La fréquentation des bibliothèques municipales (4)

Anne-Marie Bertrand

Dans son premier numéro de l’année, le BBF ouvrait le débat sur la stagnation de la fréquentation des bibliothèques municipales. Nous le fermons (provisoirement ?) avec ce numéro 6, le dernier de l’année. Si les interventions ont fait preuve de richesse, elles ont aussi montré des écarts d’analyse, deux axes principaux s’étant exprimés. D’un côté, la mise en évidence que les outils de mesure sont imparfaits : autant on savait, jadis, compter les inscrits et les prêts, autant, aujourd’hui, donner une image précise et fiable de l’activité de la bibliothèque, de ses usagers et de leurs usages est bien difficile, en raison du double phénomène d’usages à distance et d’usages sur place non quantifiés. De l’autre côté, la mise en évidence que le modèle actuel de bibliothèque publique s’est essoufflé, que des propositions centrées sur le prêt et la lecture lettrée ne correspondent plus aux attentes actuelles, ou, du moins, qu’elles ne sont pas propres à susciter une fréquentation plus importante. Les deux constats sont complémentaires et non concurrents. Reste à les dépasser pour envisager des solutions. Elles ne peuvent être ni simples ni univoques. Car il s’agit que les bibliothèques soient à la fois plus séduisantes et plus utiles : qu’elles prennent en compte à la fois l’individualisme actuel et la demande de médiation, à la fois le besoin d’information et celui de distraction, l’appétit à la fois pour les images et pour les histoires, à la fois la soif d’actualité et le retour aux racines, à la fois la modernité et la permanence, à la fois l’envie d’échanger et celui de se taire, à la fois la moire et la bure. Et puisque ce numéro est à tonalité religieuse, à la fois l’immanence et la transcendance. Vaste programme, comme disait un général célèbre.