Les bibliothèques universitaires en 1997
Annie Le Saux
C’est fin décembre et non courant janvier que s’est tenue, cette année, la réunion des directeurs de bibliothèques universitaires. Ce fut la seule dérogation à une coutume désormais bien établie. Comme les années précédentes, les directeurs et responsables de l’administration centrale, chargés des bibliothèques universitaires et de la gestion du personnel, ont fait le bilan des moyens financiers et des moyens en personnel pour l’année écoulée, avant de présenter les perspectives pour 1997.
Le personnel des bibliothèques
Deux éléments concernant le personnel sont à relever dans le budget 1997 : tout d’abord 200 créations d’emplois et aussi, dans les corps de magasinage, une possibilité de pyramidage qui va permettre une gestion en cascade des différents corps qui le constituent, par le biais de concours internes et de listes d’aptitude.
Depuis quelque temps, le bruit d’une non-ouverture, en 1997, du concours externe d’entrée à l’enssib s’était répandu dans le milieu professionnel. Nouvelle que les représentants de l’administration centrale n’ont pas infirmée, mais en la qualifiant de simple hypothèse...
Les problèmes relatifs aux différents corps des personnels de bibliothèques n’ont cependant pas été occultés, comme le prouve celui posé par l’affectation en avril des nouveaux conservateurs de l’enssib, rendue possible uniquement grâce aux rompus de temps partiel. La situation est telle que, parmi les réintégrations, seules celles réglementairement obligatoires ont pu être satisfaites. Chez les bibliothécaires adjoints, bien que leur surnombre soit sur le point d’être résorbé, il n’y aura cependant pas de concours cette année non plus.
En conclusion d’un examen clair et concis, Michèle Luneau, chef du bureau des personnels des bibliothèques et des musées, a émis le vœu que les circulaires de l’administration centrale soient publiées au Bulletin officiel, et, pourquoi pas, sur Internet. Internet semble d’ailleurs devoir être le moyen de communication privilégié par plusieurs services du ministère : les programmes de formation continue sont en passe d’être également diffusés sur ce réseau.
L’accord cadre du 22 février 1996 concernant la formation continue met l’accent sur quelques priorités :
– l’égalité d’accès à la formation (les agents de catégorie C devront bénéficier de 6 jours de formation par an, ceux des catégories A et B de 5 jours) ;
– l’individualisation de la formation, chaque agent ayant droit à un entretien individuel ;
– une meilleure évaluation de l’efficacité de la formation ;
– un accroissement des moyens : 3,8 % de plus à la fin de l’accord cadre.
Annie Benoît signalait, pour 1996, une forte demande de formation aux techniques documentaires de base, émise à la fois par les personnels de bibliothèques et par le personnel iatos (ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers, de service).
Les subventions
Bernard Dizambourg, directeur de l’information scientifique, des technologies nouvelles et des bibliothèques, a ensuite souligné les éléments d’évolution de la répartition des moyens en 1997 par rapport à 1996.
Les principaux efforts vont porter sur l’ouverture de nouvelles surfaces – 110 emplois et 55 000 m2 supplémentaires –, sur l’amélioration du taux d’encadrement – 41 emplois.
Les objectifs du budget de 1997, note le directeur, visent à poursuivre l’effort de modernisation entrepris, inciter les directions des établissements à mener une politique de restructuration des services communs de documentation et continuer à soutenir leurs activités documentaires.
Après un examen détaillé de la répartition des enveloppes du budget, Bernard Dizambourg a formulé plusieurs remarques : le système favorise les universités petites et jeunes ; la dotation contractuelle renforce la dotation normée au lieu de l’infléchir. A noter également la part très importante de la dotation contractuelle (44 % en moyenne).
Un certain nombre de questions reste en suspens : comment prendre en compte le rattrapage des services sous-dotés, le financement des coûts documentaires, variables selon les disciplines, les coûts induits par le poids de la recherche... ? Un groupe de travail devrait les étudier et proposer des réponses au mois de mars 1997.
Parmi les suggestions faites par l’administration, notons celle, innovante, qui viserait à favoriser des échanges d’emplois entre établissements 1, dans le but de rétablir un équilibre dans des créations d’emploi souvent mal pyramidées.
Le troisième exemplaire du dépôt légal
La dernière intervention de la journée, faite par Claude Jolly, sous-directeur des bibliothèques, portait sur un thème – le dépôt légal – qui n’a jamais jusqu’alors directement concerné les bibliothèques universitaires.
En effet, dans le cadre juridique du dépôt légal, les bibliothèques dépendant de l’Enseignement supérieur n’occupent aucune place. Cependant, certaines pratiques ont fait que quelques-unes de ces bibliothèques reçoivent, depuis l’arrêté de 1926, des exemplaires gérés par la Bibliothèque nationale de France. Il s’agit des bibliothèques de Sainte-Geneviève, de l’inrp, de la bdic, de la Mazarine, de la bnus, du cnam et des Langues orientales, auxquelles sont venues s’ajouter la bibliothèque de géographie et la butc de Compiègne pour leurs domaines respectifs.
Après le décret de 1993, la bnf a souhaité remettre en cause ce dispositif. Un accord avec le ministre de l’Enseignement supérieur devrait aboutir prochainement aux dispositions suivantes : le service chargé du dépôt légal à la bnf mettra à disposition du ministère de l’Enseignement supérieur – qui sera chargé de la répartition – le troisième exemplaire du dépôt légal 2 des monographies (les romans, les bandes dessinées et les livres pour enfants en seront exclus). Les périodiques, qui nécessiteraient un dispositif énorme de tri et de répartition, sont également exclus de ce projet.
Le ministère de l’Enseignement supérieur souhaite faire de cet exemplaire « un élément de rationalisation du paysage documentaire ». Afin de choisir les attributaires, le ministère souhaite procéder en concertation d’une part avec les centres d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique, qui feront, chacun dans sa discipline, des propositions et, d’autre part, avec les bibliothèques qui en bénéficiaient jusqu’à présent. Le Centre technique du livre a été choisi comme gestionnaire de ces exemplaires du dépôt légal.
Ce nouveau dispositif n’a pas soulevé l’enthousiasme des directeurs de bibliothèques universitaires. Le plus gros obstacle à une franche satisfaction portait sur les délais qui s’écouleront entre l’arrivée de cet exemplaire au service du dépôt légal de la bnf, son passage au centre technique du livre et son acheminement vers la bibliothèque attributaire. Le troisième exemplaire du dépôt légal ne servirait donc pas à remplacer l’achat de l’ouvrage, mais à enrichir, à plus long terme, les collections.
Essentiellement consacrée aux moyens financiers et en personnel, cette réunion sera complétée, les 4 et 5 mars prochains, par deux journées qui feront le bilan des problèmes techniques, sur lesquels réfléchissent des groupes de travail.