La « bibliothèque verte », pour quoi faire ?

Le rôle des bibliothèques dans la transition écologique

Pascal Krajewski

Parce qu’elle est systémique, la crise écologique qui nous touche peut se vivre dans une foultitude de domaines et se suivre au travers de divers prismes et indicateurs : empreinte écologique, stress hydrique, consommation énergétique, biodiversité, etc. L’approche la plus répandue actuellement consiste à se focaliser sur l’empreinte carbone des biens et des services, approche à la fois globale et quantifiable. Les politiques publiques s’organisent donc pour prendre en compte leurs « émissions de gaz à effet de serre » et au-delà « l’empreinte carbone de leur activité » 1

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L’empreinte carbone d’un territoire tient compte de ses émissions (émises en propre, à l’intérieur de ses frontières) mais aussi de celles de tous les fabricants extérieurs (sous-traitants) des biens qu’il consomme.

– les mesurer et travailler à leur diminution draconienne : la Conférence des parties (COP) 21, qui déboucha sur le fameux Accord de Paris, vise ainsi à réduire drastiquement l’empreinte carbone de chaque humain sur terre. Et le Français moyen d’être invité à passer de 10 à 2 tonnes CO2eq (ou équivalent CO2) par an. Pour réussir pareille prouesse, il faudra conjuguer les efforts importants des industries, des politiques publiques et de chaque citoyen.

À l’heure actuelle, un Français extrêmement motivé passera difficilement sous cette barre des 2 tonnes 2

, car, dans cette enveloppe carbone, les services publics (enseignement, travaux, routes, hôpitaux, etc.) rapportés à la population nationale pèsent déjà pour 1,5 tonne par habitant. Le monde de la culture couplé au sport pèse pour 90 kg de cette facture.

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Figure 1. Empreinte carbone moyenne en France en 2019

À côté des efforts individuels, les services publics doivent donc eux aussi réduire fortement leur empreinte carbone. En tant que service public, les bibliothèques (publiques et universitaires) doivent donc participer de l’effort global. Mais encore ?

Le bilan carbone du monde de la culture

Le Shift Project, think tank qui œuvre en faveur d'une économie libérée de la contrainte carbone, a débroussaillé la question il y a quelques années. Ses rapports permettent de donner quelques repères dans tous les domaines, notamment celui de la culture 3

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The Shift Project, Décarbonons la culture ! Novembre 2021. En ligne : https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2021/11/211130-TSP-PTEF-Rapport-final-Culture-v2.pdf

. Après étude de quatre champs du domaine culturel, il ressort la première cartographie suivante :

  • dans le spectacle vivant, les plus grandes sources de coût carbone proviennent de : 1/ le transport des festivaliers ; 2/ le transport des œuvres ; 3/ l’alimentation. Conclusion, pour réduire le coût carbone du Festival d’Avignon, il faut : 1/ améliorer le maillage du transport public et l’incitation au covoiturage ; 2/ ne pas faire venir de spectacles aux décors pharaoniques ; 3/ remplacer les barbecues et les canettes par du tofu-houmous et de l’eau du robinet ;
  • dans le cinéma, 88 % de l’impact carbone d’une salle de cinéma provient… du transport des clients ;
  • dans les musées et les expositions, le coût des visiteurs représente 75 % de l’empreinte carbone des institutions. Ce chiffre monte à 98 % pour le Louvre qui ne pourra réduire son empreinte qu’en… diminuant le nombre de visiteurs venant en avion ou en créant des antennes en Asie par exemple (en espérant que cela ne crée pas d’effet pervers, ou « effet rebond » : l’antenne d’Abu Dhabi donnant envie à plus d’Émiriens encore de venir visiter le grand frère français…) ;
  • dans le numérique, les choses empirent rapidement (du haut de ses 4 %, il représente déjà plus que l’aviation civile et continue d’afficher des croissances fortes), et la culture est concernée puisque le gros du problème provient de la consommation de flux vidéo, qui est souvent une consommation de contenus de loisirs ou culturels. Les institutions culturelles, en tant que créatrices ou médiatrices de contenu vidéo, ne sauraient ignorer cette problématique.

Quelles pistes le Shift Project propose-t-il au monde de la culture ? Relocaliser les activités, ralentir, diminuer les échelles, éco-concevoir, renoncer. En un mot : oublier le spectaculaire pour renouer avec le vernaculaire 4

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Pour aller plus loin : Samuel VALENSI, « Peut-on séparer le bilan carbone de l’artiste ? », Bon Pote, 15 janvier 2023. En ligne : https://bonpote.com/peut-on-separer-le-bilan-carbone-de-lartiste/.

