La coopération internationale à la Bibliothèque publique d’information
Une mission au bénéfice de toute la communauté professionnelle
La Bibliothèque publique d’information (Bpi) a, depuis son décret fondateur, une mission de coopération nationale et internationale. Cette dernière a connu différentes phases, non sans lien avec les ressources attribuées à cette mission, mais n’a jamais disparu.
Aujourd’hui comme hier, l’objectif de la Bpi est d’actionner autant de leviers possibles pour que chacun des bibliothécaires français s’autorise à aller s’inspirer de ce qui se fait ailleurs et/ou trouve des moyens de faire rayonner sa collectivité ou son institution au-delà de nos frontières.
L’idée est que personne ne devrait s’interdire de penser « international » dans sa carrière et qu’il y a plusieurs portes d’entrées. La Bpi en offre quelques-unes.
La Bpi est membre d’EBLIDA (Bureau européen des associations de bibliothèques, de l’information et de la documentation) et de l’IFLA (Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèque). Dans ces deux institutions, quoique différemment, au fil des années, des groupes de travail se créent, des congrès se montent : autant d’occasions de solliciter ou d’encourager des collègues à participer lorsque leur expertise semble coïncider avec ce qui est recherché. Ainsi, une année, la section Jeunesse de l’IFLA cherchait des intervenants, pour une session de son congrès annuel, pouvant témoigner de la coconstruction de collections. La bibliothèque de Montreuil, dûment avertie de cela par la Bpi, a fait une proposition qui a été retenue. La collègue de Montreuil a donc présenté son travail au cours du congrès et a, juste après, été sollicitée pour en faire un article pour une revue professionnelle allemande et invitée à intervenir au Brésil, lors d’un autre congrès. L’année suivante, une veille s’était installée et l’intervention de la Bpi n’a pas été nécessaire pour qu’une autre collègue de Montreuil réponde à un « call for paper » et soit, elle aussi, retenue. Etc. Un cercle vertueux peut ainsi s’installer.
La Bpi étant également présente à ces congrès, un accompagnement est toujours possible pour ne pas faire seul ses premiers pas à l’international.

Figure 1. La Bpi présente un poster au congrès de l’IFLA 2023
Évidemment, la question du soutien de la collectivité où l’on travaille se pose, et souvent de manière critique. La convaincre peut faire l’objet de longues négociations et demander de l’habileté, voire une rhétorique bien rodée et une forte ténacité. Impossible de le nier, il est difficile de se lancer si notre collectivité ne soutient pas la démarche. Mais pour la convaincre, surtout la première fois, rien de tel que de décrocher une bourse. Pour cela, ne pas hésiter à prendre l’attache du Cfibd (Comité français international bibliothèques et documentation), qui en propose chaque année. La Bpi en cofinance deux, spécialement fléchées sur des collègues de lecture publique. Ce partenariat fructueux a des retombées bénéfiques pour les collègues français, le rayonnement de nos établissements à l’étranger et la carrière des bibliothécaires qui se sont investis. C’est ainsi qu’un collègue de Strasbourg, lauréat d’une bourse pour aller présenter un poster lors d’un congrès de l’IFLA, est aujourd’hui, quelques années après, représentant de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) – et par extension, porte-parole de ces bibliothécaires – au comité exécutif d’EBLIDA.
Ces partenariats peuvent également prendre d’autres formes et, régulièrement, le Cfibd et la Bpi, tout comme l’ABF (via sa commission International), coorganisent des rencontres professionnelles. C’est l’occasion d’unir nos compétences et nos finances pour inviter ici même des collègues inspirants. C’est ainsi qu’une collègue assistant à l’une de ces rencontres a vu soudain son horizon s’ouvrir et, intéressée, enthousiasmée, s’est retrouvée propulsée, de fil en aiguille, dans le groupe de bibliothécaires le plus international, le plus innovant et le plus surprenant qu’il soit (le groupe d’intérêt spécial des Nouveaux professionnels de l’IFLA). Elle a, bien sûr, rapidement rejoint la commission International de l’ABF (où elle porte un travail remarquable) et a astucieusement trouvé le moyen d’inscrire cette dynamique internationale dans son Contrat territoire-lecture.
