Des écrivains à la Bibliothèque de la Sorbonne

Thierry Ermakoff

Linda Lê, Arno Bertina, Muriel Pic, Jean-Christophe Bailly, et Jean-Marie Gleize
Des écrivains à la Bibliothèque de La Sorbonne – 4
Préface de Laurence Bobis
Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022
Collection « Brèves »
ISBN 979-10-351-0672-0

La bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) a invité cinq écrivains à évoquer, à écrire sur cette bibliothèque : leur perception, leur usage (ou non), leur rencontre… le volume fait suite à trois ouvrages précédents sur le même principe.

Cet ouvrage regroupe donc un texte de Linda Lê, d’Arno Bertina, de Muriel Pic, de Jean-Christophe Bailly et de Jean-Marie Gleize. C’est peu dire que ces textes sont différents par la perception, l’appréciation de la commande (qui est d’ailleurs le propre de toute commande), la personnalité des auteurs.

Cinq approches différentes, donc. Linda Lê, citant Victor Hugo, nous entraîne dans l’engrenage de l’œuvre littéraire : « pourquoi, écrit-elle par exemple, les mémoires de Nadedja Mandelstam amènent-elles le lecteur à se pencher sur un livre historique de Iouri Tymianov, qui lui-même invite le lecteur à se plonger dans la pièce d’Alexandre Griboiedov ? » La BIS offre à Linda Lê l’occasion de suivre, à travers quelques œuvres qu’on pourrait croire infinies, les doutes et les chemins de plusieurs auteurs russes.

Arno Bertina, dont on connaît l’ouvrage Ceux qui trop supportent, s’est intéressé aux tracts et affiches collectés par des bibliothécaires, au hasard des distributions, collages, des années 1990, 2000 et 2010. Ces documents, témoins d’une histoire sociale, sont classés, inventoriés, protégés.

Muriel Pic traite, quant à elle, des manicules, ces annotations laissées en marge des livres, en forme de mains, depuis le IXe siècle, voire, parfois, des traces plus personnelles (et plus récentes : photocopies, photographies, notes) laissées là par des lecteurs, qui, peut-être, veulent déposer un signe tangible.

Jean-Christophe Bailly se demande que deviennent les livres destinés au « désherbage », après que nous avons imaginé qu’ils ont trouvé le lecteur définitif. La vaste question du « pilon » est encore plus vive à la BIS, compte tenu de la provenance et de l’âge de ses collections. La question est posée : elle n’est (heureusement) pas résolue.

Enfin, Jean-Marie Gleize explore la poésie comme « la forme la plus sublime que puisse revêtir la pensée humaine », y compris typographique.

Résumons-nous (comme disait Vialatte…) : on l’aura bien compris, ces quatre volumes ont inspiré à chacun des auteurs, non une visite commentée de la BIS – ce n’est pas le Guide du routard –, mais une visite sensible qui renseigne aussi bien sur les auteurs invités que sur la bibliothèque, véritable Puissance invitante. La diversité des contributions en est le signe le plus évident.

Malheureusement, il manque une courte bibliographie des auteurs invités : qui serions-nous pour tout savoir sur chacun ?