. Non pas un grand barnum de deux jours qui réunit en un lieu, 500 000 personnes et des dizaines de têtes d’affiche offrant des méga-shows ; mais un festival qui essaime sur plusieurs localisations, pendant plusieurs semaines, organisant des tournées locales secondaires pour chaque artiste, qui troquerait ses dizaines de camions de tournées contre des vélos et des guitares acoustiques. La voie est claire. Elle ne résonne pas particulièrement aux oreilles des bibliothèques…

Le bilan carbone du monde du livre

L’une des branches étudiées par le Shift Project est : le monde du livre 5

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Ibid., p. 93-138.

. Les bilans carbone réalisés par le monde du livre, comme l’analyse du cycle de vie faite par certains éditeurs 6
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Fabriquer des livres, quels impacts sur l’environnement ? Mens, Terre vivante, 21 avril 2021. En ligne : https://www.enviedecrire.com/wp-content/uploads/quel-impact-du-livre-sur-environnement.pdf

révèlent que :

  • l’industrie française du livre n’est pas sans ses défauts : 1 livre sur 5 en librairie fait l’objet d’un retour chez l’éditeur ; 13 % des livres produits sont pilonnés (soit 60 millions d’exemplaires chaque année) ; 75 % des livres sont vendus à moins de cent exemplaires par an ;
  • le coût carbone d’un livre acheté en librairie est de 2 kg. C’est là un ordre de grandeur, qui variera forcément entre le Librio, la Pléiade ou le livre pop-up pour enfants. Mais ce chiffre a le grand mérite de fixer les idées ;
  • la part principale de ce coût carbone (de 30 % à 40 %) provient de la fabrication de la pâte à papier (avant le transport/fret ou l’édition du livre). La fabrication de la pâte puis du papier est un processus industriel 7
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    Pour aller plus loin : Benoît MOREAU, « Retour sur l'atelier écologie du livre #1 : Papiers, encres, impressions », ARALL, 2 décembre 2022. En ligne : https://auvergnerhonealpes-livre-lecture.org/articles/retour-sur-l-atelier-ecologie-du-livre-1-papiers-encres-impressions

    qui recourt massivement aux forêts (peu en France, au mieux en Scandinavie ou en Europe de l’Est), et à beaucoup d’énergie, de produits chimiques et d’eau.

Quelles solutions le Shift Project propose-t-il au monde du livre ? Améliorer la production du papier, en relocalisant les forêts en Europe, en recyclant le papier et en le certifiant. Depuis plusieurs années, ces idées ont été mises en place mais les gains ne sont pas à la hauteur. Les autres pistes restent anecdotiques : préconiser les déplacements doux aux clients, moins produire de livres « bizarres », etc. Aucune manœuvre endémique ne pourra réussir à réduire vraiment efficacement le bilan carbone de cette branche, il faut un changement systémique du modèle économique. Deux idées sont quand même mises en avant : l’impression locale et/ou à la demande ; et le découplage entre le livre produit et l’activité de lecture. Découpler l’acte de l’objet ? Autrement dit : développer le livre d’occasion, la lecture par abonnement et… les bibliothèques.

Le livre numérique est-il une solution ou une fausse bonne idée ? Cela dépend. Les ordres de grandeur sont les suivants : si le coût carbone d’un livre est de 2 kg, le coût carbone d’une liseuse est sans doute autour de 170 kg 8

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Voir : « Livre ou liseuse ? Leur empreinte carbone comparée », Eco CO2, 24 mars 2019. En ligne : https://www.ecoco2.com/blog/livre-ou-liseuse-leur-empreinte-carbone-comparee/

. Autrement dit, la liseuse est écologiquement rentabilisée au bout d’une centaine de lectures. Plus exactement, la liseuse est carboniquement rentabilisée au bout d’une centaine de lectures – car une approche selon la rareté des ressources pourrait nous faire estimer que la liseuse reste trop néfaste vu sa consommation de métaux rares et sa faible recyclabilité ou au contraire que le bilan du livre pâtit de sa trop grande consommation d’eau.

Le bilan carbone d’une bibliothèque

Le monde des bibliothèques n’a pas bénéficié de ce premier travail d’analyse du Shift Project. Mais en 2022, en partenariat avec les « Shifters » et le Bureau des acclimatations, certaines bibliothèques sont allées plus loin et ont commencé à prendre la mesure de leur empreinte carbone 9

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Voir : « Bibliothèque et développement durable. #1 enjeux énergie-climat », 17 février 2022. En ligne : https://drive.google.com/drive/folders/1xBh5sXHWcecafAKZB4qqFO09PD0gvIm6

. Si tous les résultats nécessitent encore d’être consolidés, les premières pistes de réflexion sont à présent connues.