Ce qui se passe ailleurs peut aussi se découvrir de chez soi. Ainsi, l’ensemble des rencontres et découvertes que la Bpi fait à l’étranger a vocation à trouver sa place dans la rubrique International de son site Bpi pro, par le biais d’articles et de comptes rendus.
De plus, les webinaires de la Bpi – Bibliogrill – accueillent à l’occasion des collègues étrangers et les interrogent sur tel aspect de leur travail qui semble pouvoir être source d’idées à expérimenter sur notre territoire. C’est avec des collègues québécoises que ces hors-séries « International » ont débuté, mais le format a vocation à se développer.
Plus régulièrement encore, la Bpi, grâce au programme Résidence Culture du ministère de la Culture, accueille – et fait accueillir dans des bibliothèques partenaires – des collègues étrangers francophones. Venus d’Afrique, du Québec, de Lituanie ou d’Espagne, ces collègues s’immergent dans notre quotidien, le nourrissent et l’enrichissent d’autant plus que la durée des séjours (six semaines en général) permet d’échanger en profondeur et d’apprendre des expériences voisines.
Plus rapide est le voyage d’étude annuel qu’organise la Bpi à l’étranger, mais tout aussi riche de rencontres. La moitié du groupe est composée de collègues en poste dans des bibliothèques publiques de partout en France. Qui a la chance d’y participer ? La proposition est faite en premier lieu aux bibliothèques membres du Conseil de coopération 1
, et les places restantes sont pourvues en passant par nos associations professionnelles : une motivation supplémentaire pour y adhérer ?Chaque voyage donne lieu à des restitutions et à la publication d’un dossier sur le site Bpi pro pour partager ce que nous en retenons et comment les projets, mais aussi les rencontres, changent et facilitent notre quotidien. Parmi les voyages les plus récents, on trouve la Norvège, le Pays basque espagnol, le Québec. Une motivation supplémentaire pour s’abonner à notre lettre d’information ?

Figure 2. Groupe du voyage d’étude à Oslo en 2023
Enfin, l’international, c’est aussi une source, parfois non négligeable, de financements ! Pour cette raison, la Bpi organise régulièrement des rencontres professionnelles sur la question, destinées à démystifier ces subventions, identifier les personnes à contacter, s’y repérer dans ce qui semble, au premier abord, une jungle inextricable. Là aussi, un dossier sur Bpi pro permet le partage des outils qui aident à y parvenir.
Le plus simple, peut-être, est le programme Erasmus+, soit sous la forme Coopération, soit sous la forme Mobilité des professionnels (accompagnés ou non de leurs usagers – oui c’est possible !). La Bpi est actuellement dans l’attente d’une réponse à une demande d’accréditation du programme Erasmus+ mobilité. S’il est accepté, les agents de la Bpi pourront partir en stage d’observation dans des bibliothèques publiques européennes : une motivation supplémentaire pour rejoindre l’équipe de la Bpi ? Ou simplement de nous contacter (cooperation.partage@bpi.fr) pour le petit coup de pouce qui vous décidera à monter votre propre dossier.
Parmi toutes ces portes, certaines sont plus simples à entrouvrir que d’autres mais chacune représente un pas vers une meilleure connaissance de ce qui se passe dans d’autres pays – et donc une montée en finesse de nos réflexions professionnelles, une montée en compétences en général. Quelques « success-stories » émaillent cette rapide présentation, bien d’autres existent (voir l’article de nos collègues du Pas-de-Calais par exemple) et les ingrédients sont à portée de main. La Bpi ne peut que vous encourager à écrire la vôtre.