Diplôme de conservateur de bibliothèque
évaluation de son programme
En mars 1994, Maurice Garden invite Pierre Botineau, membre du Conseil supérieur des bibliothèques (CSB) à constituer un groupe de travail chargé d'évaluer le programme du diplôme de conservateur de bibliothèque (DCB) et de tracer les lgnes de force d'une évolution souhaitable pour ce dernier. Afin de mener à bien cet objectif, le rapporteur réunit 26 personnes provennat de tous les secteurs concernés par le DCB : administrations centrales, inspection générale, associations professionnelles, Centre national de la fonction publique territoriale, Ecole nationale des Chartres, professeurs de l'Enssib, élèves des promotions 1992-1994 et 1993-1995. Deux enquêtes, l'une auprès des conservateurs titulaires du DCB et l'autre auprès des chefs d'établissements, vinrent alimenter la réflexion de la commission.
S'appuyant sur une définition claire des exigences générales de la formation des conservateurs, le rapport souhaite que la formation évolue et progresse vers un projet pédagogique plus structuré, plus cohérent et plus explicite, qu'elle se dote d'une orientation plus professionnelle tout en réalisant un meilleur équilibre entre théorie et pratique.
Sensibles au recrutement par trop « littéraire » des élèves de l'établissement, examinant de près le système délicat de validation des acquis, notamment pour les chartistes, les membres de la Commission insistent sur l'importance du développement de la partie obligatoire du tronc commun, des enseignements qui devraient rassembler « le minimum de connaissance indispensables sur l'organisation des bibliothèques en France, les méthodes de travail, les moyens de fonctionnement, la constitution des fonds, les services aux publics... ». En revanche, il conviendrait de rejeter en option « des questions qui ne font pas partie de ce que tout conservateur devrait savoir à son entrée dans la carrière, quelle que soit son affectation ». Il est évident que, s'adressant à des étudiants souvent âgés, les enseignements éviteront tout ce qui pourrait apparaître comme trop scolaire ou conduire au bachotage.
Tout naturellement, ces orientations fortes impliquent que soit réorienté et recalibré l'enseignement de l'informatique et des « nouvelles technologies » qui comprendrait « à la fois une découverte limitée à l'essentiel des notions de base et beaucoup plus d'informatique appliquée aux bibliothèques et à leurs fonctions ».
De même, la commission appelle à une réforme en profondeur de la filière recherhce notamment en renforçant de manière radicale le domaine de la formation professionnelle qu'il faudrait porter au double de ce qu'il est à l'heure actuelle (250 heures environ), le DEA pouvant alors être acquis en bénéficiant de la possibilité de l'allongement de la scolarité de six mois (article 22 du statut des conservateurs de bibliothèque de l'Etat), qui n'est malheureusement pas offerte à ce jour à leurs homologues de la fonction publique territoriale.
Le groupe de travail insiste pour que l'Ecole joue un rôle important dans la formation continue et qu'elle étoffe son corps enseignant et ses intervenants par l'apport du savoir-faire de professionnels de terrain. Une attention particulière est également portée au déroulement et à l'organisation des stages jugés essentiels par l'ensemble de la Commission.
Il nous a semblé que ce document à la fois ferme et nuancé indique clairement les pistes à suivre, surtout lorsqu'il demande à l'Ecole de se doter d'un système permanent d'auto-évaluation en faisant appel à un regard extérieur. On peut regretter de ne pas trouver en annexe un projet de programme, hors du champ de la commande, mais il manque surtout le dépouillement des deux enquêtes 1, qui permettrait de mieux mettre en valeur les conclusions d'un travail qui conduira, selon le souhait d'un élève, le programme du DCB à comporter la « présentation générale d'une bibliothèque considérée dans son ensemble et du rôle possible du conservateur selon l'établissement dans lequel il sera affecté ».