Mener un projet international
Bibliothèques françaises et coopération internationale
Villeurbanne, Presses de l’Enssib, 2011, 190 p., 21 cm
Coll. « La Boîte à outils », n° 24
ISBN 978-2-910227-92-0 : 22€
Les actions de coopération internationale des bibliothèques sont abordées ici sous les multiples formes qu’elles peuvent revêtir : jumelage, accueil de collègues étrangers, don d’ouvrages, formation, apport d’expertise.
Ce livre présente ainsi un large panorama d’expériences qui vont du simple voyage d’étude au partenariat transfrontalier, de la mutualisation de ressources à la coopération solidaire...
Elles concernent aussi bien les bibliothèques publiques qu’universitaires, les actions de coopération dans le domaine du livre ancien, de l’action culturelle, que les partenariats européens et internationaux autour de la numérisation des collections patrimoniales. Il s’agit pour la plupart d’actions à l’étranger, mais certaines sont conduites depuis la France dans des logiques de proximité, comme le projet de la Bibliothèque départementale de prêt du Haut-Rhin avec ses partenaires suisses et allemands dans une logique transfrontalière.
L’ouvrage aborde aussi les codes de communication entre collègues étrangers, le nécessaire dialogue entre l’universel et le local, l’inévitable question de la langue et des implicites qu’elle contient, l’indispensable « décentration » du bibliothécaire globe-trotter.
Cet ouvrage donne des repères utiles sur les possibilités de mobilité internationale ponctuelle à travers notamment les programmes Erasmus et Grundtvig et sur les partenaires possibles (établissements et associations ressources) des professionnels des bibliothèques pour la mise en œuvre de ces actions. Il éclaire également les politiques souvent méconnues de coopération internationale des grands établissements comme la Bibliothèque publique d’information et la Bibliothèque nationale de France, ainsi que les riches actions du Centre national de littérature pour la jeunesse, La Joie par les livres, CNLJ-JPL, qui mettent notamment en œuvre les programmes du ministère de la Culture d’accueil de collègues étrangers (« profession culture »), collaborent avec le ministère des Affaires étrangères et participent au réseau francophone numérique.
L’intérêt du livre est également de ne pas occulter les contraintes humaines et techniques de ces partenariats. Ainsi, le passionnant témoignage des bibliothécaires de l’École nationale supérieure dans leur coopération avec Haïti et « Bibliothèques sans frontières » (BSF) montre la nécessité d’organiser très en amont les projets, de connaître la culture des stagiaires étrangers et met en évidence toutes les difficultés de penser une collection qui nous est éloignée physiquement.
La problématique du sens de ces actions est bien posée. Comment, dans une action de coopération solidaire, mettre en œuvre des logiques de développement endogène et ne pas seulement transposer un modèle unilatéral ? Jeremy Lachal, directeur de BSF, insiste, à ce titre, sur le fait que la formation dans un contexte transculturel doit être conçue comme un échange d’expériences et non comme une transmission à sens unique.
Ainsi, le bibliothécaire ne trouvera sans doute pas dans ce livre de recettes miracle pour mener à bien un projet à l’international, tant on mesure la singularité de chaque projet, mais bien des pistes méthodologiques et l’envie, à travers ces récits d’expériences, de confronter ses pratiques, de partager son expertise et de questionner ses modèles.