Le congrès de la Library Association

Annie Le Saux

UmbrelLA, c’est sous ce nom que, depuis 1991, a lieu, tous les deux ans, le congrès de la Library Association. Pour la deuxième fois consécutive, le congrès s’est tenu à Manchester, rassemblant, avec une organisation exemplaire, pas moins de 1 400 bibliothécaires *.

UmbrelLA Three, ce fut, du 23 au 25 juin, cent quarante conférences, durant lesquelles cent soixante-dix intervenants ont exposé leurs idées sur des thèmes proches des intérêts et des préoccupations des professionnels des bibliothèques français. Nouvelles technologies, autoroutes de l’information, réseaux, Internet, nouveaux supports ont été les fils directeurs de ce congrès, avec, en découlant, des réflexions sur les défis et les impacts sur la formation du bibliothécaire du futur, les métiers, les usages, le droit d’auteur...

Internet

Internet a donc été le point fort d’UmbrelLA Three. Différentes interventions ont permis aussi bien aux novices de s’initier aux services, méthodes de connexion, outils de navigation et vocabulaire de ce réseau international qu’aux initiés de les explorer plus avant.

Parmi les intervenants, Beth Sandore de l’Université d’Illinois à Urbana-Champaign, a surtout parlé de l’indexation des ressources Internet, que le chaos et le gigantisme rendent difficilement utilisables. Gopher, traitant du texte, W3, du texte, des images graphiques et du son et Robots, des algorithmes automatiques sont autant d’aides efficaces à la recherche d’informations, parmi lesquelles l’index de recherche Yahoo (W3) semble l’un des plus utilisés et des plus prisés.

Pour maîtriser l’environnement difficilement contrôlable d’Internet et permettre une utilisation illimitée des données, il reste à trouver des accords avec les éditeurs. La bibliothèque virtuelle, insiste Robin Alston, membre de plusieurs comités scientifiques à la British Library, est un concept qui, s’il se réalise, ne pourra se faire qu’en coopération. Robin Alston, tout en reconnaissant des points positifs à la révolution électronique, met cependant en garde contre les coûts élevés des réseaux, qu’on a tendance à occulter.

La fourniture électronique de documents

Phil Barden, chef du département de technologie avancée au British Library Document Supply Center à Boston Spa, a présenté un panorama des développements rapides de la fourniture électronique de documents, notamment au BLDSC, qui se prépare, a-t-il annoncé, à lancer de nouveaux produits dans moins d’un an.

Des développements d’abord technologiques, dont les principaux sont la numérisation et les réseaux. Mais des changements qui vont aussi modifier la structure et amener à redéfinir la profession. Pour Phil Barden, l’image du professionnel de l’information, jusqu’ici guère appréciée, ne peut que bénéficier de ces mutations. Les utilisateurs des systèmes informatiques ne pourront profiter de cet afflux d’informations et leurs moyens ne seront accrus que s’ils passent par des médiateurs, qui liront pour eux ce trop-plein d’informations, leur permettront de gagner du temps et fourniront la bonne information à la bonne personne. Des médiateurs qui, élargissant les pouvoirs de leurs usagers, considéreront désormais ceux-ci comme des clients et se feront payer pour les services rendus. L’information devient une denrée monnayable. L’aspect économique est le facteur clé, souligne Phil Barden, qui conclut ainsi sa brillante intervention : « Les spécialistes de l’information seront les pilotes des lecteurs et non plus les gardiens des livres ».

Le rapport Follett

Les développements dans le domaine des technologies de l’information et leur financement sont deux des recommandations du rapport Follett, rédigé en décembre 1993 par un groupe de travail sur les bibliothèques universitaires. On a pu se rendre compte, à travers plusieurs interventions, que les propositions qui y sont faites ne sont pas restées lettre morte, contrairement, on le sait, aux suites données à bien des rapports. La plupart de ces propositions, en cours de réalisation, ont pour objectif de maintenir les bibliothèques universitaires à un haut niveau malgré, là aussi, le nombre sans cesse croissant d’étudiants, le coût des ouvrages et l’inflation du prix des périodiques. Des financements ont été prévus dans le rapport, destinés à mettre en place les différentes missions des bibliothèques, support de l’enseignement et de la recherche.

Il fut également question, lors de ce congrès, de coopération et de partage des ressources, de l’image du bibliothécaire et des bibliothèques, de la formation continue, de la satisfaction de l’usager, de bibliobus, du rôle des bibliothèques auprès des personnes handicapées, mal-voyants ou mal-entendants... Un des bibliobus présents à ce congrès, spécialement équipé pour les mal-voyants, témoignait de l’action intitulée Action for Blind People’s Mobile Information and Advice Service, menée, depuis juillet 1993, en faveur de ce public.

Un congrès où l’on a su aussi apprécier l’efficacité des organisateurs, la courtoisie des intervenants, respectueux de leur temps de parole et la convivialité des participants.

  1. (retour)↑  La participation à ce congrès a clôturé un voyage d’étude d’une semaine dans les bibliothèques universitaires anglaises, organisé pour dix bibliothécaires français par le British Council et la Sous-Direction des bibliothèques.