Réunion des directeurs des bibliothèques de l'enseignement supérieur

Annie Le Saux

La rencontre annuelle des directeurs des bibliothèques des établissements d’enseignement supérieur est l’occasion de faire le point sur les réalisations et projets de la sous-direction des bibliothèques et de la documentation. Les 24 et 25 janvier derniers, Claude Jolly et ses collaborateurs ont ainsi évoqué quelques axes de réflexion de la sous-direction : l’information scientifique et technique, la politique documentaire, la rétroconversion, les moyens et les emplois 1. Les actions de la SDBD se soucient avant tout d’orienter les établissements vers plus de cohérence et une plus grande coordination, « en dépassant les clivages institutionnels », en partageant les ressources et « en évitant cloisonnements et duplications ».

La communication scientifique

Les universités ont déjà emprunté cette voie en construisant des outils d’achats collectifs, dont l’exemple le plus connu est le consortium Couperin. Les négociations que ce groupement de commandes mène actuellement avec Elsevier devraient aboutir à un marché sur trois ans – qui ambitionne de limiter les hausses annuelles continues des abonnements.

Parallèlement à ces opérations de mutualisation des achats, les universités s’intéressent à développer la diffusion de leur propre production, pour contrebalancer des organismes qui, tel le CCSD (Centre pour la communication scientifique directe) du CNRS, collectent et diffusent les thèses produites par les universités françaises. Un pas devrait être fait vers la reprise en main par les universités de la diffusion des thèses, avec la sortie (prochaine ?) de la circulaire – allégée et simplifiée par rapport à celle de 2000 – concernant leur diffusion électronique.

Dans un égal souci de promotion et de diffusion de la recherche française, au niveau national et international, cette fois dans le domaine des revues scientifiques en sciences humaines et sociales, une toute nouvelle réalisation, le portail Persée 2, a été initiée par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce portail propose, depuis le mois de janvier, un accès libre et gratuit – Gilbert Puech, président de l’Université Lyon II, s’est montré fervent partisan de l’open source – aux collections rétrospectives de sept revues françaises en SHS (410 000 pages), qui devraient s’enrichir au fil des ans de nouveaux titres.

Ce rôle fédérateur du portail documentaire a été également relevé par Sabine Barral (Abes), parlant du tout nouveau portail du Sudoc 3, « conçu pour donner accès à une documentation multiple et hétérogène par le biais d’un seul outil ».

La politique documentaire

la redéfinition des missions des réseaux documentaires répond, pour certains d’entre eux, à un réel besoin d’actualisation, tels, au niveau national, les Cadist, qui verront leurs missions s’élargir, ou le prêt entre bibliothèques, pour lequel une révision de la facturation est à l’étude. Au niveau local – en l’occurrence au Quartier latin –, le tout nouveau projet de carte documentaire de site, élaboré en septembre 2004 à l’initiative de la SDBD par sept bibliothèques – celles de Paris I, II, III, IV, la Sorbonne, Sainte-Geneviève, Cujas et Sainte-Barbe – travaille sur les moyens de donner une meilleure visibilité aux collections de ces bibliothèques et de coordonner leurs acquisitions. D’autres modifications sont davantage imposées par la conjoncture, qu’il s’agisse de la réorganisation du dépôt légal à la suite de la diminution du nombre d’exemplaires ou du nouveau marché de rétroconversion.

Directement ou indirectement, les ressources électroniques ont été présentes tout au long de ces deux journées. Deux enquêtes 4 ont été menées sur l’année 2003, l’une concernant l’ESGBU et les ressources électroniques (près de 250 000 titres de périodiques électroniques, 2 700 bases de données, 5 000 documents numériques acquis en 2003) 5 et l’autre, première en son genre, portant sur l’usage des ressources électroniques.

Une brique parmi d’autres

Brique – cette comparaison est plusieurs fois revenue dans les discours – au sein d’un dispositif plus global intégrant d’autres briques, le système d’information documentaire a été défini comme « un outil fédérateur de ressources internes et externes » ou encore comme « un guichet unique de l’information ». Au nombre actuel de vingt 6, les SID proposent, toujours dans un souci de cohérence et de coordination (respect généralisé des normes et standards, indexation selon les mêmes listes d’autorité…), des services étendus, même si certains, comme la diffusion sélective d’information, semblent resurgir du passé. Rationalisation et structuration s’expriment aussi, à l’échelon de l’université, dans le système global d’information, que les SID ont vocation à intégrer – si le président d’université se laisse convaincre de la nécessité de ces « architectures fonctionnelles » (Jean-Paul Le Guigner, Comité Réseau Universités), qui mériteraient de faire partie intégrante des projets d’établissement.

Ces objectifs partagés d’un dispositif global offrant l’accès à la documentation et à l’information multimédia au plus grand nombre, « aux personnes nomades », les évolutions technologiques permettent de les atteindre, encore faut-il, comme l’a souligné Jean-Paul Le Guigner, veiller à bien intégrer les aspects juridiques.

Et le personnel

C’est encore et toujours sous l’angle du changement que furent abordées les questions relatives à la gestion du personnel (Dominique Antoine, Chantal Pélissier et Patricia Jannin, DPMA).

Nom de baptême Bibliofil’, le référentiel des métiers de la filière bibliothèque 7 est l’aboutissement d’un travail collectif qui s’est, pour ce faire, inspiré de Referens, référentiel des emplois types de la recherche et de l’enseignement supérieur. Plusieurs utilisations de Bibliofil’ sont envisageables : mobilité du personnel, adaptation de l’offre de formation, anticipation de la gestion prévisionnelle des ressources humaines, et évaluation du personnel. Concernant l’évaluation et la notation du personnel, de nouvelles mesures 8 sont actuellement mises en place, dont la complexité a transparu dans l’abondance de questions posées par les directeurs. Quant au compte épargne temps 9, qui permet d’accumuler, pendant plusieurs années et sous certaines conditions, des jours de congé rémunérés, il ne manquera pas d’intéresser les bibliothécaires fourmis.