorium de la Grande Bibliothèque (Montréal), édifice phare de l’institution québécoise.
D’entrée de jeu, c’est la reconnaissance et la défense du rôle primordial que tiennent les bibliothèques qui ont été mises sur la table.
Christiane Barbe, présidente-directrice générale de BAnQ, a ouvert le bal en présentant la Déclaration des bibliothèques québécoises que la Table permanente de concertation des bibliothèques québécoises souhaite voir adoptée par les instances politiques. On y proclame notamment que la bibliothèque est à la fois un carrefour d’accès à l’information, à la documentation et à la culture, un centre d’apprentissage, un espace d’appropriation des technologies, un levier socio-économique, un lieu d’échange, de médiation et de développement culturel.
Voilà pour la volonté. Maintenant, comment la concrétiser? En portant la cause auprès des dirigeants (des municipalités, par exemple), propose Stéphane Legault, président de l’Association des bibliothèques publiques du Québec. En créant un mouvement citoyen, avance avec un enthousiasme contagieux Danielle Chagnon, directrice générale de la Grande Bibliothèque. Mme Chagnon rêve en effet de voir une masse de citoyens se mobiliser pour défendre leurs bibliothèques et le rôle de celles-ci dans l’intégration des nouveaux arrivants, dans l’alphabétisation et dans la littératie numérique, par exemple.
Des services sur mesure
: aller à la rencontre des publics
Plutôt qu’attendre que les usagers franchissent le seuil de la bibliothèque, pourquoi ne pas aller à eux? C’est ce que proposent quatre conférencières qui ont présenté des initiatives inspirantes allant en ce sens. Agents de liaison offrant des services adaptés aux besoins de la population immigrante (Bibliothèques de Montréal); animation littéraire auprès de jeunes garçons en difficulté dans un Centre jeunesse (BAnQ); bibliomobile (Bibliothèques de la Ville de Laval); contes pour résidents d’un centre d’hébergement de soins de longue durée (Bibliothèque de Sainte-Thérèse).
La parole aux usagers
Via Skype, John Pateman – président-directeur général de la Thunder Bay Public Library et auteur de Developing community-led public libraries : evidence from the UK and Canada 1 – a fait appel à Marx et à Maslow pour illustrer l’intérêt d’une bibliothèque centrée sur les besoins de la communauté, voire dirigée par la communauté.
Parmi tous ces conférenciers québécois (ou canadien dans le cas de M. Pateman), c’est en fait la présentation de l’équipe d’une bibliothèque française qui aura le plus attiré l’attention. Dans une vidéo enregistrée à l’avance, la dynamique équipe de la Bibliothèque Louise-Michel (Ville de Paris) dépeint sa démarche participative et témoigne des effets concrets de celle-ci sur le public de proximité. Véritable « troisième lieu », la Bibliothèque Louise-Michel fait la part belle à ses usagers avec lesquels son personnel entretient des « rapports moins institutionnels » et qui sont impliqués dans les activités et le fonctionnement de la bibliothèque.
Les conseils prodigués par Céline Martin, stratège en mobilisation et collaboration, lors de sa conférence, auraient sans doute intérêt à être mis en pratique par tout responsable de bibliothèque qui souhaite suivre les traces de l’équipe de la Bibliothèque Louise-Michel et passer d’une action centrée sur l’usager à une action portée par l’usager.
Et encore…
Un autre exemple inspirant a été exposé par Marc-André Bernier, un bibliothécaire sourd qui œuvre à bâtir des ponts entre la communauté sourde et les Bibliothèques de Montréal, et à adapter les services existants pour mieux répondre aux besoins particuliers de ce public.
Guylaine Blais, de la bibliothèque de Saint-Jean-sur-Richelieu, a témoigné du cas de son fils dyslexique pour illustrer comment les bibliothèques et la lecture peuvent changer des vies. Le garçon à qui l’on avait prédit qu’il n’arriverait jamais à bien lire exerce d’ailleurs aujourd’hui la profession de bibliothécaire.
Parmi les autres sujets abordés : des ressources pour développer les compétences informationnelles au collégial, un chalet de parc transformé en minibibliothèque et des trousses de lecture pour les familles allophones.
Au final, cette 8e Journée professionnelle de BAnQ aura été, pour une bonne partie des participants, fort stimulante et on ne peut plus inspirante.
À souligner : quelques présentateurs ont opté pour la formule du pecha kucha, donnant lieu à des conférences concises et dynamiques.
Les présentations et vidéos sont disponibles en ligne. Les captations vidéo seront ajoutées sous peu.