Il existe peu de livres en français qui ont l'ambition de brosser un panorama général de ce qu'il est convenu d'appeler depuis une quinzaine d'années « l'industrie de l'information » et qui se résume ici aux banques de données, y compris dans leur version vidéotex et CD-ROM. L'intérêt du livre est là. Le lecteur, étudiant ou professionnel, y retrouvera les principaux chiffres, les principales dates, les événements marquants qui sont souvent dispersés dans les rewes, les feuilles ou les rapports confidentiels. Il aura aussi une première initiation aux arguments qui y sont développés, notamment dans les débats sur les inégalités géographiques (Europe /Etats-Unis) ou sur le développement concurrentiel des différents supports ou modes d'accès.

C'est bien, c'est indispensable, il fallait le faire ! On y retrouvera les justifications des politiques publiques, des stratégies des acteurs, des choix des professionnels. Mais l'auteur n'a pas pris de recul, entérinant les arguments sans vraiment les discuter. Ce n'est pas suffisant et on ne peut s'empêcher de penser qu'une fois de plus ce secteur est analysé trop rapidement, que les chiffres sont pris pour argument comptant, que le caractère industriel est proclamé sans recul, que la notion de marché mériterait un exposé plus rigoureux, que l'innovation technologique n'est pas le seul facteur d'évolution, qu'il aurait fallu, qu'il faudrait en faire beaucoup plus !

L'architecture générale du livre montre bien les hésitations de la réflexion. Y sont confondus sans justification réelle des acteurs, des produits, des supports, des modes d'accès. Six chapitres passent successivement en revue les acteurs de l'industrie de l'information, les producteurs de banques de données ASCII, les banques de données, les serveurs documentaires, le vidéotex, le CD-ROM et les banques de données portables.

Certains choix d'analyses sont curieux. On peut se demander, par exemple, quelle est la pertinence de la classification Dewey pour comparer les segments du marché de l'information, notamment quand on sait, et qu'il est écrit, que la majorité des recettes se concentre sur des créneaux très particuliers, comme l'information boursière, l'information d'affaires ou l'information juridique.

Cette impression de rapidité est encore accentuée par certaines insuffisances formelles difficilement pardonnables pour un livre et un auteur proches du domaine documentaire. Les références des rapports ou des livres cités ne sont pas toujours données de façon explicite ou sont dispersées dans l'ensemble de l'ouvrage. Parfois, des tableaux sont en contradiction avec le corps du texte ou des paragraphes sont redondants.