Revista general de información y documentación
Année 2004, vol. 14, no 2 et année 2005, vol. 15, no 1.
ISSN 0034-8244
Abonnement (2 numéros par an) Espagne : 27 € ; Europe : 30 € ; autre : 40 €
La RGID est la revue de l’École universitaire de bibliothéconomie et de documentation qui relève de l’université Complutense de Madrid. Spécialisée en documentation et sciences de l’information, elle regroupe des articles très divers qui couvrent à peu près tous les aspects de cette discipline : traitement de documents tout support, enjeux de la société de l’information, méthodologie d’évaluation des sources documentaires ou des usages, histoire du livre…
Approche méthodologique ou compte rendu de recherche, ces articles sont écrits uniquement par des enseignants chercheurs de l’École ou relevant d’autres universités espagnoles. La revue – semestrielle – ne propose pas de dossiers spécifiques ni de thèmes fédérateurs ; il n’y a pas non plus d’introduction. Seuls, un ou deux comptes rendus de lecture complètent chaque volume.
Méthodologies d’évaluation
Les livraisons du second semestre 2004 et du premier semestre 2005 proposent quelques études très intéressantes. Signalons deux articles qui concernent l’évaluation des ressources scientifiques disponibles sur le web. I. Aguillo et B. Granadino du Centre de recherche espagnol en information scientifique et technique proposent une démarche méthodologique pour appréhender la visibilité des ressources mises en ligne par différentes institutions scientifiques espagnoles, tandis que deux chercheuses de l’université de Murcia analysent les propositions d’évaluation disponibles sur le web depuis les années 90, afin de proposer une normalisation et une systématisation de l’offre de l’information scientifique.
Toujours dans le registre des méthodologies d’évaluation, on peut retenir l’article de deux chercheurs de l’université Carlos III de Madrid qui s’intéressent à la mise à disposition d’Internet dans les bibliothèques, et tout particulièrement à la présentation et à la communication en ligne des règles, conseils et recommandations d’usage qui accompagnent généralement cette mise à disposition. Cette étude prend en compte des sites new-yorkais (de loin les plus précis, d’après les critères dégagés), québécois, espagnols et français. Signalons l’ouvrage de Gaëlle Enjalbert : Offrir Internet en bibliothèques publiques au sein de la bibliographie résolument anglo-saxonne.
Documents audiovisuels
Comme dans les numéros précédents, on retrouve des articles sur les documents audiovisuels : l’un, sur les ressources d’une chaîne thématique musicale, insiste sur la typologie des supports et des contenus et sur le traitement catalographique. Le second concerne les « archives de la parole » de la Radio nationale d’Espagne (RNE). L’émission éponyme ayant été créée en 1937, bon nombre de ces documents sont anciens et rares – certains datent des premières années du siècle – et font revivre les voix des hommes politiques, intellectuels ou artistes qui ont marqué le XXe siècle. Cet intéressant article d’Ariza Chicharro du département Documentation de la RNE intervient à la fin de l’énorme chantier de numérisation des fonds analogiques. On y trouve donc les critères de sélection pour définir ce qui doit être conservé, particulièrement parmi l’abondante production courante, et la méthode utilisée pour le traitement et la communication.
Signalons encore la contribution d’un chercheur de l’université Complutense (Fuentes Romero) sur la notion de collection en bibliothèques. En s’appuyant sur différentes études, principalement anglo-saxonnes, l’auteur tente une approche – plutôt brouillonne – de ce que seront demain les collections en bibliothèques. En mettant en relation usages et besoins, production imprimée et numérique, et mémoire de la culture, il tend à les caractériser en confrontant la notion de ressources en pleine propriété à celles proposées « en accès ».
Sources historiques
Dans ces deux volumes, la moitié des articles concerne les sources historiques : histoire du premier livre espagnol imprimé à Ségovie, études bibliographiques qui témoignent du souci de mise en valeur des différents types de documents conservés dans les bibliothèques ou archives espagnoles.
Parmi celles-ci, citons l’étude chronologique et typologique des documents – manuscrits ou imprimés – concernant la carrière du chancelier Fuertes Piquer à l’université de Cervera dans les années 1700, qui permet de préciser non seulement l’histoire de cette université, mais aussi l’évolution générale et les changements profonds en cours dans les universités espagnoles du XVIIIe siècle. Ou encore, l’analyse des documents concernant un personnage politique du XIXe siècle, Praxedes Mateo Sagata y Escolar, qui apporte un éclairage particulier sur le fonctionnement de la communication électorale et surtout sur le déroulement des premières élections au suffrage universel. Dans ce cas, l’étude des contenus a été étroitement associée à une étude des supports qui, au-delà de ses apports historiques, a alimenté un projet global de conservation.
J.M. de Francisco Olmos, professeur à la Complutense et spécialiste de numismatique, propose une approche très particulière de l’Espagne des années 1930. La monnaie, métallique ou papier, est porteuse d’emblèmes politiques. L’élection des républicains en 1931 devait déterminer un changement de la monnaie en cours. En attendant le renouvellement de la masse fiduciaire, on estampilla les billets en circulation au nom de la République. Pendant la guerre civile, les franquistes utilisèrent également pour leur compte cette méthode. Ce double estampillage constitue ainsi une importante source d’information sur la guerre civile tout en étant une des causes des terribles répercussions sociales, politiques et économiques de la fin de la guerre.
Pour terminer, signalons encore deux articles qui ouvrent des perspectives sur le monde latino-américain, sur les problèmes de patrimoine au Mexique et surtout sur la prise de conscience politique, au début du XXe siècle, du rôle de la lecture et des bibliothèques dans l’éducation.
La RGID est une revue très riche qui donne un éclairage particulier sur la culture, l’histoire et les préoccupations documentaires de nos voisins espagnols. Mais elle s’affiche délibérément comme une revue de chercheurs pour des chercheurs et sa présentation très austère ne facilite pas son approche.