Cours au Collège de France

par Odile Grandet

Roland Barthes

Paris : Éd. du Seuil, 2004. http://www.roland-barthes.com

Le Seuil publie http://www.roland-barthes.com De quoi s’agit-il ? D’un site d’éditeur, dédié à l’œuvre d’un auteur, « le premier site d’édition en ligne dédié à un auteur de sciences humaines dont l’œuvre sera consultable dans son intégralité, grâce à un moteur de recherche conceptuel spécifique à l’auteur », comme l’indique la plaquette de présentation.

Le site propose deux cheminements, l’un en accès libre (gratuit), l’autre en accès réservé, accessible sur abonnement annuel et destiné aux bibliothèques. La distinction entre les deux entrées est pour l’instant difficile, mais cela est sans doute provisoire et disparaîtra au fil de l’enrichissement de la partie abonnés.

L’objectif affiché par l’éditeur est de publier en ligne l’ensemble de l’œuvre de Roland Barthes, et, dans un premier temps, la partie constituée par l’enseignement délivré au Collège de France, entre 1976 et 1980. Ces leçons délivrées par Roland Barthes, titulaire de la chaire de sémiologie, sont publiées sous toutes les formes disponibles, dans un format adapté – notes manuscrites pour les préparations de cours, au format JPEG, enregistrement d’époque du cours tel qu’il se déroula au Collège de France au format MP3, et retranscription interrogeable avec un moteur de recherche basé sur les concepts.

Le site est une merveille, on y déambule comme dans les travées d’une bibliothèque : d’une biographie écrite – où l’on découvre comment la tuberculose conduit celui qu’on nommera RB à ne pas passer l’agrégation – à la salle de classe de Roland Barthes au Collège de France où l’on écoute le cours – la leçon – comme si on y était (bruitages compris), en passant par des liens foisonnants, et bien sûr les textes eux-mêmes de Roland Barthes. Le moteur de recherche est un moteur « intelligent » qui lie les concepts dans des ensembles signifiants. Un grand moment de plaisir !

Il semble bien que ce soit la première fois qu’un éditeur mette en ligne un fonds protégé et en partie inédit avec, à terme, un objectif d’exhaustivité. Le Seuil a-t-il d’autres projets dans ses cartons ? D’autres éditeurs aussi bien inspirés décideront-ils de publier en ligne avec des outils d’exploitation des archives d’auteurs ?

C’est peut-être là le début d’une belle aventure éditoriale et d’une publication massive et exploitable des archives d’auteurs.

L’auteur de L’empire des signes aurait certainement arrêté sa réflexion sur la publication numérique et la lecture en ligne, et la mise à mal d’une certaine linéarité. Et c’est ainsi que puissamment alléché par ce qu’il aura lu et rencontré sur le site, le lecteur se penchera sur l’édition Skira de L’empire des signes et y découvrira que « texte et image dans leurs entrelacs, veulent assurer la circulation, l’échange de ces signifiants : le corps, le visage, l’écriture, et y lire le recul des signes ».