Prenons une bibliothèque avec une annexe – et étudions ses différents secteurs émetteurs : les déplacements (de son public, ses prestataires et ses agents) ; les achats (de documents et du matériel d’équipement) ; les immobilisations (tous les équipements amortis sur plusieurs années : meubles, hi-fi, rénovation) ; l’énergie (électricité, chauffage, climatisation) ; les navettes de livres ; les déchets ; les usages liés au numérique. Quand la bibliothèque municipale (BM) de Neuilly a fait cette analyse, en première approximation, elle est arrivée à ce résultat 10

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Ibid., diapositive 21.

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Figure 2. Récapitulatif : émission de gaz à effet de serre et incertitudes par poste, en tCO2e

Quand la bibliothèque universitaire (BU) de Rennes a fait son analyse, elle est arrivée à un résultat analogue.

Conclusion partielle : en bibliothèque urbaine, si vous voulez baisser efficacement votre empreinte carbone, il vous faudra prioritairement :

  • baisser les consommations d’énergie : donc passer sous LED, isoler, réduire les consignes de chauffage et de climatisation ;
  • baisser les coûts d’immobilisation : garder plus longtemps les meubles, télévisions, ordinateurs, etc.

Sachant que l’injonction peut être contradictoire puisque si on isole les bâtiments afin de baisser les consommations d’énergie, cela conduit à augmenter pendant quelques années les coûts d’immobilisation.

Contrairement aux autres branches du monde de la culture, les déplacements ne sont pas si coûteux. Du moins cela est vrai pour les bibliothèques urbaines où les usagers comme les personnels viennent massivement à pied ou en transport collectif (à la BmL, moins de 10 % des usagers et 15 % du personnel utilisent une voiture pour venir).

Nous pouvons donc proposer le Premier principe de la bibliothèque verte : la bibliothèque est par nature écologique. Elle a inventé un modèle de co-lecturage il y a 60 ans ; et plus son activité de co-lecturage (au sens large, intégrant co-visionnage et co-écoute) est importante, plus son impact sur la baisse de l’empreinte carbone de son territoire est fort.

Fort de ce principe, il est possible même d’imaginer, à gros traits, calculer un « gain carbone » de la bibliothèque. Si 10 personnes lisent un livre acheté en librairie, le coût de l’opération sera de 10 x 2 kg = 20 kg. Si 10 personnes lisent un livre emprunté en bibliothèque, le coût de l’opération sera de 5 kg (2 kg pour l’achat du livre ; 2 kg pour le stockage du livre 11

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Ratio donné par la BM de Neuilly : 1,82 kgCO2e / document physique (500 gCO2e / prêt). Ibid., diapositive 21.

 ; 100 g par déplacement de l’usager). Soit formellement : Gain carbone Bibliothèque = Nombre de documents en fonds x (4 - 1.9 x Taux de rotation). Autrement dit, dans une bibliothèque de 30 000 documents avec un taux de rotation de 4,5 : si tous les actes de lecture avaient été faits par un acte d’achat, 137 tonnes CO2e supplémentaires auraient été consommées (sans compter que les particuliers auraient dû acheter 2 500 m² pour stocker leurs livres) 12
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Coût carbone de l’activité d’emprunt de livre dans cet exemple de bibliothèque : Cbib = Nb_docs_fonds x (4 + 0,1 x Tx_rotation) = 133 tCO2e. Équivalent librairie : Clib = Nb_docs_fonds x Tx_rotation x 2 = 270 tCO2e

.

Bien sûr, cette idée est farfelue et pur exercice théorique : personne n’achèterait tous les livres qu’il emprunte – mais la formule a pour vertu d’élucider les paramètres convocables pour augmenter notre « gain carbone ». Pour ce faire, il faut donc :

  • augmenter le taux de rotation : avoir des collections attractives ; augmenter le nombre d’emprunteurs (carte gratuite ?) ;
  • baisser le coût de stockage : baisser les dépenses énergétiques des bâtiments ; baisser les dépenses de maintenance des bâtiments ; augmenter la durée de vie des mobiliers et parc informatique ;
  • baisser le coût d’achat : augmenter la durée de vie des documents.

Nouvel exemple d’injonction contradictoire, entre les collections attractives et la vie prolongée des fonds. Très concrètement, faut-il vraiment éviter de couvrir les livres (consommateur de plastique) alors que l’on veut ici augmenter leur durée de vie ? Sans doute pas. Pas sans réfléchir. Il faut continuer de couvrir les « livres qui ne meurent pas de leur belle mort », pour les consolider et leur permettre de tenir le plus longtemps possible – mais on peut sans doute arrêter de couvrir ceux qui, même sans armure, sortiront des collections en bon état.

La « bibliothèque verte » ?

