Mettre en oeuvre un OPAC Web

Poursuivant sa politique de communication auprès des bibliothèques, afin de montrer son savoir-faire en matière d'étude et de conseil, le cabinet Tosca Consultants proposait, le 26 janvier dernier, un séminaire gratuit sur l'OPAC Web. Il dut refuser du monde : attirés par le sujet, les candidats étaient nombreux et c'est une cinquantaine d'heureux élus venus de bibliothèques publiques de toute la France qui purent écouter en direct la parole de Marc Maisonneuve. Que les exclus se rassurent : ils pourront trouver, dans des publications récentes 1, le contenu de cette intervention.

Une problématique d'actualité

La problématique est d'actualité pour les bibliothèques publiques relevant des collectivités territoriales : la médiatisation croissante du cybermonde et de sa dynamique entraîne bien des élus à créer des sites Web et à exiger de leurs médiathèques flambant neuves de quoi les alimenter. Faut-il céder à cet engouement et permettre aux internautes de consulter, au choix ou à la fois, la jungle de nos horaires d'ouverture, ou nos catalogues bardés de vedettes-matières absconses... ? Il est vrai que l'expérience Vidéotex n'est guère encourageante de ce point de vue : les lecteurs n'ont jamais beaucoup consulté les catalogues de bibliothèques sur Minitel, alors que celui-ci était plus présent dans les foyers que ne le sont aujourd'hui les ordinateurs connectés à Internet.

Si encore les solutions techniques tenaient la route... Mais il semblerait que bugs, « plantages » et temps de réponse soient le cauchemar quotidien des serveurs Web actuellement sur le marché, bien que les Nord-Américains, ancienneté oblige, assurent une fiabilité supérieure aux produits européens récemment développés. Avant de choisir une solution, il paraît essentiel de se poser quelques bonnes questions : à quel public s'adresse-t-on ? Aux lecteurs inscrits, aux partenaires institutionnels (relais BDP-bibliothèques départementales de prêt, par exemple) ou aux chercheurs du monde entier ? Quels sont les fonds concernés ? Le patrimoine, la lecture publique, les catalogues hétéroclites des différents services documentaires de la ville ? Ces paramètres permettront de choisir entre le serveur relié au logiciel de gestion de la bibliothèque, le serveur autonome (Z-39.50 ou pas) ou la copie de base déconnectée de la gestion.

Négocier

En tout état de cause, il faut savoir que cela coûte cher, très cher. Combien ? Impossible à dire : les devis sont truffés de non-dits. Entre le logiciel-serveur, le matériel à ajouter, les droits d'accès supplémentaires, le serveur pare-feu (sécurité anti-intrusion), la maintenance, la formation, l'assistance, l'addition est lourde. Il faut donc négocier ; à l'occasion d'une réinformatisation, par exemple, sans oublier d'exiger des engagements précis sur l'essentiel : les temps de réponse et le taux de disponibilité (rapport pannes/heures ouvrables). Certains fournisseurs « offrent » le serveur Web avec le logiciel de gestion de bibliothèque et là, la méfiance s'impose.

Pour ne pas décourager totalement son auditoire, un brin tendu, Marc Maisonneuve a fait valoir l'avenir radieux d'une offre de plus en plus riche qui permettrait une vraie concurrence. Alors vraiment, un tel stress, pour un résultat finalement plutôt moins bon que nos OPAC natifs, cela fait réfléchir. Et l'on se dit que, ma foi, si on laissait les fournisseurs peaufiner leurs logiciels, baisser leurs prix... Mais les élus veulent une vitrine aux nouvelles technologies, les BDP doivent échanger avec leurs relais ; quant aux bibliothèques universitaires et aux centres de documentation – les plus massivement équipées à ce jour –, ils doivent, à court terme, offrir ce service à leurs lecteurs qui sont à la fois des habitués d'Internet et des utilisateurs exigeants.

Il faut donc se pencher sans attendre sur la question, éviter les pièges, calculer les coûts et se lancer dans l'aventure...