Preprints
3rd International conference on Japanese information in science, technology and commerce, held at INIST-CNRS, Vandoeuvre-les-Nancy, May 15-18, 1991
ISBN 2-904975-72-1
L'accès à l'information japonaise représente aujourd'hui un enjeu international. C'est ce qui frappe, finalement, à la lecture de ce document de référence qui reprend de façon quasiment exhaustive le contenu des communications à la 3e conférence sur l'information japonaise organisée en mai dernier à l'INIST *. Car ce qui sous-tend les thèmes retenus dans cette conférence est bien l'enjeu à la fois politique et économique des échanges internationaux avec le Japon en matière d'information. Les problèmes du contenu scientifique, de la qualité des informations, de l'évalutation des données..., ny sont que très peu traités. On peut d'ailleurs le regretter en partie, car nul doute que cette étude reste à faire. Mais les sujets traités ici explorent essentiellement la question des technologies, de la diffusion, du marché de l'information scientifique et technique japonaise, à travers les structures d'échanges existantes à tous les niveaux dans les différents pays partenaires et les organismes nationaux ou internationaux. Or cette approche institutionnelle a l'immense avantage, il faut le reconnaître, de dépasser largement le domaine strictement documentaire.
Confrontation de points de vue
Le recueil des preprints rassemble les communications en anglais, avec chacune leur résumé en anglais et en français. Elles sont regroupées par grands thèmes (seulement indiqués dans la table des matières) faisant apparaître les dominantes suivantes : les tendances et la politique de l'information ; les sources de l'information ; les bases de données et le marché de finformation ; la distribution et l'acceptation (acceptance en anglais, terme ambigu qui recouvre ici l'accès à l'information, son utilisation, sa perception et sa place dans les publications étrangères) ; les problèmes linguistiques et la traduction automatique ; les nouvelles technologies et nouveaux systèmes ; enfin, de façon plus générale, les échanges bilatéraux, formels ou informels, institutionnels ou non. Dégager une ligne directrice de ces 43 communications aussi différentes par leur contenu est hasardeux ! Elles vont du compte rendu d'expérience ponctuelle à l'article de fond sur l'avenir de l'information... Et c'est cependant ce qui fait l'intérêt même de ce recueil que cette confrontation de points de vue, d'approches diverses : des contributions d'auteurs japonais, américains, européens, russes... montrent à quel point l'information japonaise est au centre des préoccupations intemationales.
Comme le rappelle l'avant-propos, l'ambition de la première conférence tenue il y a six ans à Warwick était bien de permettre de très nombreux échanges et rencontres entre les représentants et spécialistes des différents pays travaillant dans le domaine de l'information japonaise. Le succès remporté par les deux premières conférences (plus de 150 participants de 15 pays différents) a confirmé l'intérêt de cette plate-forme intemationale, et a conduit en 1991 à organiser la troisième conférence à l'INIST, dont on soulignera le rôle majeur joué en matière de diffusion de l'information japonaise, de par l'existence en son sein de la Cellule Japon.
Celle-ci est elle-même membre d'EURAJIN (European Association of Japanese Information Agencies), association regroupant des organismes ayant pour objectif d'être un point d'accès à l'information japonaise, et d'être directement en contact avec les utilisateurs de cette information. Les membres d'EURAJIN collaborent en effet étroitement avec les producteurs d'information au Japon, dont on doit saluer par ailleurs les efforts en direction de l'Europe.
Coopération internationale
Les principaux acteurs européens en matière de gestion ou de diffusion de l'information japonaise sont des organismes issus le plus souvent de structures documentaires nationales, comme le Japanese Information Service (JIS) de la British Library, ou bien des organismes relais pour l'information industrielle, comme la cellule Japon de l'institut de recherche de la sidérurgie française (IRSID), ou encore le Japan Monitoring Service, service d'information japonaise aux Pays-Bas destiné aux entreprises européennes qui projettent de pénétrer le marché japonais, d'affronter la concurrence ou d'établir des coopérations.
Les Etats-Unis semblent orienter leurs efforts vers une intégration de l'information japonaise dans les structures ou les bases de données américaines ou intemationales : cette stratégie se traduit par des études d'évaluation (acceptation des publications scientifiques japonaises à l'étranger par l'analyse des citations à partir du Science Citation Index) ; des études comparatives de certaines technologies au Japon et aux Etats-Unis, établies par le Japanese Technical Evaluation Center, à Baltimore ; des progrès récents dans la traduction automatique japonais-anglais grâce, en particulier, à des financements, par la National Science Foundation, de projets de recherche dans les universités...
Une politique volontariste du gouvemement américain vise à développer des programmes de coopération, dans un contexte où les relations américano-japonaises en matière de développement scientifique ne se veulent pas uniquement des relations de concurrence, même si, dans le rapport à l'information, ces deux cultures s'opposent parfois. L'information scientifique n'y a pas la même valeur : doit-elle être un bien collectif ou une ressource stratégique ?
Du côté du Japon, une politique de promotion de l'information scientifique et technique au plan intemational se renforce devant une demande croissante à l'étranger et se traduit par un fort développement de la production de bases de données en anglais. Plus de 150 bases de données sont accessibles aux utilisateurs étrangers, et leur taux de croissance est de 49 % par rapport à 1990. En Suède, par exemple, on assiste à une augmentation très nette de l'utilisation des bases de données japonaises en entreprise, grâce en partie à des systèmes de traduction assistée par ordinateur permettant une recherche rapide avant traduction définitive. Par ailleurs, une étude du Database Promotion Centre au Japon a montré que 80 % des bases accessibles au Japon sont produites par des sociétés étrangères, mais que le taux d'utilisation des bases de données dans ce pays concerne à 70 % les bases de données japonaises.
La volonté de coopération est une chose. La pratique de récolte et d'utilisation de l'information en est une autre. Il faut souligner cependant l'influence des technologies de pointe - en particulier la télévision haute-définition, les disques optiques, les systèmes de courrier électronique, la traduction assistée par ordinateur, les possibilités offertes par la liaison satellite, etc. - sur l'accès à l'information japonaise. Elles devraient permettre à terme, soutenues par des volontés réciproques d'échanges et de constructions de réseaux, technologiques et humains, de réduire le temps et les coûts d'accès, d'en faciliter les procédures et d'améliorer la qualité des informations.