Bibliothèques municipales, bibliothèques départementales des départements d'outre mer, bibliothèques départementales de prêt
données 2000
Bibliothèques municipales, bibliothèques départementales de prêt : données 2000 vient enrichir la collection des données statistiques que la Direction du livre (DLL) produit chaque année, conformément à ses missions d’évaluation et depuis qu’elle a justement remplacé le catalogue complet des statistiques par ce judicieux outil d’évaluation.
À l’origine donc, les formulaires statistiques envoyés tant dans les bibliothèques municipales (BM) que dans les bibliothèques départementales de prêt (BDP). Renseignés pour fin mars de l’année en cours pour les unes, pour fin juin pour les autres, ces formulaires rassemblés par le service d’évaluation du ministère de la Culture et de la Communication concernent, pour l’année de référence de cette publication, 2 886 BM (sur 3 350 formulaires envoyés) et 94 BDP (sur 97 BDP). Cette édition se réfère aux chiffres de population du recensement de1999, ce qui oblige à effectuer quelques corrections par rapport au recensement précédent (1990).
Deux grandes parties composent les 370 pages d’analyses statistiques : une première partie concerne les BM, l’autre les BDP.
Les bibliothèques municipales
En introduction Jean-Sébastien Dupuit, directeur du Livre, souligne les tendances générales qui se dégagent de l’analyse des chiffres de 2000, en particulier une hausse importante des investissements, soit 21,3 % de plus qu’en 1999, et une faible progression des moyens de fonctionnement (légère augmentation des dépenses d’acquisition, stabilisation des pourcentages de personnels qualifiés et des horaires d’ouverture des BM). Par ailleurs, on note un tassement du pourcentage des inscrits par rapport à la population (17,6 % contre 18,2 % en 1999), ce qui masque entre autres l’immense succès des nouveaux équipements et des résultats très honorables de certaines bibliothèques qui peuvent atteindre plus de 40 % de la population inscrite à la bibliothèque.
Ces chiffres ne sont que des résultats statistiques et ne tiennent pas compte des usages différenciés de la bibliothèque, en s’appuyant pour l’essentiel sur le nombre d’inscrits et de prêts, plus facilement quantifiables. Ce que ne manque pas de mentionner l’auteur de l’introduction : « On mesure là les limites de l’outil statistique actuel qui ne suffit plus à rendre compte de l’impact et de l’activité de la bibliothèque, centre de ressources multiples au cœur de la cité, dont le rôle social et culturel ne peut se réduire aux données quantitatives recueillies. Les indicateurs chiffrés […] ne peuvent dispenser d’une analyse qualitative et circonstanciée pour éviter les comparaisons hâtives et des interprétations trompeuses, dès lors qu’il s’agit d’évaluer les activités des établissements. »
Quatre-vingt-onze bibliothèques municipales supplémentaires ont été intégrées dans l’échantillon, dont 59 de communes de moins de 10 000 habitants. On peut toutefois s’interroger sur la validité de ces chiffres, notamment pour les bibliothèques des plus petites communes, quand on sait que les critères retenus (personnel, accessibilité à tous les publics, budget d’acquisition) ne sont pas exclusifs. Ainsi, une bibliothèque sans personnel disposant d’un budget de 6 000 F (914 e) peut faire partie de l’échantillon. Le croisement des critères, et non la seule présence d’un des critères, permettrait de mieux appréhender la réalité d’une bibliothèque municipale.
Si la part du budget de fonctionnement consacré au personnel représente 81,5 %, on peut toutefois regretter que de nombreuses bibliothèques (près de 30 %, dont 31 dans des communes de plus de 10 000 habitants) soient ouvertes au public sans personnel spécifique ! Par ailleurs, 82 établissements situés dans des communes de 10 000 à 100 000 habitants fonctionnent sans personnel rémunéré de catégorie A ou B. Même si ces données 2000 soulignent un très net ralentissement des recrutements massifs des emplois précaires et subventionnés, il y a de quoi s’inquiéter sur la nature des services offerts à la population.
Côté collections et prêts, on retiendra que le nombre d’imprimés rapportés au nombre d’habitants apparaît en baisse, même si les acquisitions augmentent modestement de 19,2 à 19,6 documents pour 100 habitants. Même hausse peu significative des horaires d’ouverture : 19 h 12 contre 19 h 08 en 1999. Les horaires d’ouverture décroissent logiquement au regard des chiffres de population.
L’accroissement des dépenses d’investissement, qui explique une augmentation globale des surfaces et des moyens mis à disposition des bibliothèques, permet de mettre en valeur une augmentation globale des mètres carrés de bibliothèque qui sont en 2000 de 5,21 m2 pour 100 habitants. Ceci explique aussi l’augmentation sensible du nombre de bibliothèques qui disposent d’un système de gestion de bibliothèque : 1 871 contre 1 622 en 1999 soit 64,8 % des BM et 84 % de la population desservie.
On pourrait ici reprendre nombre de chiffres et pourcentages que le document analyse en détail. On notera que la présentation aérée, qui utilise largement graphiques, cartes et tableaux, permet aisément de retrouver toutes les données utiles aux professionnels des bibliothèques. Les tendances par tranches de population (profils moyens), les données régionales peuvent aussi faciliter le dialogue politique avec les responsables des collectivités territoriales.
Les bibliothèques départementales de prêt
Le chapitre consacré aux BDP, qui occupe la troisième partie de l’ouvrage, s’appuie sur les données traditionnelles de ces bibliothèques. Ces données, utilisées par Livres Hebdo en avril 2002, ont d’ailleurs fait l’objet de critiques fortes de la profession à l’occasion d’une enquête publiée dans cet hebdomadaire, qui avait tenté un « classement » des BDP. Néanmoins l’analyse de ces données révèle l’état des lieux de ces établissements par rapport aux missions décentralisées en 1987 par l’État. Le regroupement des données par tranches de population desservie en facilite la lecture. Les nombreuses cartes et les schémas sont d’utiles soutiens à l’analyse.
Enfin, malgré la difficulté de l’exercice, le quatrième chapitre tente une approche des réseaux des BDP et des autres BM. L’approche est particulièrement louable, car la DLL s’appuie sur une partie seulement des rapports des BDP.
Pour conclure, et en raison des multiples interprétations possibles des chiffres des rapports annuels, il est indéniable qu’un toilettage du type d’informations fournies dans cet ouvrage est aujourd’hui nécessaire. C’est le rôle que s’est assigné le groupe de travail qui réunit une quinzaine de professionnels d’horizons divers à la DLL et que Jean-Sébastien Dupuit évoque dans l’introduction de cet ouvrage. Toutefois, ce document copieux est à la fois un utile bilan de l’activité des bibliothèques publiques et un outil de travail pour ceux qui sont appelés à conseiller.