Les bibliothèques en 1995

Martine Poulain

L’Association des conservateurs de bibliothèques organisait sa désormais traditionnelle demi-journée de rencontre avec les dirigeants des administrations et grandes institutions en charge des bibliothèques. L’intitulé de cette journée (Les bibliothèques en France en 1995 : la convergence des efforts en vue de la cohérence du réseau) appelait à s’intéresser prioritairement à la coopération, aux réseaux. D’où un décalage avec la partie dialogue de cette demi-journée, qui, sur la base de questions écrites, s’intéressait à bien d’autres questions, souvent statutaires, parfois corporatistes.

Michel Melot, président du Conseil supérieur des bibliothèques, estime qu’effectivement, un certain nombre de signes témoignent d’une évolution positive vers une « convergence et une cohérence » : des accords entre l’INIST (Institut de l’information scientifique et technique) et la Bibliothèque nationale de France, le projet EDIL du côté des bibliothèques universitaires, les rapprochements entre les différentes administrations à l’occasion de l’étude sur les métiers sont autant d’exemples de formes de travail commun.

Claude Jolly, sous-directeur des bibliothèques universitaires, déclinait la question de la cohérence des réseaux sur trois registres. Au niveau du campus universitaire, la notion de service commun de la documentation a été proposée pour fédérer les efforts documentaires dans l’université. Tout n’y est pas facile pour autant. Un certain nombre d’outils collectifs existent d’autre part du côté des bibliothèques universitaires. La création de l’ABES (Agence bibliographique de l’enseignement supérieur) a justement comme fonction d’impulser de l’homogénéité dans un dispositif actuellement assez hétérogène. Enfin, la coopération dépasse les réseaux institutionnels et c’est un ensemble qui doit être mis à la disposition des utilisateurs. D’où l’importance du Catalogue collectif de France.

Philippe Bélaval, directeur général de la Bibliothèque nationale de France, explicitait les diverses manières dont son établissement mettait en œuvre, de longue date, la coopération. La création de l’Agence bibliographique nationale a voulu regrouper le dépôt légal des monographies et périodiques, auparavant distinct et proposer un ensemble de services renouvelés. Les pôles associés représentent une autre forme de coopération : huit conventions ont été signées en 1994. Dix autres le seront en 1995. Mais ces opérations (qui prennent souvent la forme d’un financement partagé d’acquisitions) seront limitées dans le temps et recoupent parfois les missions des CADIST. Il faut donc penser de nouvelles formes de coopération qui relaieront celles-ci. Enfin, le projet de Catalogue collectif de France est remis en route, sous la responsabilité d’Yves Moret.

Jean-Sébastien Dupuit, directeur du livre et de la lecture, a insisté sur la vitalité des réseaux locaux. Dans de nombreuses villes, les catalogues sont collectifs et la coopération existante. Le financement des bibliothèques municipales à vocation régionale par la troisième part du concours particulier, prendra fin en 1996. Quelles formes de prolongement mettre en œuvre ? La Direction du livre ne semble pas s’être fait une idée définitive sur ce sujet. J.-S. Dupuit estime qu’il est un domaine dans lequel il faut légiférer, c’est celui du patrimoine. Les archives ont leur loi, les musées vont l’avoir. Il faut que le patrimoine des bibliothèques, qui ne se restreint pas au seul livre, soit protégé par une loi. La nouvelle législation concernant le dépôt légal imprimeur sera intégrée à cette réflexion.

Enfin, J.-S. Dupuit a abordé différentes questions statutaires : l’homologie des formations et des carrières des fonctions publiques nationales et territoriales, le recrutement évidemment problématique par deux conseils généraux de personnels non conservateurs à la tête de bibliothèques départementales de prêt.

Un ensemble de propos plutôt satisfaits...