Ramassons donc toutes ces approches pour tenter de circonvenir l’action de bibliothèques verdissantes. Deux pans paraissent répondre à ces problématiques :

  • travailler à une sobriété réelle. En baissant l’empreinte carbone de l’équipement (ce qui concerne concrètement 5 % du personnel : direction et moyens généraux) mais aussi du territoire ; et en promouvant les éco-gestes (qui concernent tout le personnel) 13
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    Pour aller plus loin : Les éco-gestes en bibliothèque, 16 mai 2023. En ligne : https://www.facebook.com/groups/786851738404697/

    qui ont un double impact : comptable sur le bilan carbone – mais aussi inspirant, sur les pratiques qui doivent être diffusées dans la population ;
  • proposer un autre modèle de faire société. En continuant notre médiation verte (collections, animations, partenariat autour de l’écologie) et en nous engageant dans une véritable catalyse verte de notre tissu territorial et associatif (inspirer, communautariser, mutualiser, recycler, etc.).

Le rôle de la bibliothèque dans la transition écologique est d’abord un accompagnement à la transformation des mentalités de son public. Pour ce faire, elle s’évertue à : maximiser son activité historique (prêt) qui est vertueuse par essence ; augmenter les actions vertes à destination des publics « cibles » (rendez-vous ; grainothèques ; collections ; etc.) ; afficher les démarches internes de verdissement pour toucher tous les publics (éco-gestes, bilan carbone, achat de mobilier, déplacement du personnel/public, renoncement, etc.).

Cette évolution des métiers va poser un certain nombre de problèmes, de très nombreuses questions et nécessiter de nombreuses études plus ou moins partageables. Faut-il se lancer dans tel projet ? Faut-il choisir telle ou telle solution technique ? Comment mesurer telle conséquence ? Nous n’aurons pas de réponses à toutes ces questions, mais il nous faudra avancer quand même. Aussi, pour ce faire, nous pourrions retenir deux guides pour assumer, voire éviter, les principaux écueils :

  • Une idée directrice : au-delà de l’effet de nos actions (sur notre bilan carbone comptable) … maximiser l’impact de celles-ci (sur le bilan carbone du territoire/population). Au-delà de l’effet objectif et interne, réfléchir à l’impact sociétal et politique.
  • Une idée régulatrice, que chacun pourra se choisir : elle sera un guide pour élire l’option retenue. Nous pourrions retenir : « par défaut, choisir la solution low tech ». Ou encore : « essayer la voie nouvelle », ou « voter (afin que la solution retenue soit collective) », etc. 14
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    L’idée de toute façon est très simple : chaque fois que l’on délègue à une machine une action qui pourrait être faite avec de l’énergie humaine, on aggrave notre bilan carbone. Dit plus brièvement encore : toute solution de confort supplémentaire est aggravante.

Qu’est-ce donc alors qu’une bibliothèque verte ? Une bibliothèque verte est une bibliothèque modèle, qui promeut et exemplifie une vision différente de faire société : sobre, voire renonçant, tout en cherchant à accentuer son rayonnement et son attractivité ; co-inventant des formes de communauté locale ; inspirant des solutions vertueuses (low tech ; éco-conception ; local ; prêt d’objets extra-documentaires ; tri des déchets ; recyclage ; mutualisation ; etc.).

Tout pertinent soit-il dans son fonds, le terme de « sobriété » nous semble trop timoré et déjà dépassé. Il nous faut tout de suite passer à l’étape suivante : celle du renoncement. Renoncer à changer son mobilier ; renoncer à installer des flottes de tablettes ; renoncer à installer des robots de retour trieurs ; renoncer à couvrir tous les livres ; renoncer à faire venir un interlocuteur qui prendrait l’avion ou simplement sa voiture – sans sacrifier notre activité ni notre attractivité. Renoncer et le dire – pour montrer qu’une autre voie est possible, sans qu’elle rime avec désenchantement ou recul.

Nous pouvons alors conclure sur le Second principe de la bibliothèque verte : la bibliothèque verte doit exemplifier un « survivre ensemble » nouveau. Touchant 25 % à 40 % de la population de son territoire (inscrits et non), elle promeut un modèle sobre et séduisant d’une vie possible moins portée sur la consommation et plus résistante à « cette tempête […] que nous appelons le progrès » 15

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Walter BENJAMIN, « Sur le concept d’histoire IX », Œuvres III. Paris : Folio, 2000, p. 434.

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Le bibliothécaire a un rôle central à ce titre. Il doit être le premier sensibilisé et formé pour participer activement de cette dynamique. Sa posture même est sujette à transformation : anciennement professionnel de la médiation de contenus culturels, il sera peut-être demain un professionnel de l’économie de la fonctionnalité 16

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L’économie de la fonctionnalité privilégie l’usage plutôt que la vente d’un produit.

dans le domaine culturel..